Zoonoses : Les maladies transmises de l’animal à l’homme

Les zoonoses représentent un ensemble de maladies infectieuses transmissibles entre les animaux et les êtres humains. Ce phénomène complexe soulève des défis importants en matière de santé publique, de surveillance épidémiologique et de gestion des risques sanitaires. De la grippe aviaire à la rage en passant par la brucellose, ces maladies peuvent avoir des conséquences graves sur la santé humaine, l’économie et l’environnement.

Qu’est ce qu’une zoonose ?

Les zoonoses désignent des maladies transmissibles entre animaux vertébrés et humains. Elles peuvent être dues à des bactéries, virus, ou parasites. La transmission peut s’avérer directe ou indirecte, via l’alimentation ou des vecteurs comme les insectes. L’Organisation mondiale de la santé animale indique que 60% des maladies humaines infectieuses représentent des maladies zoonotiques. Cela inclut les zooanthroponoses et anthropozoonoses, pour la transmission de l’humain à l’animal et vice versa. Ces transmissions ne concernent pas les maladies non infectieuses, celles induites en laboratoire, transmises passivement par produits animaux, ni les maladies communes sans transmission inter-espèces.

L’importance sanitaire des zoonoses augmente, avec environ 75% des maladies émergentes humaines étant zoonotiques, touchant notamment certaines professions en contact direct avec les animaux. Les conséquences médicales varient grandement, allant de maladies bénignes à mortelles, avec un impact économique significatif, surtout pour l’élevage et les budgets de santé publique.

Les modèles écoépidémiologiques servent à l’évaluation des risques et aux systèmes d’alerte, où la transition vers des épidémies majeures peut dépendre de multiples facteurs. La contamination humaine peut survenir professionnellement, accidentellement, lors de loisirs ou en milieu familial.

Les zoonoses peuvent être classées en orthozoonoses, cyclozoonoses, métazoonoses, et saprozoonoses, selon le cycle de leur agent pathogène. Les suites épidémiologiques varient, avec certaines zoonoses n’entraînant pas de transmission ultérieure par l’humain contaminé, tandis que d’autres peuvent se propager davantage.

Quels sont les moyens de prévention ?

La prévention des zoonoses vise à interrompre la transmission des maladies de l’animal à l’homme. On agit en priorité sur le réservoir de l’agent pathogène, puis sur l’exposition du travailleur, et enfin sur le travailleur lui-même. Les mesures de prévention, spécifiques aux agents biologiques et leur mode de transmission, incluent l’organisation du travail, des protections collectives et individuelles, ainsi que l’information et la formation du personnel.

Pour contrôler le réservoir, il faut :

  • vérifier la santé des animaux,
  • mettre en quarantaine les nouveaux arrivants,
  • vacciner,
  • traiter les animaux malades,
  • optimiser les conditions d’élevage,
  • et prévenir les contacts avec la faune sauvage, notamment par des clôtures.

La destruction du réservoir peut nécessiter l’abattage d’animaux ou la désinfection.

Afin de réduire l’exposition, on conseille d’isoler les animaux malades, de séparer les espaces contaminés, de limiter l’accès aux zones à risque, améliorer la ventilation, réduire les projections et mécaniser les tâches. Il faut aussi nettoyer et désinfecter régulièrement et organiser des vides sanitaires.

Afin de protéger les travailleurs, il s’avère essentiel de fournir des équipements de protection individuelle adaptés. Il faut également les former à leur usage et assurer l’hygiène avec des installations adéquates. Les mesures d’hygiène individuelle incluent le lavage des mains, l’évitement du contact des yeux et du nez avec les mains sales, et la désinfection des plaies.

La vaccination, bien qu’utile, ne remplace pas les autres mesures de prévention. Cette dernière est soumise à l’accord du travailleur après évaluation des risques par le médecin du travail.

Les services de prévention et de santé au travail jouent un rôle clé dans l’évaluation des risques, le suivi de santé des salariés, et la gestion des incidents comme les morsures ou griffures, avec des protocoles spécifiques pour la prise en charge des blessures.

Affections cutanées à mycobacterium marinum

Mycobacterium marinum, une bactérie aquatique des mycobactéries atypiques, cause des infections opportunistes chez l’humain, y compris une maladie rare, le granulome des aquariums, affectant ceux en contact avec des poissons. Cette zoonose, transmissible de poisson à humain, n’est généralement pas mortelle pour les personnes immunocompétentes.

La bactérie, un bacille d’environ 4 μm avec un aspect zébré, vit dans des environnements aquatiques (eau douce et salée) et chez divers animaux à sang froid. Isolée pour la première fois en 1926, M. marinum a été identifiée comme pathogène humain en 1951. Les infections, souvent liées à la détérioration des conditions aquatiques, touchent plus de 150 espèces de poissons, avec des symptômes internes et externes variés. Chez l’humain, elle cause des nodules cutanés, parfois suivis d’ulcérations, sans fièvre ni adénite. Les atteintes extracutanées incluent des complications ostéo-articulaires.

Le diagnostic se trouve difficile et retardé, basé sur l’histoire aquatique du patient et la culture de la bactérie à 30 °C. M. marinum montre une résistance naturelle aux antibiotiques, mais certains, comme l’éthambutol et la rifampicine, sont privilégiés. La prévention repose sur l’hygiène, l’entretien de l’aquarium, et l’utilisation de gants lors de manipulations.

Aspergilloses

Aspergillus fumigatus est un champignon microscopique filamenteux, constituant la principale cause des aspergilloses, des affections fongiques qui se manifestent sous diverses formes chez les humains et les animaux. Ce champignon saprophyte, omniprésent dans l’environnement, est généralement inoffensif pour la plupart des individus. Toutefois, chez les personnes immunodéprimées, il peut devenir un agent pathogène opportuniste, capable de provoquer des maladies graves.

Chez les animaux, notamment les oiseaux d’élevage et les mammifères tels que les chiens, chevaux, et ruminants, les infections peuvent varier en symptômes et en gravité, allant de troubles respiratoires chez les oiseaux à des symptômes plus spécifiques comme des saignements de nez chez le chien, ou des avortements tardifs chez les bovins. La transmission se fait principalement par l’inhalation de spores à partir d’un environnement contaminé, incluant foin, grains, et aliments.

Chez l’homme, l’exposition aux spores d’Aspergillus peut entraîner différentes formes d’aspergillose, dépendamment de l’état immunitaire de l’individu. Les formes allergiques de la maladie se manifestent par des symptômes respiratoires similaires à ceux de l’asthme, tandis que l’aspergillome, une infection localisée, se développe souvent dans les cavités pulmonaires préexistantes. L’aspergillose invasive, la forme la plus grave, est caractérisée par une invasion pulmonaire qui peut se généraliser, menaçant la vie des personnes fortement immunodéprimées, telles que celles subissant une chimiothérapie, une greffe d’organe, ou un traitement par corticoïdes à long terme.

Bien que non classée comme maladie à déclaration obligatoire ni considérée comme maladie professionnelle, l’aspergillose pose un risque significatif dans certaines professions exposées aux spores d’Aspergillus, notamment dans l’agriculture, le jardinage, et la gestion de déchets organiques. La prévention et le contrôle de l’exposition aux spores sont donc cruciaux pour protéger les populations à risque.

