Le rôle de la Naturopathie dans les dépendances toxicomanogènes

Un état de dépendance s’établit suite à l’absorption continue ou périodique de certaines substances ayant des effets agréables qui induisent des dépendances toxicomanogènes physique ou psychique (on parle aussi de « toxicomanie » ou de « pharmacodépendance »). Cette dépendance peut toutefois engendrer une dépendance physique (état d’adaptation de l’organisme du sujet à la substance. En l’absence de consommation, il y a état de manque avec tremblements, vomissements, sueurs, etc.) et psychique (besoin impérieux de consommer la substance pour éprouver du plaisir ou pour éviter un état de malaise ou d’angoisse).

Pourquoi a-t-on des troubles addictifs et des dépendances toxicomanogènes ?

Le déficit en sérotonine :

Un déficit en sérotonine se traduit plutôt par une addiction par compulsion, caractérisée par la consommation d’alcool à toute heure et/ou de cigarettes, un comportement boulimique (doit se remplir l’estomac), la présence de compulsion sucrée, la notion de jeu compulsif (ne peut s’arrêter) et/ou de dépendance au sport (coureur à pied).

  • Addiction du soir (chocolat, alcool, tabac, ordinateur, jeux vidéo, etc.)

Le déficit en dopamine :

Un déficit en dopamine sera au contraire évoqué en cas d’addiction par recherche de plaisir et de sensation, ce qui se retrouve en cas d’alcoolisme mondain, chez le fumeur de cigares, le gourmet professionnel qui prend plaisir à manger, le joueur (recherche de sensations), le sportif de l’extrême, le sociopathe accro à la violence et à la déviance.

  • Addiction du matin et du soir (café, tabac, jeu pathologique, dépendance sexuelle, etc.)

Existe-t-il des traitements naturels pour lutter contre les dépendances toxicomanogènes ?

Oui, il existe en effet des méthodes naturelles pour accompagner ces démarches. Toutefois, ces dernières doivent impérativement être associées à un suivi psychologique, en complément ou non de traitements de substitution.

La dépendance liée à la nicotine :

⇒ Ces plantes médicinales aident notamment les fumeurs à se désintoxiquer du tabac. Elles sont en effet utilisées dans le sevrage tabagique au même titre que la varenicicline (Champix)

L’inhalation de l’huile essentielle de poivrier aiderait ainsi à se libérer de l’accoutumance au tabac ainsi qu’à réduire le besoin aigu de fumer.

Pour ses propriétés anxiolytiques, sédatives et hypnotiques, la valériane est indiquée dans la rumination anxieuse, la tension physique et l’exposition chronique au stress. Elle agit sur les terrains de dépendance (alcool, tabac, etc.). Elle aide au lâcher-prise et est un adjuvant dans l’arrêt du tabac. En outre, la valériane peut aider au sevrage des benzodiazépines et joue un rôle de relais aux psychotropes.

L’action sédative modérée et de régulation du sommeil est attribuée à la gramine contenue dans l’avoine, dont la structure moléculaire est proche de la sérotonine et de la dopamine. La présence de tryptophane favorise la synthèse de sérotonine. Cela expliquerait l’usage proposé de la teinture mère d’avoine dans le sevrage tabagique, voire dans le sevrage des opiacés.

La dépendance liée à l’alcool :

⇒ Cette plante médicinale diminue la dépendance à l’alcool. Elle provoque des troubles pénibles lors de la prise d’alcool (effet antabuse) : bouffées de chaleur, nausées, vomissements, accélération du rythme cardiaque, sensation de malaise. L’association alcool-troubles pénibles entraîne un dégoût de l’alcool chez le grand buveur, qui est ainsi amené à modifier son comportement. Cette plante est donc utilisée dans le sevrage alcoolique, au même titre que le disulfiram (Esperal).

La kudzu agit sur le métabolisme de l’alcool et dans les addictions alcooliques, par inhibition de ALDH2 et par effet antabuse, et l’extrait de kudzu ne semble pas augmenter les effets de l’alcool.

