Du Daflon pour soigner la dépression nerveuse ?

La dépression nerveuse est l’un des troubles mentaux les plus courants et les plus débilitants de notre époque. Si les traitements classiques incluent des médicaments psychotropes, des thérapies comportementales et des traitements innovants comme la stimulation magnétique transcrânienne, certains chercheurs s’intéressent désormais aux composés naturels tels que l’hespéridine, un flavonoïde contenu dans le Daflon, pour traiter cette maladie. Mais alors, le Daflon peut-il vraiment soigner la dépression nerveuse ?

Quand prendre du Daflon ?

Le Daflon est un médicament de la classe des vasculoprotecteurs et veinotoniques, utilisé pour améliorer la circulation sanguine dans les veines et pour protéger les vaisseaux capillaires. Il est prescrit dans le cadre du traitement symptomatique des crises d’hémorroïdes ainsi que des troubles liés à une mauvaise circulation veineuse ou lymphatique, tels que les jambes lourdes, les douleurs et les impatiences.

Le Daflon contient deux substances actives principales : la diosmine et l’hespéridine. La diosmine, présente à hauteur de 450 mg dans un comprimé de 500 mg, est un flavonoïde connu pour ses effets bénéfiques sur la circulation veineuse. Quant à l’hespéridine, un flavonoïde contenu en plus petite quantité (50 mg pour un comprimé de 500 mg), elle est largement étudiée pour ses propriétés antioxydantes, anti-inflammatoires, et neuroprotectrices.

Les comprimés de Daflon sont couramment utilisés pour deux indications principales :

  1. Crises d’hémorroïdes : le Daflon aide à soulager les symptômes liés aux hémorroïdes en réduisant l’inflammation et en stimulant le retour veineux.
  2. Insuffisance veineuse : pour les personnes souffrant de mauvaise circulation veineuse, comme les jambes lourdes et les œdèmes, ce médicament contribue à améliorer la circulation, réduisant ainsi l’inconfort et les symptômes associés.

Qu’est-ce que l’hespéridine ?

L’hespéridine est un flavonoïde, un composé naturel qu’on retrouve principalement dans les agrumes comme les oranges, les citrons ou les pamplemousses. Ses propriétés antioxydantes, anti-inflammatoires et neuroprotectrices ont suscité un intérêt croissant dans le domaine de la neuropharmacologie.

Ce flavonoïde est notamment utilisé dans des médicaments tels que le Daflon, principalement prescrit pour les troubles veineux, mais ses effets sur le cerveau et le système nerveux central sont de plus en plus explorés.

Comment l’hespéridine agit-elle sur le système nerveux central ?

L’hespéridine a montré des effets prometteurs dans la protection des neurones contre le stress oxydatif et l’inflammation. Ces deux processus jouent un rôle clé dans l’apparition et la progression des troubles neurodégénératifs et des troubles de l’humeur tels que la dépression nerveuse. L’hespéridine agit principalement via des voies moléculaires comme la voie Nrf2/ARE, responsable de l’activation des défenses antioxydantes du cerveau.

De plus, des études ont montré que l’hespéridine est capable d’augmenter la production de BDNF (Brain-Derived Neurotrophic Factor), une protéine essentielle à la survie des neurones, qui est souvent réduite chez les patients dépressifs. Enfin, l’inhibition des cytokines inflammatoires telles que l’IL-1β et le TNF-α a également été observée, ce qui pourrait contribuer à une amélioration des symptômes dépressifs.

Les effets de l’hespéridine sur la dépression

Les recherches précliniques, réalisées sur des modèles animaux, montrent que l’hespéridine présente des effets antidépresseurs en réduisant l’immobilité lors des tests de nage forcée, un indicateur couramment utilisé pour évaluer la dépression chez les rongeurs. Cette action est en partie due à la capacité de l’hespéridine à moduler les récepteurs sérotoninergiques (5-HT1A), une voie bien connue pour ses effets antidépresseurs.

Un autre mécanisme clé est l’activation de la voie PKA/CREB/BDNF, qui favorise la neuroplasticité, c’est-à-dire la capacité du cerveau à s’adapter et à réorganiser ses connexions neuronales en réponse au stress ou à l’inflammation. En renforçant cette capacité, l’hespéridine pourrait aider à restaurer les fonctions neuronales altérées par la dépression.

Malgré les résultats encourageants des études précliniques, peu d’études cliniques ont été réalisées sur l’effet direct de l’hespéridine dans le traitement de la dépression chez l’humain. Des recherches supplémentaires sont donc nécessaires pour confirmer son efficacité et évaluer la sécurité de l’hespéridine à long terme chez les patients atteints de dépression nerveuse. Cependant, compte tenu de ses propriétés antioxydantes et anti-inflammatoires, l’hespéridine pourrait bien devenir un complément naturel prometteur pour les thérapies existantes contre la dépression.

De plus, il faudra explorer son bénéfice cognitif, car l’hespéridine semble aussi améliorer la mémoire et les fonctions cognitives, ce qui pourrait être un atout précieux dans le traitement des troubles de l’humeur associés à des déficits cognitifs.

Sources

  1. The benefits of hesperidin in central nervous system disorders, based on the neuroprotective effect Biomedicine & Pharmacotherapy
    Volume 159, March 2023, 114222
  2. Atoki, A. V., Aja, P. M., Shinkafi, T. S., Ondari, E. N., & Awuchi, C. G. (2023). Hesperidin plays beneficial roles in disorders associated with the central nervous system: a review. International Journal of Food Properties26(1), 1867–1884. https://doi.org/10.1080/10942912.2023.2236327

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