Vers une approche plus naturelle de la fibromyalgie

La fibromyalgie est une pathologie délicate en bien des points. Mystérieuse dans son origine, descendante supposée de la neurasthénie, sa fréquence étonnante se heurte encore à l’absence formelle d’élément d’identification. Par son caractère invisible, elle reste inexpliquée, de même que tout autre phénomène douloureux chronique. Ce qui la rapproche ainsi du syndrome de fatigue chronique.

Pourquoi est-ce douloureux ?

La douleur chronique inexpliquée peut être une manifestation somatique d’une souffrance psychique souvent non prise en charge. Le lien entre traumatismes psychiques, symptômes post-traumatiques, dissociation psychique et troubles somatoformes, semble actuellement bien documenté.

Le modèle biopsychosocial permet de comprendre et de prendre en charge de façon plus globale toutes les maladies chroniques. Ce modèle évite notamment la mise en échec des personnes atteintes par cette pathologie. La fibromyalgie est un syndrome fréquent qui touche surtout les femmes qui rapportent des douleurs chroniques, diffuses, musculaires, tendineuses et/ou articulaires. Ces douleurs sont associées à des céphalées de tension, des troubles fonctionnels intestinaux, des symptômes génito-urinaires, des acouphènes, des douleurs de l’articulation temporo-mandibulaire, des paresthésies distales… On parle de troubles somatoformes, définis par des symptômes fonctionnels sans lésion tissulaire.

Les comorbidités émotionnelles et cognitives sont très fréquentes (troubles anxieux, dépression, catastrophisme, hypervigilance, manque de flexibilité, troubles de concentration et de mémoire…). La sensibilisation du système nerveux central est l’hypothèse physiopathologique la plus consensuelle. Une désorganisation du stade 4 du sommeil y contribue également, de même que le stress émotionnel.

Comment savoir si c’est bien une fibromyalgie ?

La fibromyalgie se caractérise par des douleurs diffuses et chroniques. À prédominance axiale, cette pathologie touche environ 7 fois plus la femme, habituellement jeune ou d’âge moyen. Elle peut toutefois s’observer également chez l’homme, l’enfant et l’adolescent. En raison de cette différence entre les sexes, elle passe parfois inaperçue chez l’homme. Les douleurs peuvent s’accompagner, de façon diversement associée, de fatigue, de troubles du sommeil, d’anxiété et de dépression, de troubles cognitifs, de colopathie fonctionnelle et de troubles vasomoteurs.

Dans la fibromyalgie, toute région fibromusculaire peut être impliquée; en particulier l’occiput, le cou, les épaules, thorax, le bas du dos et les cuisses.

Le diagnostic se pose sur l’association de douleurs diffuses de plus de 3 mois et la présence d’au moins 11 des 18 points douloureux à la pression.

Quels sont les symptômes de la fibromyalgie ?

Raideur et douleur commencent souvent progressivement et de façon diffuse et ont un aspect de courbatures. La douleur est diffuse et peut empirer avec la fatigue et/ou les efforts musculaires.

Les personnes présentent généralement divers symptômes somatiques. La fatigue est fréquente, de même que les troubles cognitifs tels que la difficulté à se concentrer et un sentiment général de trouble mental. De nombreuses personnes présentent également les symptômes du syndrome du côlon irritable, une cystite interstitielle ou des céphalées de tension ou migraineuses. Les paresthésies peuvent être présentes, généralement bilatéralement.

Les symptômes peuvent être exacerbés par le stress émotionnel environnemental, un mauvais sommeil, un traumatisme ou une exposition à l’humidité ou au froid. De même que dire à une personne atteinte de fibromyalgie que « tout est dans la tête » l’exposerait à une exacerbation de ses symptômes.

Les sujets atteints de cette pathologie tendent à être stressés, tendus, anxieux, fatigués et parfois déprimés. Ils sont de manière non inhabituelle des perfectionnistes très performants.

Quelques conseils naturopathiques afin de limiter les troubles de la fibromyalgie :

La fibromyalgie tend à être chronique mais peut se remettre spontanément si le stress diminue. Elle peut également réapparaître à intervalles fréquents. Le pronostic fonctionnel est habituellement favorable chez les personnes écoutées et soutenues, bien que certains symptômes puissent persister.

