Pour une utilisation optimale des huiles essentielles

La Pharmacopée Européenne définit l’huile essentielle comme « produits odorants, généralement de composition complexe, obtenus à partir d’une matière première végétale botaniquement définie, soit par entraînement par la vapeur d’eau, soit par distillation sèche, ou par un procédé mécanique approprié sans chauffage ».

Les huiles essentielles en officine permettent une personnalisation du conseil médical et une approche interdisciplinaire du soin. Leur administration par voie cutanée est souvent préférable pour sa simplicité et son efficacité, minimisant les effets indésirables systémiques. Selon les objectifs thérapeutiques, l’ajustement des dosages et des fréquences d’administration permet l’emploi des huiles essentielles en régimes soit préventifs, soit curatifs.

Qu’est ce qu’une huile essentielle ?

L’élaboration de l’essence au sein du végétal se caractérise par sa faible présence, généralement comprise entre 1 et 3% de la totalité du végétal. Cette essence, issue de la vie végétale, remplit diverses fonctions cruciales au sein de la plante.

Tout d’abord, elle contribue à préserver l’immunité de la plante, agissant comme une première ligne de défense contre les agressions extérieures.

De plus, cette essence joue un rôle essentiel en servant de réserve énergétique, fournissant à la plante l’énergie nécessaire pour soutenir ses processus vitaux, notamment lors de périodes de stress ou de besoins accrus.

Enfin, l’essence a également la fonction de protéger le végétal, en agissant comme un composant actif qui peut dissuader les prédateurs ou les agents pathogènes, contribuant ainsi à la survie et à la santé de la plante.

Comment obtient-on une huile essentielle ?

L’extraction des huiles essentielles s’effectue principalement par distillation à la vapeur d’eau de plantes aromatiques comme la lavande, l’arbre à thé ou la menthe poivrée. Dans cette méthode, on suspend les plantes aromatiques au-dessus d’un récipient contenant de l’eau en ébullition. La vapeur d’eau induit la libération des composés volatils de ces plantes, que l’on capture ensuite pour obtenir un extrait liquide concentré.

Le passage de l’essence à l’huile essentielle est au cœur de l’aromathérapie, une discipline qui a vu le jour en 1928 grâce à René-Maurice Gattefossé.

Le mot « aromathérapie » se décompose en deux racines grecques : « aroma », désignant le parfum, et « thérapie », faisant référence à une approche curative ou palliative. Ce terme englobe donc des méthodes visant à traiter et soulager des états pathologiques ou des malaises par l’intermédiaire de substances aromatiques.

L’aromathérapie repose sur deux principaux procédés de fabrication pour extraire les huiles essentielles :

  • L’expression mécanique : Ce procédé implique la pression mécanique des parties végétales, telles que les zestes d’agrumes, pour libérer les huiles essentielles qu’elles contiennent. Leur produit est nommé « essence ».
  • La distillation : Il s’agit du processus de chauffage suivi de la condensation de la vapeur d’eau chargée en huiles essentielles, extraites des plantes. C’est la méthode la plus couramment utilisée pour obtenir des huiles essentielles à partir de plantes aromatiques. Leur produit est nommé « huile essentielle ».

Ces deux procédés de production contribuent à la formulation du concept global d' »huiles essentielles ». On les utilise ensuite en aromathérapie pour exploiter leurs vertus thérapeutiques et leur potentiel d’amélioration de la santé et du bien-être.

Qu’est ce que l’aromathérapie ?

L’aromathérapie, quant à elle, est une discipline qui englobe l’utilisation thérapeutique des huiles essentielles. Elle se focalise sur l’étude des propriétés olfactives des plantes et de l’influence de ces arômes sur le bien-être physique et psychologique de l’individu, ainsi que sur l’environnement. L’aromathérapie est un domaine pluridisciplinaire qui intègre diverses méthodes et techniques de soin. Elle englobe la diffusion atmosphérique des huiles, les applications topiques à travers des massages, et même leur ingestion par voie orale pour des fins thérapeutiques.