Brucelloses

La brucellose, anciennement connue sous le nom de fièvre de Malte, est une anthropozoonose due aux bactéries Brucella. Principalement transmise à l’homme par contact avec le bétail ou la consommation de produits laitiers crus, cette maladie se manifeste par des avortements chez l’animal et une fièvre récurrente, avec des complications articulaires ou neurologiques chez l’humain. La transmission interhumaine est très rare. Les efforts de prévention, incluant le contrôle du bétail et la pasteurisation des produits laitiers, ont significativement réduit sa prévalence, surtout dans les pays développés, où elle est considérée comme maladie professionnelle pour certaines catégories exposées.

Cependant, la brucellose reste un défi dans les pays en développement à cause de ses impacts socio-économiques et de sa présence chez diverses espèces animales. Le traitement chez l’humain repose sur des antibiotiques, et la gestion de la maladie nécessite une approche adaptée pour éviter sa chronicité. Bien que sa mortalité soit faible, la brucellose est un enjeu de santé publique majeur, nécessitant une vigilance et des efforts de prévention continus, notamment dans les régions endémiques.

Campylobacterioses

Les Campylobacter, bactéries gram négatif répandues globalement, sont pathogènes pour le bétail, causant des maladies et avortements chez les bovins, et transmissibles à l’homme principalement par ingestion de lait non pasteurisé, eau contaminée et viandes mal cuites. Selon l’AESA, la campylobactériose demeure la principale maladie d’origine alimentaire dans l’UE, majoritairement liée à la viande de poulet. Campylobacter jejuni et Campylobacter coli sont les espèces les plus impliquées dans les cas humains, pouvant entraîner des neuropathies auto-immunes telles que le syndrome de Guillain-Barré.

La transmission est surtout alimentaire, avec 20 à 30% des cas associés à la consommation de viande de poulet. La dose infectieuse est faible, et certaines populations, comme les enfants, les personnes âgées et les immunodéprimés, sont plus vulnérables. Les symptômes comprennent diarrhée, douleurs abdominales, et fièvre. La résistance aux ß-lactamines nécessite des traitements via macrolides ou fluoroquinolones. Les campylobacters sont principalement des commensaux du tube digestif de nombreux animaux et la contamination interhumaine ou par contact animal est possible. En France, ces bactéries causent environ 493 000 infections annuelles, avec une quinzaine de décès.

Charbon

La maladie du charbon, aussi nommée fièvre charbonneuse, est une infection aiguë provoquée par la bactérie Bacillus anthracis, affectant tant les animaux que les humains. Bien qu’elle soit rare chez l’homme, elle concerne principalement les herbivores. Après la Seconde Guerre mondiale, les experts ont considéré Bacillus anthracis comme une arme biologique potentielle, et sa notoriété a augmenté suite aux attentats du 11 septembre 2001. Dès l’Antiquité, des documents attestent de la maladie, souvent confondue à l’époque avec d’autres affections animales. Au XVIe siècle, les scientifiques l’ont officiellement reconnue, et au XVIIIe siècle, ils ont identifié sa transmission professionnelle chez l’humain. Les avancées majeures incluent la distinction des bâtonnets de Rayer et Davaine et les travaux de Robert Koch sur la formation des spores.

Dès 1880, les chercheurs ont développé des vaccins vétérinaires, puis au XXe siècle, ils ont élaboré des vaccins humains, adaptés aux spécificités régionales. La résistance et la capacité de Bacillus anthracis à former des spores caractérisent cette bactérie, ce qui contribue à sa persistance dans l’environnement. Il possède deux facteurs de virulence majeurs : une capsule évitant la phagocytose et deux toxines contribuant à sa virulence. La transmission principale se fait par contact avec des spores d’animaux infectés ou leurs produits.

Les formes cliniques chez l’homme incluent des manifestations cutanées, gastro-intestinales, et respiratoires, cette dernière étant la plus grave. La propagation de Bacillus anthracis comme arme biologique a été expérimentée, notamment durant la Seconde Guerre mondiale et lors d’attaques bioterroristes en 2001. Le traitement repose sur l’administration précoce d’antibiotiques spécifiques, avec des recommandations émises par les CDC.

Chorioméningite

La chorioméningite lymphocytaire est une affection virale causée par un arenavirus transmis par les rongeurs, principalement identifiée aux États-Unis avec des cas occasionnels en France. Cette pathologie se manifeste souvent comme une méningite, caractérisée par fièvre, maux de tête, nausées et sensibilité à la lumière, généralement de gravité modérée. Les nourrissons peuvent subir des complications plus sévères, telles que microcéphalie ou hydrocéphalie. Le diagnostic repose sur l’analyse du liquide cérébrospinal, riche en lymphocytes, et se confirme par RT-PCR ou sérologie.

Les vecteurs incluent la souris domestique et d’autres rongeurs de compagnie, alors que chiens, chats, et ruminants peuvent être porteurs sans transmettre le virus. La transmission humaine provient principalement du contact avec des sécrétions ou des déjections de rongeurs infectés, ou par inhalation d’aérosols contaminés. Les symptômes de la chorioméningite chez l’homme varient de formes asymptomatiques à des manifestations grippales légères ou à une méningite plus sérieuse, sans séquelles permanentes. La maladie est rare, avec peu de cas rapportés en France et n’est pas actuellement reconnue comme maladie professionnelle ni maladie à déclaration obligatoire en santé publique.

Cowpox

Le virus cowpox, de la famille des Poxviridae et du genre Orthopoxvirus, touche principalement les rongeurs sauvages, mais aussi les animaux de compagnie et les bovins. Sa distribution est mondiale avec une fréquence mal définie et rare chez les bovins dans les pays développés. La transmission se fait par contact direct entre animaux contaminés, principalement chez les rongeurs et les chats. Les symptômes varient de légers à mortels chez les rongeurs et incluent des lésions croûteuses chez les chats.

Chez l’homme, la transmission peut s’effectuer par contact cutané avec un animal infecté. La maladie reste rare, avec des cas sporadiques observés en Europe. Les professionnels en contact étroit avec les animaux, tels que le personnel d’animaleries, les éleveurs et les vétérinaires, présentent un risque accru. Les symptômes chez l’homme incluent une lésion cutanée évoluant en croûte noirâtre, potentiellement accompagnée de fièvre et de douleurs musculaires, avec un risque accru de formes graves chez les individus immunodéprimés ou allergiques. Bien qu’il ne s’agisse pas d’une maladie animale contagieuse, c’est une maladie à déclaration obligatoire chez l’homme, classifiée dans le groupe de danger 2 selon le code du travail

Cryptococcose

Cryptococcus neoformans est une levure environnementale présente en deux variétés: C. neoformans neoformans et C. neoformans gattii, causant la cryptococcose, une maladie opportuniste chez les individus immunodéprimés et divers mammifères, notamment les chats et ruminants. La transmission se fait principalement par inhalation de levures, trouvées dans des environnements riches en matières organiques comme les fientes d’oiseaux, spécialement de pigeons. La résistance de ces levures dans les fientes sèches est notable, perdurant plusieurs années. La maladie se manifeste différemment selon les espèces: atteintes respiratoires chez le chat, neurologiques chez le chien, et mammite chez les ruminants, tandis que les pigeons restent asymptomatiques.

