Décryptage des Campylobactérioses : Tout ce que vous devez savoir

Les campylobactérioses constituent un problème de santé publique majeur. Elle figure parmi les zoonoses d’origine alimentaire les plus fréquemment rapportées en Europe. Avec une incidence estimée à environ 842 cas pour 100 000 habitants par an en France, ces infections bactériennes posent des défis significatifs en matière de santé publique. Bien que la campylobactériose ne soit pas une maladie à déclaration obligatoire chez l’homme, les cas groupés associés à la consommation d’un même aliment nécessitent une déclaration obligatoire de toxi-infection alimentaire collective.

Quel est l’agent infectieux ?

Campylobacter (du grec καμπύλος, courbe) constitue un genre de bactéries Gram négatif, microaérophiles et oxydase positives, non sporulantes, impliquées dans les intoxications alimentaires. Elles résident principalement dans le tractus intestinal de divers animaux, notamment ceux élevés en captivité. Elles sont reconnues comme sources de zoonoses dans les élevages. Il s’agit également de la principale cause bactérienne de gastro-entérites humaines à l’échelle mondiale. Cette prévalence s’accroît dans les pays développés, potentiellement en raison de la concentration animale.

Ces bactéries, exigeantes dans leurs conditions de croissance, se présentent sous diverses formes. On retrouve notamment des bacilles légèrement incurvés voire spiralés dans les cultures juvéniles, ou coccobacillaires dans les cultures plus matures. Leur culture se réalise sur gélose Columbia au sang en microaérophilie.

Le genre Campylobacter comprend 17 espèces. Les principales sont C. jejuni et C. coli, responsables d’entérites, ainsi que C. fetus, à l’origine de septicémies chez les individus immunodéprimés. Les manifestations cliniques induites par ces bactéries varient.  On retrouve principalement des entérites telles que diarrhée, fièvre et douleurs abdominales, survenant après une incubation de deux à cinq jours. Des complications post-infectieuses moins fréquentes peuvent également se manifester, notamment l’arthrite réactionnelle et le syndrome de Guillain-Barré.

A. fetus, quant à elle, entraîne rarement des entérites. En revanche, elle provoque le plus souvent des syndromes fébriles prolongés avec des atteintes focales, principalement l’endothélium vasculaire. Les infections à C. fetus surviennent généralement chez des individus atteints de pathologies sous-jacentes telles que cirrhose, cancer, diabète ou immunodéficience. Les infections à C. fetus pendant la grossesse présentent un risque élevé de mortalité fœtale.

D’autres espèces de Campylobacter provoquent diverses infections, telles que Campylobacter upsaliensis, Campylobacter lari, et Campylobacter hyointestinalis. Le réservoir principal de ces bactéries est animal, comprenant une variété d’oiseaux et de mammifères, avec notamment les poulets comme réservoirs naturels de C. jejuni.

Comment la maladie se présente-elle chez l’animal ?

Les cas d’infection par Campylobacter jejuni et Campylobacter coli sont répandus dans le monde entier. Les volailles constituent les principaux porteurs de ces bactéries. Les symptômes généralement associés à ces infections incluent souvent la diarrhée, bien que certains porteurs, tels que les volailles et les porcs, puissent demeurer asymptomatiques.

Dans la plupart des cas, les infections à Campylobacter jejuni et Campylobacter coli chez les animaux sont asymptomatiques ou présentent des symptômes mineurs. Les volailles et les porcs, en particulier, peuvent être porteurs de ces bactéries dans leur intestin sans présenter de maladie apparente. Toutefois, certaines espèces de Campylobacter, telles que Campylobacter fetus, peuvent être pathogènes pour les animaux. On peut les associer à des problèmes d’infertilité ou d’avortement.

