La Fièvre boutonneuse méditerranéenne (FBM), également connue sous le nom de fièvre boutonneuse, est une maladie infectieuse causée par la bactérie Rickettsia conorii. Elle se transmet par les tiques du genre Rhipicephalus. Bien que principalement présente dans les régions méditerranéennes, elle peut également se trouver dans d’autres régions du monde où les tiques vectrices sont présentes. Cette maladie se caractérise par l’apparition de fièvre, de douleurs musculaires, de maux de tête et d’une éruption cutanée maculopapuleuse, souvent confondue avec celle de la rougeole. Bien que rarement mortelle, la FBM peut entraîner des complications sévères si on ne la traite pas rapidement.
Quel est l’agent pathogène ?
La Fièvre boutonneuse méditerranéenne (FBM) est une maladie vectorielle à tiques causée par la bactérie Rickettsia conorii conori. Elle se transmet principalement par la tique du chien, Rhipicephalus sanguineus. Bien que largement présente dans les régions méditerranéennes, son écoépidémiologie reste mal comprise, notamment en ce qui concerne son réservoir d’origine et ses facteurs d’émergence. On observe une extension géographique de la FBM, avec une gravité croissante, la classant parmi les maladies émergentes ou réémergentes.
Historiquement considérée comme relativement bénigne avec une mortalité inférieure à 2 %, la FBM connaît une augmentation des formes graves depuis les années 1990, pouvant entraîner une mortalité dépassant les 3 %, voire jusqu’à 6 %. La Rickettsia conorii est une bactérie Gram-négative intracellulaire obligatoire, principalement présente dans le pourtour du bassin méditerranéen, y compris dans le sud de la France, où elle était autrefois responsable du « typhus des vendanges ».
Bien qu’absente dans les Amériques, en Australie et dans le Pacifique, des cas importés par retour de voyage depuis des régions endémiques sont possibles. Les rickettsies infectent principalement les arthropodes et mesurent environ 300 nm. On les classe parmi les alpha-protéobactéries. Les arthropodes suceurs de sang inoculent souvent ces bactéries à l’Homme, ce qui entraîne diverses maladies, comme les rickettsioses.
On a longtemps considéré ces bactéries comme intermédiaires entre les bactéries et les virus en raison de leur vie intracellulaire et de leur petite taille. Les rickettsies pénètrent à l’intérieur des cellules où elles se multiplient par scissiparité, provoquant des infections multifocales, notamment au niveau de l’endothélium vasculaire.
La pathogénie de la FBM implique une infection multifocale avec une vascularite disséminée, expliquant les diverses manifestations cliniques, telles que les éruptions cutanées, les complications cardiaques, musculaires, rénales et neurologiques.
Comment se traduit la maladie chez l’animal ?
Chez le chien, les symptômes de l’infection par Rickettsia conorii sont généralement absents ou minimes. La piqûre infectante est souvent causée par les formes immatures de la tique (larve, nymphe), passant souvent inaperçue en raison de sa petitesse et de sa discrétion. La tique doit rester en contact avec la peau pendant 10 à 20 heures pour transmettre l’infection.
Le chien ne joue pas le rôle d’hôte-réservoir pour la bactérie, car celle-ci est incapable de se multiplier chez l’animal, ne provoquant au plus qu’une fièvre transitoire. Le chien agit plutôt comme un vecteur, transportant les tiques infectées vers l’homme. Les tiques elles-mêmes servent de réservoir, transmettant l’infection à leurs descendants par voie ovarienne.
Bien que les lapins sauvages soient considérés comme le réservoir probable de Rickettsia conorii, d’autres réservoirs potentiels, tels que les hérissons ou d’autres petits rongeurs, sont également envisageables. La disparition des lapins due à la myxomatose en 1952 en France a entraîné une baisse des cas d’infection, suivie d’une augmentation après la réapparition des lapins sauvages en 1967.
Comment s’effectue la transmission ?
La transmission de la fièvre boutonneuse méditerranéenne se fait par la morsure d’une tique brune du chien (Rhipicephalus sanguineus). Les chiens infectés ou porteurs de tiques ne transmettent pas directement la maladie aux humains, mais leur présence augmente le risque d’infection.
En France, dans le Sud-Est, on observe des cas sporadiques de fièvre boutonneuse méditerranéenne liés à la présence des tiques. Les activités professionnelles exposées à un risque accru incluent celles impliquant des morsures de tiques, comme le travail dans des endroits régulièrement fréquentés par des chiens, tels que les élevages, les chenils, ou les travaux forestiers.
La tique brune du chien (Rhipicephalus sanguineus) est le vecteur principal de cette maladie. Bien que la probabilité de piqûre soit faible, surtout chez l’homme, cette tique se montre plus agressive lorsque la température augmente. Dans le sud de la France, où ces tiques sont actives entre mai et octobre, la majorité des cas humains sont diagnostiqués en juillet et août.
Après une période d’incubation d’environ une semaine, les symptômes de la fièvre boutonneuse méditerranéenne peuvent se manifester de manière progressive, ressemblant à un état pseudo-grippal, ou de manière brutale, avec des frissons, de la fatigue, des maux de tête, des courbatures et une fièvre élevée (39 – 39,5 °C) en quelques heures. La contamination se produit généralement en été lors de piqûres de tiques dans les broussailles et les jardins, en particulier sur le littoral méditerranéen.
Dans le sud de la France, le nombre de cas annuels de fièvre boutonneuse a nettement diminué depuis que la myxomatose a réduit la population de lapins, qui sont les hôtes de la bactérie causale, Rickettsia conorii. Au site de la piqûre, une tache noire peut apparaître, pouvant éventuellement s’ulcérer.
