Fièvre Q : Comprendre une Maladie Bactérienne Méconnue

La Fièvre Q, une maladie bactérienne causée par Coxiella burnetii, reste souvent dans l’ombre malgré sa gravité potentielle. Cette bactérie infecte divers animaux, dont les moutons, les chèvres, les bovins et les animaux sauvages, ce qui en fait une zoonose importante. La transmission à l’homme se fait principalement par inhalation de particules contaminées dans l’air. Ces dernières peuvent provenir des excréments, de l’urine ou des produits d’avortement des animaux infectés. D’autres modes de transmission sont possibles. La Fièvre Q présente divers symptômes, allant de formes aiguës similaires à la grippe à des formes chroniques plus graves. Des complications potentiellement mortelles peuvent survenir telles que des infections cardiaques ou hépatiques. Bien que relativement rare, une vigilance adéquate est essentielle pour diagnostiquer et traiter rapidement cette maladie afin d’éviter des complications graves.

Quelle est la bactérie responsable de la fièvre Q ?

La fièvre Q, également connue sous le nom de coxiellose, est une maladie causée par la bactérie Coxiella burnetii. Cette bactérie se trouve largement répandue à travers le monde, avec de nombreux réservoirs chez les mammifères sauvages et domestiques tels que les bovins, les moutons, les chèvres, ainsi que les chats et les chiens. On peut détecter C. burnetii dans divers environnements, à l’exception notable de l’Antarctique et de la Nouvelle-Zélande.

La bactérie pénètre dans les cellules, notamment les monocytes et les macrophages, de manière passive par phagocytose. Une fois à l’intérieur, elle prolifère dans l’environnement acide du phagosome en utilisant divers mécanismes, notamment la production d’enzymes à haut point isoélectrique, l’inhibition de la production de radicaux libres, et la sécrétion de superoxyde dismutase.

La Fièvre Q présente une infectiosité remarquable, une seule bactérie étant suffisante pour provoquer une infection. Elle possède également la capacité de moduler l’apoptose, contribuant ainsi à sa virulence. La survie et la multiplication de C. burnetii dans la vacuole acide la protègent des antibiotiques. Cela en fait une espèce bactérienne unique.

La vacuole contenant la bactérie, initialement considérée comme un « gros phagolysome« , est maintenant reconnue comme un compartiment spécialisé. On appelle ce dernier « vacuole parasitophore » (PV), activement modifié par C. burnetii. Cette vacuole se distingue des autres compartiments cellulaires.

C. burnetii présente un cycle de développement comprenant une forme intracellulaire et une forme extracellulaire, produite par pseudosporulation. Ces pseudospores, métaboliquement inactifs, sont extrêmement résistants dans le milieu extérieur. Cela contribue à la persistance de la bactérie dans l’environnement.

Les lymphocytes T assurent le contrôle immunitaire de C. burnetii. Cependant, l’infection peut évoluer vers une forme chronique, caractérisée par une bactériémie prolongée malgré la présence d’anticorps. Divers facteurs tels que l’immunodépression et les hormones féminines peuvent favoriser cette chronicité.

Comment se manifeste la maladie chez l’animal ?

En France, la fièvre Q est une maladie particulièrement répandue dans les régions à forte production de petits ruminants. La plupart des espèces animales, surtout les ruminants domestiques comme les ovins, les caprins et les bovins, contractent l’infection. Les produits de mises-bas, les fèces et l’urine d’animaux infectés constituent les principaux vecteurs de transmission de la maladie. Ils transportent la bactérie par inhalation de particules contaminées.

Les signes cliniques de la fièvre Q sont généralement peu prononcés. Chez les petits ruminants, on peut observer des avortements, des mises-bas prématurées ou des naissances d’animaux chétifs. Chez les bovins, les signes comprennent des avortements, des veaux mous ou chétifs, des mises-bas prématurées, des problèmes de fertilité et des endométrites. Les animaux infectés, même sans symptômes, peuvent excréter la bactérie dans les produits de mises-bas, les sécrétions vaginales, les fèces, l’urine et le lait. Les chiens et les chats peuvent également être infectés par la fièvre Q. Ils deviennent ainsi une source d’infections pour les animaux et les humains.