Le réservoir principal de Campylobacter est constitué par les oiseaux et les mammifères, incluant les volailles, les bovins, les porcs, les ovins, les chats, les chiens et les mammifères marins. On considère en particulier les poulets comme des réservoirs naturels de Campylobacter jejuni. Ces bactéries colonisent généralement le cloaque des oiseaux sans causer de pathologie apparente.

Dans les abattoirs européens, une proportion élevée de poulets entiers est contaminée par Campylobacter, avec 87,5 % des échantillons testés positifs. Les volailles, à la fois sauvages et domestiques, représentent les principaux réservoirs de C. jejuni et C. coli. D’autres animaux tels que les bovins, les porcs et les petits ruminants, ainsi que les animaux de compagnie comme les chats et les chiens, peuvent également constituer des réservoirs potentiels de ces bactéries.

Comment se transmet cette bactérie ?

Chez les animaux, les Campylobacter jejuni et Campylobacter coli se transmettent principalement par l’ingestion d’aliments ou d’eau contaminés par les déjections animales contenant ces bactéries. Après ingestion, ces bactéries se multiplient dans le tube digestif des animaux infectés et sont excrétées dans leurs déjections. Elles présentent une résistance prolongée dans l’environnement extérieur, contaminant ainsi durablement les installations d’élevage.

La campylobactériose, une zoonose, se transmet à l’homme par ingestion d’aliments contaminés. Il s’agit principalement de la viande de volaille insuffisamment cuite ou d’aliments prêts à consommer ayant été en contact avec des surfaces contaminées. La transmission directe peut également survenir par contact avec des animaux porteurs de la bactérie.

Les Campylobacter se retrouvent chez la plupart des animaux à sang chaud, notamment les volailles, les bovins, les porcs, les ovins, les autruches, les chiens, les chats et même les crustacés. Les principales sources de contamination pour l’homme sont la consommation de viande de volaille insuffisamment cuite, le lait cru ou contaminé, ainsi que l’eau ou la glace contaminées.

Il est difficile d’estimer précisément la contribution de chaque source à la charge globale de morbidité. Cependant, la consommation de viande de volaille contaminée et insuffisamment cuite est considérée comme une source majeure de contamination. Bien que les flambées ayant une source commune représentent une faible proportion des cas, la majorité des cas signalés sont sporadiques, ce qui complique l’établissement de schémas clairs de transmission.

La lutte contre la contamination par les Campylobacter est complexe en raison de leur large répartition. Cependant, dans les pays où des stratégies spécifiques ont été mises en place pour réduire la prévalence de ces bactéries chez les volailles, une diminution similaire de la fréquence des cas humains a été observée.

À quoi ressemble la campylobactériose chez l’Homme ?

La campylobactériose, résultant de l’infection par Campylobacter, se manifeste généralement par des symptômes tels que diarrhée, fièvre et douleurs abdominales. Ces symptômes apparaissent généralement entre 2 et 5 jours après l’exposition à la bactérie et peuvent persister pendant une semaine. La plupart des cas sont légers et se résolvent spontanément. Des complications graves, bien que rares, peuvent survenir chez certaines populations. Il s’agit notamment des populations sensibles telles que les très jeunes enfants, les personnes âgées ou celles souffrant déjà de maladies graves comme le SIDA.

Les symptômes typiques de la campylobactériose comprennent la diarrhée, souvent sanglante, accompagnée de douleurs abdominales, de fièvre, de maux de tête, de nausées et/ou de vomissements. Ces symptômes peuvent durer entre trois et six jours. Les infections légères peuvent se manifester par des symptômes semblables à une gastro-entérite virale et durer de 1 à 2 jours. Cependant, chez 10 à 20 % des patients, les symptômes peuvent persister au-delà d’une semaine.