Les huiles essentielles présentent une multitude d’applications et peuvent offrir de nombreux bienfaits pour notre organisme. Certaines de ces huiles essentielles ont même la capacité d’influencer nos émotions et notre bien-être global.

Généralement, chaque huile essentielle détient des propriétés spécifiques, comme le soulagement de la congestion, la réduction de l’inflammation, le traitement des nausées ou des douleurs articulaires, entre autres.

Il s’avère donc impératif de s’éduquer rigoureusement sur l’emploi de ces huiles essentielles. On recommande fortement de suivre une formation spécialisée en aromathérapie pour manipuler ces substances de manière prudente et sécurisée.

Quelles sont ses applications ?

Chaque huile essentielle se compose d’un vaste spectre de molécules aromatiques actives, spécialement reconnues pour leurs effets thérapeutiques et leurs contributions bénéfiques à la santé humaine. Ces huiles essentielles se situent dans diverses parties anatomiques de la plante, incluant l’écorce, les gousses, les racines et les fleurs.

En fonction de leur application spécifique et des allégations associées, les huiles essentielles relèvent de diverses réglementations, notamment celles concernant les produits cosmétiques, les biocides comme les sprays assainissant, ou les médicaments d’origine végétale. Une huile essentielle acquiert la classification de médicament quand elle fait l’objet de promotion pour ses propriétés thérapeutiques destinées à traiter ou à prévenir des conditions médicales humaines, ou lorsqu’elle démontre une activité pharmacologique, immunologique ou métabolique confirmée.

Par ailleurs, les huiles essentielles peuvent servir d’excipients dans la composition d’un médicament, jouant par exemple le rôle d’agents aromatisants. Dans le secteur pharmaceutique, ces huiles s’offrent soit en tant que préparations magistrales, soit sous leur forme originale non modifiée.

Notion de chémotype

Le concept de chémotype, en aromathérapie, fait référence à une réalité chimique bien précise : il s’agit d’une entité chimique distincte au sein d’une même espèce. Bien que les huiles essentielles partagent le même nom latin pour une espèce donnée, leur composition biochimique peut varier considérablement en fonction de leur origine géographique, de leur terroir.

Pour identifier les chémotypes, deux méthodes prédominantes s’appliquent :

  • En latin : On associe le nom du genre et de l’espèce de la plante à « CT » (pour Chémotype), suivi de la molécule qui définit ce variant chimique spécifique de l’huile essentielle.
  • En français : De façon plus aisée à comprendre, le nom du genre et de l’espèce se voit complété directement par la mention de la molécule qui caractérise ce chémotype particulier.

Ces précisions sont essentielles pour identifier avec précision les huiles essentielles et comprendre les variations subtiles de leurs compositions chimiques en fonction de leur origine géographique, ce qui peut avoir un impact significatif sur leurs propriétés thérapeutiques et leur utilisation en aromathérapie.

Propriétés pharmacodynamiques

Les huiles essentielles présentent des propriétés physiques caractéristiques qui les distinguent :

  • Elles sont sous forme liquide à température ambiante, ce qui les rend faciles à manipuler.
  • Bien qu’elles aient une texture huileuse, elles ne sont pas grasses au toucher (volatiles).
  • Leur densité est généralement inférieure à celle de l’eau, ce qui signifie qu’elles flottent sur l’eau.
  • Elles sont insolubles dans l’eau, ne se mélangeant pas avec elle.
  • Cependant, elles sont solubles dans l’alcool, les corps gras, ainsi que certains solvants. Cette solubilité varie en fonction de la composition chimique spécifique de chaque huile essentielle.

Les huiles essentielles se distinguent par leurs propriétés physico-chimiques particulières, qui sont essentielles pour comprendre leur utilisation thérapeutique.

