Comment décrypter les formules INCI des cosmétiques bio

Les consommateurs ne veulent pas de parabène dans leurs produits cosmétiques et dans l’alimentation. En conséquence, beaucoup de marques avancent l’argument ‘sans parabènes’ pour mieux vendre. D’autres continuent à utiliser les parabènes, car les études scientifiques ne concluent pas clairement à leur caractère toxique. Alors, conservateurs ou sans conservateur ? Dans cet article, nous allons voir comment bien choisir son produit bio en décryptant les formules INCI des produits cosmétiques.

Comment décoder la liste INCI de vos produits achetés en pharmacie

Depuis 1998 en Europe, la liste INCI doit obligatoirement figurer sur le suremballage en carton ou sur le produit lui-même. INCI signifie « International Nomenclature of Cosmetic Ingredients »(Nomenclature internationale des ingrédients cosmétiques). La liste INCI mentionne les ingrédients par ordre décroissant de leur volume. Très souvent, l’eau apparaît en tête de liste. L’eau est la base de toutes les émulsions, les gels douche et autres shampooings… Les fabricants inscrivent généralement les molécules en anglais et mentionnent les extraits végétaux en latin sur les produits cosmétiques. Cette pratique permet, avec un minimum de connaissances ou via l’aide d’Internet, de détecter les différents ingrédients. Elle aide notamment à identifier ceux qui font l’objet de critiques ou les allergènes, que l’on indique obligatoirement en fin de liste.

Qu’est ce que la liste INCI ?

La liste INCI (International Nomenclature of Cosmetic Ingredients) est une nomenclature obligatoire pour les produits cosmétiques depuis 1999. En 1973, une association américaine a établi cette liste dans le but de standardiser les ingrédients présents dans les produits cosmétiques. Néanmoins, les fabricants n’ont pas la contrainte de révéler la concentration précise des ingrédients en raison du « secret de fabrication ». Toutefois, on a établi que les ingrédients doivent être énumérés par ordre de concentration décroissante. Cet ordre s’applique pour les composants présents à plus de 1 % dans le produit. En dessous de 1 %, le fabricant a la liberté de les placer dans l’ordre qu’il souhaite sur l’emballage.

L’International Nomenclature of Cosmetic Ingredients (INCI) a été créée en 1973. Son instigateur est la Cosmetic, Toiletry and Fragrance Association (CTFA), une association américaine. Cette association regroupe des fabricants de cosmétiques. Depuis 1998, l’utilisation de l’INCI est obligatoire pour tous les produits cosmétiques dans l’Union européenne. La nomenclature est aussi adoptée au Japon et en Chine. En 2007, la CTFA est devenue le Personal Care Products Council (PCPC). Ce conseil continue de superviser l’INCI pour les produits cosmétiques.

L’INCI utilise deux langues pour définir les ingrédients d’un produit cosmétique. On désigne les extraits de plantes et les produits naturels par leurs noms latins. De même, on donne les molécules, les substances de synthèse et les noms usuels en anglais. On identifie les colorants par un index de couleur à 5 chiffres.

On liste toujours les ingrédients par ordre décroissant de quantité, avec les additifs en fin de liste. Depuis 2013, les pays membres de l’Union européenne demandent également la mention de nanoparticules entre crochets pour informer les consommateurs de leur présence.

Quels en sont les enjeux ?

La composition des produits cosmétiques revêt une importance majeure pour les acteurs de l’industrie. Les consommateurs recherchent de plus en plus la transparence et souhaitent connaître tous les ingrédients présents dans les produits cosmétiques tels que les crèmes, les sérums, les laits et les produits de beauté. L’International Nomenclature for Cosmetic Ingredients (INCI) favorise une information plus transparente, objective et sécurisante sur le marché des cosmétiques.

La communication transparente sur la composition d’un produit cosmétique est essentielle pour établir la confiance avec les clients. Les consommateurs recherchent des produits cosmétiques sains et naturels, et l’INCI leur permet d’identifier les ingrédients issus de l’industrie pétrochimique ou susceptibles de poser des questions quant à leur innocuité. On peut également éviter certains ingrédients pour des raisons éthiques ou militantes.

Il est essentiel de fournir une information complète, claire et compréhensible. Cela permet aux clients de consulter facilement la liste des ingrédients cosmétiques. Cette facilité doit être accessible, quelle que soit leur origine ou leur niveau de connaissance.

