Également appelé syndrome de l’intestin irritable ou colon spastique, ce syndrome se caractérise par une gêne ou une douleur abdominale récurrentes accompagnées par un soulagement par la défécation, associé à un changement de la fréquence des selles ou de la consistance des selles.
La perméabilité intestinale
Les personnes atteintes du syndrome de colon irritable (SCI) présentent une perméabilité intestinale accrue. L’hyperméabilité signifie que les cellules constitutives de la barrière intestinale ne peuvent plus retenir efficacement certains types de particules alimentaires.
Lorsque celles-ci entrent dans le tissu intestinal et la circulation sanguine, elles sont responsables du déclenchement des symptômes du SCI, soit par réponse immunitaire, soit par simple irritation et inflammation des tissus.
La supplémentation en probiotiques peut néanmoins normaliser la perméabilité intestinale chez un grand nombre de ces personnes. Après quatre semaines de traitement avec une formule probiotique contenant les souches Streptococcus thermophilus, Lactobacillus bulgaricus, L. acidophilus et Bifidobacterium longum, le pourcentage de personnes atteintes du SCI avec perméabilité intestinale peut réduire de 64 % à 28 %.
Microbiote intestinal altéré
En plus des détériorations de la barrière intestinale, les personnes atteintes du SCI présentent une altération du microbiote intestinal. Cette « dysbiose » se réfère à un déséquilibre entre les espèces bactériennes et/ou de levure dominantes habitant l’intestin. Cette situation peut être définie comme une altération qualitative, toutefois d’autres perturbations de la flore intestinale peuvent être d’ordre quantitatif, impliquant la prolifération disproportionnée de bactéries normalement présentes en plus faible quantité. Ceci décrit le cas particulier de ce qui peut se produire avec la prolifération bactérienne de l’intestin grêle (SIBO en anglais).
Alors qu’il est normal et sain pour le gros intestin d’abriter des milliards de bactéries, l’intestin grêle dans des conditions saines en contient nettement moins. Dans le cas du SIBO, le nombre de bactéries dans l’intestin grêle augmente considérablement, entraînant par conséquent des symptômes de SCI tels que des ballonnements, de la douleur et des troubles du transit intestinal. La supplémentation en probiotiques est en effet une stratégie importante pour restaurer et maintenir une flore intestinale saine.
Quelles sont les causes du syndrome du colon irritable ?
Les facteurs émotionnels, alimentaires, médicamenteux ou hormonaux peuvent effectivement favoriser ou aggraver les symptômes gastro-intestinaux. Cependant, le syndrome de l’intestin irritable résulte généralement d’une association de facteurs psychosociaux et physiologiques.
Ces facteurs comprennent :
- L’altération de la motilité intestinale
- L’augmentation de la sensibilité intestinale (hyperalgésie viscérale)
- Divers facteurs génétiques et environnementaux
Il existe toutefois une exacerbation de la perception douloureuse en présence de gaz intestinaux en quantité normale; ceci peut résulter d’un remodelage des voies neurales de l’axe cerveau-intestin. Une personne sur 7 ont l’impression que leurs symptômes ont débuté notamment après un épisode de gastro-entérite aiguë (appelé syndrome de l’intestin irritable post-infectieux).
Certaines personnes ont des troubles anxieux (en particulier attaques de panique, dépression ou somatisation). Les troubles du sommeil sont également présents. Cependant, les périodes de stress et de conflits émotionnels ne coïncident pas toujours avec le début ou la réapparition des symptômes. Certaines personnes affectées semblent exprimer leurs conflits émotionnels sous forme de symptômes gastro-intestinaux, habituellement des douleurs abdominales. Il reste donc primordial de rechercher des conflits psychologiques non résolus. Les facteurs psychosociaux retentissent également sur l’évolution du syndrome de l’intestin irritable.
Quel est le mode d’action du syndrome du colon irritable ?
La constipation peut s’expliquer par un transit colique lent et la diarrhée par un transit colique rapide. Certaines personnes souffrant de constipation ont moins de contractions intestinales propagées de grande amplitude, celles-ci propulsant le contenu colique sur plusieurs segments du côlon. Inversement, un excès d’activité motrice du sigmoïde peut retarder le transit en cas de constipation fonctionnelle.