Chez l’homme, la cryptococcose est quasi-exclusivement observée chez les sujets immunodéprimés, avec une centaine de cas annuels en France. Les symptômes incluent principalement des atteintes du système nerveux central, rarement cutanées ou pulmonaires. La contamination humaine et animale est globale, sans transmission inter-espèces. Le traitement varie selon la sévérité, allant du fluconazole seul à une combinaison d’amphotéricine B liposomale, flucytosine, et fluconazole pour les cas de méningite. L’augmentation des températures globales pourrait intensifier les risques d’infection, modifiant l’épidémiologie de cette maladie.

Cryptosporidiose

La cryptosporidiose, maladie intestinale causée par Cryptosporidium hominis et Cryptosporidium parvum, affecte gravement les animaux (notamment bovins et oiseaux) et est transmissible à l’homme. Chez les animaux jeunes, elle provoque diarrhées sévères et faiblesse intense, menant souvent à la mort sans traitement efficace. Chez l’humain immunocompétent, elle se résout en une dizaine de jours avec un traitement symptomatique; la paromomycine étant une molécule de référence.

Les parasites sont inactivés par congélation ou chaleur, mais résistent à la plupart des désinfectants, rendant insuffisante la chloration de l’eau. La transmission s’effectue principalement via contact avec animaux domestiques, excréments, ou consommation d’eau ou d’aliments contaminés. La maladie, cosmopolite, varie en incidence, plus élevée dans les pays en développement et chez les immunodéprimés.

Les symptômes incluent diarrhées abondantes, douleurs abdominales, nausées, et fièvre légère chez l’humain, avec une durée de trois à quatorze jours. Aucun traitement curatif n’existe, mais les symptômes peuvent être réduits par des antibiotiques. La prévention repose sur l’hygiène alimentaire et la protection des ressources en eau.

Echinococcose alvéolaire

L’échinococcose alvéolaire, également connue sous le nom d’hydatidose alvéolaire (HAD), est une maladie causée par le parasite Echinococcus multilocularis. Ce parasite est principalement transmis par le renard, affectant aussi bien certains carnivores (chiens, chats) que les rongeurs sauvages, comme les campagnols. La maladie est endémique dans l’hémisphère Nord, particulièrement dans le Nord-Est de la France, le Massif Central et certaines régions d’Europe (Suisse, Allemagne, Belgique, Italie).

La transmission à l’humain se fait par ingestion de végétaux contaminés par les œufs du parasite, souvent sans symptômes initiaux. Sans traitement, l’échinococcose alvéolaire entraîne une mortalité élevée due à l’envahissement progressif du foie. Le traitement précoce par chirurgie et antiparasitaires, notamment l’Albendazole pour deux ans, permet généralement une guérison. En cas de maladie avancée, un traitement antiparasitaire à vie est nécessaire pour stabiliser la condition. Grâce à ces traitements, l’espérance de vie des patients peut être quasi normale.

Les activités professionnelles exposant au risque comprennent le contact avec des animaux infectés ou avec des terrains contaminés. Un réseau de surveillance européen, basé à Besançon, surveille l’épidémiologie de cette maladie rare mais grave.

Ecthyma contagieux ou ORF

L’orf est une zoonose véhiculée par le virus de l’ecthyma contagieux de la famille des parapoxvirus, affectant principalement les ovins et caprins, avec des cas possibles chez les rennes, chameaux, et alpagas. Cette maladie présente une distribution géographique mondiale et se transmet à l’homme principalement par contact direct avec des animaux infectés ou matériel contaminé.

Les symptômes chez l’animal incluent des lésions croûteuses de la peau et ulcérations des muqueuses, pouvant entraîner la mort chez les jeunes par dénutrition. Chez l’homme, l’infection se manifeste par une lésion cutanée initiale (papule) qui peut évoluer en nodules, parfois accompagnés de fièvre dans les cas généralisés. Les éleveurs, vétérinaires, et personnels d’abattoir sont particulièrement à risque.

La maladie est immunisante, mais des recontaminations sont possibles. L’histoire de contact fonde le diagnostic, qu’une biopsie peut confirmer. La limitation du traitement se concentre sur la prévention des surinfections. On recommande la vaccination des animaux tous les 6-8 mois.

Encéphalite à tiques

L’encéphalite à tiques d’Europe centrale, appartenant à la famille des Flaviviridae, touche à la fois humains et animaux. Les espèces infectées incluent mammifères sauvages et domestiques, oiseaux, et reptiles, vecteur principal étant les tiques du genre Ixodes. La transmission se fait principalement par morsure de tique, avec possibilité de transmission transovarienne chez les tiques et, rarement, par consommation de produits laitiers crus infectés. La géographie de l’infection est vaste mais peu documentée, s’étendant sur l’Eurasie non-tropicale.

Chez l’animal, l’infection est souvent asymptomatique, tandis que chez l’homme, elle se manifeste par des symptômes de « grippe estivale » et peut évoluer vers des complications sévères, telles que troubles neurologiques ou méningite. Le risque d’exposition est plus élevé lors d’activités en zones boisées et pour certaines professions exposées à des morsures de tique.

La sévérité de la maladie varie selon le sous-type du virus TBEV (européen, sibérien, extrême-oriental), et l’évolution peut être grave, avec des cas de mortalité et de séquelles neurologiques. Malgré l’absence de traitement spécifique, la prévention est possible grâce à la vaccination, recommandée dans les zones à risque.

La compréhension épidémiologique et la gestion des risques liés à l’encéphalite à tiques nécessitent une attention continue, notamment en raison de l’augmentation des cas en Europe et des modifications des aires de distribution dues aux changements climatiques.

Encéphalopathie spongiforme bovine

L’encéphalopathie spongiforme bovine (ESB), ou maladie de la vache folle, est une maladie dégénérative mortelle du système nerveux central chez les bovins, causée par une protéine prion. Découverte en Grande-Bretagne en 1986, elle a mené à une épizootie importante, surtout au Royaume-Uni, entre 1986 et les années 2000, avec plus de 190 000 cas.

L’usage de farines animales dans l’alimentation bovine a exacerbé la crise, conduisant à une transmission interspécifique depuis la tremblante du mouton ou d’une origine endémique chez les bovins. La consommation de produits bovins contaminés a également touché l’homme, avec 231 victimes présentant des symptômes similaires à la maladie de Creutzfeldt-Jakob. Cette crise a déclenché une prise de conscience éthique et économique sans précédent concernant les pratiques d’élevage. Malgré l’absence de traitement, l’instauration de mesures prophylactiques a permis de contenir la maladie.

