Maladie des griffes du chat : Labyrinthe de la santé

La maladie des griffes du chat, ou lymphadénite régionale féline, est une pathologie infectieuse causée principalement par la bactérie Bartonella henselae. Bien que souvent considérée comme une maladie bénigne, elle peut entraîner des complications sévères chez les individus immunodéprimés. Cette affection représente également un risque zoonotique, avec des cas documentés de transmission de la bactérie aux humains par des griffures ou des morsures de chats infectés.

Quelle est la bactérie responsable ?

Les chats (sauvages et domestiques) peuvent transmettre des maladies à l’homme, notamment par griffure ou morsure. Un tiers des personnes griffées développent une infection. Les griffes des chats portent de nombreux germes, responsables de pathologies telles que la maladie des griffes du chat, la pasteurellose (bactéries), et la sporotrichose (champignon). Ces affections ne sont pas contagieuses d’homme à homme.

La maladie des griffes du chat, aussi appelée lymphoréticulose bénigne d’inoculation ou lymphogranulome bénin, est une maladie infectieuse bactérienne transmise principalement par les griffures de félins. Cette zoonose semble être en croissance, voire émergente.

Cette pathologie est causée par deux bactéries du genre Bartonella :

  1. Bartonella henselae : une bactérie gram-négative de la famille des bartonellaceae. Son temps d’incubation varie de 7 à 60 jours lorsqu’elle est transmise par les chats. Les chats errants peuvent contaminer les chats domestiques via leurs puces.
  2. Bartonella clarridgeiae (plus rarement).

Bartonella henselae (ou Rochalimaea henselae) est un bacille gram-négatif de l’ordre des Rhizobiales. Cette protéobactérie, responsable de la maladie des griffes du chat, est l’une des bactéries les plus courantes. Elle infecte les cellules hôtes en s’attachant à leur surface grâce à des adhésines trimériques autotransportées.

Présente mondialement, l’infection touche surtout les chats domestiques, notamment les chatons, bien que beaucoup soient asymptomatiques. Les puces transmettent les bactéries Bartonella entre chats. Une morsure ou une griffure, même légère, infecte les personnes. Les enfants subissent souvent les conséquences les plus graves.

La bactérie est principalement présente dans la cavité buccale des chats et se dépose sur leur pelage et leurs griffes lors de la toilette. On ignore où le microorganisme se localise précisément chez le chat; cependant, les périodes de bactériémie asymptomatique sont cycliques. Les puces transmettent l’infection aux chats et peuvent également infecter les humains sans contact direct avec les chats, bien que cette hypothèse reste non démontrée.

Zoom sur les puces

Les puces appartiennent à l’ordre des Siphonaptères (Siphonaptera), anciennement appelées Aphaniptères (Aphaniptera). Ce sont des insectes ptérygotes holométaboles avec des pièces buccales formant un appareil piqueur-suceur. Elles sont ectoparasites et infestent les mammifères (y compris l’homme) et certains oiseaux, se nourrissant du sang de leurs hôtes. En passant d’un animal à un autre, elles peuvent transmettre diverses maladies animales, humaines ou zoonotiques, et provoquer des allergies.

Près de 2 500 espèces de puces sont décrites, réparties en 239 genres et 15 à 16 familles, selon les auteurs, et en 5 superfamilles.

Les chats domestiques sont fréquemment infestés par des puces. En Europe, les principales espèces de puces trouvées chez les chats sont Ctenocephalides felis (puce du chat), Ctenocephalides canis, Pulex irritans, et Archeopsylla erinace. Plus de 90 % des infestations chez les carnivores domestiques sont dues à la puce du chat (Ctenocephalides felis).

Les puces passent par quatre stades de développement : œuf, larve, nymphe, et adulte. La durée du cycle dépend de l’espèce, de la température, de l’humidité et de la disponibilité de nourriture.

Si elles ne trouvent pas d’hôte, elles réduisent leur métabolisme et peuvent survivre plusieurs mois sans nourriture. Une puce mâle absorbe 0,9 mm³ de sang par repas, et une femelle 1,4 mm³. Les repas durent de 2 à 5 minutes.

Les puces infestent souvent des hôtes vivant dans des abris (oiseaux, rongeurs, carnivores, chauves-souris, humains). On distingue trois types de contact : puces de fourrure, puces nidicoles et puces sédentaires.

Les piqûres de puces causent des hémorragies ponctuelles et des réactions allergiques chez l’homme. Les puces transmettent des maladies comme la maladie des griffes du chat (Bartonella henselae), une infection bactérienne transmise par les griffures de chat. Cette maladie provoque des inflammations et peut entraîner des complications chez les personnes immunodéprimées.

Quels sont les symptômes chez le chat ?

Chez le chat, les symptômes de la bartonellose peuvent souvent passer inaperçus et l’animal tolère généralement bien cette pathologie. Toutefois, certains signes peuvent apparaître :

Les femelles peuvent également souffrir d’infertilité ou mettre bas des chatons morts-nés. Dans tous les cas, consultez un vétérinaire.

