La gourme : une maladie respiratoire équine très contagieuse

La gourme du cheval est une maladie respiratoire très contagieuse qui affecte principalement les jeunes équidés. Provoquée par la bactérie Streptococcus equi subsp. equi, elle entraîne des complications sévères et peut avoir des conséquences économiques significatives.

Quelles sont les causes de cette maladie ?

La gourme est une infection des voies respiratoires supérieures des chevaux, causée par la bactérie Streptococcus equi subspecies equi, un agent pathogène strict à Gram positif. Contrairement à S. equi subsp. zooepidemicus, qui fait partie de la flore commensale, S. equi subsp. equi est exclusivement pathogène. La survie de cette bactérie dans l’environnement extérieur s’avère mal connue, bien que des études suggèrent qu’elle peut survivre plusieurs mois dans des conditions favorables de température et d’humidité.

La maladie est extrêmement contagieuse et se transmet principalement par contact direct avec des chevaux infectés ou par contact indirect avec des objets contaminés tels que des abreuvoirs, des mangeoires, et même les vêtements du personnel soignant. Les chevaux malades et convalescents, ainsi que les porteurs sains, sont les principales sources de contamination. Ces porteurs sains hébergent la bactérie dans leurs poches gutturales et peuvent la propager pendant plusieurs semaines après la guérison clinique.

La gourme touche principalement les jeunes chevaux de moins de cinq ans, mais peut affecter des chevaux de tout âge. La morbidité dans des groupes de chevaux naïfs peut atteindre 100%, bien que la mortalité reste faible, de l’ordre de 1 à 5%, généralement due à des complications chez les jeunes poulains.

Quels sont les symptômes de la gourme ?

La gourme du cheval se manifeste par une variété de symptômes, variant en fonction de la gravité de l’infection. Après une courte période d’incubation de 3 à 7 jours, les chevaux infectés présentent des signes cliniques évocateurs de la forme classique ou catarrhale de la maladie.

Les premiers symptômes incluent de l’abattement, une fièvre atteignant 40°C, et une anorexie. Une rhinite séreuse se développe rapidement en jetage mucopurulent puis purulent. Une pharyngite accompagnée de dysphagie se manifeste, avec une hypertrophie des noeuds lymphatiques mandibulaires et rétropharyngiens, souvent responsable d’une raideur de l’encolure. En l’absence de traitement, ces ganglions s’abcèdent en 3 à 7 jours, entraînant un écoulement de pus crémeux et jaunâtre, soit vers l’extérieur, soit dans les poches gutturales.

Dans les cas favorables, la guérison prend de 2 à 4 semaines, mais des formes plus graves peuvent survenir. La forme erratique ou bâtarde de la gourme se caractérise par des abcès multiples dans diverses régions du corps, y compris la peau, le système nerveux, les poumons, et l’appareil génital.

Les troubles à médiation immune, bien que rares, incluent le purpura hémorragique, une vascularite avec des œdèmes sous-cutanés, des pétéchies, et des ecchymoses des muqueuses. D’autres complications peuvent inclure des glomérulonéphrites, des dépilations, des stomatites, et des myopathies sous diverses formes.

Comment s’effectue le diagnostic ?

Le diagnostic de la gourme repose principalement sur l’observation des signes cliniques caractéristiques et sur l’analyse de différents prélèvements.

  1. Signes cliniques : Les symptômes de la gourme sont souvent suffisamment évocateurs pour orienter le diagnostic, surtout en présence d’un contexte épidémiologique de grande contagiosité.
  2. Examen paraclinique : L’analyse de la numération sanguine et le dosage du fibrinogène révèlent une leucocytose neutrophilique et une hyperfibrinogénémie constantes, avec parfois une anémie et une thrombopénie.
  3. Détection des abcès : La recherche d’abcès non extériorisés peut être réalisée par endoscopie des poches gutturales. Pour les formes erratiques, des radiographies ou des échographies thoraciques et abdominales peuvent être nécessaires.
  4. Mise en évidence de l’agent pathogène : La bactériologie permet la culture et l’isolement de la bactérie à partir de différents prélèvements (écouvillons naso-pharyngés, lavage nasal). Cependant, la PCR (Polymerase Chain Reaction) est plus rapide et sensible, permettant de détecter la présence d’ADN de S. equi. Cette méthode est particulièrement utile en raison de sa précision et de sa rapidité.
  5. Sérologie : Elle détecte les anticorps dirigés contre S. equi. Les tests sérologiques de type ELISA sont utilisés pour évaluer l’exposition passée à la bactérie et pour aider à la gestion des troupeaux.