Une réglementation insuffisante pourrait poser problème. Elle permettrait à un fabricant de dissimuler la présence d’huile de palme par exemple. Ceci pourrait se faire derrière un terme générique, comme « huile végétale« . Une communication floue sur les ingrédients pourrait avoir des conséquences graves, notamment en cas d’allergies non indiquées.

Les avantages de l’INCI incluent la transparence pour les consommateurs et l’harmonisation internationale des noms d’ingrédients. Cependant, les limites résident dans l’absence de quantités précises, l’origine des ingrédients, et le mode de fabrication. Le terme générique ‘parfum’ peut également masquer certains ingrédients, ce qui risque de tromper les consommateurs.

La nomenclature internationale des ingrédients cosmétiques, telle que l’INCI, joue un rôle essentiel dans la transparence et la sécurité des produits cosmétiques, tout en fournissant des informations claires aux consommateurs.

Différence entre ingrédients Bio et naturels dans une liste INCI

Dans l’univers des produits de beauté, il est souvent difficile de distinguer les cosmétiques bio des cosmétiques naturels, et de les différencier des cosmétiques conventionnels. Nous explorerons les critères définissant un cosmétique comme naturel ou bio.

Les cosmétiques bio

Par cosmétique bio, on entend « produits composé d’ingrédients issus de l’agriculture biologique ». C’est à dire que les ingrédients utilisés ont été produits selon les réglementations qui régissent l’agriculture biologique. Principalement sans pesticides. Le bio est soumis à des labels. Certains labels sont plus ou moins exigeants.

Les cosmétiques bio garantissent une haute proportion de substances naturelles et biologiques, respectant les normes des labels écologiques. Ces organismes de certification encouragent l’usage d’éléments naturels et biologiques, en se focalisant sur ceux issus de l’agriculture biologique. L’objectif est d’assurer une transparence totale envers le consommateur et d’appliquer le principe de précaution pour les ingrédients controversés, pour la sécurité des utilisateurs et de l’environnement.

Des exemples de labels et leurs exigences sont :

  • Ecocert : Nécessite au moins 95% d’ingrédients végétaux et 10% issus de l’agriculture biologique.
  • Cosmebio : Exige 95% d’ingrédients d’origine naturelle, avec 95% d’ingrédients bio parmi les végétaux et au moins 10% d’ingrédients bio au total.
  • Nature et Progrès : Interdiction stricte des OGM, hydrogénation, ionisation, nanotechnologies, produits chimiques synthétiques, et dérivés pétroliers. Les conservateurs doivent être naturels et non toxiques. L’usage d’huile de palme et tests sur animaux est proscrit. Les ingrédients végétaux doivent être biologiques, de préférence sous le label Nature et Progrès. Les emballages doivent être écologiques.
  • BDIH (cosmétique naturel contrôlé) : Requiert 95% d’ingrédients naturels, interdit les tests sur animaux, et l’utilisation de produits issus d’animaux morts. Les huiles minérales, silicones, colorants et parfums de synthèse sont prohibés. On limite l’utilisation de bases lavantes et d’émulsifiants à des procédés doux.
  • Natrue : Définit des critères stricts sur les teneurs minimales en substances naturelles et maximales en substances transformées d’origine naturelle. Au moins 70% des ingrédients doivent être issus de l’agriculture biologique.

Ces labels bio visent à garantir la qualité et la sécurité des cosmétiques, en imposant des critères rigoureux et en favorisant l’utilisation d’ingrédients naturels et biologiques.

Les cosmétiques naturels

Un cosmétique naturel se compose principalement d’ingrédients naturels : végétaux, animaux (terrestres ou marins), ou minéraux. Bien qu’il n’y ait pas de définition légale stricte, un produit naturel est majoritairement issu de la nature, avec peu ou pas d’éléments chimiques ou synthétiques.

Depuis le 1er juillet 2019, les publicités pour les cosmétiques doivent respecter le règlement n°655/2013 et les recommandations de l’ARPP. Un produit ne peut être qualifié de « naturel » ou « d’origine naturelle » que si plus de 95 % de son contenu est naturel.

La différence entre un ingrédient naturel et un ingrédient d’origine naturelle est significative. L’ingrédient naturel est extrait physiquement sans altérer sa structure chimique ni ses propriétés actives. Un ingrédient d’origine naturelle, en revanche, a subi une transformation chimique modifiant ses propriétés.