Les vétérinaires ne traitent pas systématiquement les chats atteints de bartonellose. Seuls les individus présentant des symptômes sévères ou porteurs d’une autre maladie chronique reçoivent des antibiotiques. C’est aussi le cas des chats vivant avec une personne « à risques », c’est-à-dire dont le système immunitaire est affaibli.

Il est crucial de surveiller attentivement les chats pour détecter rapidement les signes d’infection et consulter un vétérinaire pour un diagnostic et un traitement approprié.

Comment se transmet cette maladie ?

La griffure ou la morsure de chat transmet principalement la maladie des griffes du chat. Plus rarement, le léchage d’une plaie ou l’inoculation via des objets contaminés (épine, écharde) peuvent la transmettre. Le frottement des yeux avec des mains contaminées ou la manipulation de cultures en laboratoire permettent une transmission oculaire. Les médecins suspectent également la piqûre de puce comme vecteur de transmission.

La fréquence des cas est mal connue. La majorité des infections touche les enfants et les adolescents. Les professions à risque incluent :

  • Éleveurs, vendeurs, animaliers
  • Assistants vétérinaires, vétérinaires
  • Personnel des laboratoires vétérinaires
  • Taxidermistes

La maladie est véhiculée par Bartonella henselae, une bactérie principalement logée dans la bouche du chat. Lors de sa toilette, le chat dépose la bactérie sur son pelage et ses griffes. Les enfants et les adultes de moins de 20 ans ainsi que les personnes immunodéprimées (atteintes de cancer, porteuses du VIH, sous traitement immunosuppresseur) sont particulièrement vulnérables.

Les modes de transmission comprennent :

  • Griffure ou morsure de chat
  • Léchage d’une plaie
  • Piqûre de puce
  • Frottement des yeux avec des mains souillées

Les premiers symptômes apparaissent entre trois et dix jours après la contamination. Il est crucial de surveiller les interactions avec les chats, notamment pour les personnes à risque, et de consulter un vétérinaire pour des conseils sur la prévention des infestations de puces.

Lla maladie des griffes du chat se transmet facilement à l’homme par griffure, morsure, ou léchage. La prévention passe par une bonne gestion des puces et une vigilance accrue lors des contacts avec les chats.

À quoi ressemble la maladie chez l’Homme ?

Entre 1 à 3 semaines après une griffure ou morsure de chat, les symptômes suivants peuvent apparaître :

  • Rougeur de la peau à l’endroit de la griffure, parfois suivie d’une pustule et d’une lésion croûteuse.
  • Apparition de ganglions durs et douloureux à proximité de la zone lésée :
    • Sous l’aisselle pour une griffure à la main ou au bras.
    • Au niveau de l’aine pour une lésion à la jambe.
    • Au niveau du cou ou derrière les oreilles pour une blessure au visage.
  • Symptômes généraux : fatigue, petite fièvre, perte d’appétit, maux de tête, douleurs musculaires ou articulaires.

Dans la majorité des cas, la maladie des griffes du chat guérit spontanément en 1 à 3 semaines sans traitement. Les ganglions peuvent persister plusieurs mois et évoluer vers une suppuration ou une fistule dans certains cas.

Des complications infectieuses surviennent dans 5 à 10 % des cas et peuvent toucher tous les organes, en particulier :

  • Les yeux : conjonctivite avec paupière enflée et ganglion préauriculaire.
  • Le cœur : endocardite.
  • Les poumons : pneumonie (rare).

Les symptômes graves incluent des atteintes oculaires, neurologiques, ou cardiaques. Parfois, une papule érythémateuse indolore se forme au site d’inoculation, accompagnée de fièvre, maux de tête, myalgies, et perte de poids.

La lymphadénopathie se développe dans les 2 semaines, affectant un seul ganglion dans 60 % des cas. Les ganglions deviennent fluctuants et peuvent se fistuliser. Chez les personnes immunodéprimées (VIH, SIDA, traitements immunosuppresseurs), l’infection peut se propager et être mortelle sans traitement. B. henselae, la bactérie responsable, est l’une des principales causes d’endocardite à culture négative.

Comment établit-on le diagnostic ?

Le diagnostic de la maladie des griffes du chat repose sur l’examen clinique et la sérologie. La sérologie consiste à rechercher et doser les anticorps IgM dirigés contre Bartonella henselae, le seuil de positivité variant selon le test utilisé.

En cas de doute, l’ADN du germe peut être recherché par PCR dans une ponction de ganglion ou dans le sang du patient. La biopsie ganglionnaire permet non seulement de rechercher la bactérie ou son ADN, mais aussi de réaliser une analyse anatomopathologique du ganglion.

Pour diagnostiquer la maladie, le médecin peut effectuer :

  • Dosage des anticorps circulants contre la bactérie
  • Hémoculture pour identifier les bactéries chez les personnes très malades ou immunodéprimées
  • Aspiration ou biopsie du liquide lymphatique pour analyse par PCR

La PCR permet d’amplifier l’ADN bactérien, facilitant ainsi une détection rapide de la bactérie. En cas de diagnostic incertain, surtout en cas de suspicion de cancer, les médecins réalisent une biopsie du ganglion lymphatique enflé pour une analyse histopathologique.