Bien que les complications graves soient rares, elles peuvent inclure des complications immunologiques telles que l’arthrite réactive, l’érythème noueux, le syndrome de Reiter ou le syndrome de Guillain-Barré (une forme de paralysie temporaire du système nerveux périphérique). On considère ce dernier comme particulièrement sévère. La mortalité peut atteindre 2 à 3 % des cas et des séquelles neurologiques majeures pour 15 à 22 % des patients. D’autres complications possibles comprennent la bactériémie, l’hépatite, la pancréatite, la méningite, l’ostéomyélite, l’arthrite infectieuse et l’endocardite.

La période de contagiosité de la campylobactériose dure toute la durée de l’infection. Elle est principalement présente pendant la phase aiguë de la maladie. Les patients restent contagieux en moyenne pendant 38 jours, avec un maximum de 70 jours.

Comment diagnostique-t-on cette maladie ?

Le diagnostic des infections à Campylobacter comprend plusieurs étapes cruciales visant à identifier de manière précise la présence de la bactérie et à déterminer les options de traitement adaptées. Habituellement, la première démarche consiste en la culture d’un échantillon de selles. Il s’agit d’une méthode standard pour détecter Campylobacter dans le tractus intestinal.

Cependant, il est essentiel de souligner que la culture des selles n’est pas systématiquement effectuée chez tous les patients présentant des symptômes d’infection à Campylobacter. Cette décision dépend souvent de la gravité des symptômes et des antécédents médicaux du patient.

La culture des selles peut nécessiter plusieurs jours pour produire des résultats, retardant ainsi le début du traitement. Afin d’obtenir des résultats plus rapides, une alternative est la technique d’amplification en chaîne par polymérase (PCR). Cette méthode permet de détecter l’ADN de Campylobacter dans les selles en amplifiant la quantité d’ADN bactérien, facilitant ainsi une détection plus précoce et un démarrage plus prompt du traitement.

Outre la culture des selles et la PCR, d’autres tests permettent de diagnostiquer les infections à Campylobacter. Par exemple, on peut réaliser des tests d’antigènes bactériens dans les selles pour identifier directement la présence de la bactérie. Après confirmation de la présence de Campylobacter, on effectue souvent des tests d’antibiogramme pour déterminer quels antibiotiques sont efficaces pour traiter l’infection.

Dans les cas où les médecins soupçonnent que l’infection s’est propagée au sang ou à d’autres organes, un échantillon de sang peut également être prélevé pour mise en culture. Cette démarche permet de confirmer la présence de Campylobacter dans le sang et d’orienter le traitement approprié pour combattre l’infection systémique.

Quel est le traitement ?

Le traitement des infections à Campylobacter repose généralement sur des mesures de soutien telles que le remplacement des électrolytes et la réhydratation. Cependant, dans les cas où l’infection devient invasive, entraînant une atteinte des cellules de la muqueuse intestinale et des dommages tissulaires, ou lorsque la bactérie persiste chez les porteurs sains, on recommande un traitement antimicrobien. Les porteurs sains sont des individus hébergeant Campylobacter dans leur organisme et continuant à l’excréter sans présenter de symptômes.

L’antibiotique de choix pour le traitement des infections à Campylobacter est généralement l’azithromycine ou, dans certains cas, l’érythromycine. Une étude menée par des chercheurs de la Washington State University a suggéré que l’ail pourrait être cent fois plus efficace que certains antibiotiques pour éliminer les biofilms des Campylobacter jejuni.

Dans la plupart des cas, il n’y a pas de traitement spécifique pour les infections à Campylobacter. La plupart des personnes se rétablissent d’elles-mêmes en environ une semaine. Cependant, chez les patients présentant une forte fièvre, une diarrhée sévère ou sanglante, ou une aggravation des symptômes, un traitement antibiotique peut s’avérer nécessaire. Généralement, on recommande un traitement de 3 jours par azithromycine administré par voie orale dans de tels cas. La ciprofloxacine peut s’utiliser en alternative, mais avec précaution en raison de l’émergence croissante de la résistance à cet antibiotique.