Chez les petits ruminants, les avortements tardifs sont les signes cliniques les plus fréquents, pouvant survenir de manière isolée ou massive chez jusqu’à 90 % des animaux gestants. On rapporte également des cas de pneumonies, de kératoconjonctivites et de jeunes mort-nés ou faibles. Chez les bovins, on observe non pas principalement l’avortement, mais des troubles tels que l’infertilité, les métrites, la rétention placentaire et la naissance de veaux faibles. Par ailleurs, on a détecté une infection par C. burnetii dans de nombreuses autres espèces animales, avec des manifestations cliniques variables selon les espèces.

Quel est son mode de contamination ?

La bactérie survit dans le milieu extérieur sous une forme résistante. Elle peut être transportée sur de longues distances, surtout par temps sec et dans les zones exposées au vent. La contamination se fait principalement par voie respiratoire, par inhalation de particules contaminées par les produits de mises-bas, les fèces et l’urine d’animaux infectés. Les personnes exposées à des activités professionnelles à risque, telles que travailler en présence d’animaux infectés ou de leur environnement souillé, sont particulièrement vulnérables.. Cela inclut les éleveurs, les vétérinaires, les soigneurs de parcs zoologiques, ainsi que les ouvriers d’abattoirs.

Les moutons et les chèvres sont les principaux porteurs de la bactérie responsable de la fièvre Q. Les bovins peuvent également transmettre l’infection, bien que moins fréquemment.

La fièvre Q peut se transmettre par contact direct avec des animaux infectés ou leurs produits, ainsi que par inhalation de la bactérie véhiculée par l’air ou le vent avec des poussières. D’autres modes de contamination, comme la consommation de lait cru d’animaux infectés ou la transmission par les tiques, sont considérés comme peu efficaces.

Les animaux infectés, même sans symptômes apparents, peuvent excréter des bactéries dans les sécrétions vaginales, le placenta, le lait et les excréments. La voie principale d’infection pour l’homme est respiratoire. Les bactéries peuvent être inhalées après avoir été remises en suspension dans l’air.

La particularité de Coxiella burnetii réside dans sa capacité à développer des formes de résistance qui lui permettent de survivre dans l’environnement pendant plusieurs semaines ou mois. Ces formes résistantes, semblables à des spores, peuvent être dispersées par divers facteurs favorisant leur diffusion aérienne. Le risque d’infection après ingestion d’aliments contaminés fait encore l’objet de discussions. Cependant, les connaissances actuelles indiquent qu’il peut entraîner une réponse immunitaire sans manifestation clinique.

Quels sont les symptômes de la fièvre Q chez l’Homme ?

La fièvre Q présente généralement un tableau clinique de type grippal, avec un début soudain caractérisé par fièvre, malaise, maux de tête intenses, myalgies (douleurs musculaires), perte d’appétit, toux sèche, douleur thoracique, frissons, confusion et symptômes gastro-intestinaux tels que nausées, vomissements et diarrhée. La fièvre persiste généralement pendant 7 à 14 jours. La maladie peut évoluer vers une pneumonie atypique. Elle met alors en jeu le pronostic vital en raison d’un syndrome de détresse respiratoire aiguë (SDRA), généralement dans les 4 à 5 premiers jours.

Plus rarement, elle peut causer une hépatite granulomateuse, caractérisée par fièvre, hépatomégalie, douleur abdominale et éventuellement ictère. La forme chronique peut conduire à une endocardite infectieuse chez les personnes ayant une valvulopathie préexistante. Le risque de mortalité s’estime à 10 % sans traitement approprié.

Fièvre Q aigue

L’incubation de la fièvre Q, d’une durée moyenne de 18 à 21 jours (pouvant varier de 9 à 28 jours), précède souvent une phase aiguë marquée par une diversité de symptômes. Certains patients peuvent être asymptomatiques, tandis que d’autres présentent un début soudain avec un tableau pseudo-grippal. Cette phase se caractérise par une fièvre élevée pouvant atteindre 40°C, des sueurs, des céphalées intenses, des frissons, un malaise profond, des douleurs musculaires et une perte d’appétit. Les manifestations respiratoires, telles que la toux sèche et les douleurs thoraciques, apparaissent généralement 4 à 5 jours après le début de la maladie. Elles peuvent être sévères chez les individus fragiles ou âgés. Parfois, la fièvre Q aiguë peut se compliquer d’une encéphalite ou d’une méningoencéphalite.