Un cosmétique naturel contient généralement 95 % à 100 % d’ingrédients d’origine naturelle.

« Naturel » signifie non transformé, sauf par des moyens mécaniques traditionnels. La norme NF ISO n° 16128 ou un label de certification peut définir ce terme. « Dérivé de naturel » indique une matière première naturelle légèrement transformée. « D’origine naturelle » englobe les deux définitions et peut être utilisé si le taux de naturalité est supérieur à 50 %. Les labels et normes définissent ces termes et leurs critères.

Si un produit fini contient plus de 95 % d’ingrédients naturels, il peut être qualifié de « naturel ». Si moins, on doit indiquer le pourcentage.

Les savons, même artisanaux, ne sont pas « naturels » par définition, mais peuvent être fabriqués à partir d’ingrédients naturels, avec indication du pourcentage s’il est inférieur à 95% dans le produit fini.

Zoom sur les allégations cosmétiques

Les critères communs pour les allégations des produits cosmétiques jouent un rôle crucial pour assurer conformité légale et vérité. Le règlement UE 655/2013 régit ces allégations et le règlement CE 1223/2009 les précise. En France, l’ARPP définit clairement ces allégations.

Les principes fondamentaux des allégations incluent :

  • Conformité avec la législation : Interdiction des allégations indiquant une autorisation ou approbation par une autorité de l’Union européenne, ou suggérant des bénéfices particuliers pour des produits répondant uniquement aux normes légales minimales.
  • Véracité : Les allégations ne doivent pas mentionner de faux ingrédients ou exagérer les propriétés d’un ingrédient.
  • Éléments probants : Les allégations doivent s’appuyer sur des preuves adéquates et vérifiables, y compris des évaluations d’experts, et être basées sur des méthodes actuelles, valables, fiables et éthiques.
  • Sincérité : Les allégations ne doivent pas promettre plus que ce que les preuves disponibles démontrent.
  • Équité : Les allégations doivent rester objectives et ne pas dénigrer la concurrence ou des ingrédients légalement utilisés.
  • Choix en connaissance de cause : Les allégations doivent se montrer claires et compréhensibles pour le consommateur moyen.

Concernant les allégations spécifiques :

  • Allégations « Sans » : Autorisées seulement si elles ne constituent pas l’argument principal mais apportent une information complémentaire. Les allégations « sans » pour des ingrédients interdits en cosmétique sont interdites depuis juillet 2019.
  • Allégations Environnementales : Doivent éviter de tromper le consommateur sur les avantages écologiques des produits.
  • Produits Cosmétiques Naturels : Un produit est qualifié de « naturel » ou « d’origine naturelle » si son contenu naturel est supérieur ou égal à 95 %, selon la norme ISO 16128 ou un référentiel équivalent.
  • Produits Cosmétiques Biologiques : Considérés comme « biologiques » s’ils remplissent certaines conditions, telles que contenir 100 % d’ingrédients certifiés issus de l’agriculture biologique ou être certifiés par un organisme certificateur. Les signes ou symboles utilisés ne doivent pas créer de confusion avec les labels officiels.

Ces critères assurent aux consommateurs une information fiable et transparente, favorisant des choix éclairés et prévenant la désinformation et le greenwashing.

Quels sont les ingrédients à éviter ?

Sans conservateur, sans parabène, sans phenoxyethanol…? mais cela veut dire quoi au final…. Est-ce seulement un argument de vente utilisé par de nombreuses marques pour mettre en avant leurs produits. Où est-ce que ces substances peuvent représenter un risque pour ma santé ?

En 2004, une étude menée par des scientifiques britanniques, conduisit à penser qu’il pourrait avoir une relation entre les parabènes des déodorants et le cancer du sein (les résultats se basent essentiellement sur la présence de parabènes dans des tissus mammaires cancéreux). Même si le résultat de ces études ne prouve pas l’effet cancérigène des parabènes, ce qui est certain, c’est que les parabènes sont allergènes, irritants pour la peau et les yeux, et qu’ils semblent avoir une activité oestrogénique, d’où un lien éventuel avec le cancer.

Les parabènes

Les parabènes, ou parahydroxybenzoates d’alkyle, sont des esters utilisés comme conservateurs en raison de leurs propriétés antibactériennes et antifongiques, fréquemment présents dans les cosmétiques, médicaments et aliments. Leur structure varie selon le groupe alkyle, influençant leur efficacité et toxicité potentielle.