  • Composées de centaines de constituants différents, chacun contribue à leur composition chimique complexe.
  • Tous les constituants même mineurs sont importants dans leur action thérapeutique. Souvent, même en petites quantités, ces constituants peuvent avoir un impact significatif sur les propriétés de l’huile essentielle.
  • L’aromatogramme permet d’analyser la corrélation entre la structure biochimique des huiles essentielles et leur efficacité thérapeutique, en mettant en lumière l’interaction entre les divers composés pour générer des effets spécifiques.

Les propriétés générales des huiles essentielles comprennent :

  • Des propriétés anti-infectieuses, agissant contre les bactéries, les virus et les champignons (fongicides).
  • D’autres propriétés telles que anti-inflammatoires, antispasmodiques, antalgiques (contre la douleur), digestives, cicatrisantes, endocrino-régulatrices, et immunorégulatrices, qui en font des substances polyvalentes pour la santé et le bien-être.
  • Les huiles essentielles ont également une action sur les récepteurs olfactifs et les centres nerveux, ce qui peut influencer le comportement et l’état émotionnel des individus.

Ces propriétés physico-chimiques et thérapeutiques variées font des huiles essentielles des composés naturels d’une grande importance dans divers domaines, de la médecine naturelle à la parfumerie, en passant par l’aromathérapie.

Les huiles essentielles réservées à l’officine

Certaines huiles essentielles (HE) sont réservées à la délivrance en officine. Elles sont soumises à une réglementation spécifique, notamment en raison de leur composition chimique et de leurs propriétés potentiellement dangereuses. La législation encadrant leur usage comprend plusieurs décrets et lois. La loi n°84-534 du 30 juin 1984, complétée par le décret du 23 juin 1986, réglemente la délivrance de 8 huiles essentielles spécifiques. Un décret datant du 3 août 2007 a élargi cette liste à 15 huiles essentielles. Ce sont principalement des huiles essentielles riches en thuyone et pinocamphone.

Les huiles essentielles concernées par cette réglementation comprennent :

  • Grande absinthe (Artemisia absinthium L.)
  • Petite absinthe (Artemisia pontica L.)
  • Armoise commune (Artemisia vulgaris L.)
  • Armoise blanche (Artemisia herba alba Asso)
  • Armoise arborescente (Artemisia arborescens L.)
  • Thuya du Canada ou cèdre blanc (Thuya occidentalis L.) et Cèdre de Corée (Thuya Koraenensis Nakai), également connus sous le nom de « cèdre feuille. »
  • Hysope (Hyssopus officinalis L.)
  • Sauge officinale (Salvia officinalis L.)
  • Tanaisie (Tanacetum vulgare L.)
  • Thuya (Thuya plicata Donn ex D. Don.)
  • Sassafras (Sassafras albidum [Nutt.] Nees)
  • Sabine (Juniperus sabina L.)
  • Rue (Ruta graveolens L.)
  • Chenopode vermifuge (Chenopodium ambrosioides L. et Chenopodium anthelminticum L.)
  • Moutarde jonciforme (Brassica juncea [L.])

En outre, les huiles essentielles contenant de l’anéthole, présente notamment dans l’anis (Pimpinella anisum), le fenouil (Foeniculum vulgare), la badiane (Illicium verum), l’hysope et l’absinthe, ne peuvent être délivrées que sur ordonnance médicale. Ces huiles essentielles sont soumises à des restrictions en raison de leur potentiel neurotoxique.

Il est à noter que l’aneth, bien qu’il ne contienne pas d’anéthole, est également considéré comme neurotoxique.

Cette réglementation vise à assurer la sécurité et la protection de la santé publique en limitant l’accès aux huiles essentielles potentiellement dangereuses et en les réservant à un usage contrôlé et éclairé en milieu médical ou pharmaceutique.

Quelle mode d’administration et posologie choisir ?

On part du principe qu’1 ml est égal à 30 à 35 gouttes en moyenne suivant les laboratoires. Une goutte vaut alors environ 30 à 35 mg.

Utilisation cutanée

La voie cutanée est une méthode d’administration des huiles essentielles qui mérite une attention particulière. Cette préférence s’explique par la lipophilie des huiles essentielles, ce qui les rend parfaitement compatibles avec la peau.

