Nos plantes du foie pour une détox tout en douceur

Avec l’arrivée prochaine du printemps, les publicités vantant les mérites de plantes drainantes du foie commencent effectivement à affluer. Le choix d’une plante n’est pas le fruit du hasard ou de quelques lectures trouvées çà et là. Chaque plante a des propriétés spécifiques. Celles-ci dépendent notamment des principes actifs qui la composent, de la connaissance de votre tempérament ainsi que de votre terrain naturopathique.

Focus sur la digestion

Mécanisme de la digestion

La digestion est un processus complexe qui commence dans la bouche et se termine dans le gros intestin. Elle permet la transformation des aliments par des processus mécaniques et chimiques, rendant ainsi les nutriments disponibles pour l’organisme. La qualité de notre alimentation et notre état de santé ont un impact significatif sur le bon fonctionnement de ce mécanisme vital.

Lorsque nous approchons d’un repas, nos sens sont activés, marquant le début de la digestion. La bouche commence à saliver. L’estomac se contracte. Le pancréas et la vésicule biliaire sécrètent des sucs digestifs, préparant ainsi l’organisme à la digestion.

La préparation et la cuisson des aliments les rendent plus faciles à mastiquer, à avaler et à digérer, en particulier les fibres alimentaires.

La digestion elle-même se compose de deux processus principaux :

  • La digestion mécanique se déroule dans la bouche et l’estomac. Les aliments sont réduits en une bouillie grâce à l’action des dents qui les broient en petits morceaux. Dans l’estomac, le brassage et les contractions poursuivent ce processus de fragmentation.
  • La digestion chimique s’étend le long du tube digestif grâce à l’action d’enzymes et de sucs digestifs. Parmi eux, on compte la salive, l’acide chlorhydrique de l’estomac et la bile du foie. La digestion chimique dissout les nutriments. Il les décompose en éléments assimilables.

Ce système de digestion peut être comparé à une chaîne industrielle de démontage, avec une série d’organes spécifiques jouant un rôle précis. Cela va de la fragmentation des aliments à l’assimilation des nutriments.

Après leur absorption, les nutriments passent dans le sang. Celui-ci les transporte vers le foie pour un traitement ultérieur avant leur distribution dans tout l’organisme. Le corps utilise les nutriments sont utilisés pour répondre à ses besoins. Il peut également les stockés sous forme de réserves lorsque les besoins immédiats sont satisfaits.

Rôle du Foie

Le foie, l’organe le plus volumineux du corps, fait partie de l’appareil digestif. Il pèse jusqu’à 1,5 kg chez l’adulte. Il se compose de deux lobes principaux. Le lobe droit est plus gros que le gauche. Le foie bénéficie de deux sources principales d’apport en sang : la veine porte et l’artère hépatique.

Les hépatocytes, cellules du foie, produisent la bile, un liquide essentiel à la digestion des graisses. La bile circule à travers des canaux hépatiques jusqu’à l’intestin grêle ou la vésicule biliaire. Cette dernière fait office de lieu de stockage pour la bile. Le canal cholédoque, combinaison du canal hépatique commun et du canal cystique de la vésicule biliaire, évacue la bile dans l’intestin grêle.

Le foie joue un rôle vital dans la digestion et la métabolisation des nutriments. Il collecte et filtre le sang provenant des intestins. Il produit de la bile pour digérer les graisse et stocke des vitamines et minéraux. De plus, il décompose les éléments nutritifs pour fournir de l’énergie ou permettre la réparation tissulaire. Il synthétise des protéines sanguines ainsi que des substances de coagulation. Enfin, il détoxifie le sang en transformant des substances toxiques en produits inoffensifs éliminés par les selles ou l’urine.

Le foie a la capacité de régénérer les parties perdues. Cela permet son bon fonctionnement même après une résection. Il est essentiel pour la santé digestive. Des problèmes d’origine hépatique ou biliaire peuvent provoquer des symptômes tels que des troubles digestifs. Ces derniers nécessitant une consultation médicale en cas de persistance ou de douleurs intenses. Le foie contribue également au métabolisme des glucides et des lipides, à la synthèse des protéines sanguines, et à la dégradation de certaines substances toxiques, médicaments, et alcool. Il participe également à la production continue de bile. La bile est essentielle à la digestion des graisses dans l’intestin grêle.