Quels sont les symptômes de la fièvre boutonneuse ?
Les symptômes de la fièvre boutonneuse méditerranéenne se manifestent par une fièvre élevée d’apparition brutale, accompagnée de douleurs musculaires et de maux de tête. Ces symptômes sont souvent associés à la présence d’un ganglion et, le plus fréquemment, à une tache noire croûteuse à l’endroit de la morsure de la tique. Par la suite, une éruption cutanée apparaît sur l’ensemble du corps, à l’exception du visage, y compris sur les paumes et les plantes des pieds.
L’incubation de la maladie dure en moyenne une semaine (3 à 16 jours). Le début des symptômes est soudain, avec un tableau clinique ressemblant à un syndrome grippal, incluant une fièvre à 39 °C, des céphalées intenses, une photophobie ainsi que des douleurs musculaires et articulaires. Dans plus de la moitié des cas, on retrouve le point de morsure de la tique sous forme d’une tache noire.
Cette lésion, indolore et croûteuse, de 3 à 5 mm de diamètre, est entourée d’un halo inflammatoire de 2 à 3 cm. Elle peut s’accompagner d’une adénopathie et persiste environ une semaine avant de cicatriser. L’inoculation par voie oculaire peut entraîner des conjonctivites.
L’éruption cutanée débute par un exanthème morbilliforme sur le tronc, évoluant ensuite vers les membres, passant d’une forme maculeuse à une forme papuleuse, et finalement donnant un aspect boutonneux. Elle peut être associée à des hémorragies cutanées punctiformes appelées pétéchies, et dans les cas graves, à un purpura extensif.
Bien que l’évolution de la maladie soit généralement bénigne, des complications viscérales peuvent survenir, telles que des atteintes digestives, neurologiques, cardio-vasculaires et pulmonaires, représentant 5 à 6 % des cas. Des facteurs de risques tels que l’alcoolisme, le diabète, le déficit en G6PD, l’âge avancé, un retard de traitement ou une antibiothérapie non adaptée peuvent augmenter le risque de complications.
Comment diagnostiquer cette maladie ?
Le diagnostic de la fièvre boutonneuse méditerranéenne est suspecté devant des symptômes évocateurs de « grippe d’été », surtout dans les régions endémiques ou chez les individus revenant de voyages dans ces zones. La présence d’un chien dans l’environnement, l’éruption cutanée décalée dans le temps et la présence de la tache noire caractéristique aident à orienter le diagnostic.
Pour confirmer le diagnostic, on utilise diverses techniques sérologiques, telles que le test classique de Weil-Felix (basé sur l’agglutination des protéines de bœuf), le test ELISA ou la méthode par immunofluorescence. De plus, la visualisation directe des rickettsies sur une biopsie de l’escarre d’inoculation permet une confirmation.
La détection moléculaire des rickettsies par PCR est une autre méthode de diagnostic, cependant, sa disponibilité peut varier selon les plateaux techniques des laboratoires. Le diagnostic clinique est souvent plus facile dans les zones endémiques, mais en dehors de ces zones, il peut y avoir une confusion avec la grippe.
En raison de l’immunité croisée, les résultats de laboratoire peuvent indiquer simplement une « fièvre du groupe boutonneux » après une agglutination avec Proteus X2. Cependant, le diagnostic moléculaire peut se réaliser sur le sérum ou la biopsie cutanée en utilisant des sondes spécifiques pour la PCR en temps réel (RT-PCR) ou même le séquençage avec les gènes cibles tels que ompA, ompB, et gltA.
Ces techniques génomiques permettent de distinguer plusieurs sous-espèces de R. conorii, notamment R. conorii conorii (agent de la fièvre boutonneuse méditerranéenne), R. conorii israelensis (agent de la fièvre boutonneuse israélienne), R. conorii caspia (agent de la fièvre d’Astrakhan), et R. conorii indica (agent du typhus indien à tiques).
Quel est son traitement ?
Le traitement de la fièvre boutonneuse méditerranéenne repose principalement sur l’utilisation d’antibiotiques, notamment les tétracyclines et les macrolides. Ce sont des médicaments efficaces contre les infections bactériennes. Ces antibiotiques sont administrés généralement par voie orale pendant une période d’environ une semaine. Dans certains cas, la durée du traitement peut se prolonger jusqu’à deux jours après la disparition de la fièvre pour assurer l’élimination complète de l’infection et prévenir les rechutes.
Il est crucial de commencer le traitement antibiotique dès que possible après le diagnostic de la maladie. Cela permet d’empêcher la propagation de l’infection dans l’organisme et prévenir le développement de complications graves. Les antibiotiques agissent en tuant les bactéries responsables de l’infection ou en inhibant leur croissance. Ils permettent ainsi au système immunitaire de lutter plus efficacement contre l’infection.
La surveillance étroite de l’évolution clinique du patient est essentielle pendant le traitement. Si des signes de complications ou de détérioration de l’état de santé apparaissent, des ajustements peuvent être nécessaires, notamment une prolongation de la durée du traitement ou un changement d’antibiotique.
Il convient de noter que la FBM, bien que généralement considérée comme une maladie bénigne, peut entraîner des complications graves, en particulier chez les patients atteints de formes sévères de la maladie. Par conséquent, il est essentiel que les patients suivent attentivement les recommandations de leur médecin. ils doivent terminer complètement le traitement antibiotique prescrit pour assurer une guérison complète et éviter les complications à long terme.