En pratique quotidienne, les dosages couramment recommandés sont de 3 à 5 gouttes d’huiles essentielles pour chaque 10 ml d’huile végétale. Cela représente environ 1 à 3 % d’huiles essentielles dans le mélange. Il convient toutefois de prendre en compte qu’il existe un risque d’irritation cutanée avec certaines huiles essentielles riches en composés tels que le thymol, le carvacrol, et l’eugénol (des phénols), ainsi que le cinnamaldéhyde, les pinènes, ou encore les citrals. Les sportifs utilisent les bienfaits des huiles essentielles à l’aide d’une compresse en cas de foulures ou de contusions.

Afin de minimiser ces risques, il est recommandé de diluer les huiles essentielles dans des huiles végétales. Les pourcentages de dilution varient en fonction de l’objectif de l’application :

  • 1 % : Utilisation en dermocosmétique.
  • 3 % : Pour la réparation des téguments, par exemple, dans le nez, les oreilles ou le vagin.
  • 5 % : Pour agir sur le système nerveux central, notamment pour soulager le stress et favoriser le bien-être.
  • 7 % : Utilisation pour des actions circulatoires, tant au niveau sanguin que lymphatique.
  • 10 % : Utilisation pour des actions musculaires, tendineuses ou articulaires.
  • 15 % : Pour des usages liés au sport et à la compétition.
  • 20 % : Utilisation pour des actions systémiques ou locales puissantes, par exemple, dans le domaine cellulolytique.
  • 50 % : Utilisation pure, bien que le thérapeute hésite généralement à recourir à une concentration si élevée.
  • 99 % : Dans des cas exceptionnels, les huiles essentielles pures comme la lavande fine ou le ravintsara peuvent être employées.

Utilisation aérienne

La diffusion atmosphérique d’huiles essentielles est une pratique préventive complémentaire à un traitement. Voici quelques recommandations pour une diffusion efficace et sécuritaire :

  • Ambiance Olfactive : Lors de la diffusion atmosphérique, il est conseillé de programmer des séquences avec un diffuseur pendant environ 10 minutes par heure.
  • Inhalation Sèche : L’inhalation sèche consiste à placer quelques gouttes pures d’huiles essentielles sur un mouchoir. Cependant, cette pratique doit être évitée chez les enfants de moins de 3 ans, les personnes épileptiques et les asthmatiques.
  • Inhalation Humide : Pour une inhalation humide, mélangez de 3 à 8 gouttes d’huiles essentielles dans un bol inhaleur. Cette méthode est recommandée pour les adultes et les enfants de plus de 12 ans. La séance dure de 3 à 7 minutes et peut être répétée 2 à 3 fois par jour.

Il est essentiel de ne jamais diffuser d’huiles essentielles dans la chambre d’un enfant qui dort. En présence d’animaux domestiques, ceux-ci doivent avoir la possibilité de quitter la pièce durant la diffusion. Il convient d’éviter l’utilisation d’huiles essentielles irritantes telles que le thymol, le carvacrol, l’eugénol, etc., lors de la diffusion. Il est crucial de respecter ces précautions pour une diffusion atmosphérique sûre et bénéfique. L’utilisation appropriée des huiles essentielles dans l’air peut contribuer à créer une atmosphère agréable et favoriser le bien-être, mais elle doit être effectuée avec prudence, en particulier en présence de jeunes enfants ou de personnes ayant des conditions médicales spécifiques.

Bains et Douches aromatiques

Les bains aromatiques combinent hydrothérapie et aromathérapie pour offrir une gamme d’avantages thérapeutiques, allant de la détente musculaire à l’amélioration de la circulation sanguine et de la respiration. Selon la température de l’eau, on distingue trois types principaux de bains aromatiques: chauds, tièdes-chauds et froids.