Une atteinte hépatique aiguë, similaire à une hépatite virale, se manifeste chez certains patients par une fièvre associée à un malaise général, une hépatomégalie, des douleurs dans l’hypochondre droit et, éventuellement, un ictère. Le syndrome de fatigue post-fièvre Q, observé chez jusqu’à 20 % des patients, se caractérise par une fatigue sévère, des douleurs musculaires, des maux de tête, une photophobie et des perturbations du sommeil. Il survient généralement 9 à 28 jours après l’exposition au pathogène.

Chez les enfants, la fièvre Q se distingue souvent par une durée plus courte de la fièvre (7 à 10 jours), une prévalence plus élevée de symptômes digestifs (jusqu’à 80 %), la présence d’une éruption cutanée dans la moitié des cas, ainsi que des symptômes respiratoires moins prononcés que chez les adultes. Ces manifestations variées soulignent la complexité du spectre clinique de la fièvre Q. C’est pourquoi elle nécessite une attention particulière pour une identification et une gestion appropriées de la maladie.

Fièvre Q chronique

La fièvre Q chronique est une complication grave qui survient chez environ 1 à 5 % des individus ayant présenté une fièvre Q aiguë. Elle se manifeste parfois plusieurs années après l’infection initiale. Elle se caractérise principalement par des endocardites, affectant les valves cardiaques. Cette forme de la maladie entraîne une mortalité significative si le diagnostic est tardif. Les symptômes de la forme chronique peuvent inclure une fièvre intermittente, une fatigue persistante et un essoufflement. Tout cas d’endocardite inexplicable doit éveiller le soupçon de fièvre Q chronique. Elle nécessite une intervention thérapeutique immédiate pour éviter des complications graves. Les personnes ayant des antécédents de maladies valvulaires cardiaques, d’anévrismes artériels ou de greffes vasculaires sont particulièrement à risque de développer une forme chronique de la maladie. Par ailleurs, la grossesse et l’immunosuppression sont également des facteurs de risque.

L’endocardite associée à la fièvre Q se manifeste généralement sous forme d’endocardite bactérienne subaiguë à culture négative. Elle affecte principalement la valve aortique mais peut également toucher d’autres valves cardiaques. Les symptômes peuvent inclure un hippocratisme digital, des embolies artérielles, une hépatomégalie, une splénomégalie et un exanthème purpurique. Seuls 20 à 40 % des patients présentent des symptômes d’infection aiguë lors du développement de cette complication.

Le taux de mortalité de la fièvre Q aiguë non traitée est faible, soit d’environ 1 %. En revanche, l’endocardite chronique associée à la fièvre Q est souvent fatale en l’absence de traitement. Cependant, une prise en charge antibiotique appropriée peut réduire la mortalité à moins de 5 %. Certaines personnes atteintes d’une atteinte neurologique peuvent présenter des séquelles après traitement. La fièvre Q chronique reste donc une condition grave nécessitant une surveillance étroite et un traitement approprié pour éviter des complications graves.

Comment diagnostiquer cette maladie ?

Le diagnostic de la fièvre Q repose sur une série de signes cliniques, biologiques, radiologiques et histologiques spécifiques. Sur le plan clinique, la maladie se manifeste généralement par un syndrome infectieux. Il se caractérise par une fièvre élevée, des myalgies, une asthénie et des signes respiratoires tels qu’une toux sèche et des douleurs thoraciques. Une altération de l’état général et une atteinte hépatique peuvent également être observées.

Sur le plan biologique, les patients présentent souvent un syndrome inflammatoire marqué ainsi qu’une cytolyse hépatique. Elle se traduit par une élévation des transaminases ALAT et ASAT. Le diagnostic de certitude de l’hépatite de la fièvre Q nécessite toutefois une biopsie hépatique. La sérologie, basée sur la détection des anticorps dirigés contre Coxiella burnetii, est une méthode diagnostique couramment utilisée pour identifier l’infection. Elle permet notamment de différencier les infections aiguës des infections chroniques.

Les signes radiologiques comprennent souvent une pneumopathie atypique. L’échocardiographie peut révéler une endocardite chez les patients présentant une valvulopathie cardiaque. Les biopsies hépatiques permettent souvent de mettre en évidence des granulomes caractéristiques de la fièvre Q.