Plantes et digestion

Les médecines traditionnelles adoptent une approche holistique de la santé. Elles mettent en avant l’équilibre corporel, principalement préservé par l’alimentation. La nutrition joue un rôle vital, avec des traditions de diététique fonctionnelle. Elle intègre l’utilisation de plantes riches en fibres et de plantes amères. Ces médecines ont aussi influencé l’art culinaire. En effet, les caractéristiques organoleptiques et le goût des aliments sont souvent associés à des propriétés biologiques spécifiques. Les traditions hippocratiques, les classifications des plantes dans la médecine chinoise, ainsi que les statuts traditionnels des plantes amères ont contribué à cette approche.

Les plantes médicinales sont fréquemment utilisées pour faciliter la digestion. Elles sont incorporées dans l’alimentation sous forme d’aliments ou de condiments. Un large éventail de plantes partage des indications traditionnelles similaires, même si elles appartiennent à des espèces ou familles différentes tout en contenant des principes actifs identiques. Cependant, il y a un manque d’évaluations cliniques pour ces plantes. Cependant, la sélection traditionnelle a montré son efficacité au fil du temps.

Ces plantes, utilisées sous leur forme naturelle ou sous forme de poudre, se trouvent souvent en dehors du monopole pharmaceutique. Elles sont couramment présentes dans des compléments alimentaires, y compris celles considérées comme des « plantes médicinales strictes ».

Lors du traitement des troubles digestifs, il est essentiel d’établir un diagnostic précis de la nosologie, en identifiant toute éventuelle pathologie grave. De plus, il faut interroger les patients sur leur régime alimentaire habituel et récent. Des conseils diététiques sont souvent préconisés. On retrouve notamment l’adaptation du régime alimentaire en identifiant les aliments à éviter et à privilégier, l’importance de l’hydratation, et l’utilisation de tisanes. Le rythme des repas joue également un rôle clé dans la gestion des troubles digestifs.

Quelques plantes du foie

Les problèmes digestifs d’origine hépatique et biliaire, souvent associés à une « crise de foie », présentent des symptômes tels que la difficulté à digérer, des nausées, une lourdeur de l’estomac, une langue chargée, et parfois des maux de tête. Ces symptômes surviennent généralement après un repas riche en lipides, en sucres ou trop copieusement arrosé. On recommande une consultation médicale rapide en cas de symptômes persistants depuis plus de 2 mois, de douleurs brutales et intenses au niveau de l’épigastre, de l’abdomen ou de l’hypochondre droit, ou si les symptômes persistent après 48 à 72 heures malgré le respect des règles diététiques et d’un traitement.

Dans le traitement symptomatique de ces troubles digestifs, certaines plantes traditionnellement utilisées agissent en tant que cholérétiques ou cholagogues. Celles-ci favorisent l’élimination de la bile et facilitent la digestion. Cependant, on contre-indique l’utilisation de ces plantes en cas d’obstruction ou d’inflammation des voies biliaires, ainsi que lorsqu’il y a un risque de migration de calculs biliaires.

Les propriétés hépatobiliaires de l’artichaut

L’artichaut est cholagogue, amphocholérétique (régulation de la cholérèse), cholécystocinétique ainsi qu’anticholestatique, grâce aux flavonoïdes (flavonol de lutéoline) qu’il contient. Cette augmentation de la sécrétion et l’élimination des acides biliaires expliquent l’efficacité de l’artichaut dans la dyspepsie (douleur, gêne, sensation de brûlure au niveau de l’abdomen, nausées, vomissements…) et dans le syndrome de l’intestin irritable (ballonnements, douleurs abdominales, constipation…).

En 2003, un essai multicentrique à double insu, contrôlé par placebo et randomisé, mené pendant 6 semaines chez 244 patients atteints de dyspepsie fonctionnelle, a notamment démontré une efficacité statistiquement significative de l’extrait aqueux de feuilles d’artichaut.

Antioxydant (avec augmentation du glutathion peroxydase), l’extrait éthanolique dispose de l’activité antioxydante la plus puissante. Les extraits aqueux et éthanolique des feuilles de Cynara scolymus inhibent in vitro la production basale. Ils ont stimulé des formes réactives de l’oxygène (FRO) dans les cellules endothéliales et dans les monocytes. Cela démontre de fait que l’artichaut exerce des propriétés protectrices marquées contre le stress oxydatif induit par les médiateurs inflammatoires et le cholestérol-LDL oxydé. Les activités antioxydantes de la plante mises en évidence par une dizaine d’études au début des années 2000, sont en outre reliées à ses flavonoïdes et à ses composés phénoliques.