En cas d’infection systémique, avec propagation de la bactérie dans le sang ou d’autres organes, des antibiotiques tels que l’imipénème ou la gentamicine peuvent être nécessaires pendant 2 à 4 semaines. Le choix des antibiotiques peut être ajusté en fonction des résultats de l’antibiogramme. Ce dernier indique la sensibilité de la souche de Campylobacter aux différents antibiotiques.

Comment prévenir la transmission ?

Les mesures générales de prévention visent à limiter la propagation de l’infection à Campylobacter et comprennent plusieurs étapes. Pour commencer, maintenez une hygiène générale élevée dans l’élevage en nettoyant et en désinfectant régulièrement les installations et le matériel. Stockez les déchets et les cadavres d’animaux dans des endroits désignés, tels que les sites d’équarrissage, pour prévenir toute contamination environnementale.

Il est également crucial de fournir une formation et une information adéquates aux employés sur les risques associés à la campylobactériose, ainsi que sur les mesures de prévention collectives et individuelles à mettre en place. Cela comprend la mise à disposition d’eau potable, de savon et de moyens d’essuyage jetables, ainsi que la disponibilité d’une trousse de premiers secours appropriée. Des armoires-vestiaires distinctes doivent être utilisées pour séparer les vêtements de travail des vêtements personnels. Cela vise à réduire le risque de contamination croisée.

Concernant les exigences pour les acteurs de la chaîne alimentaire, les producteurs primaires doivent appliquer rigoureusement les bonnes pratiques d’élevage. Il faut également éviter certaines pratiques telles que le détassage dans la filière poulet de chair. Les exploitants du secteur alimentaire doivent quant à eux respecter les bonnes pratiques d’hygiène. Ils ont pour mission d’assurer la formation de leurs employés et mettre en place un plan de surveillance pour contrôler la qualité sanitaire des aliments.

Pour garantir la sécurité alimentaire, les consommateurs doivent se laver les mains avant de manipuler les aliments, suivre les bonnes pratiques d’hygiène en cuisine et vérifier la cuisson des viandes, notamment la viande de volaille, qui doit atteindre une température interne de plus de 65°C. Une vigilance accrue est nécessaire lors de la cuisson au barbecue pour s’assurer que la viande soit cuite de manière adéquate.

Quelle est l’épidémiologie de cette infection ?

Les maladies alimentaires, comme la campylobactériose, affectent environ 10 % de la population annuellement, causant une perte de 33 millions d’années de vie en bonne santé. Elles sont plus sévères chez les jeunes enfants, avec environ 550 millions de cas de diarrhée par an, dont 220 millions chez les moins de 5 ans. Campylobacter est l’une des principales causes mondiales de ces maladies diarrhéiques.

L’incidence élevée de la diarrhée causée par Campylobacter et sa durée prolongée, ainsi que ses complications possibles, ont des répercussions socioéconomiques significatives. Dans les pays en développement, les infections à Campylobacter sont fréquentes chez les enfants de moins de deux ans. Elles s’avèrent parfois mortelles.

Une ingestion de 500 bactéries est suffisante pour provoquer une diarrhée. Depuis les années 2000, le nombre de cas de campylobactériose humaine rapportés chaque année est régulièrement supérieur à 40 pour 100 000 habitants dans l’Union européenne, principalement en été. En France, le nombre de cas rapportés est de 6,2 pour 100 000 habitants en 2009. Cependant, cette estimation est probablement sous-estimée en raison d’une déclaration médicale insuffisante. La plupart des cas se présentent de manière isolée (sporadiques), bien que l’on associe souvent des toxi-infections alimentaires collectives liées à Campylobacter à la consommation d’eau, de lait cru ou de viandes de volaille contaminés.

Les principaux facteurs de risque incluent les transferts de contamination par la planche à découper ou les couteaux ayant servi à manipuler des volailles crues, ainsi que la consommation de viandes insuffisamment cuites.

