Infertilité : comprendre les causes et l’impact des facteurs environnementaux

L’infertilité est une réalité qui touche de plus en plus de couples. Selon les dernières estimations, un couple sur quatre rencontre des difficultés à concevoir, un chiffre en augmentation ces dernières décennies. En cause ? Un ensemble de facteurs médicaux, environnementaux et sociétaux qui influencent la fertilité, aussi bien chez les femmes que chez les hommes. Dans cet article, nous allons explorer les causes principales de l’infertilité. Puis essayer de comprendre comment notre environnement et notre mode de vie peuvent également jouer un rôle.

L’infertilité en chiffres : un problème croissant

En 1975, l’âge moyen pour une première grossesse était de 24 ans, contre 28,8 ans en 2019. Ce recul s’accompagne souvent d’une plus grande attention portée à choisir le bon test de grossesse, reflet d’un parcours de conception parfois plus long.

De nombreux autres facteurs, médicaux et environnementaux, influencent la fertilité des couples. De plus, certaines pathologies, des déséquilibres hormonaux ou encore la pollution et l’alimentation moderne sont aujourd’hui pointés du doigt comme causes à l’infertilité.

Les causes médicales de l’infertilité

L’infertilité se définit alors comme l’incapacité d’un couple à concevoir après un an de rapports réguliers non protégés. Elle peut être d’origine féminine, masculine ou encore mixte.

Chez les femmes : des causes hormonales et mécaniques en lien avec l’infertilité

L’infertilité féminine peut être liée à différents problèmes de santé, notamment des troubles hormonaux qui perturbent l’ovulation. Pensons aussi aux causes mécaniques qui affectent l’appareil reproducteur. Ces dysfonctionnements rendent plus difficile la conception et nécessitent souvent une prise en charge adaptée.

Les causes hormonales : un dérèglement du cycle menstruel perturbe la fertilité

L’ovulation, essentielle pour concevoir, est régulée par un équilibre complexe d’hormones. Un déséquilibre hormonal peut, en effet, empêcher la maturation des ovules ou rendre l’utérus moins réceptif à une éventuelle nidation.

  • Le syndrome des ovaires polykystiques (SOPK) : c’est l’une des premières causes d’infertilité féminine. Le SOPK affecte environ 1 femme sur 10 et se caractérise par une surproduction d’androgènes (hormones masculines) qui perturbe l’ovulation. Il en découle donc des cycles menstruels irréguliers, voire une absence totale d’ovulation. Mais aussi une production excessive de follicules ovariens, sans libération d’ovule. Ainsi qu’un risque accru de résistance à l’insuline, pouvant aggraver l’infertilité.

Solutions : Un suivi médical adapté (alimentation, exercice physique, traitements hormonaux) peut aider à réguler le cycle et améliorer la fertilité.

  • Une thyroïde trop active (hyperthyroïdie) ou trop lente (hypothyroïdie) peut déséquilibrer le cycle menstruel et affecter l’ovulation. La thyroïde influence en effet la production d’hormones sexuelles comme la progestérone et les œstrogènes.

Solutions : Un dosage sanguin de la TSH permet de détecter un trouble thyroïdien et, si nécessaire, d’instaurer un traitement.

  • L’hyperprolactinémie : la prolactine est une hormone qui joue un rôle clé dans la production de lait après l’accouchement. Mais lorsqu’elle est sécrétée en excès en dehors d’une grossesse ou d’un allaitement, elle peut perturber l’ovulation.

Solutions : Identifier la cause (stress, tumeur bénigne de l’hypophyse, prise de certains médicaments) et adapter le traitement.

Les causes mécaniques : des obstacles physiques à la conception

Même si l’ovulation se déroule normalement, des anomalies anatomiques peuvent empêcher la rencontre entre l’ovule et le spermatozoïde, ou rendre difficile l’implantation de l’embryon dans l’utérus.

  • L’endométriose, une maladie encore méconnue : l’endométriose touche environ 10 à 15 % des femmes en âge de procréer. Cette maladie se caractérise par la présence de tissu endométrial en dehors de l’utérus (ovaires, trompes, intestins…). En réaction, ces tissus peuvent provoquer des inflammations chroniques. Mais aussi former des kystes ou des adhérences qui obstruent les trompes de Fallope.