  • Les bains chauds, dont la température oscille entre 37 et 42°C, sont efficaces pour stimuler la circulation sanguine et favoriser l’élimination des toxines. Cependant, ils ne sont pas recommandés immédiatement après un effort physique ou pendant la digestion et ne devraient pas dépasser une durée de 10 minutes.
  • Les bains tièdes-chauds, à des températures de 30 à 36°C, sont universellement adaptés pour traiter une grande variété de maux sans effets secondaires significatifs. Ils sont particulièrement utiles pour encourager la détente et le sommeil.
  • Les bains froids, à des températures entre 10 et 25°C, n’offrent pas les avantages de l’absorption des huiles essentielles et sont plutôt centrés sur les effets de la température de l’eau elle-même.

Pour intégrer des huiles essentielles dans ces bains, une dilution prudente est nécessaire. Jusqu’à dix gouttes d’huile essentielle peuvent être ajoutées à 100 litres d’eau, en association avec un dispersant, tel que le solubol ou le labrafil, en quantité quatre fois supérieure à celle de l’huile pour assurer une émulsion appropriée.

Brûleur Galeras Blanc

En utilisant un brûleur, vous devez mettre de l’eau dans la coupelle et y rajouter quelques gouttes d’huile essentielle, puis allumez une bougie chauffe-plat en dessous. La bougie va chauffer la coupelle, l’eau et l’huile vont s’évaporer dans l’air. Un brûleur est idéal pour diffuser dans une pièce. L’huile essentielle va pénétrer dans l’organisme par inhalation et également par contact avec la peau.

On peut utiliser un diffuseur électrique. Beaucoup plus puissant dans l’évaporation, vous pouvez diffuser dans toute la maison en même temps. Performant, mais moins chaleureux qu’un brûleur traditionnel. Attention à ne pas saturer l’air de molécules aromatiques.

Par voie orale

L’administration par voie orale des huiles essentielles implique des recommandations importantes pour une utilisation sécuritaire et efficace.

La posologie à respecter pour l’administration par voie orale des huiles essentielles est la suivante :

  • Pour un adulte, la posologie recommandée est de 6 gouttes d’huile essentielle au maximum par jour, réparties en 2 gouttes, trois fois par jour.
  • Chez les enfants, la quantité est limitée à 3 gouttes maximum par jour, à répartir en 1 goutte, trois fois par jour.
  • Les huiles essentielles ne doivent en aucun cas être administrées par voie orale chez les enfants de moins de 7 ans.

La dilution des huiles essentielles est une étape essentielle lors de leur utilisation par voie orale. Il convient de diluer les huiles essentielles dans un support adapté, comme une huile végétale, du miel, de la compote ou un comprimé neutre exempt de lactose. Cette dilution est nécessaire pour réduire la concentration des huiles essentielles et ainsi minimiser les risques potentiels. Il est recommandé de prendre les huiles essentielles pendant le repas. Cette pratique a pour objectif de réduire les risques en s’assurant que les huiles essentielles sont ingérées en même temps que de la nourriture. Cela peut contribuer à atténuer leur impact éventuel sur l’estomac et les voies digestives.

Utilisation par voie rectale

La voie rectale est l’absorption la plus efficace du corps humain (conseiller pour lutter contre la déshydratation lorsque l’on est face à des situations extrêmes) grâce à la grande perméabilité des veines du rectum. Ces remèdes d’aromathérapie peuvent être absorbées à l’aide d’un suppositoire. Ce procédé est utilisé pour les personnes qui ne peuvent pas absorber d’huile par voie orale (fragilité des muqueuses et digestives…). Demandez l’avis d’un spécialiste avant toute utilisation. L’administration par voie rectale des huiles essentielles est une pratique qui nécessite une prescription médicale.

Les huiles essentielles peuvent être administrées par voie rectale sous forme de suppositoires. La dose moyenne d’huile essentielle utilisée varie de 75 à 100 mg. Pour un traitement chronique, la posologie recommandée est de 10 mg par kilogramme de poids corporel par jour, avec une dose maximale de 40 mg d’huile essentielle d’eucalyptus (E) et 80 mg d’huile essentielle d’adoucissante (AD), ne dépassant pas 150 mg au total par jour. La posologie usuelle consiste en l’administration d’un suppositoire deux fois par jour.