La campylobactériose est la zoonose la plus fréquemment signalée dans l’Union européenne. On attribue jusqu’à 80 % des cas au poulet, une espèce réservoir. Certains facteurs, tels que la température, l’approvisionnement en eau et la proximité d’autres élevages, augmentent le risque de zoonose dans les élevages de poulets.

Quels sont les moyens de contrôle mis en œuvre ?

La directive 2003/99/CE impose aux États membres la mise en place de dispositifs de surveillance pour un certain nombre de zoonoses, soit de manière obligatoire (annexe I.A) soit en fonction de la situation épidémiologique (annexe I.B). Ces données sont annuellement compilées au niveau européen par l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) et le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC). On répertorie la campylobactériose et ses agents responsables dans l’annexe I.A. Sur le plan de la santé animale, on ne la considère pas comme une maladie contagieuse. Du côté de la santé publique, elle n’est pas sujette à déclaration obligatoire. Actuellement, les autorités ne répertorient pas la maladie comme une maladie professionnelle. Le code du travail classe Campylobacter jejuni et Campylobacter coli dans le groupe de danger 2 (R. 4421-3).

Surveillance des animaux

La surveillance de la campylobactériose chez les animaux est un aspect crucial de la prévention de la propagation de cette maladie zoonotique. Bien que la démarche soit volontaire chez les éleveurs, elle revêt une importance capitale pour la santé publique et la sécurité alimentaire. Voici quelques éléments supplémentaires à considérer dans le développement de cette surveillance :

  • Rôle des éleveurs : Les éleveurs jouent un rôle essentiel dans la surveillance de la campylobactériose chez les animaux. Ils doivent être sensibilisés aux risques de cette maladie. On les encourage à adopter des pratiques de biosécurité rigoureuses dans leurs exploitations.
  • Pratiques de biosécurité : Les mesures de biosécurité comprennent le contrôle des accès aux élevages, la désinfection régulière des installations, la gestion des déchets et des cadavres d’animaux, ainsi que la limitation des contacts avec d’autres animaux potentiellement porteurs de la bactérie.
  • Surveillance réglementaire : Bien que la surveillance de la campylobactériose chez les animaux soit actuellement volontaire, il est nécessaire d’envisager la mise en place de programmes de surveillance réglementaire dans le secteur vétérinaire. Cela permettrait de garantir une détection précoce et une gestion efficace de la maladie.
  • Éducation et sensibilisation : Il est crucial d’éduquer les éleveurs sur les risques de la campylobactériose et de les sensibiliser aux bonnes pratiques de prévention et de contrôle. Cela peut se faire par le biais de programmes de formation et de sensibilisation, ainsi que par la diffusion d’informations pertinentes sur les dangers de la maladie et les mesures à prendre pour la prévenir.

Ainsi, la surveillance de la campylobactériose chez les animaux repose sur une combinaison d’efforts volontaires des éleveurs, de pratiques de biosécurité efficaces et, idéalement, de programmes de surveillance réglementaire. Ces mesures sont cruciales pour réduire la prévalence de la maladie chez les animaux et pour prévenir sa transmission à l’homme.

Contrôles de l’industrie agro-alimentaire

La surveillance et le contrôle des denrées alimentaires sont essentiels pour garantir la sécurité des consommateurs. Voici quelques points clés à considérer dans ce domaine :

  1. Contrôles officiels : Les autorités compétentes, telles que la direction générale de l’Alimentation (DGAL) et la direction générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des Fraudes (DGCCRF), établissent régulièrement des plans de surveillance et de contrôle des aliments (PS/PC). Ces contrôles sont réalisés par des agents des directions départementales en charge de la protection des populations (DdecPP). Ils peuvent inclure des analyses officielles effectuées par un réseau de laboratoires agréés par l’État, animé par le Laboratoire national de référence (LNR). Ils couvrent divers aspects, y compris les aliments, l’environnement et les établissements alimentaires, notamment les abattoirs.
  2. Autocontrôles des opérateurs : Les exploitants agroalimentaires sont tenus de mettre en place des systèmes d’autocontrôle basés sur l’analyse des risques spécifiques à chaque entreprise, conformément à la réglementation en vigueur. Cela implique l’intégration de Campylobacter dans les plans de maîtrise sanitaire des entreprises, en particulier dans les abattoirs de volailles. Les opérateurs doivent respecter les critères microbiologiques définis par la réglementation pour les denrées alimentaires et prendre des mesures de gestion en cas de non-conformité.