L’utilisation des parabènes a été controversée en 2010, en raison de leur interaction avec les récepteurs œstrogéniques, suscitant des inquiétudes concernant la fertilité et le développement de tumeurs dépendantes des œstrogènes. Certains parabènes, comme le méthylparabène, existent naturellement et sont impliqués dans la synthèse de la coenzyme Q10 dans le corps humain. En médecine, on les apprécie pour leurs propriétés antimicrobiennes et semi-conductrices, en particulier dans les anesthésiques locaux.

Concernant la réglementation, la position de l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) est notable. En 2005, l’ANSM a déclaré qu’on pouvait continuer à utiliser quatre des cinq parabènes les plus couramment utilisés (méthyl, éthyl, propyl et butyl parabènes), conformément à la réglementation actuelle. Cela souligne que, malgré les inquiétudes, ces substances semble jugées suffisamment sûres pour une utilisation réglementée.

Au niveau européen, la législation autorise l’utilisation de parabènes dans les cosmétiques, avec une concentration totale maximale de 8 g/kg de produit, sans qu’un parabène n’excède 4 g/kg. Toutefois, le Danemark a interdit certains parabènes dans les produits pour enfants de moins de trois ans dès 2011.

En 2014, le ministère français de l’Écologie a sollicité une évaluation par l’ANSES sur les effets des parabènes sur la santé, dans le cadre de la lutte contre les perturbateurs endocriniens, marquant ainsi une étape supplémentaire dans la compréhension et la réglementation de ces composés controversés.

Le triclosan

Le triclosan, un composé antibactérien synthétique, est reconnu comme un perturbateur endocrinien affectant la thyroïde et formant des résidus cancérigènes non éliminables par l’organisme. Utilisé massivement dans divers produits depuis les années 1990, on le trouve dans des articles tels que dentifrices, cosmétiques, et ustensiles de cuisine. Sa présence dans ces produits suscite des inquiétudes en raison de ses effets potentiels sur la santé et l’environnement.

En tant que biocide organochloré, le triclosan est impliqué dans des réactions inflammatoires, une réduction de la diversité du microbiote intestinal. On le suspecte d’être cancérigène. Son absorption par la peau et les muqueuses conduit à sa présence dans les urines et à la pollution des eaux.

Sa surutilisation a provoqué une augmentation de l’antibiorésistance chez divers micro-organismes. Malgré cela, on le considère utile dans certaines applications spécifiques. Cependant, des études indépendantes remettent en question son efficacité et sa sécurité.

Le Règlement (UE) No 358/2014 de la Commission Européenne, en date du 9 avril 2014, a modifié les annexes II et V. Ces annexes font partie du règlement (CE) no 1223/2009. Ce dernier concerne les produits cosmétiques. La modification a porté sur la limitation de l’utilisation du triclosan. Selon ce règlement, on autorise le triclosan jusqu’à 0,3% de concentration maximale. Cette limite s’applique à certains produits. Ils incluent les dentifrices, savons pour les mains et pour le corps. Cela concerne aussi les déodorants (hors sprays), poudres pour le visage, fonds de teint et produits pour les ongles. On le permet également dans les bains de bouche à une concentration maximale de 0,2%. Cette réglementation vise à encadrer l’usage du triclosan, tout en évaluant ses impacts potentiels.

En 2016, la Food and Drug Administration (FDA) américaine a interdit l’utilisation du triclosan dans certains savons antibactériens, soulignant l’absence de preuves quant à leur efficacité supérieure par rapport aux savons ordinaires et les incertitudes sur leur sécurité à long terme.

Le phénoxyéthanol

Le 2-phénoxyéthanol, un éther de glycol aromatique (formule C6H5O-CH2-CH2OH), est utilisé comme conservateur et solvant en dermatologie, notamment dans les crèmes pour la peau et les crèmes solaires. Bien que présent naturellement dans le thé vert et la chicorée, les industriels synthétisent principalement ce composé pour divers usages. En pharmacie, il est courant dans la plupart des vaccins. On l’associe souvent aux parabènes.

