Dans la majorité des cas, les fièvres éruptives infantiles correspondent à des viroses exanthématiques, voire à des étiologies bactériennes. Beaucoup moins fréquemment, ces fièvres éruptives sont les premières manifestations d’une affection potentiellement plus sévère.
Les maladies éruptives virales de l’enfant
La rougeole :
Cette infection est due à un morbillivirus de la famille des Paramyxoviridae. Son unique réservoir est en effet l’homme atteint de l’infection, même asymptomatique. La période d’incubation est silencieuse, et dure en moyenne un peu plus de 12 jours. Le signe de Köplick, pathognomonique (caractéristique) de la maladie, se recherche sur la face interne de la joue, au niveau de la première molaire sous forme de petites taches éruptives blanchâtres à bleuâtres sur un fond inflammatoire, de quelques mm de diamètre, discrètement surélevées.
L’intérêt de dépister ce symptôme (par exemple dans un contexte épidémique) est qu’il survient quelques jours avant l’éruption.
Le traitement de phytothérapie proposé est un extrait de cyprès.
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Les activités antivirales du Cyprès :
Les oligomères proanthocyanidoliques ou OPC du cyprès sont des polymères des flavonoïdes dont le mode d’action antiviral est double, d’une part, ils possèdent des propriétés de fixation aux protéines, notamment sur les substrats des enzymes et sur les protéines de surface des cellules. De fait, les OPC entravent l’adhésion des virus sur leur cellule hôte, limitant ainsi la reconnaissance virus/ cellule hôte et la réplication virale. D’autre part, ils induisent une lyse des virus, ce qui permet la diminution rapide de la charge virale.
La roséole infantile :
Cette infection virale en général bénigne se manifeste soudainement et pendant 3 jours par une fièvre élevée (39-40°C). Rebelle aux antipyrétiques, elle fait de fait courir le risque de convulsions. L’éruption, non prurigineuse, disparaît au bout de deux jours. Il est donc nécessaire de bien s’hydrater, de faire baisser la fièvre, et de prévenir les convulsions.
Le traitement de phytothérapie proposé est un extrait de sureau.
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Les activités antivirale et antipyrétique du Sureau :
Les baies de sureau semblent notamment neutraliser l’activité des hémagglutinines, glycoprotéines antigéniques présentes à la surface du virus et responsables de la fixation de la particule virale à un récepteur situé sur la cellule cible. Quand ces dernières se désactivent, les virus ne peuvent plus entrer dans les cellules hôtes, et donc se répliquer. Elles agissent aussi en stimulant le système immunitaire par augmentation de la production de cytokines par les monocytes (IL-1β, TNF-α, IL-8, IL-10).
Différentes méta-analyses montrent que la baie de sureau réduit nettement les symptômes des infections (fièvre, etc.)
La varicelle :
Il s’agit d’une primo-infection par le virus varicelle-zona, virus de la famille Herpesviridae, qui pourra par ailleurs être responsable, à l’âge adulte, d’une poussée de zona. Généralement bénigne chez l’enfant bien portant, elle peut cependant être redoutable et mortelle chez l’adulte non immunisé, l’immunodéprimé, la femme enceinte ainsi que le nouveau-né. L’objectif thérapeutique est de calmer le prurit, et de prévenir les lésions de grattage (risque de cicatrices).
Le traitement de phytothérapie proposé est un mélange d’extraits de cyprès (pour ses activités antivirales indiquées un peu plus haut) et de réglisse. Pour les adultes, on ajoutera au mélange un extrait de bardane (plante majeure des pathologies cutanées, qu’elles soient sèches ou suintantes, surinfectées ou susceptibles de l’être).
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Les propriétés anti-inflammatoires, antivirales et antibactériennes de la Réglisse :
L’enoxolone ou acide β-glycyrrhétinique s’utilise dans le traitement symptomatique des manifestations inflammatoires éruptives modérées non surinfectées telles que les prurits par son effet cortison-like.
In vitro, la glycyrrhizine inhibe la prolifération de différents virus à ADN, comme les Herpesviridae.
In vitro, les isoflavonoïdes de la réglisse comme la glabridine exercent une activité antibactérienne.
Le Molluscum contagiosum :
Voilà une infection de la peau qui touche de nombreux enfants, due à un virus appelé Poxvirus, généralement présent dans des environnements humides tels que les piscines, les douches ou encore le sable de la plage.
Le traitement de phytothérapie proposé est un extrait de cyprès (pour ses activités antivirales indiquées un peu plus haut), par voie orale ainsi qu’en application locale.
Le syndrome pieds-mains-bouche :
Très « populaire » dans les crèches, halte-garderie et maternelles, redoutée des mamans, cette infection virale bénigne, mais très contagieuse, touche volontiers les tout-petits, mais peut également affecter les enfants plus âgés et les adultes. Due à plusieurs types de virus, principalement à un entérovirus de type coxsackie virus, elle se traduit pendant près de 10 jours par la présence de papulovésicules éruptives, dans la bouche et au niveau des extrémités des membres. Lorsque le système immunitaire n’est pas affaibli, l’infection est bénigne. Il est à noter qu’après le déclenchement de la maladie, le vecteur viral s’évacue dans les selles pendant plusieurs semaines, voire quelques mois.