La surveillance et le contrôle des denrées alimentaires reposent sur une approche coordonnée entre les autorités de réglementation et les opérateurs de la chaîne alimentaire. Cela garantit la conformité aux normes de sécurité alimentaire et la protection des consommateurs contre les risques liés à la contamination par des agents pathogènes tels que Campylobacter.

Surveillance chez l’Homme

Bien que les cas individuels de campylobactériose ne fassent pas l’objet d’une déclaration obligatoire, les cas groupés attribués à une même source alimentaire doivent être notifiés obligatoirement, conformément aux directives de surveillance établies. Santé publique France gère cette collecte de données.

En France, les experts estiment qu’il y a entre 236 000 et 795 000 cas de campylobactériose d’origine alimentaire chaque année, avec une médiane de 390 000 cas.

Le Centre national de référence (CNR) des Campylobacter et Hélicobacter assure la surveillance des campylobactérioses humaines. Il coordonne un réseau comprenant des laboratoires de bactériologie hospitaliers et des laboratoires d’analyses de biologie médicale. Les objectifs de cette surveillance sont multiples : décrire les caractéristiques épidémiologiques, surveiller la résistance aux antibiotiques et détecter les cas groupés.

Santé publique France gère le suivi épidémiologique, la collecte des données cliniques des patients et la réalisation d’enquêtes alimentaires en collaboration avec les agences régionales de santé. Les experts transmettent ensuite chaque année les informations recueillies au Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC) pour une analyse globale de la situation.

Quelles sont les actions des autorités de santé ?

L’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) estime que la campylobactériose représente un fardeau économique d’environ 2,4 milliards d’euros par an pour les systèmes de santé publique et en termes de perte de productivité au sein de l’Union européenne.

EFSA

En 2021, la campylobactériose était la zoonose la plus fréquemment rapportée dans l’UE, avec 127 840 cas, marquant une augmentation de 2,1 % par rapport à 2020, selon l’EFSA et l’ECDC. Cette donnée est issue du dernier rapport annuel sur les zoonoses, intégré à l’initiative «One Health» de l’UE.

L’EFSA a développé deux outils interactifs sur le Campylobacter : une carte narrative et un tableau interactif. La carte narrative offre un aperçu général sur le Campylobacter, incluant ses caractéristiques, sa distribution et les stratégies de surveillance dans l’UE. Le tableau permet une exploration approfondie des données accumulées depuis 2017.

Les experts de l’EFSA ont aussi révisé les stratégies de contrôle du Campylobacter dans les élevages de poulets de chair, identifiant les méthodes les plus efficaces et évaluant leurs avantages et inconvénients.

En matière de santé publique, un avis de l’EFSA de 2015 a identifié le lait cru comme une source potentielle de bactéries pathogènes, y compris le Campylobacter. De plus, l’EFSA a donné des conseils en 2011 et 2010 pour réduire la présence de Campylobacter dans la viande de poulet, en suggérant des mesures pré-abattage qui pourraient diminuer les risques sanitaires de 50% et, en production, de plus de 90%.

Le rôle de l’EFSA est crucial pour assurer la sécurité alimentaire en Europe. Elle collecte et analyse des données, évalue les risques, et propose des options de contrôle. Chaque année, l’EFSA et l’ECDC publient un rapport conjoint qui évalue l’avancement des États membres dans la réduction de la prévalence de Campylobacter.