L’agent pathogène, une protéine prion, diffère des virus et bactéries par sa résistance aux méthodes conventionnelles de décontamination. Les symptômes chez les bovins incluent des altérations cérébrales, des troubles du comportement et de la locomotion. La transmission à l’homme peut mener à une forme de Creutzfeldt-Jakob. Les origines de l’épidémie restent partiellement inexpliquées, avec des hypothèses allant de la contamination interspécifique à des mutations dues à des facteurs environnementaux. Les cas d’ESB post-interdiction des farines animales (NAIF) suggèrent des voies de transmission alternatives non encore élucidées.

Leishmaniose viscérale méditerranéenne

Leishmania infantum, un protozoaire parasite, est l’agent causal de la leishmaniose chez les animaux et les humains, principalement autour du bassin méditerranéen, avec une extension vers le nord. La transmission se fait par la piqûre de phlébotomes. Chez les animaux, notamment les chiens, et plus rarement les chats et certains carnivores sauvages, les symptômes incluent une dégradation de l’état général, faiblesse, maigreur, et des lésions cutanées. La leishmaniose viscérale, ou kala-azar, affecte l’homme par des symptômes comme la fièvre irrégulière, l’amaigrissement, et l’hypertrophie de la rate et du foie. En France, on recense 20 à 30 cas annuels, souvent liés à une immunodépression.

Le cycle parasitaire voit le parasite migrer dans les viscères, causant sans traitement la mort de l’hôte. Les espèces de Leishmania responsables varient selon les régions géographiques. La propagation de la maladie chez l’humain varie selon la réponse immunitaire, avec une co-infection par le VIH nécessitant une attention particulière. Le diagnostic repose sur la visualisation d’amastigotes au microscope ou des tests sérologiques, avec la PCR comme méthode de choix chez les immunodéprimés.

Fièvre boutonneuse méditerranéenne

La fièvre boutonneuse méditerranéenne (FBM), une maladie vectorielle transmise par les tiques, est causée par la bactérie Rickettsia conorii et véhiculée par la tique du chien Rhipicephalus sanguineus. Prévalente sur le littoral méditerranéen français, elle est surtout active en été, bien que des cas puissent émerger ailleurs suite à des voyages. Son écoépidémiologie reste floue, mais son extension géographique et sa gravité semblent augmenter, la classant parmi les maladies réémergentes.

Historiquement, identifiée pour la première fois en 1910 par Conor et Brüch à Tunis, la FBM a été connue sous divers noms avant d’être unifiée sous le terme « fièvre boutonneuse méditerranéenne » en 1933. Sa répartition géographique s’étend au-delà de la Méditerranée, touchant également l’Afrique et l’Asie. Elle se manifeste saisonnièrement, avec une incidence locale en zones endémiques.

La transmission se fait principalement par les formes immatures de la tique, nécessitant un contact prolongé pour être infectieuse. Le réservoir d’origine pourrait être les lapins sauvages, avec d’autres hôtes potentiels identifiés.

Les symptômes comprennent un syndrome grippal, une tache noire caractéristique au site de morsure et, souvent, une éruption cutanée. Bien que généralement bénigne, des complications sévères peuvent survenir. Le diagnostic repose sur des symptômes typiques, confirmé par sérologie ou PCR. Le traitement est principalement antibiotique, visant à réduire la mortalité, en particulier dans les cas graves.

Fièvre du Nil occidental

La fièvre du Nil occidental est causée par le virus du Nil occidental, majoritairement transmis par les moustiques. 80 % des infections restent asymptomatiques. Les symptômes, lorsqu’ils se manifestent, incluent fièvre, céphalées, asthénie, nausées, vomissements, éruptions cutanées et adénopathie. Les cas graves peuvent entraîner méningite ou encéphalite, caractérisées par une forte fièvre, raideur de la nuque, prostration, faiblesse musculaire, tremblements, convulsions, paralysie, et dans certains cas, coma. Les risques augmentent avec l’âge et les comorbidités. Le diagnostic repose sur des tests sanguins et le traitement, principalement symptomatique, peut nécessiter une hospitalisation. Il n’y a pas de vaccin pour les humains, mais un vaccin est disponible pour les chevaux. La prévention repose sur la réduction des piqûres de moustiques.

Les oiseaux servent de réservoir au virus, transmis à l’humain par les moustiques qui se sont nourris de leur sang. La transmission interhumaine est rare, mais peut se produire via transfusions sanguines, greffes d’organes, ou de mère à enfant. Découvert en Ouganda en 1937, le virus a été détecté en Amérique du Nord en 1999 et se rencontre également en Europe, Afrique, Asie, et Australie.

La surveillance épidémiologique se fait par isolement du virus dans des échantillons environnementaux, tests sanguins sur des oiseaux sauvages, chiens, singes sentinelles, et autopsies d’oiseaux morts. Les moustiques, principaux vecteurs, se multiplient sous l’effet de conditions favorables comme des températures élevées ou pluies abondantes. La prévention individuelle comprend protection contre les piqûres et mesures de contrôle des moustiques.

Fièvre Q

La fièvre Q, ou coxiellose, est une maladie infectieuse mondiale causée par Coxiella burnetii. Les principaux hôtes sont les mammifères sauvages et domestiques, incluant bovins, moutons, chèvres, chiens et chats. Elle se transmet principalement par inhalation de particules contaminées et contact avec les sécrétions des animaux infectés. Sa période d’incubation varie de 9 à 40 jours, et une seule bactérie peut suffire pour l’infection, faisant d’elle une zoonose très contagieuse.

Historiquement, la fièvre Q fut identifiée à Brisbane, Australie, en 1935. Edward Holbrook Derrick la nomma initialement « the Query fever ». L’agent infectieux fut isolé par Derrick et Frank Macfarlane Burnet, ce dernier recevant le prix Nobel en 1960 pour ses travaux. L’étude de cette maladie révéla les mammifères sauvages comme réservoirs naturels et les tiques comme vecteurs de transmission.

L’épidémiologie montre que C. burnetii est présent presque partout, sauf en Antarctique et Nouvelle-Zélande, avec des modes de transmission variés mais une rare transmission interhumaine. La contamination est plus fréquente chez les hommes, probablement due à une exposition professionnelle différente et la protection hormonale chez les femmes.

La pathogenèse implique l’entrée de C. burnetii dans les cellules hôtes par phagocytose, favorisée par l’environnement acide du phagosome, permettant sa multiplication. La bactérie peut résister à de nombreux facteurs environnementaux et aux antibiotiques dans certaines conditions. Cliniquement, la fièvre Q peut se manifester par un syndrome grippal, pneumonie atypique, hépatite, et, dans sa forme chronique, principalement par endocardite. Le traitement efficace repose sur les cyclines, quinolones et hydroxychloroquine, avec des adaptations pour les femmes enceintes.

Gales animales

Les sarcoptidés, incluant les genres Sarcoptes (à l’exception de Sarcoptes scabiei hominis) sont des parasites responsables de la gale. La transmission de Sarcoptes scabiei hominis se produit uniquement entre humains, excluant ainsi sa classification comme zoonose. Les rongeurs d’élevage, chiens, chats et autres animaux domestiques sont principalement concernés par des formes de gale transmissibles à l’homme, avec une distribution globale. La contagion s’effectue majoritairement par contact direct avec un animal infecté ou indirectement via des surfaces contaminées. Les symptômes incluent démangeaisons, croûtes et alopécie.