Pour confirmer le diagnostic, les médecins recommandent des tests sérologiques en phase aiguë et de convalescence, à six semaines d’intervalle. Ils peuvent également effectuer des tests PCR sur les prélèvements ganglionnaires.

D’autres infections, telles que la tularémie, l’infection mycobactérienne, la brucellose, l’infection fongique et la lymphogranulomatose vénérienne, peuvent causer une lymphadénopathie similaire.  Des examens pour rechercher ces micro-organismes peuvent être nécessaires si le diagnostic de la maladie des griffes du chat est incertain.

Chez les patients immunodéprimés ou présentant des symptômes systémiques, des hémocultures prolongées peuvent être nécessaires. Les ponctions ganglionnaires sont rarement positives, mais Bartonella spp peut être isolé à partir de cultures de biopsies ganglionnaires avec des milieux de culture spéciaux.

Comment traiter cette infection ?

En général, après une désinfection minutieuse, les griffures de chat guérissent spontanément sans nécessité de médicaments, sauf éventuellement un antalgique pour la douleur. Dans les formes habituelles de la maladie des griffes du chat, un traitement antibiotique n’est pas jugé nécessaire pour obtenir la guérison.

Pour les formes plus virulentes, le médecin prescrit généralement un antibiotique comme l’azithromycine. Lorsque le système immunitaire est sain, l’application de chaleur sur la zone infectée et la prise d’antalgiques suffisent généralement. Parfois, des antibiotiques sont administrés pour réduire le gonflement des ganglions lymphatiques et empêcher la propagation de la maladie.

Les personnes immunodéprimées, notamment celles atteintes du VIH ou du SIDA, nécessitent des antibiotiques si l’infection s’est étendue. Les antibiotiques incluent la ciprofloxacine, la gentamicine et la doxycycline, et doivent être pris pendant plusieurs semaines, voire plusieurs mois.

L’efficacité du traitement antibiotique reste incertaine, et les médecins n’administrent généralement pas d’antibiotiques en cas d’infection localisée chez les patients immunocompétents. Cependant, les médecins prescrivent souvent de l’azithromycine ou de la doxycycline pour réduire les adénopathies et peut-être diminuer le risque d’extension systémique. En cas de bactériémies chez les patients atteints de SIDA, ils utilisent une fluoroquinolone, de la rifampicine, de la gentamicine ou de la doxycycline. Un traitement prolongé est habituellement nécessaire pour éradiquer une bactériémie.

Il n’existe aucun vaccin, et le caractère apparemment bénin de la maladie des griffes du chat ne dispense pas de suivre quelques mesures de précaution :

  • Éviter les griffures ou morsures de chat
  • Éviter le léchage des plaies par les chats
  • Désinfecter les plaies en cas de morsures ou griffures
  • Se nettoyer les mains à l’eau et au savon après avoir manipulé un chat
  • Lutter contre l’infestation des chats par les puces

Quels sont les moyens de prévention ?

La maladie des griffes du chat n’est pas une maladie animale réputée contagieuse ni une maladie humaine à déclaration obligatoire. Elle ne figure pas dans le tableau des maladies professionnelles. Les Bartonella sont classées dans le groupe de danger 2 (R. 231-61-1 du code du travail).

Pour l’animal, on recommande le traitement anti-puces régulier du chat, du chien et de leur environnement.

Pour l’homme, les mesures principales comprennent :

  • Formation et information des salariés sur les risques liés à la maladie, l’hygiène, et les mesures de prévention.
  • Manipulation et contention des animaux.
  • Mise en place de moyens appropriés :
    • Eau potable, savon, moyens d’essuyage à usage unique et trousse de première urgence.
    • Armoires-vestiaires distinctes pour éviter la contamination des effets personnels.
    • Vêtements de travail et équipements de protection individuelle appropriés, en bon état, propres et bien entretenus.

De façon générale, il faut :

  • Limiter les risques de griffure et morsure (contention correcte des animaux).
  • Respecter les règles d’hygiène.
    • Ne pas se frotter les yeux après contact avec des animaux.
    • Se laver les mains (eau potable et savon) systématiquement après contact avec les animaux, les déchets ou les déjections animales, et avant les repas, les pauses, et en fin de journée de travail.
    • Ne pas boire, manger, fumer sur les lieux de travail.
    • En cas de plaie, laver, savonner, rincer, désinfecter, et recouvrir d’un pansement imperméable.
    • Nettoyer régulièrement les vêtements de travail, gants, bottes, et changer de vêtements en fin de journée de travail.

Si votre chat vous griffe ou vous mord, désinfectez immédiatement la plaie. Apprenez-lui à ne pas griffer, et vérifiez que votre vaccination contre le tétanos est à jour. Pour prévenir la maladie, il est important de traiter votre animal contre les puces avec une solution antipuce pour assurer sa santé et son bien-être.

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