L’inconfort abdominal postprandial peut être attribué à un réflexe gastrocolique exagéré (la réponse motrice du côlon à un repas), à la présence de contractions propagées de grande amplitude, à une hyperalgésie viscérale, ou à une association de ces facteurs. L’ingestion de graisses peut également augmenter la perméabilité intestinale et exagérer l’hypersensibilité. L’ingestion d’aliments riches en oligosaccharides fermentescibles, de disaccharides, de monosaccharides et de polyols (collectivement appelés FODMAPs) mal absorbés dans le grêle peut augmenter la motilité et les sécrétions du côlon.
Quelques conseils naturopathiques afin d’en limiter les symptômes
Automassage du ventre :
Un automassage du ventre relance la motricité du côlon et aide à la progression de ces gaz douloureux, mais aussi à la progression des selles.
L’ostéopathie pour soulager la gêne digestive :
L’ostéopathie peut soulager la colopathie fonctionnelle. Les massages viscéraux qu’elle propose permettent de soulager les troubles fonctionnels intestinaux et elle améliore les troubles biliaires.
La sophrologie pour apprivoiser les douleurs :
Cette technique de relaxation permet à ceux qui la pratiquent régulièrement de contrôler peu à peu les douleurs liées à cette pathologie chronique.
Côté alimentation :
- Bien mastiquer les aliments pour en faciliter la digestion
- Boire 1 à 1,5 litre d’eau chaque jour pour une bonne hydratation
- Privilégier une alimentation normale, évitant les aliments producteurs de gaz (pois, haricots secs, brocolis, chou, oignons, son) ou entraînant une diarrhée
- Réduire les boissons contenant de la caféine, les boissons gazeuses et l’alcool
- Diminuer la consommation d’aliments riches en FODMAPs : diminution (sans suppression) des apports en lactose (sucre présent dans le lait, les yaourts), en fructose (sucre contenu dans le miel, les pommes, poires, dattes, oranges)
En général, un régime alimentaire normal est possible. Les repas ne doivent pas être trop copieux, pris régulièrement et dans le calme. Le sujet souffrant d’une distension abdominale et des flatulences peut tirer bénéfice d’une réduction, voire d’une éviction des haricots, des choux et des autres aliments riches en glucides fermentescibles. Diminuer la prise des édulcorants (sorbitol, mannitol, fructose) ; constituants d’aliments naturels ou transformés (jus de pomme ou de raisin, bananes, noix, raisin) peut également réduire les flatulences, le ballonnement et la diarrhée.
Des suppléments de fibres alimentaires peuvent ramollir les selles et faciliter l’évacuation. Des agents de lest peuvent être utilisés (son de blé, en commençant par 1 cuillère à soupe à chaque repas, associés à une augmentation des apports liquidiens). Comme alternative, un mucilage hydrophile de psyllium avec deux verres d’eau peut être utilisé. Cependant, l’utilisation excessive de fibres peut entraîner un météorisme et une diarrhée, les doses de fibres doivent être individualisés. Les fibres alimentaires sont à consommer en quantité normale, mais bien réparties sur la journée.
Côté plantes médicinales :
Tonique et anti-inflammatoire digestive et du colon, elle agit sur les problèmes de la sphère gastrique dus au stress. Utile dans le syndrome de l’intestin irritable, les spasmes digestifs, la spasmophilie digestive, les ballonnements, l’aérogastrie et les digestions lentes.
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Psyllium :
Ces graines ont un usage efficace dans les constipations occasionnelles et dans le syndrome du colon irritable. Laxatives et détoxifiantes, elles solubilisent les toxines présentes dans l’intestin.
Cet EPS s’utilise dans les spasmes digestifs, les désordres gastro-intestinaux et le syndrome de l’intestin irritable.
La menthe est indiquée dans les colopathies, les colites spasmodiques, les spasmes digestifs et le syndrome de l’intestin irritable. Elle a un effet relaxant et antispasmodique des muscles lisses intestinaux. Pour ce faire, elle agit de fait par blocage du canal calcique ainsi que par effet vraisemblablement parasympatholytique.
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