Les mycotoxines, composés toxiques produits par certaines espèces de champignons, représentent un danger sérieux pour la santé équine. Présentes dans les céréales, les fourrages et autres aliments contaminés, elles peuvent causer une gamme de problèmes de santé chez les chevaux, allant de troubles digestifs et respiratoires à des effets immunosuppresseurs et hépatotoxiques. L’exposition chronique aux mycotoxines peut entraîner des maladies graves, réduisant ainsi la performance, le bien-être et la longévité des chevaux. Comprendre les mécanismes d’action des mycotoxines, ainsi que les méthodes de détection et de prévention, est crucial pour les propriétaires et les professionnels de la santé équine.
Qu’est ce qu’une mycotoxine ?
Les moisissures produisent des mycotoxines, des métabolites secondaires. Lorsqu’on les ingère, les inhale ou les absorbe par la peau, elles provoquent une toxicité aigüe ou chronique chez l’Homme et l’animal. Divers champignons génèrent ces contaminants naturels de l’environnement. Un champignon peut produire plusieurs mycotoxines, mais la production dépend des conditions environnementales (insectes, sécheresse, pluie).
Selon la FAO, 25% de la production mondiale de céréales est contaminée par des mycotoxines. Une étude de 2010 a révélé que presque tous les aliments pour chevaux contiennent au moins un type de mycotoxine. Il existe plus de 400 mycotoxines répertoriées avec une grande diversité de structures chimiques et de signes cliniques. Les mycotoxicoses aigües sont rares, mais les mycotoxicoses chroniques peuvent entraîner des baisses de performance et une immunodéficience.
La sensibilité aux mycotoxines varie selon la dose, la durée d’exposition, l’espèce, l’âge et l’état de santé. Les monogastriques (cheval, porc, volailles, homme) sont plus sensibles que les ruminants.
Chez les chevaux, les mycotoxines sont impliquées dans les coliques, les troubles gastro-intestinaux, la perte de poids, et l’immunosuppression. Dans les cas graves, des problèmes hépatiques, des paralysies et des lésions cérébrales peuvent survenir. Le mauvais entreposage du foin et des mélanges de céréales augmente le risque d’intoxication.
À quelles mycotoxines sont exposés les chevaux ?
Le foin peut moisir rapidement en présence de chaleur et d’humidité. Il est essentiel de vérifier régulièrement le foin, même s’il semble sec au début. Si le foin paraît humide, a une odeur de moisi ou présente des signes visibles de moisissures, il doit être jeté. Les laboratoires peuvent tester la présence de mycotoxines.
- Aflatoxines : Produites par Aspergillus flavus et Aspergillus parasiticus, elles contaminent le maïs, le soja, les cacahuètes et le sorgho, provoquant une hépatotoxicité, une perte d’appétit, des troubles neurologiques et des saignements intestinaux.
- Fumonisines : Produites par Fusarium verticillioides, elles contaminent principalement le maïs. La fumonisine B1 cause la leucoencéphalomalacie équine, avec paralysie et ataxie.
- Zéaralénone : Produite par Fusarium culmorum et Fusarium graminearum, elle contamine le maïs, l’orge et le blé, mimant l’action des œstrogènes et affectant la reproduction.
- Trichothécènes : Produites par Fusarium, elles contaminent le blé et le maïs. Le déoxynivalénol (DON) cause perte d’appétit et anomalies de la coagulation.
- Lolitrème : Produit par Neotyphodium lolii, il contamine le ray-grass, provoquant des tremblements musculaires et de l’ataxie.
- Alcaloïdes de l’ergot : Produits par Claviceps purpurea, ils contaminent le seigle et le blé, causant hyperthermie et nécrose des extrémités.
- Satratoxine : Produite par Stachybotrys chartarum, elle contamine la paille et le foin, causant nécrose des lèvres et troubles respiratoires.
Comment se développent-elles ?
Les mycotoxines sont des composés toxiques produits par certaines moisissures et champignons. Leur production dans les aliments pour animaux dépend de divers facteurs, notamment les pratiques de stockage et les conditions environnementales.
Un stockage inapproprié du foin ou des céréales est la principale cause d’intoxication aux mycotoxines chez les chevaux. Le fourrage et la nourriture peuvent développer des moisissures s’ils ne sont pas stockés correctement, surtout en présence d’humidité et dans des zones mal ventilées.
Le risque d’intoxication augmente au printemps et en été par temps humide et doux. Une mauvaise séchage et des niveaux d’humidité supérieurs à 14-15 % favorisent la croissance des moisissures. La chaleur, l’humidité et une mauvaise ventilation créent des conditions idéales pour la production de mycotoxines, dégradant la qualité du foin et réduisant ses nutriments digestibles.