La voie rectale permet une bonne résorption des huiles essentielles, ce qui en fait une option appropriée pour les enfants et les adultes présentant des intolérances gastriques. Cependant, cette méthode est contre-indiquée en cas d’hémorroïdes ou de rectocolites hémorragiques. En gynécologie, une concentration de 5 à 10% d’huiles essentielles est généralement utilisée dans les ovules.

Les précautions d’emploi des huiles essentielles

Il est essentiel de prendre en considération plusieurs précautions lors de l’utilisation des huiles essentielles.

Les précautions générales

  • Ne jamais injecter d’huiles essentielles.
  • Il est fortement déconseillé d’utiliser les huiles essentielles chez les femmes enceintes, pendant l’allaitement, et chez les enfants de moins de 3 ans.
  • Il est impératif de ne pas laisser les flacons d’huiles essentielles à la portée des enfants. Rangez-les avec précaution, de préférence à la verticale.
  • Évitez l’utilisation des huiles essentielles pures, sauf exceptions telles que la lavande vraie, le ravintsara, le bois de rose, etc.
  • Ne jamais appliquer d’huile essentielle pure sur les yeux et les muqueuses.
  • Évitez d’utiliser les huiles essentielles directement dans l’eau du bain.
  • Ne pas exposer les huiles essentielles au soleil, car certaines d’entre elles ont des propriétés différentes et donc des effets spécifiques et peuvent être phototoxiques.
  • En cas de terrain allergique, réalisez un test cutané dans le pli du coude en attendant environ 15 minutes pour observer toute réaction.
  • Avant toute utilisation, assurez-vous de vérifier le mode d’administration et la posologie appropriés pour chaque variété d’huile essentielle.

Conservation

  • Ne laissez pas les flacons d’huile essentielle à la portée des enfants. Rangez-les avec précaution et de préférence à la verticale.
  • Stockez-les à l’abri de la lumière, de préférence dans un flacon coloré ou en aluminium à l’intérieur d’un placard.
  • Maintenez la température de stockage entre 5 et 35 degrés Celsius maximum.
  • Respectez la durée de conservation, qui est généralement de 5 ans pour les huiles essentielles et de 3 ans pour les essences.

Ces précautions sont valables pour l’ensemble des huiles essentielle, Certaines disposent toutefois de contre-indications spécifiques, se renseigner auprès d’un professionnel de santé.

Que faire en cas d’accident ?

  • En cas d’ingestion accidentelle d’une quantité excessive d’huile essentielle, il est impératif de contacter immédiatement le centre antipoison. Dans une situation d’ingestion accidentelle d’huile essentielle en excès, il convient de prendre environ 30 ml d’huile végétale pour diluer la substance et minimiser les risques associés.
  • Si une huile essentielle entre en contact avec les yeux ou provoque une brûlure cutanée, il convient d’appliquer immédiatement une huile végétale, telle que l’huile d’amande douce, pour diluer et atténuer l’effet irritant.

L’administration par voie orale présente l’avantage d’une action rapide des huiles essentielles. Bien que la voie orale offre une action rapide, cette méthode comporte des limites. L’emploi de cette substance demeure strictement interdit pour les femmes enceintes, les individus souffrant d’épilepsie et les enfants âgés de moins de sept ans. De plus, elle reste déconseillée pour les individus souffrant d’antécédents d’ulcères, de troubles gastriques ou de reflux gastro-œsophagiens. Le goût prononcé des huiles essentielles constitue également un inconvénient. La menthe poivrée est à éviter chez les personnes asthmatiques.

Toxicité des huiles essentielles

Une substance active est une composante chimique dotée d’effets biologiques spécifiques qui peut également présenter un potentiel de toxicité. Cette toxicité n’est pas uniforme et peut varier en fonction de plusieurs facteurs, notamment la composition biochimique de la substance, la dose administrée, la voie d’administration, et l’état physiologique de l’individu exposé.