Solutions : Bien que l’endométriose ne conduise pas systématiquement à l’infertilité, un suivi médical et parfois une chirurgie sont nécessaires pour restaurer la fertilité.

  • L’obstruction des trompes de Fallope : les trompes permettent le passage de l’ovule vers l’utérus. Si elles sont obstruées, la fécondation devient impossible. Cette obstruction peut être due à des infections gynécologiques non traitées (comme les infections à chlamydia ou gonocoque). Ainsi qu’à des antécédents de chirurgie pelvienne ou de l’endométriose.

Solutions : Une intervention chirurgicale (coelioscopie) peut parfois restaurer la perméabilité des trompes, mais en cas d’obstruction sévère, la fécondation in vitro (FIV) est souvent nécessaire.

  • Les malformations utérines : certaines femmes présentent des anomalies de l’utérus dès la naissance (utérus cloisonné, bicorne…). Celles-ci rendent la nidation plus difficile ou augmentent les risques de fausses couches.

Solutions : Certaines malformations peuvent être corrigées par chirurgie.

Chez les hommes : des anomalies spermatiques fréquentes sources d’infertilité

Contrairement aux idées reçues, l’infertilité n’est pas uniquement un problème féminin. Dans près de la moitié des cas, l’homme est concerné, soit seul, soit en combinaison avec un facteur féminin. La fertilité masculine repose principalement sur la bonne qualité du sperme, c’est-à-dire sur la concentration, la mobilité et la morphologie des spermatozoïdes. Lorsqu’un déséquilibre ou une anomalie affecte ces paramètres, la conception peut être plus difficile, voire impossible.

La varicocèle, première cause d’infertilité masculine

Il s’agit d’une dilatation anormale des veines du cordon spermatique, situées autour des testicules. Elle est fréquente, touchant environ 15 % des hommes en général, et jusqu’à 40 % des hommes infertiles. Cette affection perturbe la circulation sanguine dans les testicules, ce qui entraîne une élévation de la température testiculaire, nuisible à la production de spermatozoïdes. Mais aussi un stress oxydatif accru (dommages cellulaires au niveau des spermatozoïdes) ainsi qu’une altération de la mobilité spermatique (réduisant leur capacité à féconder l’ovule).

Solutions : Dans les cas où la varicocèle altère significativement la fertilité, une intervention chirurgicale (varicocélectomie) peut être envisagée pour améliorer la production et la qualité des spermatozoïdes.

Les troubles hormonaux et génétiques, impactant directement sur la spermatogenèse

Celle-ci est sous le contrôle d’un équilibre hormonal précis. Tout déséquilibre des hormones sexuelles peut perturber la spermatogenèse et entraîner une infertilité. Par exemple :

  • Le déficit en testostérone : La testostérone est l’hormone clé de la fertilité masculine. Une production insuffisante peut réduire la quantité de spermatozoïdes et altérer leur qualité. Ce déficit peut être lié à des troubles de l’hypophyse, des anomalies testiculaires ou un vieillissement prématuré.
  • L’hyperprolactinémie : Une sécrétion excessive de prolactine (hormone normalement impliquée dans la lactation féminine) peut bloquer la production de testostérone et entraîner des troubles de la fertilité.
  • Les anomalies génétiques : Certains hommes présentent des mutations ou des anomalies chromosomiques qui affectent leur fertilité. Ainsi le syndrome de Klinefelter (présence d’un chromosome X supplémentaire) entraîne une production réduite ou absente de spermatozoïdes.
  • Les microdélétions du chromosome Y, affectant certains gènes essentiels à la spermatogenèse.

Solutions : Selon l’origine du problème, le médecin propose un traitement hormonal. Dans certains cas d’infertilité génétique, seule une assistance médicale à la procréation (AMP), comme la fécondation in vitro (FIV) avec injection intracytoplasmique de spermatozoïde (ICSI), permet de concevoir.