Il est important de noter que toutes les moisissures ne produisent pas de mycotoxines, mais peuvent encore nuire aux chevaux en causant des troubles pulmonaires. Le foin moisi peut libérer des spores provoquant des troubles respiratoires tels que la toux, la respiration laborieuse et une baisse des performances athlétiques, surtout dans des espaces mal aérés.
Quels sont les symptômes d’une ingestion de mycotoxines ?
Les symptômes d’intoxication aux mycotoxines sont souvent vagues. Il peut être difficile de détecter directement une exposition de votre cheval aux mycotoxines. Il est essentiel de consulter votre vétérinaire en cas de suspicion. On pose généralement le diagnostic après avoir exclu d’autres causes.
Symptômes possibles à surveiller :
- Perte d’appétit, anorexie, léthargie
- Colique
- Atteinte hépatique, dommages au foie
- Diarrhée, irritation intestinale
- Problèmes respiratoires, toux persistante, asthme
- Problèmes de fertilité, avortement répété, qualité du sperme
- Système immunitaire faible
- Atteinte du système nerveux, tremblements musculaires, ataxie
- Lésions ulcéreuses de la cavité orale
Plusieurs mycotoxines peuvent contaminer simultanément les aliments, ce qui entraîne une combinaison de symptômes. Tous les chevaux d’un groupe ne présentent pas les mêmes réactions ; leur système immunitaire et leur microbiote influencent leur sensibilité.
Il est important de noter que les mycotoxicoses sont souvent difficiles à diagnostiquer. En cas de suspicion, des analyses d’aliments peuvent être nécessaires.
Quel est le traitement ?
Le traitement principal de l’intoxication aux mycotoxines consiste à cesser de donner le fourrage ou les céréales contaminés. L’élimination immédiate de la source d’exposition réduit le risque de troubles de santé graves. Il est crucial de consulter un vétérinaire pour établir un traitement adapté. Des suppléments comme le chardon-Marie peuvent soutenir le foie et aider à la récupération. Les liants de toxines, substances naturelles, se lient aux toxines dans le tractus gastro-intestinal et les éliminent avant leur absorption.
Les suppléments liant les toxines montrent des bienfaits préliminaires en atténuant les effets des mycotoxines. Leur ajout à l’alimentation peut réduire les risques de maladie grave due à l’ingestion de foin moisi. Néanmoins, il ne faut jamais donner de foin moisi aux chevaux. Ces suppléments peuvent atténuer les effets d’une exposition involontaire aux mycotoxines.
Parmi les liants de mycotoxines disponibles, on trouve les minéraux d’argile, l’extrait de paroi cellulaire de levure, les polymères organiques, le charbon actif et l’aluminosilicate. Ces suppléments visent à lier et éliminer les mycotoxines avant leur entrée dans la circulation sanguine. La levure et la bentonite sont des liants courants, mais la bentonite peut aussi se lier à des nutriments essentiels, nécessitant une utilisation prudente.
Comment prévenir la formation de mycotoxines dans le foin ?
La contamination des végétaux par des champignons est inévitable, car ils sont présents dans le sol et l’air. Cependant, de nombreuses bonnes pratiques peuvent limiter le développement des moisissures et des mycotoxines. La contamination se fait principalement par Fusarium spp. et les conditions climatiques comme la pluie, la sécheresse et les attaques d’insectes influencent fortement cette contamination et le développement des moisissures.
À la récolte, adopter des pratiques comme une coupe haute et l’étaupinage pour éviter le salissement des fourrages. Il est crucial d’atteindre rapidement le seuil de matière sèche (85 %) en choisissant une fenêtre météo ensoleillée et sèche, et de récolter rapidement. Le stockage des céréales, concentrés, fourrages et litières doit se faire dans un environnement sec, en préservant les emballages des concentrés et des bottes d’enrubannés, car les champignons comme Aspergillus et Stachybotrys se développent lors du stockage.
Des pratiques supplémentaires incluent le séchage complet du foin avant stockage, le maintien d’espace autour des ballots pour favoriser la ventilation, l’empilage en quinconce des ballots, le trempage du foin poussiéreux pour réduire les problèmes respiratoires et l’analyse régulière du foin.
Vérifier systématiquement le foin et les céréales pour détecter toute moisissure avant de les donner aux chevaux, surtout ceux immunodéprimés, jeunes ou âgés. En cas de contamination, il est impératif de cesser immédiatement de donner le fourrage ou les céréales contaminés.