Les huiles essentielles dermocaustiques

La toxicité dermocaustique est l’un des effets secondaires potentiels associés à l’utilisation de certaines huiles essentielles (HE). Ce phénomène se manifeste par une irritation ou une brûlure cutanée et nécessite souvent une dilution adéquate pour minimiser ces risques. Différents composés biochimiques dans les HE sont responsables de cet effet irritant.

Huiles Essentielles à Phénols

  • Composés Notables: Thymol, Carvacrol, Eugénol
  • Exemples d’HE: Thym ct thymol, Sarriette, Origan compact, Giroflier
  • Effet: Ces composés sont très irritants pour la peau et peuvent causer des brûlures si utilisés sans dilution appropriée.

Aldéhydes Aromatiques

  • Composés Notables: Cinamaldéhyde
  • Exemples d’HE: Cannelles (feuilles et écorce)
  • Effet: Ce composé peut être fortement irritant pour la peau et les muqueuses, nécessitant une dilution soigneuse.

Aldéhydes Terpéniques

  • Composés Notables: Citrals et Citronnellal
  • Exemples d’HE: Verveine, Eucalyptus citronné, Citronnelles, Litsée citronnée, Mélisse
  • Effet: Ces huiles essentielles sont moyennement irritantes pour la peau et irritantes pour les muqueuses.

Pinènes

  • Composés Notables: Pinènes
  • Exemples d’HE: Pins, Sapins
  • Effet: Bien que généralement moins irritantes que les catégories précédentes, ces huiles essentielles peuvent tout de même causer une certaine irritation cutanée.

Les Huiles essentielles photosensibilisantes

L’exposition aux rayons ultraviolets, qu’ils proviennent du soleil ou de sources artificielles, peut provoquer des effets indésirables lors de l’application cutanée ou de l’ingestion orale de certaines huiles essentielles. Les composés responsables de cet effet sont principalement des furocoumarines.

Huiles Essentielles contenant des Furocoumarines

  • Zestes d’Agrumes (Genre Citrus): Citron, Orange, Pamplemousse, Mandarine
  • Bergamote: Particulièrement riche en Bergaptène
  • Apiacées: Angélique, Khella, Cumin

Risques Associés et précautions

  • Exposition Solaire Directe ou aux UV: Il est impératif d’éviter toute exposition solaire directe ou aux rayons UV pendant au moins 6 heures après l’application cutanée ou la prise par VO d’une HE contenant des furocoumarines.
  • Évitement du Soleil et des Sources UV: Éviter toute exposition solaire directe et toute source de rayonnement UV pendant la période à risque.

Les huiles essentielles allergisantes

L’allergénicité des huiles essentielles (HE) peut varier considérablement en fonction du terrain individuel du patient. Certains composés, tels que les lactones sesquiterpéniques, sont particulièrement notoires pour leur potentiel allergisant. Avant toute application cutanée, effectuer un test cutané s’impose pour évaluer la sensibilité individuelle aux composants de l’huile essentielle.

Huiles Essentielles à Lactones Sesquiterpéniques

  • Exemples d’HE: Laurier noble, Armoise annuelle, Inule odorante
  • Précautions: Réaliser un test cutané s’avère recommandé avant toute application topique des huiles essentielles.

Risques Spécifiques liés à l’HE de Menthe Poivrée

  • Populations à Risque : Interdite aux enfants de moins de 12 ans en raison du risque de bronchospasme. Déconseillée aux personnes asthmatiques et épileptiques.
  • Limitations d’Application : Utilisation cutanée limitée. Éviter la diffusion dans l’air.

Les huiles essentielles hépatotoxiques

La toxicité hépatique est un enjeu sérieux à considérer lors de l’administration orale de certaines huiles essentielles (HE). De nombreux composés biochimiques présents dans les huiles essentielles ont une notoriété pour leur hépatotoxicité potentielle, les phénols en particulier.