Chez l’humain, la gale animale, moins fréquente que la gale humaine, se transmet principalement par contact avec des animaux infestés, sans propagation au sein de l’entourage proche. Les professionnels en contact étroit avec des animaux, comme les vétérinaires ou éleveurs, sont plus à risque. Les symptômes humains se résolvent généralement avec un traitement médical et l’éloignement ou le traitement de l’animal. La gale sarcoptique canine, causée par Sarcoptes scabiei var canis, touche le chien mais peut affecter l’homme dans 25 à 30% des cas, avec des papules et croûtes prurigineuses principalement sur les zones de contact. Ces lésions humaines ne mènent pas à la formation de galeries cutanées et disparaissent après la guérison de l’animal ou la cessation du contact.

Maladie des griffes du chat

La maladie des griffes du chat, aussi appelée lymphoréticulose bénigne d’inoculation ou lymphogranulome bénin, est une zoonose bactérienne principalement véhiculée par les griffures de félin. Elle est causée par des bactéries du genre Bartonella, principalement Bartonella henselae et, plus rarement, Bartonella clarridgeiae. Le chat, surtout l’errant infesté par des puces, est le vecteur principal. La pathologie est plus courante dans les zones chaudes et humides, touchant souvent les enfants. Elle peut être transmise par griffure (75% des cas), morsure (10%), ou même sans lésion directe, via la salive du chat ou contact avec les yeux.

Les symptômes débutent par une papule sur le lieu d’inoculation, suivie de lymphadénopathie, et peuvent inclure myalgies, fièvre, céphalées, perte de poids, éruptions cutanées, et dans de rares cas graves, endocardites ou encéphalites. Le diagnostic repose sur l’examen clinique, la sérologie, et parfois la PCR ou la biopsie ganglionnaire. Le traitement pour les formes graves inclut des antibiotiques comme l’azithromycine. Des mesures de précaution comme éviter les griffures/morsures, désinfecter les plaies, et lutter contre les puces sont recommandées, étant donné l’absence de vaccin.

Grippe aviaire ou influenza

L’influenza aviaire, ou grippe aviaire, est une maladie infectieuse touchant les oiseaux, causée par des souches A du virus grippal. Elle varie de formes bénignes à mortelles, pouvant engendrer de vastes épidémies. Notamment, la souche H5N1 a été identifiée comme particulièrement dangereuse pour l’homme en 2004. La transmission principale se fait entre volailles, et, plus rarement, vers des mammifères, y compris l’humain, avec un risque de contagion très faible. Des cas de portage asymptomatique existent chez certains oiseaux, et le virus a été détecté chez plusieurs espèces mammifères.

Historiquement, des épidémies ont affecté les populations d’oiseaux dès 1200 av. J.-C., avec des épizooties notables en Europe aux XVIIe et XVIIIe siècles. Les symptômes chez les oiseaux incluent modifications comportementales, troubles respiratoires et, dans les cas graves, des signes neurologiques ou la mort subite.

La pathogénicité varie selon les souches, certaines étant particulièrement létales. La transmission à l’humain reste rare mais a été documentée, notamment avec des cas mortels liés au H5N1 et au H7N9. La lutte contre la maladie inclut la surveillance épidémiologique, des mesures de précaution chez les détenteurs d’animaux domestiques, et des recommandations officielles pour éviter la propagation. À ce jour, aucun vaccin contre la grippe aviaire chez l’humain n’est commercialisé, mais des vaccins existent pour les oiseaux dans les zones épidémiques.

Hantavirose

Le genre Orthohantavirus, aussi connu sous le nom de hantavirus, appartient à la famille des Hantaviridae. Le virus de Hantaan est considéré parmi les plus dangereux. Ces virus à ARN monocaténaire de polarité négative relèvent du groupe V de la classification Baltimore. L’humain, hôte accidentel, peut contracter le virus par des rongeurs, variant selon les régions : Apodemus spp. en Asie et aux Balkans, Clethrionomys en Scandinavie et Chine, Peromyscus et Microtus aux États-Unis, et Rattus spp. globalement pour le virus de Séoul. Caractérisés par une enveloppe et un diamètre de 180 à 115 nm, les hantavirus sont responsables de fièvres hémorragiques et du syndrome pulmonaire à Hantavirus (SPH), transmis par inhalation d’excrétions de rongeurs.

On distingue 25 espèces virales antigéniquement distinctes. La contagion interhumaine est rare mais documentée. Sans traitement curatif, la prévention repose sur la réduction du contact avec les rongeurs. Annuellement, environ 200 cas de SPH surviennent principalement en Amérique, avec un taux de mortalité de 40%, et 150 000 à 200 000 cas de fièvre hémorragique avec syndrome rénal mondialement, principalement en Chine. Le diagnostic repose sur la détection d’anticorps, et le traitement est symptomatique, l’isolement n’étant pas nécessaire pour les hantavirus européens.

Herpès B du singe

Le virus de l’herpès B (Macacine alphaherpesvirus 1), appartenant au genre Simplexvirus et à la famille des Herpesviridae, est un pathogène neurotrope pour l’humain pouvant causer de sévères méningoencéphalites souvent mortelles. Proche des virus de l’herpès humain types 1 et 2, il trouve son principal réservoir chez le macaque, où il est très prévalent. Depuis sa découverte, il a causé plus d’une vingtaine de décès humains. Cela souligne l’importance d’un diagnostic et traitement précoces pour augmenter les chances de survie. En effet, dans le cas contraire, le taux de létalité dépasse 70%.

Identifié en 1932 après le décès du docteur William Brebner, infecté par morsure de singe, le virus a été nommé Virus B par le Dr Albert Sabin. Il présente des caractéristiques virologiques spécifiques. Il dispose d’un ADN bicaténaire linéaire enveloppé et une capacité de réaction sérologique croisée avec d’autres herpesvirus. Son génome, entièrement séquencé en 2003, montre des similitudes génétiques avec les HSV types 1 et 2. Cependant, il diffère dans sa capacité de réplication neuronale.

Prévalent chez les macaques asiatiques et africains, le virus de l’herpès B se transmet à l’humain principalement par morsures, griffures ou contact avec des sécrétions infectées. Les symptômes varient de démangeaisons locales à des complications neurologiques sévères sans traitement adapté. Les mesures de prévention incluent une hygiène rigoureuse et un traitement antiviral immédiat après exposition. À ce jour, aucun vaccin n’est disponible, et l’immunité contre d’autres formes d’herpès n’offre pas de protection.

Hydatidose

L’hydatidose, aussi appelée échinococcose hydatique ou kyste hydatique, est une infection causée par l’ingestion d’œufs d’Echinococcus granulosus, principalement via le contact avec des chiens. Cette pathologie, risquant d’être mortelle, touche autant l’homme que de nombreux animaux domestiques et sauvages. La maladie évolue principalement dans des zones où chiens et herbivores cohabitent.