Quels sont les traitements disponibles ?

Le traitement de la gourme dépend du stade et de la gravité de l’infection. En l’absence de complications, la plupart des chevaux se rétablissent sans traitement spécifique. Voici quelques options de traitement :

  1. Repos et soins de soutien : Placer le cheval dans un environnement calme avec accès à de l’eau et des aliments humides et faciles à avaler.
  2. Traitements locaux : Pour favoriser la maturation des abcès, des cataplasmes chauds comme l’Animalintex peuvent être appliqués. Si les abcès ne se rompent pas naturellement, un drainage par incision chirurgicale et un nettoyage quotidien avec une solution antiseptique peuvent être nécessaires.
  3. Anti-inflammatoires : Les anti-inflammatoires non stéroïdiens peuvent aider à réduire la fièvre et la douleur, facilitant ainsi l’alimentation et la boisson.
  4. Antibiotiques : L’utilisation d’antibiotiques est controversée. En effet, elle peut retarder la maturation des abcès et favoriser leur réapparition après l’arrêt du traitement. Toutefois, dans les cas graves ou avec des abcès métastatiques, les antibiotiques peuvent être indispensables. Leur utilisation doit être raisonnée et sous supervision vétérinaire.
  5. Traitement des complications : Les abcès métastatiques nécessitent un traitement antibiotique de longue durée. Le purpura hémorragique se traite avec des corticostéroïdes comme la Dexaméthasone, parfois accompagnés d’antibiotiques ou d’anti-inflammatoires.

Quelles sont les alternatives naturelles ?

En complément des traitements conventionnels, certaines plantes médicinales peuvent aider à soulager les symptômes de la gourme :

  • Eucalyptus : Antiseptique, expectorant et décongestionnant, il aide à fluidifier et éliminer les sécrétions bronchiques.
  • Thym : Antibactérien et antitussif, il apaise les spasmes des bronches et tonifie le système respiratoire.
  • Bourgeon de pin : Expectorant et décongestionnant, il augmente le potentiel respiratoire.
  • Guimauve : Apaise l’irritation des muqueuses bronchiques, réduisant ainsi l’hypersécrétion.
  • Hysope : Fluidifiant et expectorant, il aide à éliminer les sécrétions bronchiques.
  • Cynorrhodon : Riche en vitamine C, il renforce le mucus protecteur des membranes pulmonaires.
  • Bardane : Aide à éliminer les toxines et résidus métaboliques de l’organisme.
  • Échinacée : Stimule le système immunitaire en augmentant la production de globules blancs et d’interféron.

Quels sont les moyens de prévention ?

La prévention de la gourme repose sur des mesures sanitaires strictes et l’utilisation de vaccins lorsque cela est possible.

  1. Vaccination : En Europe, un vaccin vivant atténué est disponible, offrant une protection de 3 mois. Cependant, il ne supprime pas l’excrétion bactérienne et ne permet pas de distinguer les chevaux vaccinés des chevaux infectés.
  2. Prophylaxie sanitaire : Le dépistage des porteurs sains et des chevaux excréteurs est essentiel. Les nouvelles arrivées doivent être mises en quarantaine et dépistées.
  3. Gestion des pâturages et équipements : Les paddocks ayant accueilli des chevaux malades doivent rester inoccupés pendant au moins quatre semaines. Le matériel à usage unique doit être utilisé et un pédiluve placé devant chaque box contaminé.

En cas d’épizootie, il faut :

  • Stopper tous les mouvements de chevaux.
  • Prendre la température quotidiennement.
  • Isoler les malades et les chevaux fiévreux.
  • Nettoyer et désinfecter tout matériel et box en contact avec le cheval malade.
  • Utiliser du matériel à usage unique en zone infectée.

En adoptant ces mesures préventives et en restant vigilant, il est possible de limiter la propagation de cette maladie extrêmement contagieuse.

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