⇒ La plante médicinale suivante, quant à elle, diminue la dépendance à l’alcool en réduisant les symptômes de manque chez les grands buveurs. Utilisée pour aider à maintenir l’abstinence pendant la cure de désintoxication alcoolique, au même titre que l’acamprosate (Aotal).

En rapport avec sa richesse en 5-HTP, le griffonia est indiqué dans les troubles de l’humeur légers à modérés de type sérotoninergique, avec irritabilité, hyperréactivité nerveuse, crises colériques, agressivité, agitation anxieuse, comportement de type compulsif ou addictif (nourriture, alcool, tabac, jeux, achats excessifs, sport extrême, etc.). Cette plante médicinale est par conséquent indiquée dans les dépendances variées et les addictions.

⇒ Modulatrice du système opioïde et antagoniste des opiacés, les principes actifs de cette plante médicinale se fixent sur certains récepteurs du cerveau stimulés par les opiacés et qui jouent un rôle dans les mécanismes de dépendance. En modulant l’action de ces récepteurs, ces principes actifs aident à réduire l’envie impérieuse de boire chez les personnes dépendantes à l’alcool avec une consommation supérieure à 60g (environ 6 verres de vin) par jour pour les hommes et à 40g (environ 4 verres de vin) par jour pour les femmes, au même titre que le namelfene (Selincro).

La benzoflavone trisubstitué (fraction BZF) de la passiflore a montré des résultats significativement encourageants dans l’inversion de la tolérance et de la dépendance de plusieurs médicaments psychotropes prédisposant à la toxicomanie, notamment la morphine, la nicotine, l’éthanol (alcool), le diazépam et le delta-9-tétrahydrocannabinol (THC).

Aide au sevrage des benzodiazépines :

Non seulement la fraction BZF de passiflore ne génère pas de dépendance par elle-même, mais elle atténue la dépendance aux benzodiazépines, tel que cela a été montré in vivo.

Aide au sevrage de l’alcool :

In vivo, une étude de 2017 a montré que les groupes traités à l’alcool ont présenté une augmentation des seuils nociceptifs après le sevrage de l’alcool, qui a été inversé par Passiflora incarnata, lors de la mesure par le test de la plaque chauffante. En outre, le traitement contre l’alcoolisme a augmenté les taux de facteur neurotrophique dérivé du cerveau (BDNF) et d’interleukine-10 dans le cortex préfrontal, ce que P. incarnata n’a pas annulé. Ces résultats indiquent que la plante pourrait constituer un traitement potentiel du syndrome de sevrage alcoolique.

Quelques conseils à respecter en cas de prise de traitement de substitution dans les dépendances toxicomanogènes

  • Prendre conscience du risque d’hypersudation, nausées, constipation (boire beaucoup d’eau, alimentation riche en fibres telle que légumes verts et fruits, pomme cuite, pruneaux).
  • Évitez la consommation d’alcool qui augmente la sédation.
  • Prendre conscience du danger de prendre le traitement de substitution avec d’autres médicaments (surtout la buprénorphine et les benzodiazépines) ou de l’alcool, car il y a risque de sommeil profond pouvant aller jusqu’au coma.
  • Pas d’arrêt brutal, car risque de syndrome de sevrage pouvant apparaître après 36 heures.
  • Arrêtez impérativement toute consommation de drogues pendant le traitement de substitution, pas de mésusage ou de consommation excessive.
  • Évitez ou restez vigilant en cas de conduite de véhicule et/ou utilisation de machines.
  • Respectez le calendrier des examens cliniques et biologiques établi par le médecin (suivi du traitement par Méthadone et bilan hépatique) et contrôle urinaire régulier.
  • Soyez vigilant sur le respect des posologies et les risques de surdosage.
  • Prise en charge et suivi psychologique et social indispensable qui doit être coordonné entre les différents acteurs et accompagnateurs (médecin, psychologue, pharmacien, famille, amis).
  • Rompre l’isolement et si besoin rechercher le contact à travers un cadre associatif (culturel, social ou sportif).

 

Sources bibliographiques médicales et essais cliniques :

 

Clémentine. M.
Rédactrice d’articles scientifiques
Naturopathe – Aromathérapeute / Herboriste – Phytothérapeute
Consultante en phyto-aromathérapie Clinique et Ethnomédecine

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