Hépatoprotectrice (par inhibition des protéines kinases intracellulaires, par inhibition de la nitrosation et par induction de l’apoptose), la feuille d’artichaut favorise ainsi la régénération hépatique.

Les propriétés hépatiques du Chardon Marie

Action hépatoprotectrice pour une bonne détox du foie

La silymarine contenue dans le Chardon Marie protège le foie par différents mécanismes :

  • La stabilisation de la membrane plasmique de l’hépatocyte. Elle inhibe l’absorption de certaines toxines comme celles par exemple de l’amanite phalloïde. La silymarine empêche leur fixation à la surface cellulaire. Elle bloque le système de transport membranaire de ces poisons.
  • Le piégeage de nombreux radicaux libres via la formation de composés plus stables et moins réactifs. Elle contribue également au maintien du niveau de glutathion et de superoxyde dismutase dans le foie.
  • L’augmentation, in vitro, de la synthèse des protéines hépatocytaires grâce à la stimulation qu’elle exerce sur l’ARN polymérase 1. In fine cela augmenterait la synthèse protéique, contribuant ainsi à augmenter les capacités de régénération du foie.

Une méta-analyse d’essais contrôlés randomisés menée en 2019 auprès de 1198 personnes atteintes de tuberculose a montré que la silymarine du chardon-Marie exerce une activité prophylactique de vis-à-vis des lésions hépatiques induites par les médicaments antituberculeux. Elle améliore également la fonction hépatique des patients traités.

Action protectrice et curative vis-à-vis de toxiques

La prise de silybine améliore significativement l’état de santé chez des personnes intoxiquées par l’amanite phalloïde après échec d’un traitement de référence. La silymarine protège le foie contre les dommages induits par le paracétamol, l’azidothymidine (AZT), l’acétaminophène, l’éthanol et la D-galactosamine.

En favorisant l’expression membranaire de la pompe d’exportation des sels biliaires qui permet l’élimination de la bile; la silymarine protège notamment in vivo de la cholestase induite par les œstrogènes.

Des études cliniques ont démontré l’efficacité de la silymarine. Cependant, les flavanolignanes présents dans le chardon-marie sont peu solubles dans l’eau, ce qui limite leur utilisation en tisane. Néanmoins, l’Agence européenne des médicaments (EMA) propose une posologie de 5 à 15 g par jour en tisane.

Pour une utilisation pratique, il est recommandé de privilégier la poudre d’akènes en gélules. On recommande la posologie d’environ 2 g par jour, comme indiqué dans la monographie de l’EMA de 2018 sur les « troubles digestifs et le support du foie ». Des extraits à fort titre d’alcool ou apolaires s’utilisent également, avec des posologies variables allant de 200 à 500 mg par jour, selon les recommandations de l’EMA.

Il faut noter que la silymarine présente dans le chardon-marie peut avoir des interactions potentielles avec certains médicaments. Elle agit comme un inhibiteur de P-glycoprotéines et de monooxygénases à cytochromes P450 (CYP2C9 et 2C19) in vitro. Cependant, on n’a observé aucune interaction majeure dans la pratique clinique. Malgré cela, des précautions doivent être prises en cas de prise concomitante de médicaments tels que la daunorubicine, le cyclophosphamide, le tamoxifène, les anticonvulsivants, les antiprotéases, les antidépresseurs, les antidiabétiques oraux et la buprénorphine.

L’activité de stimulation des fonctions de sécrétion / excrétion du Pissenlit

Au niveau hépatique biliaire, le pissenlit agit avec un effet cholagogue ainsi qu’une activité cholérétique douce. Cette plante s’emploie longtemps pour stimuler la sécrétion de bile. Le Pissenlit, une plante aux multiples propriétés bénéfiques, se distingue par ses effets diurétiques grâce à sa composition riche en flavonoïdes et en lactones sesquiterpéniques qui stimulent les reins.

En cas de formation de calculs rénaux, le Pissenlit intervient en éliminant les substances telles que le calcium, les oxalates et l’acide urique avant qu’elles ne puissent se cristalliser et obstruer les voies rénales.

Sa teneur en inuline, particulièrement abondante en automne, en fait un excellent prébiotique pour la flore intestinale. L’inuline stimule ainsi la croissance des bifidobactéries. De plus, l’inuline, associée à une hydratation adéquate, forme un mucilage dans les intestins. Cela favorise un transit intestinal optimal et agit comme un laxatif doux. Par ailleurs, l’inuline présente des propriétés hypoglycémiantes qui se trouvent bénéfiques en cas de diabète.