Le cycle de vie de l’échinocoque nécessite des hôtes définitifs (carnivores, surtout le chien) et intermédiaires (herbivores, et parfois l’homme). Les œufs ingérés par l’hôte intermédiaire libèrent des embryons qui se développent en kystes, principalement dans le foie et les poumons. Si l’hôte intermédiaire est consommé par l’hôte définitif, le cycle continue.

Épidémiologiquement, l’échinococcose affecte 2 à 3 millions de personnes, avec un coût annuel avoisinant les 200 millions de dollars. Le diagnostic repose sur des méthodes parasitologiques et sérologiques, avec des techniques telles que l’ELISA et le Western Blot pour évaluer la présence d’anticorps spécifiques. Cliniquement, la maladie se manifeste par la formation de kystes, détectables par imagerie (échographie, scanner). Les symptômes varient selon la localisation des kystes, souvent asymptomatiques jusqu’à la rupture ou la compression d’organes adjacents.

Leptospirose

Les leptospiroses sont des maladies infectieuses causées par les bactéries Leptospira, relevant des anthropozoonoses. Ils affectent à la fois humains et animaux. Principalement transmises par l’urine d’animaux infectés comme les rongeurs, chiens, et animaux de ferme, ces bactéries contaminent le sol et les eaux. Elles peuvent entraîner des infections humaines sans transmission interhumaine. La maladie se manifeste à travers une grande variété de signes cliniques, avec un diagnostic complexe dû à la diversité des organes affectés et la lenteur des tests spécifiques. Un traitement antibiotique est néanmoins efficace, et la vaccination est recommandée pour certains cas professionnels.

Historiquement, Adolf Weil a décrit la forme grave de la leptospirose en 1886, caractérisée par une jaunisse marquée. En 1914, Inada et Ido ont découvert au Japon la bactérie L. icterohaemorragiae, identifiée comme l’agent causal initial. Avec le temps, les chercheurs ont découvert de nombreuses bactéries similaires, élargissant ainsi le spectre clinique et bactériologique des leptospiroses.

L’épidémiologie humaine montre une présence globale de la maladie, particulièrement en zones tropicales. Les facteurs de risque varient entre activités professionnelles et de loisirs exposant à des eaux contaminées. La physiopathologie implique une entrée généralement cutanée, suivie d’une dissémination bactérienne provoquant des symptômes divers. Les formes cliniques varient de la pseudogrippale à la formes sévères avec atteintes multiples. La recherche se concentre désormais sur la compréhension des variations de gravité et le développement de vaccins plus efficaces.

Listériose

La listériose, maladie bactérienne causée par Listeria monocytogenes, affecte diverses espèces animales. Elle se transmet principalement via l’alimentation. Elle présente des formes septicémiques, nerveuses, et génitales. Essentielle, la prévention repose sur une hygiène rigoureuse. Elle se caractérise chez l’humain par septicémie, méningite, encéphalite, et chez la femme enceinte, par des infections pouvant conduire à une fausse couche, particulièrement au deuxième et troisième trimestres de grossesse.

Découverte en 1926, la listériose devient critique en hygiène alimentaire, exacerbée par les modes de vie et d’alimentation modernes. par exemple, la réfrigération favorisent la prolifération de cette bactérie dans les aliments industriels. Elle constitue une zoonose majeure, avec des conséquences cliniques graves telles que méningites et septicémie.

Géographiquement, elle est plus fréquente dans les pays industrialisés. Elle pourrait potentiellement être due à une détection insuffisante dans les pays en développement. Les cas se rapporte majoritairement en Europe, aux États-Unis et au Canada. Le diagnostic clinique combine des éléments épidémiologiques, cliniques et nécropsiques. Le traitement varie selon l’espèce. Il peut inclure des cyclines et des associations de bêta-lactames-aminosides.

La transmission peut être directe, notamment de la mère au fœtus, ou indirecte, via des vecteurs inanimés comme les produits d’origine animale. Les mesures préventives comprennent le respect des bonnes pratiques d’hygiène, en particulier dans l’alimentation, et une détection précoce chez les femmes enceintes. En France, la listériose figure parmi les maladies à déclaration obligatoire, soulignant sa gravité en santé publique.

Maladie de Lyme

La maladie de Lyme, aussi nommée borréliose de Lyme, est une zoonose vectorielle. Elle se transmet à l’homme par morsure de tiques Ixodes. Des chercheurs ont identifié pour la première fois la maladie de Lyme dans les villes américaines de Lyme et Old Lyme en 1975, principalement due à la bactérie Borrelia burgdorferi. En Europe, on constate une diversité plus grande de borrelies. Elle inclut Borrelia garinii et B. afzelii, cause des formes cliniques variées.

La maladie se manifeste initialement par un érythème migrant autour de la morsure. Sans traitement, elle peut progresser en trois stades, affectant divers systèmes et organes. Elle présentante des formes cutanées, articulaires ou neurologiques, aiguës ou chroniques. Elle est traitée efficacement dans 90% des cas par antibiotiques. En revanche, le concept de « maladie chronique de Lyme » soulève des débats concernant les cas non résolus par le traitement standard.

Les controverses sur le diagnostic et le traitement alimentent des débats sociétaux, notamment aux États-Unis (Lyme War) et en France (Scandale de Lyme). L’histoire évolutive de B. burgdorferi suggère une présence en Amérique du Nord depuis au moins 60 000 ans, avec Ötzi, le premier humain connu infecté il y a environ 5 300 ans. La maladie est en expansion, devenant la maladie vectorielle la plus fréquente dans l’hémisphère nord. La complexité des co-infections et des modalités de transmission (principalement par tiques, mais aussi potentiellement de mère à enfant) complexifie le paysage épidémiologique de la maladie.

Ornithose – Psittacose

L’ornithose, également désignée sous le nom de chlamydiose aviaire, est une infection causée par la bactérie Chlamydophila psittaci de la famille des Chlamydiaceae. Cette maladie, comprenant la psittacose comme variante spécifique aux Psittacidae, représente une zoonose mondiale pouvant être grave. Les symptômes varient. Ils incluent fièvre, diarrhée, conjonctivite, et atteinte respiratoire. Leur présence et gravité dépendent de la souche infectieuse, de l’âge et de l’espèce de l’oiseau. La transmission se fait par inhalation de poussières contaminées par les déjections ou par morsure d’oiseaux infectés, qui peuvent être asymptomatiques.

Ces maladies sont fréquentes dans les élevages avicoles mais rares auprès des oiseaux isolés. Les cas de transmission mammifère à mammifère restent extrêmement rares. Les risques pour les humains incluent des maladies allant de formes bénignes à des pneumopathies atypiques sévères. Le taux de mortalité descend à moins de 5% sous antibiothérapie à la tétracycline. L’ornithose est une maladie à déclaration obligatoire dans plusieurs pays, conformément aux régulations nationales et européennes. On la reconnait comme maladie professionnelle dans les métiers avicoles.