Huiles Essentielles à Phénols

  • Composés Notables: Thymol, Carvacrol, Eugénol
  • Voie d’Administration: Orale
  • Dosage pour les Adultes: 1 goutte 3 fois par jour par voie orale (VO)

Précautions sur le Dosage et la Durée du Traitement

  • Limitation Quantitative: Le dosage ne doit pas dépasser 500 mg par jour.
  • Limitation Temporelle: Le traitement ne doit pas s’étendre au-delà de 3 semaines.

Recommandations Complémentaires

Certains experts recommandent d’associer une huile essentielle hépato-protectrice comme la Carotte, le Thym à Thujanol, le Citron, le Romarin à Verbénone afin de minimiser les risques d’hépatotoxicité.

Les huiles essentielles neurotoxiques et abortives

L’utilisation de certaines huiles essentielles (HE) peut présenter des risques de toxicité neurologique et d’effets abortifs, notamment lorsqu’elles contiennent des cétones spécifiques. Ces composés, souvent identifiables par leur suffixe en « one », nécessitent une attention particulière en raison de leur potentiel toxique.

Huiles Essentielles contenant des Cétones

  • Composés Notables: Thujone, Pulégone, Italidione, Menthone, Piperitone, Verbenone
  • Exemples d’HE: Hélichryse, Menthe poivrée, Sauge officinale, Romarin à camphre, Cèdre de l’Atlas

Restrictions d’Utilisation

  • Femmes Enceintes et Allaitantes: Contre-indiqué en raison du risque d’effets abortifs.
  • Nourrissons et Enfants de Moins de 6 Ans: Contre-indiqué en raison du risque accru de toxicité neurologique.
  • Antécédents d’Épilepsie: À éviter en raison du potentiel de provoquer des crises.
  • Personnes Âgées: L’emploi s’avère déconseillé en raison d’une susceptibilité augmentée à la toxicité neurologique.
  • Voie Orale: Cette méthode d’administration présente un risque particulièrement élevé d’effets neurotoxiques et se trouve donc contre-indiquée pour les groupes à risque spécifiés.

Les huiles essentielles néphrotoxiques

L’administration orale prolongée de certaines huiles essentielles contenant des monoterpènes augmente le risque de toxicité rénale. En outre, certains monoterpènes ont également des propriétés dermocaustiques.

Huiles Essentielles à Monoterpènes

  • Exemples d’HE: Pins, Sapins, Genévriers, Santal, Cyprès
  • Voie d’Administration: Particulièrement risquée par voie orale lors d’une utilisation prolongée.
  • Huiles Essentielles à Pinènes: Pin sylvestre, Citronnier, Sapin baumier, Épinette noire, Genévrier

Limitations et Précautions

  • Durée du Traitement: Éviter l’administration orale des huiles essentielles sur une période prolongée en raison du risque accru de toxicité rénale.
  • Prudence Dermique: User de prudence lors de l’application cutanée des huiles essentielles contenant des pinènes, car elles peuvent être irritantes pour la peau. Pour les applications dermiques, on recommande donc une dilution appropriée de ces huiles ou leur évitement complet.

Sources

  • https://ansm.sante.fr/qui-sommes-nous/notre-perimetre/les-medicaments/p/medicaments-a-base-de-plantes-et-huiles-essentielles#:~:text=Une%20huile%20essentielle%20est%20le,d%C3%A9finition%20de%20la%20Pharmacop%C3%A9e%20europ%C3%A9enne).
  • https://dumas.ccsd.cnrs.fr/dumas-01719690/document
  • https://www.anses.fr/fr/system/files/NUT2018SA0096.pdf
  • https://pranarom.fr/pages/distillation-des-huiles-essentielles
  • https://www.tisserandinstitute.org/essential-oils-in-hospitals/
  • https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC5206475/
  • http://www.nccih.nih.gov/
  • Cours de Licence Professionnelle CSHPSP année 2021-2022 « Les Fondamentaux en Aromathérapie » dispensé par Sandrine Peyrat

Laisser un commentaire