Toxicologiquement, le corps absorbe bien ce composé par voie orale ou cutanée, le métabolise en acide 2-phénoxyacétique, et l’élimine ensuite dans l’urine. Les données sur sa toxicité humaine sont limitées, principalement des allergies cutanées et des troubles neurologiques. Suspecté de toxicité pour le développement et la reproduction, l’ANSM a déconseillé son usage dans les lingettes pour bébés depuis 2012. Cependant, le CSSC a jugé en 2016 son utilisation à 1 % dans les cosmétiques comme sans risque pour tous les âges.

Le Conseil d’État a pris une décision le 4 décembre 2019 concernant le phénoxyéthanol. Selon cette décision, on n’applique plus la restriction de son usage dans les cosmétiques pour les enfants de moins de 3 ans. L’ANSM recommandait déjà cette restriction auparavant. Par ailleurs, l’ANSM a mis en place une directive le 13 mars 2019, devenue effective depuis le 20 décembre 2019. Elle exige des fabricants qu’ils indiquent sur les étiquettes des produits cosmétiques non rincés contenant du phénoxyéthanol. L’avertissement doit spécifier que ces produits ne doivent pas s’utiliser sur le siège des enfants de moins de 3 ans.

La FEBEA a contesté cette DPS, mais le Conseil d’État le 21 mai 2019 a rejeté sa requête en référé. Une requête au fond visant son annulation est en cours.

Bien que certaines personnes soient sensibles au phénoxyéthanol, le CSSC réaffirme sa sécurité, sans effet hormonal ni perturbation endocrinienne. Pour une toxicité significative, une femme moyenne devrait appliquer 47 pots de crème par jour.

Les phtalates

Les phtalates, dérivés de l’acide phtalique, se composent d’un noyau benzénique et de deux groupements ester. Utilisés majoritairement comme plastifiants dans les matières plastiques telles que le PVC, ils rendent ces matériaux plus souples. Les industries produisent ces composés chimiques à hauteur d’environ trois millions de tonnes par an, et ils se retrouvent omniprésents dans notre environnement, y compris dans les cosmétiques, les aliments, les peintures et les jouets.

On reconnait certains phtalates pour leur effet perturbateur endocrinien et leur toxicité sur l’appareil reproducteur mâle chez les rongeurs. L’Agence européenne des produits chimiques (ECHA) a classé certains phtalates comme toxiques pour la reproduction humaine, catégorisés en CMR catégorie 1B. En réponse, les autorités françaises et européennes ont pris des mesures réglementaires. Ces mesures visent à limiter ou interdire l’utilisation de phtalates préoccupants. Elles s’appliquent aux cosmétiques, jouets, dispositifs médicaux et matériaux en contact avec les aliments.

La réglementation sur les produits cosmétiques varie, avec l’Union européenne interdisant le DEHP, tandis que le Canada exige un étiquetage informant sur la présence de phtalates. Pour les autres plastiques, on n’applique aucune réglementation spécifique. Cependant, les acteurs du secteur médical font des efforts pour trouver et utiliser des substituts non toxiques, notamment dans la fabrication du matériel médical.

En toxicologie, les voies d’exposition principales sont l’inhalation, l’ingestion, l’intraveineuse et le contact cutané. Une étude de 2015 a montré que l’absorption cutanée directe à partir de l’air est aussi importante que l’inhalation chez les enfants.

Les cosmétiques contenant des phtalates représentent une source d’exposition notable, le contact cutané permettant leur migration dans le corps humain. Le lait maternel peut aussi transmettre ces composés.

Bien qu’on ne juge pas les niveaux de phtalates dans l’environnement dangereux, leur bioaccumulation pose des risques potentiels. En outre, une étude d’Analytika en 2015 a révélé la présence de nombreux contaminants chimiques, dont des phtalates, dans l’air des cabines d’avions commerciaux.

Le méthylisothiazolinone

Les fabricants de produits cosmétiques ont adopté la méthylisothiazolinone (MIT) et la méthylchloroisothiazolinone (MCIT), conservateurs synthétiques, comme alternatives aux parabènes. Leur rôle est de lutter contre les bactéries, levures et moisissures. Cependant, ces composés ont soulevé des inquiétudes en raison de leur potentiel allergène. En conséquence, depuis 2013, l’industrie cosmétique européenne a restreint leur usage, interdisant la MIT et la MCIT dans les produits non rincés et réduisant fortement leur concentration dans les produits rincés.