Bien que les hémocultures et la culture des expectorations soient souvent négatives, la PCR peut s’utiliser pour identifier l’ADN bactérien dans les prélèvements de biopsie et de sang. Cependant, un résultat négatif en PCR n’exclut pas le diagnostic. Les radiographies thoraciques peuvent révéler des anomalies telles que des atélectasies, des opacités pleurales et des épanchements pleuraux, souvent observées dans les pneumopathies associées à la fièvre Q.

Quel traitement mettre en place ?

Le traitement de la fièvre Q repose principalement sur l’antibiothérapie, adaptée selon la forme clinique de la maladie et les éventuels facteurs de risque de complications. Les directives du HCSP fournissent des recommandations pour orienter la prise en charge des cas complexes. Pendant la phase aiguë, un infectiologue devrait superviser l’administration essentielle d’antibiotiques. On utilise généralement des cyclines, notamment la doxycycline et la tétracycline, ainsi que d’autres antibiotiques tels que le chloramphénicol, la ciprofloxacine et l’ofloxacine en combinaison avec l’hydroxychloroquine.

Le traitement de la forme chronique peut être plus complexe et nécessiter une durée prolongée, pouvant aller jusqu’à quatre ans, avec la doxycycline associée aux quinolones ou à l’hydroxychloroquine. Cependant, pendant la grossesse, l’utilisation de la doxycycline et de la ciprofloxacine est contre-indiquée. Dans ce cas, on préconise le cotrimoxazole pendant cinq semaines.

Le traitement de la fièvre Q aiguë implique généralement l’administration de doxycycline jusqu’à ce que le patient présente une amélioration clinique significative, soit apyrétique depuis environ cinq jours et ait reçu un traitement pendant au moins 14 jours. Une durée plus longue peut être nécessaire en cas de maladie sévère.

Le traitement de l’endocardite de la fièvre Q nécessite une durée prolongée, typiquement d’au moins 18 mois, avec une combinaison de doxycycline et d’hydroxychloroquine. Les effets indésirables cardiaques de l’hydroxychloroquine exigent une surveillance régulière de l’intervalle QTc par des ECG répétés. Le corps médical base sa décision d’arrêter le traitement sur l’évaluation des signes cliniques, des résultats d’examens sanguins et des titres d’anticorps.

Dans le cas de l’hépatite granulomateuse chronique, le protocole de traitement optimal reste indéterminé. On recommande généralement l’administration prolongée de doxycycline jusqu’à deux à trois semaines après la disparition de la fièvre.

Enfin, bien que le traitement antibiotique puisse être partiellement efficace, une intervention chirurgicale est souvent nécessaire pour remplacer les valvules cardiaques atteintes, en particulier en cas d’endocardite de la fièvre Q.

Comment prévenir la contamination ?

Les vaccins démontrent leur efficacité, notamment en Australie où un vaccin contre la fièvre Q est disponible dans le commerce. On recommande de vacciner les individus exposés à des risques professionnels. Parmi eux, on peut citer les travailleurs des abattoirs, de l’industrie laitière, les agriculteurs, les éleveurs, ainsi que les professionnels manipulant la laine. Avant d’administrer le vaccin, on réalise des tests cutanés et sanguins pour détecter une immunité préexistante. En effet, vacciner des individus déjà immunisés peut entraîner des réactions locales graves.

Les mesures de prévention contre la fièvre Q incluent principalement des pratiques sanitaires adéquates et la mise en œuvre de tests de détection de la bactérie dans les établissements où se trouvent des moutons, des bovins et des chèvres. La consommation exclusive de lait et de produits laitiers pasteurisés est également recommandée pour réduire le risque d’infection.

Actions vis à vis des animaux

Les actions au niveau du réservoir visent à contrôler la propagation de la fièvre Q dans les élevages et à réduire les risques de transmission à l’homme. Cela inclut un suivi régulier de la santé du cheptel, avec une déclaration systématique et une exploration diagnostique des avortements. On recommande la vaccination du troupeau pour limiter les risques d’avortement, de contamination environnementale et de transmission entre les animaux et les humains.

Les actions sur la transmission comprennent des mesures telles que :

  • l’isolement des animaux au moment de la mise-bas,
  • la limitation de l’accès aux professionnels essentiels,
  • et l’interdiction des visites publiques pendant les périodes de mise-bas
  • ou l’isolement des femelles mettant bas dans des zones spécifiques.