Pasteurellose

La pasteurellose est une maladie infectieuse, touchant animaux et humains, causée principalement par Pasteurella multocida. Cette infection est fréquemment transmise à l’homme par morsure ou griffure de chien ou de chat, avec un portage bactérien de 40 à 50%. Les symptômes apparaissent rapidement, moins de 24 heures après l’exposition, marqués par douleurs intenses et inflammation locale. Le traitement fait appel à l’antibiothérapie, typiquement cyclines ou amoxicilline-acide clavulanique.

Diverses espèces animales, y compris le gibier comme le sanglier, peuvent héberger ces bactéries. Chez l’animal, la pasteurellose présente une distribution géographique mondiale. On constate une transmission principalement respiratoire ou par morsure, engendrant des infections respiratoires, abcès, et dans certains cas, des infections généralisées.

Chez l’homme, outre la transmission par morsures et griffures, il existe un risque par inhalation dans des espaces confinés avec des animaux infectés. La fréquence de la pasteurellose chez l’homme est mal connue. Certains métiers à risque incluent vétérinaires, éleveurs, et personnel d’abattoirs. La maladie se manifeste par un œdème douloureux, fièvre, et ganglions. Ils s’améliorent rapidement sous traitement antibiotique, avec de rares complications articulaires ou atteintes d’organes.

Rage

La rage est une encéphalite virale touchant exclusivement les mammifères et est presque toujours fatale post-symptômes. Cette maladie hautement contagieuse se transmet principalement par morsure, affectant aussi bien les animaux que les humains. L’OMS estime à environ 59 000 le nombre de décès annuels, majoritairement en Afrique et en Asie, avec une prévalence chez les jeunes de moins de 15 ans.

Les symptômes, dus à un virus neurotrope, incluent des troubles neurologiques et comportementaux, variés allant de l’agressivité à une grande calme. La vaccination des animaux domestiques et de la faune sauvage est essentielle pour contrôler cette zoonose. Le virus de la rage, appartenant aux Rhabdoviridae et Lyssavirus, est sensible aux désinfectants et peut évoluer rapidement par mutation, franchissant aisément les barrières d’espèces.

Le réservoir du virus semble être certaines chauves-souris, avec une transmission principalement via les carnivores sauvages et domestiques. Les humains, considérés comme des hôtes accidentels, sont rarement infectés, avec la majorité des cas découlant de morsures de chien. La guérison est exceptionnelle, hormis chez certaines espèces de chauves-souris.

La prévention repose sur la vaccination et des mesures de contrôle chez les animaux, visant à réduire la transmission. Malgré les efforts, l’éradication globale reste un défi, bien que des progrès significatifs aient été réalisés dans certaines régions, comme l’Europe, où la rage chez le renard a été efficacement contrôlée.

Rouget

Le rouget du porc est une maladie bactérienne affectant principalement les porcs, et occasionnellement les agneaux, veaux et humains. Cette zoonose est provoquée par Erysipelothrix rhusiopathiae. Historiquement, le rouget a causé d’importants dégâts en Europe et aux États-Unis au XIXe siècle. Il a entraîné la perte de millions de porcs. En 1881, sous la direction de Louis Pasteur, Louis Thuillier isole la bactérie responsable. Cela va mener au développement d’un vaccin en 1883. Malgré sa rareté actuelle chez l’humain, la maladie reste documentée, avec E. rhusiopathiae présent chez 30 à 50% des porcs sains. La transmission à l’humain, bien que rare, survient principalement chez les professionnels exposés à des matières infectées.

La maladie présente trois formes chez le porc: suraigüe, aigüe, et chronique, cette dernière étant la moins sévère. Chez l’humain, le diagnostic repose sur des symptômes cutanés et l’isolement de la bactérie peut être complexe. Le traitement privilégié est la benzathine benzylpénicilline ou des alternatives pour les allergiques à la pénicilline. Les complications sont rares, sauf chez les immunodéprimés. Erysipelothrix rhusiopathiae est classé comme un agent biologique de groupe 2, sans obligation de déclaration pour la maladie.

Salmonelloses

La salmonellose est une infection bactérienne causée par les Salmonella, entraînant des fièvres typhique et para-typhique, des gastro-entérites et des toxi-infections alimentaires. Les symptômes incluent diarrhée, fièvre, et crampes abdominales survenant 12 à 48 heures après l’exposition, durant généralement 4 à 7 jours. Bien que la majorité des cas se résolvent sans traitement, une diarrhée sévère peut nécessiter une hospitalisation. L’infection peut se propager dans le sang et d’autres organes, risquant d’être fatale sans traitement antibiotique rapide. Les risques sont accrus pour les personnes âgées, les enfants, les femmes enceintes, et ceux avec des déficiences immunitaires.

Le genre Salmonella comprend trois espèces : enterica, bongori, et subterranea, différenciées par leur serovar. Les pathogènes fréquents incluent Salmonella e. typhi et paratyphi. En 2009, l’Europe a signalé 151 571 cas, observant une diminution annuelle. Les cas de typhique, majoritairement importés dans les pays industrialisés, contrastent avec ceux de non-typhique issus de réservoirs animaux et contaminant principalement par voie alimentaire.

Le traitement repose sur les fluoroquinolones, et la prophylaxie inclut l’hygiène, le traitement des eaux, la cuisson des aliments et la vaccination. La déclaration de cas est obligatoire pour tracer et prévenir les épidémies.

Sodoku

Le Sodoku, zoonose transmissible par morsure ou griffure de rats, peut aussi se diffuser par ingestion d’eau ou de lait contaminés. Rare en France, on observe principalement cette maladie au Japon, où Spirillum minus la provoque. Elle représente l’une des deux formes de fièvre par morsure de rat, avec la streptobacillose, attribuable à Streptobacillus moniliformis. Historiquement, des signalements de la maladie remontent à l’Antiquité en Inde. On a noté des cas notables aux États-Unis en 1839 ainsi qu’en Europe en 1884. La recherche japonaise a été prépondérante dès 1890, identifiant le Spirillum morsus muris comme agent causal en 1916.

Avant les antibiotiques, le traitement s’appuyait sur des dérivés de l’arsenic. Épidémiologiquement, le rat en est le principal réservoir, la transmission s’effectuant souvent sans symptômes apparents chez l’animal. La maladie se manifeste par une inflammation au site de morsure, suivie d’une fièvre récurrente avec des éruptions cutanées. Sans traitement, les symptômes disparaissent puis réapparaissent cycliquement. Le diagnostic repose sur l’observation clinique et des tests bactériologiques, la PCR étant possible. Le traitement de choix inclut la pénicilline ou les tétracyclines. La prévention nécessite une hygiène rigoureuse et une dératisation efficace.

Streptobacillose

La fièvre par morsure de rat est une zoonose causée par Streptobacillus moniliformis, transmissible à l’homme via morsures ou égratignures de rats. La transmission peut être directe, par contact avec les sécrétions de l’animal infecté, ou indirecte, via aliments et eau contaminés. Le risque d’infection post-morsure est de 10%. Les symptômes apparaissent après une incubation de 3 à 21 jours, marqués par fièvre, céphalées, frissons, vomissements, et arthrite aiguë, pouvant persister plusieurs mois. Des pétéchies peuvent également se manifester.