En l’absence de traitement allopathique spécifique, le traitement de phytothérapie proposé est un extrait éthanolique de lierre grimpant.
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Les propriétés antivirales du Lierre :
Une étude de 2014 a montré in vitro que l’hédérasaponine B et un extrait éthanolique à 30% d’H. helix contenant de l’hédérasaponine B exerce par conséquent une activité antivirale significative contre les sous-types C3 et C4a de l’entérovirus 71 (EV71), cause prédominante du syndrome pieds-mains-bouche.
Les autres maladies éruptives infectieuses de l’enfant
La gastro-entérites hivernales :
Leur origine est virale et les antibiotiques sont fortement déconseillés en première intention. Outre les mesures hygiéno-diététiques de rigueur (notamment l’indispensable hydratation) et l’administration de la souche probiotique Lactobacillus rhamnosus GG (recommandée également dans cette indication par les sociétés savantes de pédiatrie), le traitement fait appel au mélange d’extraits d’échinacée (enfant de plus de 12 ans seulement) et de réglisse (propriétés dans les troubles fonctionnels intestinaux avec diarrhée).
En cas de diarrhée importante, remplacer la réglisse par le noyer et en cas de nausées importantes, rajouter de la mélisse à la préparation (enfant de plus de 12 ans seulement). La surveillance clinique doit rester attentive, en raison du risque de diarrhée à rotavirus, qui nécessite une hospitalisation d’urgence, en raison de sa gravité qui peut rapidement engager le pronostic vital de l’enfant.
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L’action anti-infectieuse de l’Echinacée :
Une activité anti-adhérence aux cellules intestinales a par ailleurs été observée face au pathogène Campylobacter jejuni responsable de diarrhées.
Le muguet du nourrisson :
Il se manifeste par des taches blanchâtres sur la langue et à l’intérieur de la bouche de bébé, ainsi que par une difficulté ou un refus de téter. Un érythème fessier s’y associe en outre souvent (même étiologie). Il convient de se tourner rapidement vers un extrait de réglisse (pour ses propriétés antivirale et antifongique), sans oublier les soins des mamelons en cas d’allaitement. Compléter par un nettoyage de la bouche, des seins, et/ou des tétines (après stérilisation), à l’aide de bicarbonate de sodium ou d’eau minérale bicarbonatée type Vichy Célestin en bain de bouche (après l’avoir éventée).
Peut-on prévenir le risque d’infections éruptives récidivantes chez l’enfant ?
À entreprendre à partir de 3 épisodes infectieux par an, voire moins si ces infections surviennent dans un contexte de fatigue ou de situation à risque (crèche, collectivité), avec des préparations de plantes administrées à dose d’entretien, à diluer dans beaucoup d’eau ou dans un jus de fruits épais type jus de poire ou d’abricot ou un sirop, 5 jours par semaine. Le traitement préventif sera commencé 1 mois avant la période de circulation virale, jusqu’à la fin de la saison froide ou de la période à risque.
- En cas de risque de récidive faible à modéré, sans terrain allergique (pas d’asthme, ni rhinite allergique, ni eczéma, ni urticaire) : extrait échinacée (enfant de plus de 12 ans seulement).
- Si le risque de récidive est modéré à élevé, sur un terrain immunitaire affaibli, avec fatigue : extrait cyprès/échinacée (enfant de plus de 12 ans)/sureau.
- Devant un risque de récidive modéré à élevé, notamment face à un terrain allergique personnel ou familial (atopie) : extrait sureau. Cette formule est remplacée par le mélange extrait sureau/plantain pour une prévention adaptée à un contexte asthmatique.
Sources bibliographiques médicales et essais cliniques :
- Clement C., Mise en évidence et recherche du mode d’action antivirale d’un proanthocyanidol, Mémoire CNAM, CRA, 1993
- Harnett J, Oakes K, Carè J, Leach M, Brown D, Cramer H, Pinder TA, Steel A, Anheyer D. The effects of Sambucus nigra berry on acute respiratory viral infections: A rapid review of clinical studies. Adv Integr Med. 2020
- Hawkins, J., Baker, C., Cherry, L., & Dunne, E. (2019). Black elderberry (Sambucus nigra) supplementation effectively treats upper respiratory symptoms: A meta-analysis of randomized, controlled clinical trials
- Lee YM, Hirota S, Jippo-Kanemoto T, Kim HR, Shin TY, Yeom Y, Lee KK, Kitamura Y, Nomura S, Kim HM. Inhibition of histamine synthesis by glycyrrhetinic acid in mast cells cocultured with Swiss 3T3 fibroblasts. Int Arch Allergy Immunol. 1996
- Mitsher L.A. et al., Antimicrobial agents from higher plants. Antimicrobial isoflavonoids and related substances from Glycyrrhiza glabra L. var typica, J Nat Prod., 1980
- Song J.H. et al. Antiviral Activity of Hederasaponin B from Hedera helix against Enterovirus 71 Subgenotypes C3 and C4a Biomol Ther (Seoul), 2014
- Bensch K. et al., Investigations into the antiadhesive activity of herbal extracts against Campylobacter jejuni, Phytother Res., 2011