La surveillance de Campylobacter est partie intégrante du cadre réglementaire de l’UE, visant à améliorer la sécurité sanitaire des aliments de la ferme à la table. Pour plus de détails sur la réglementation applicable, on conseille de consulter les rapports sur les zoonoses d’origine alimentaire.

ANSES

Le laboratoire de sécurité sanitaire de Ploufragan-Plouzané, opéré par l’Anses, joue un rôle crucial en tant que Laboratoire National de Référence (LNR) pour la bactérie Campylobacter. Cette désignation souligne son autorité et son expertise dans le contrôle et la surveillance de cette bactérie pathogène.

Parallèlement, on a attribué le rôle de Laboratoire de référence de l’Union européenne (LR-UE) pour Campylobacter au National Veterinary Institute (SVA), situé à Uppsala, en Suède. Ce laboratoire coordonne un réseau européen comprenant les LNR de différents États membres. Cela facilite ainsi la collaboration et l’harmonisation des méthodes de recherche et de surveillance à travers l’Europe.

Il est pertinent de mentionner que la surveillance de Campylobacter dans les produits alimentaires finis n’est pas encore réglementée de manière spécifique au niveau européen. Les textes communautaires récents n’ont pas introduit de réglementations dédiées à ce sujet, ce qui souligne un besoin potentiel de révision des politiques de sécurité alimentaire.

Le LNR, avec le soutien de l’Anses, a produit plusieurs publications scientifiques abordant les risques liés à la campylobactériose chez les animaux, tels que les ruminants et les volailles. Ces travaux contribuent significativement à la compréhension des mécanismes de transmission et des mesures préventives possibles.

En outre, une étude d’expertise européenne, dirigée par une scientifique de l’Anses, a récemment réévalué l’efficacité des stratégies de contrôle de Campylobacter dans les élevages de poulets. Cette recherche avait pour but de minimiser les risques de transmission de la bactérie aux humains. Cette étude a publié ses résultats dans une revue scientifique de renom, contribuant ainsi à faire progresser les connaissances et les pratiques dans la lutte contre la campylobactériose.

OMS

En partenariat avec d’autres acteurs clés, l’OMS élabore des politiques visant à améliorer la sécurité sanitaire des aliments, un pilier fondamental pour assurer l’accès à une alimentation sûre et nutritive. Ces politiques englobent l’ensemble de la chaîne alimentaire, de la production à la consommation, et s’appuient sur diverses compétences techniques.

L’organisation œuvre pour le renforcement des systèmes de sécurité alimentaire dans un contexte de mondialisation croissante. Elle déploie des actions pour prévenir les maladies d’origine alimentaire. Ces actions incluent l’établissement de normes internationales, le renforcement de la surveillance des maladies, l’information des consommateurs, et l’éducation sur la manipulation hygiénique des aliments.

En collaboration avec la FAO, l’OIE et le centre collaborateur de l’OMS à l’Université d’Utrecht, l’OMS a publié en 2012 le rapport « The global view of campylobacteriosis ». L’OMS intensifie également les capacités des laboratoires nationaux et régionaux pour surveiller les agents pathogènes comme Campylobacter et Salmonella.

Pour lutter contre la résistance aux antimicrobiens, l’OMS favorise une surveillance intégrée. Ainsi, elle recueille et analyse des échantillons humains, alimentaires et animaux à travers divers secteurs.

En coopération avec la FAO, l’OMS assiste les États Membres en coordonnant les efforts internationaux pour détecter et répondre rapidement aux épidémies de maladies d’origine alimentaire via le Réseau international des autorités de sécurité sanitaire des aliments (INFOSAN).

Enfin, l’OMS conduit des évaluations scientifiques qui fondent les normes alimentaires internationales. Ces évaluations permettent également le développement des directives et recommandations, préparées par la Commission du Codex Alimentarius/FAO, pour prévenir les maladies d’origine alimentaire.

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