Depuis 2005, on utilise largement la MIT, un puissant biocide du groupe des isothiazolinones. Sa popularité accrue dans les cosmétiques a entraîné une hausse des cas d’allergie de contact en Europe. Ces substances se retrouvent de plus en plus dans les eaux usées et ont des effets génotoxiques sur certains animaux aquatiques.

La MIT provoque des dermatites allergiques en ce qui concerne la santé humaine et présente une neurotoxicité potentielle, affectant les neurones même à faibles doses. Des analyses d’urine révèlent l’exposition à la MIT par la présence de métabolites spécifiques. En réponse, les autorités sanitaires ont pris des mesures de précaution.

La Commission européenne a joué un rôle crucial. Le 27 mars 2014, son comité scientifique sur la sécurité des consommateurs (SCCS) a publié un rapport soulignant les risques de la MIT. Selon ce rapport, une concentration de 100 ppm (0,01 %) dans les cosmétiques n’est pas sûre. Pour les produits rincés, une concentration maximale de 15 ppm (0,0015 %) serait acceptable pour éviter les allergies. Néanmoins, le comité a relevé un manque d’informations sur les seuils de déclenchement des réactions allergiques.

Les experts ont émis des recommandations pour limiter ou cesser l’utilisation de la MIT dans certains produits, notamment les lingettes humides. Ces directives visent à protéger la santé des consommateurs et soulignent la nécessité d’une régulation plus stricte face aux risques identifiés.

La liste INCI au cœur des préoccupations des consommateurs

Après les polémiques sur les ingrédients cosmétiques, on aurait presque envie de jeter à la poubelle l’intégralité des produits présents dans la salle de bains. Tout dans le même sac : parabènes, phénoxyéthanol, filtres solaires, huiles essentielles… Pourtant, un distinguo s’impose.

Les cosmétiques soumis à une réglementation européenne très stricte, sont en constante évolution au fil des études de groupes de scientifiques au sein du CSSC (Comité scientifique européen pour la sécurité des consommateurs).

Les fabricants et les marques, sensibilisés par l’opinion, devancent souvent la législation en éliminant les ingrédients montrés du doigt. D’autre part, il faut savoir pourquoi ceux-ci se retrouvent sur la sellette. Certains posent problème surtout parce qu’ils ne sont pas écologiques, comme les silicones ou les huiles minérales… D’autres (sulfates, huiles essentielles) peuvent provoquer des irritations ou des allergies sur certaines personnes sensibles, mais pas forcément plus que la vitamine C ou les fraises ! Pour plus d’information, n’hésitez pas à demander le conseil de votre pharmacien.

En conclusion, décrypter la liste INCI est un moyen efficace pour choisir les produits les plus sûrs pour notre santé. Les consommateurs sont de plus en plus conscients de l’importance d’utiliser des produits sans parabènes, sans phtalate, sans triclosan, ou sans phénoxyéthanol. Les fabricants et les marques répondent à cette demande en éliminant ces ingrédients de leurs produits. De plus, ils cherchent également des alternatives plus écologiques. Les consommateurs doivent aussi faire preuve de prudence lorsqu’ils achètent des produits cosmétiques « naturels ». En effet, ils doivent être conscients des risques éventuels pour leur santé. En fin de compte, on doit se tenir informé. De plus, il faut demander l’avis d’un pharmacien qualifié pour choisir les produits cosmétiques les plus sûrs.

Sources

  • https://fr.wikipedia.org/wiki/International_Nomenclature_of_Cosmetic_Ingredients
  • https://incibeauty.com/ingredients
  • https://www.cosmebio.org/fr/nos-dossiers/decrypter-liste-inci/
  • https://pole-cosmetique.fr/fr/faq/quest-ce-qu-un-produit-cosmetique-naturel/#:~:text=Un%20produit%20cosm%C3%A9tique%20naturel%20est,ou%20marine)%20ou%20encore%20min%C3%A9rale.
  • https://www.economie.gouv.fr/dgccrf/cosmetiques-bio-et-naturel
  • https://eur-lex.europa.eu/legal-content/FR/TXT/PDF/?uri=CELEX:32013R0655
  • https://www.arpp.org/nous-consulter/regles/regles-de-deontologie/recommandation-produits-cosmetiques-v8/#toc_0_8
  • https://cosmeticobs.com/fr/articles/commission-europeenne-45/
  • https://ansm.sante.fr/
  • https://www.febea.fr/

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