Dans les cas graves, la maladie peut entraîner endocardite fatale, péricardite, et ténosynovite. Le diagnostic repose sur l’isolement du germe ou des tests sérologiques, bien que leur réalisation soit complexe. Le traitement à base de pénicilline G, éventuellement complété par de la streptomycine, est efficace. S. moniliformis infecte diverses espèces et se répand globalement, sans différences notables entre les souches. Des recensements d’épisodes infectieux soulignent la persistance du risque sanitaire associé à cette bactérie.

Streptococcus suis

L’infection à Streptococcus suis, reconnue comme maladie professionnelle en France, affecte principalement les porcelets jeunes et, à un degré moindre, les porcs en engraissement. Les signes varient selon la souche et l’élevage, avec la méningite aiguë comme manifestation courante. La transmission se fait par effraction cutanée, aggravée par les mauvaises conditions d’élevage et le stress. La gestion de porteurs asymptomatiques et la prévention s’avèrent complexes. Elle nécessie une attention particulière aux conditions d’élevage et à la santé animale. Le diagnostic bactériologique rapide est crucial.

Face à la prévalence élevée de S. suis chez le porc et la difficulté d’éradiquer la bactérie, les experts ciblent les sérotypes majeurs. Malgré les connaissances limitées sur la pathogénèse, ils ont identifié des facteurs de virulence, soulignant ainsi l’importance de surveiller l’antibiorésistance.

Chez l’homme, l’infection se produit par contact avec la viande crue. Sa consommation entraîne septicémie, choc septique, et méningite avec des atteintes cochléo-vestibulaires significatives. Des cas ont été signalés mondialement, avec des épidémies notables en Chine. En France, les risques concernent principalement ceux travaillant dans la filière porcine, bien que la voie de transmission exacte reste partiellement inconnue. Des pathologies comme pneumonie, endocardite, et arthrites peuvent survenir, nécessitant un traitement antibiotique long et dosé. Elles peuvent laisser des séquelles importantes.

Teigne

Les teignes sont des maladies causées par des champignons dermatophytes tels que Microsporum ou Trichophyton et leurs spores résistantes. Ces affections touchent toutes les espèces de mammifères et, exceptionnellement, les oiseaux, avec une distribution mondiale et une fréquence élevée, surtout chez les jeunes. La transmission se fait principalement par contact avec des animaux infectés ou des objets contaminés par des spores, et rarement par le sol. Les symptômes varient selon le champignon et l’animal, incluant généralement des zones sans poil, rondes et bien délimitées.

Chez l’homme, la transmission est similaire, affectant fréquemment ceux en contact professionnel avec des animaux. Les symptômes comprennent des rougeurs en anneau et des lésions inflammatoires, avec une guérison après traitement local et parfois oral. Historiquement documentées, les teignes étaient courantes en Europe et restent endémiques dans certains pays. Le traitement a évolué, des rayons X et sels de thallium aux recommandations actuelles incluant la désinfection d’objets personnels. La gestion de la teigne vise à contrôler sa propagation et à traiter les infections pour réduire les risques de résistance aux médicaments.

Toxocarose

La toxocarose, ou larva migrans viscérale, représente l’helminthiase la plus commune au monde. Elle affecte les pays développés et en développement. Cette zoonose provient de larves d’ascaridés, surtout Toxocara canis (du chien) et Toxocara cati (du chat). Les larves se développent dans les tissus sans atteindre le stade adulte hors de leur hôte spécifique. Le cycle des parasites implique la ponte d’œufs par l’hôte définitif. Ces œufs évoluent dans le sol. L’hôte intermédiaire les ingère ensuite. Les larves migrent alors à travers divers organes.

Chez les humains, l’infection survient principalement par ingestion d’œufs contaminant les légumes ou par contact avec des sols infectés, particulièrement chez les enfants pratiquant la géophagie ou jouant dans des bacs à sable contaminés. La maladie peut être asymptomatique ou se manifester par des symptômes variés. Ces symptômes peuvent aller de l’asthénie à des troubles visuels dans les cas de toxocarose oculaire, en passant par des réactions allergiques. Le diagnostic repose sur la sérologie. Le traitement inclut la prévention de réinfections et l’utilisation d’antihelminthiques comme l’albendazole. Des mesures prophylactiques, tant individuelles que collectives, sont essentielles pour contrôler sa propagation.

Toxoplasmose

La toxoplasmose est une infection causée par le protozoaire Toxoplasma gondii. Elle affecte principalement les animaux à sang chaud et les humains, avec comme hôte définitif certains félidés, dont le chat. La plupart des cas chez l’humain immunocompétent sont asymptomatiques. Cependant, l’infection peut être grave pour les femmes enceintes, les séropositifs au VIH, et ceux à système immunitaire affaibli. Globalement, un tiers de la population est infecté, avec une prévalence variable selon les régions. La transmission peut se faire de la mère au fœtus, avec des risques variant selon le stade de la grossesse.

Découvert en 1908, T. gondii présente un cycle de vie complexe, alternant entre formes asexuées et sexuées, principalement chez les chats. L’humain peut être infecté par ingestion de viande crue infectée, contact avec des fèces de chat, ou transmission congénitale. La gestion comprend la prévention, surtout chez les femmes enceintes, et le traitement adapté en cas d’infection, particulièrement chez les immunodéprimés et les nouveaux-nés atteints de toxoplasmose congénitale. Les professionnels en contact avec des animaux, de la viande crue ou des sols contaminés sont particulièrement à risque.

Tuberculose

La tuberculose peut infecter toutes les espèces animales, y compris les animaux domestiques et sauvages, parmi lesquels figurent les singes et les cervidés. Mycobacterium bovis touche principalement les bovins, alors que Mycobacterium tuberculosis vise surtout l’homme. Bien que la France soit officiellement indemne de tuberculose bovine depuis 2001, des cas surviennent dans la faune sauvage, en particulier chez les cervidés. La transmission s’effectue par inhalation de gouttelettes, ingestion d’éléments contaminés ou contact avec des objets infectés. Les symptômes varient selon la localisation de l’infection.

Concernant l’homme, la transmission résulte principalement de l’inhalation d’aérosols contaminés, de la manipulation d’objets infectés, ou de l’ingestion de lait cru. En métropole, une cinquantaine de cas d’origine animale sont recensés annuellement, parmi 6 000 à 7 000 nouveaux cas de tuberculose par contamination humaine. Les activités professionnelles exposées au risque de contamination comprennent le contact avec des animaux vivants ou morts, les vétérinaires, et les employés d’abattoirs. La tuberculose à M. bovis se manifeste majoritairement par des localisations extra-pulmonaires, notamment rénales, avec des symptômes initiaux discrets.

La prévention de la tuberculose bovine s’appuie sur le dépistage et l’élimination des animaux malades. La lutte contre la tuberculose humaine a longtemps reposé sur la vaccination par le BCG. Cependant, face à l’efficacité limitée de cette stratégie, la prévention actuelle privilégie le dépistage précoce et le traitement de l’infection latente. La tuberculose est une maladie à déclaration obligatoire en France, Belgique, et Suisse. Cela permet une surveillance épidémiologique rigoureuse.

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