Les éleveurs doivent traiter avec soin les déchets de mise-bas en attendant l’intervention du vétérinaire. Ils doivent gérer correctement les effluents d’élevage pour éviter la propagation de la bactérie. On recommande également de nettoyer régulièrement et de désinfecter les installations et le matériel contaminé.

La prévention non médicale de la fièvre Q comprend des mesures telles que l’isolement des animaux ayant avorté, la collecte et la destruction des produits de mise-bas, ainsi que la réduction de la formation d’aérosols lors de la manipulation des effluents d’élevage.

Les experts recommandent également l’utilisation raisonnée d’antibiotiques. De plus, leur efficacité dans la prévention et le traitement de la fièvre Q reste sujette à débat. Dans certaines exploitations, on utilise souvent les tétracyclines à des moments spécifiques. Cependant, leur capacité à éliminer complètement C. burnetii ou à prévenir les signes cliniques sur le long terme reste contestée.

Enfin, les autorités ont autorisé sur le marché européen un vaccin de phase 1 basé sur C. burnetii. Cela offre ainsi une autre mesure de prévention contre la fièvre Q. Ce vaccin, similaire à celui utilisé en médecine humaine, est recommandé pour tous les animaux de plus de trois mois dans les exploitations, à l’exception des animaux gestants.

Prévention individuelle

Les équipements de protection individuelle sont essentiels pour réduire les risques de transmission de la fièvre Q lors de la manipulation des tissus animaux. Cela comprend :

  • le port de vêtements de protection,
  • de bottes,
  • de gants et de manchettes jetables, surtout lorsqu’on manipule des produits d’avortement.

En cas de risque suspecté, on recommande un appareil de protection respiratoire de type FFP2 bien ajusté, en particulier lors d’activités générant des aérosols.

Les consignes d’hygiène sont également cruciales pour prévenir la propagation de la maladie. Il est important de ne pas boire, manger ou fumer sur les lieux de travail, ni de manger avec les vêtements de travail. Le lavage des mains avec de l’eau potable et du savon est nécessaire après tout contact avec les animaux, les déchets ou les déjections, avant les repas, les pauses et à la fin de la journée de travail, ainsi qu’après le retrait des gants. La formation et l’information des travailleurs sur les risques et prévention liés à la fièvre Q sont essentielles.

La vaccination intradermique avec un vaccin composé d’organismes tués de Coxiella burnetii est un moyen efficace de prévention de la fièvre Q. Avant de vacciner, il faut effectuer un test cutané et une analyse de sang afin de rechercher une éventuelle immunité préexistante. En effet, la vaccination des sujets immunisés peut provoquer des réactions locales sévères.

Dans le cadre de la loi de santé animale, on catégorise la fièvre Q en classe E, ce qui la soumet à une surveillance et une déclaration obligatoire. Elle ne fait pas l’objet d’une déclaration obligatoire pour la santé humaine. En outre, on reconnait la fièvre Q comme une maladie professionnelle indemnisable. elle dépend des tableaux n°53 du régime général et n°49 du régime agricole. On classe le pathogène Coxiella burnetii dans le groupe 3 selon le code du travail.

Quelques données épidémiologiques…

En France, un programme a été mené de 2012 à 2015 afin d’obtenir des données épidémiologiques sur la fièvre Q chez les ruminants à l’échelle nationale. Cette étude a révélé une variabilité importante selon les régions géographiques. Globalement, de nombreux élevages présentent une séropositivité. Cela indique une exposition à la bactérie (36 % chez les bovins, 56 % chez les ovins et 61 % chez les caprins). Les exploitations les plus touchées par des avortements liés à la fièvre Q sont plus fréquemment caprines (2,7 % chez les bovins, 6,2 % chez les ovins et 15,8 % chez les caprins). Suite à ce programme, l’Observatoire et suivi des causes d’avortements chez les ruminants (OSCAR) a été mis en place en 2017. Ce dispositif prototype surveille les avortements d’origine infectieuse, dont la fièvre Q, dans des départements volontaires.