Le Pissenlit joue un rôle anti-obésogène en inhibant l’enzyme lipase pancréatique, ce qui limite l’absorption des graisses alimentaires. Cela réduit le risque d’hyperlipémie, d’athérosclérose, d’obésité et de maladies cardiovasculaires liées à une alimentation riche en cholestérol.

En outre, le Pissenlit agit en tant que détoxifiant hépatique grâce à ses lactones sesquiterpéniques. Il possède des propriétés anti-inflammatoires. Ces dernières peuvent contribuer à réduire l’inflammation, les douleurs musculaires et les rhumatismes.

L’Agence européenne du médicament (EMA), l’Organisation mondiale de la santé (OMS), la Commission E du ministère de la Santé allemande et l’ESCOP (Coopération scientifique européenne en phytothérapie) reconnaissent l’utilisation de la racine de Pissenlit pour soulager les troubles digestifs mineurs, ainsi que des feuilles de Pissenlit pour stimuler la production d’urine, prévenir les crises de calculs urinaires et soulager les rhumatismes.

Les propriétés hépatiques du Romarin

Le Romarin, botaniquement connu sous le nom de Rosmarinus officinalis, est une plante dont les feuilles et les sommités fleuries sont utilisées à des fins médicinales. On le reconnait également pour ses propriétés cholérétiques et cholagogues, ce qui signifie qu’il favorise la production et l’écoulement de la bile.

On utilise l’huile essentielle de Romarin, riche en eucalyptol (présent sous plusieurs chimiotypes) et en acides-phénols, à des fins thérapeutiques. L’Agence européenne du médicament (EMA) reconnaît son utilisation traditionnelle.

Cet effet sur le foie du romarin est lié à la fois à la présence d’acide carnosique, de carnosol et d’acide rosmarinique. L’action hépatoprotectrice de ces composés passerait par leur capacité à augmenter l’activité enzymatique du glutathion peroxydase et de la superoxyde dismutase; dont l’activité est diminuée en présence d’un toxique.

In vitro, l’acide carnosique et le carnosol sont des activateurs des enzymes de phase II. De plus, l’acide rosmarinique est capable d’activer à la fois des enzymes de phase I et II.

En ce qui concerne la posologie, la drogue de Romarin peut être consommée en infusion avec une recommandation de 1 à 2 grammes, à raison de 2 à 3 fois par jour. Pour les extraits liquides, la posologie varie de 2 à 4 millilitres par jour, avec des dosages supérieurs possibles pour des extraits liquides divers.

Il est essentiel de prendre en compte les mises en garde liées aux cholérétiques et cholagogues lors de l’utilisation du Romarin. De plus, en aromathérapie, on peut administrer l’huile essentielle de Romarin par voie orale à raison de l’équivalent de 2 gouttes par jour chez l’adulte. Cependant, il convient de noter qu’elle est contre-indiquée chez les femmes enceintes.

Sources

  • https://www.vidal.fr/sante/nutrition/corps-aliments/digestion-aliments.html
  • https://fr.wikipedia.org/wiki/Digestion#:~:text=La%20digestion%20est%20un%20mode,chez%20tous%20les%20organismes%20h%C3%A9t%C3%A9rotrophes.
  • https://www.has-sante.fr/jcms/c_848686/fr/schema-sur-la-digestion
  • https://www.msdmanuals.com/fr/accueil/troubles-digestifs/biologie-de-l-appareil-digestif/pr%C3%A9sentation-de-l-appareil-digestif
  • https://cancer.ca/fr/cancer-information/cancer-types/liver/what-is-liver-cancer/the-liver#:~:text=emmagasine%20certaines%20vitamines%20et%20certains,les%20selles%20ou%20l’urine.
  • https://www.centre-hepato-biliaire.org/maladies-foie/fonctions-h%C3%A9patiques.html
  • Cours de Licence Professionnelle CSHPSP « Phytothérapie du système digestif » dispensé par le Pr Pierre Champy

 

1 réflexion au sujet de « Nos plantes du foie pour une détox tout en douceur »

  1. Certaines plantes vendues dans le commerce contiennent des composants particulièrement actifs, pouvant aller jusqu’à se révéler toxiques ou tout au moins provoquer des effets secondaires chez l’utilisateur peu regardant.Par exemple, l’aubépine pourrait, en cas de surdosage, provoquer des palpitations, des maux de tête ou encore des bouffées de chaleur. C’est pour cette raison qu’il est toujours préférable de se référer à un professionnel

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