Des exercices d’étirement, des exercices aérobies, un sommeil suffisant, des applications locales de chaleur et un massage doux peuvent apporter un soulagement. La gestion du stress (exercices de respiration profonde, méditation, soutien psychologique, conseil si nécessaire) est importante.

Les exercices pour étirer doucement les muscles touchés doivent s’effectuer tous les jours; les étirements doivent se tenir pendant environ 30 s et répétés 5 fois. Les exercices aérobies (marche rapide, natation, vélo d’appartement) peuvent améliorer les symptômes.

Quelques plantes médicinales pour soulager les troubles dus à la fibromyalgie :

L’activité antidouleur du gingembre est due aux propriétés anti-inflammatoires qu’il possède. Le gingembre inhibe la synthèse de prostaglandines et de leucotriènes. Cette activité anti-inflammatoire du gingembre et du zingérone qu’il contient se confirme dans les poly arthralgies et myalgies au cours de la fibromyalgie et du syndrome de fatigue chronique, notamment dans le syndrome de maladie chronique.

Le 5-HTP contenu dans le griffonia présente un intérêt thérapeutique chez les personnes atteintes de dépression légère à modérée. Un dysfonctionnement du système de modulation de la nociception semble intervenir dans les cas de fibromyalgie. En effet, chez des personnes souffrant de fibromyalgie, des taux réduits de métabolites de la sérotonine dans le liquide céphalo-rachidien suggère l’implication d’un déficit en sérotonine dans la pathogénie de la maladie. Parallèlement, une élévation de la substance P, responsable de l’augmentation de la douleur, s’observe au niveau du système nerveux central et des nerfs périphériques.

L’administration de 5-HTP pendant 30 jours permet la diminution du nombre de points douloureux et de leur intensité mais aussi de la rigidité musculaire au lever et de l’anxiété.

Le millepertuis exerce un effet anti nociceptif, soulage les états hyperalgésiques aigus et chroniques et augmente l’analgésie opioïde. Les douleurs de type névralgique telles que les myalgies, la fibromyalgie ou encore le syndrome de douleur myofasciale peuvent être soulagées grâce à la prise de millepertuis. De plus, les extraits hydroalcooliques de millepertuis exercent un effet pharmacologique similaire à celui des antidépresseurs conventionnels. L’inhibition non spécifique de la recapture des monoamines (principalement la sérotonine, mais aussi la dopamine et la noradrénaline) n’est pas compétitive, contrairement à ce que l’on observe pour les antidépresseurs de synthèse comme la fluoxétine. Cela se traduit par une augmentation de l’activité de la sérotonine.

En rapport avec ses propriétés anxiolytiques, sédatives (comparées au diazépam) et antispasmodiques périphériques, la passiflore est indiquée dans l’hyperesthésie neurosensorielle, notamment dans le cadre de manifestations névralgiques, de la fibromyalgie, du syndrome myofascial, des poly arthralgies et myalgies diffuses, ainsi que du syndrome de fatigue chronique.  Son activité analgésique provient du mécanisme opioïde et gabaergique sous-jacents, et peut également impliquer une action potentielle de type cannabimimétique.

Le safran semble avoir une efficacité comparable sur les troubles de la fibromyalgie à celle de la duloxétine. La crocine qu’il contient inhibe la recapture de la dopamine et de la noradrénaline ; elle exerce un effet neuroprotecteur notamment vis-à-vis du stress oxydatif. Le safranal, quant à lui, inhibe la recapture de la sérotonine ; il exerce des propriétés analgésiques par désensibilisation d’un récepteur chargé de moduler les signaux de la douleur dans les nocicepteurs.

Le safran a donc démontré une efficacité comparable à la duloxétine dans le traitement des symptômes de la fibromyalgie, notamment sur les symptômes de dépression et sur le niveau de la douleur ressentie.

Sous forme d’extrait standardisé, la valériane exerce un effet relaxant sur les muscles, équivalent à celui d’une benzodiazépine de référence. En rapport avec ses propriétés anxiolytiques, sédatives et hypnotiques, la racine de valériane est en effet indiquée dans le stress chronique, la spasmophilie, les myalgies et la fibromyalgie.

 

Clémentine. M.
Rédactrice d’articles scientifiques
Naturopathe – Aromathérapeute / Herboriste – Phytothérapeute
Consultante en phyto-aromathérapie Clinique et Ethnomédecine

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