L’impact sur la fertilité des facteurs environnementaux : pollution, alimentation et stress

Si les causes médicales de l’infertilité sont bien connues, l’environnement et le mode de vie jouent également un rôle crucial dans la baisse de la fertilité, aussi bien chez les hommes que chez les femmes. Ces dernières décennies, les scientifiques ont observé une augmentation inquiétante des troubles de la reproduction, qui coïncide avec l’exposition croissante à des substances nocives, une alimentation déséquilibrée et un mode de vie stressant. On identifie aujourd’hui les polluants, les perturbateurs endocriniens, la sédentarité, le tabac ou encore le stress chronique comme des facteurs aggravants. Leur impact est d’autant plus préoccupant qu’il peut affecter plusieurs générations, en modifiant durablement l’équilibre hormonal et la qualité des gamètes.

Parmi les observations les plus alarmantes, une tendance se démarque particulièrement : la chute spectaculaire du nombre de spermatozoïdes dans les pays industrialisés.

Une baisse alarmante du nombre de spermatozoïdes

Depuis plusieurs décennies, les chercheurs constatent un effondrement de la concentration spermatique chez les hommes. Entre 1973 et 2011, les études montrent une baisse de plus de 50 % du nombre de spermatozoïdes par millilitre de sperme. Et la tendance ne semble pas s’inverser. Ce phénomène, qui touche principalement les pays développés, soulève une question majeure : qu’est-ce qui, dans notre environnement et notre mode de vie, altère la fertilité masculine à ce point ?

Le rôle du mode de vie

Nos habitudes influencent aussi la fertilité. Parmi les facteurs aggravants, on retrouve :

  • Le tabac, l’alcool et le cannabis, qui altèrent la qualité des gamètes. Mais aussi réduisent la mobilité des spermatozoïdes et augmentent la fragmentation de l’ADN spermatique, ce qui complique la fécondation et augmente le risque de fausse couche.
  • Une alimentation déséquilibrée, pauvre en nutriments essentiels (oméga-3, zinc, vitamines B et D).
  • L’obésité, qui joue sur l’équilibre hormonal et peut entraîner des troubles de l’ovulation et une baisse de la production de spermatozoïdes.
  • Le stress, un facteur souvent sous-estimé mais qui peut perturber l’ovulation et réduire la libido.
  • Les perturbateurs endocriniens : Ces substances chimiques imitent ou bloquent les hormones naturelles, perturbant ainsi la spermatogenèse. On les retrouve ainsi dans les plastiques (bisphénol A), certains cosmétiques et produits ménagers ainsi que dans les emballages alimentaires.
  • Les pesticides et métaux lourds : Présents dans l’air, l’eau et l’alimentation, ils peuvent affecter la fertilité en réduisant le nombre de spermatozoïdes et en augmentant le stress oxydatif dans les testicules.

L’impact psychologique de l’infertilité : un sujet encore tabou

Au-delà des aspects médicaux et environnementaux, l’infertilité est aussi une épreuve émotionnelle. Le stress lié aux échecs répétés, la pression sociale et l’incertitude du parcours médical peuvent avoir un impact sur le moral des couples concernés. N’hésitez pas à ouvrir le dialogue, être bien accompagné et consulter un professionnel. La fertilité est un sujet complexe, mais des solutions existent pour améliorer ses chances de conception ! Besoin d’un accompagnement personnalisé ? Consultez un professionnel de la fertilité ou un spécialiste en micronutrition pour un bilan adapté à votre situation.

Conclusion

Si une femme éprouve des difficultés à concevoir après 12 mois d’essais (ou 6 mois si elle a plus de 35 ans), une consultation avec un gynécologue ou un spécialiste de la fertilité est essentielle. Un bilan hormonal et des examens d’imagerie (échographie, hystérosalpingographie) permettront d’identifier une éventuelle cause et d’orienter vers la solution la plus adaptée. Un mode de vie plus sain peut améliorer la fertilité en quelques mois ! Comme le cycle de production des spermatozoïdes dure environ 3 mois, les améliorations se ressentent relativement vite après des changements alimentaires et comportementaux. Chaque cas est unique, mais des solutions existent ! 

Sources :

  • https://www.inserm.fr/dossier/infertilite/
  • https://www.urologyhealth.org/healthy-living/urologyhealth-extra/magazine-archives/spring-2018/did-you-know-varicocele
  • https://academic.oup.com/humupd/article/23/6/646/4035689

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