Depuis 2021, la loi de Santé Animale (Règlement (UE) 2016/429 sur les maladies animales transmissibles) rend obligatoire la déclaration et la surveillance de la fièvre Q chez les animaux dans l’Union européenne. Cette obligation concerne quatre espèces de ruminants : chèvres, moutons, vaches et buffles. Cependant, les systèmes de surveillance existants restent perfectibles et les modalités de surveillance animale sont encore en cours de développement dans certains pays comme la France. Étant donné que la déclaration des cas humains n’est pas obligatoire en France, le nombre de cas humains est sous-estimé.

L’Institut Méditerranée Infection à Marseille a été désigné comme le Centre National de Référence (CNR) pour cette maladie. Il surveille l’aspect humain de la fièvre Q. Cet institut recense une partie des cas humains sporadiques grâce à ses activités de diagnostic et de suivi clinique. Il confirme ainsi entre 100 et 300 cas par an.

Actions des autorités de santé

La directive 2003/99/CE sur la surveillance des agents zoonotiques impose aux États membres de surveiller et de signaler les cas de fièvre Q chez les animaux, confirmés par la situation épidémiologique. De plus, la décision 2000/96/CE de la Commission européenne, modifiée par la décision 2003/54/CE, classe la fièvre Q chez l’homme comme une maladie transmissible devant être surveillée et contrôlée dans l’Union européenne.

ANSES

L’unité Fièvre Q animale du laboratoire de Sophia Antipolis de l’Anses est responsable de deux mandats de référence pour la fièvre Q : un au niveau national (LNR) et un autre pour l’Organisation mondiale de la santé animale (OMSA). Son rôle principal est de fournir une assistance et des conseils scientifiques indépendants. Pour cela, elle participe régulièrement à des travaux d’expertise. Elle soutient également les acteurs de la santé animale.

Les principales actions de cette unité incluent l’évaluation des tests diagnostiques et épidémiologiques, y compris ceux disponibles sur le marché, pour garantir des résultats fiables et comparables à l’échelle des laboratoires de diagnostic locaux.

À la demande de l’Autorité européenne de sécurité des aliments et du Centre européen de prévention et de contrôle des maladies, l’unité œuvre à l’amélioration de la qualité et de l’harmonisation des données de surveillance de la fièvre Q animale. Cette mission est menée en collaboration avec les organismes italiens Istituto Zooprofilattico Sperimentale (IZS) et Istituto Superiore di Sanità (ISS).

Par ailleurs, l’unité participe activement aux enquêtes épidémiologiques suite à des alertes de cas humains groupés. Cela permet de retracer l’origine des contaminations et de conseiller sur les mesures à prendre pour éviter de nouvelles infections. Elle soutient le groupe de suivi fièvre Q de la plateforme d’épidémiosurveillance en santé animale.

En collaboration avec ses partenaires, l’unité concentre ses efforts de recherche sur trois axes principaux :

  • la caractérisation des souches,
  • la description épidémiologique chez les ruminants
  • et l’amélioration des interventions préventives ou faites lors de la survenue de clusters humains.

Ces travaux visent à mieux comprendre et gérer la propagation de la maladie chez les animaux et les humains.

EFSA

L’EFSA a pour mission de fournir aux décideurs européens en matière de risques une assistance et des conseils scientifiques indépendants concernant les aspects de la fièvre Q relatifs à la santé animale et à la sécurité alimentaire. En collaboration avec le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC), l’EFSA surveille et analyse la situation des zoonoses, des microorganismes zoonotiques, de la résistance aux antimicrobiens, des contaminants microbiologiques et des foyers de toxi-infections alimentaires dans toute l’Europe, y compris la prévalence de la fièvre Q chez les animaux et les humains.

L’EFSA a émis des recommandations concernant la fièvre Q. Elle conclut qu’elle a un impact limité sur la santé des animaux et la santé publique. Elle peut cependant s’avérer importante pour certains groupes à risque. L’évaluation a également étudié les facteurs de risque contribuant à la prévalence et à la propagation de la fièvre Q, ainsi que les mesures de contrôle potentielles au niveau de l’UE. Elle suggère l’utilisation d’une combinaison de mesures pour contrôler la fièvre Q à court et à long terme. On considère la vaccination préventive des animaux comme la plus efficace. De plus, l’EFSA a publié un rapport indépendant. Il propose l’harmonisation d’un système de surveillance et de notification de la fièvre Q chez les animaux dans les États membres de l’UE.

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