Découvrez les secrets de l’angélique, une plante médicinale historique aux multiples vertus. Dans cet article, nous explorons l’histoire fascinante de l’angélique, utilisée depuis des siècles pour ses propriétés bénéfiques en médecine naturelle. De la lutte contre la peste au Moyen Âge à ses applications contemporaines en phytothérapie, l’angélique continue de séduire par son héritage riche et ses bienfaits sur la santé. Rejoignez-nous pour un voyage à travers le temps et la science, où tradition et recherche moderne se rencontrent pour révéler tout le potentiel de cette huile éternelle.
Quel est le parcours historique de l’angélique ?
Pendant plusieurs siècles, les apothicaires et les sorciers ont utilisé cette « herbe ». Le nom de cette plante viendrait du fait qu’elle fleurit à la Saint Michel Archange. L’angélique a trouvé de nombreuses applications en médecine traditionnelle, notamment en tant que diurétique, sudorifique et emménagogue. L’angélique, dite encore « herbe aux anges », doit son nom à ses prétendues vertus magiques et à l’odeur aromatique suave et musquée qu’elle répand. Cette ombellifère géante passait en effet pour conjurer les envoûtements et les sorciers ne résistaient pas à sa bonne odeur. Accrochée au cou des enfants, elle les protégerait en particulier des maléfices de toute nature. Mais elle pouvait également servir d’amulette aux adultes.
Quelle était son utilisation dans les temps antiques ?
On la dit évoquée par Pline le Jeune, figurée sur les pièces de l’antique Lybie et cultivée dans l’Egypte ancienne 3000 ans avant notre ère. Certains latinistes en distinguent plusieurs variétés. Le nom de l’une évoquerait plutôt la férule qui servait à fouetter les esclaves, l’autre un remède.
L’Angélique au Moyen-Âge : Remède Authentique ou Superstition Médicale ?
Les dénominations vernaculaires de l’angélique sont diverses. Les appellations telles que « Racine du Saint-Esprit, » « herbe-aux-anges, » et « herbe aux fées, » sont les plus courantes. Selon la tradition, l’archange Raphaël, dont le nom signifie « Dieu guérit, » serait à l’origine de la révélation des propriétés curatives de cette plante. Pendant le Moyen Âge, on utilisait fréquemment l’angélique pour traiter diverses affections, notamment la peste. On lui attribuait également des propriétés protectrices contre des forces surnaturelles, telles que les démons et les envoûtements. Son efficacité à repousser des dangers spécifiques comme les chiens enragés était également notée.
La légende raconte que l’Archange Raphaël apporta la racine d’angélique à Charlemagne, empereur d’Occident, pour sauver son armée malade de la peste.
Ce qui reste sûr : sa présence dans le Grand Nord ! Les Vikings l’ont-ils introduite après l’établissement de l’empire russe ? L’avaient-ils au départ ou bien l’ont-ils trouvée sur leur chemin en Russie ? d’où son autre nom « Herbe de Bohème ». Une chose est certaine, on trouve l’angélique dans les jardins des monastères d’Europe en l’an 1000.
Hildegarde de Bingen vante la puissance de l’angélique. Ses propriétés médicinales sont innombrables. Elle est tonifiante, dépurative, vulnéraire, stimule l’appareil digestif, aide à la concentration et à la relaxation avant les examens.
L’Angélique et la Peste à la Renaissance : Remède Divin ou Simple Illusion ?
Sa culture provient des pays scandinaves où elle prolifère en grand au XIIe siècle. Son utilisation culinaire apparaît au XVIIIe siècle sous forme de confiserie (angélique confite) et de liqueur. On la connaîtra plus tard sur la galette des rois, sous la forme confite. L’angélique est donc cultivée en Scandinavie depuis le XIIe siècle, et depuis le XIVe siècle en Europe centrale (dans les monastères notamment).
Au Moyen Âge, la plante était réputée pour repousser les mauvais esprits. C’est en 1602, lors de l’épidémie de peste à Niort, elle est devenue le sujet central. Pour se prémunir de la contagion, on mâche les feuilles et on s’attache des colliers de graines autour du cou. Bien sûr, on peut douter de l’efficacité de ce procédé. Cela dit, l’angélique est un puissant répulsif pour les puces.
Les médecins de la Renaissance la surnommaient « racine du Saint-Esprit », à cause de ses « grandes et diverses propriétés contre de très-graves maladies ». Paracelse (1490-1541) relate que lors des importantes épidémies de peste en 1510, cette plante a sauvé de nombreux habitants de Milan grâce à ses recommandations : la dissolution d’angélique en poudre dans du vin. Selon Olivier de Serres (1539-1619), la précieuse plante « sert à tenir la personne joyeusement ».
De même, Cazin rapporte le cas d’Annibal Camoux, mort en 1759 à l’âge de 121 ans et 3 mois. Il mâchait continuellement de la racine d’angélique
Édité en 1716, un Dictionnaire botanique et pharmaceutique à durable succès qualifie l’angélique de « stomacale, cordiale, céphalique, apéritive, sudorifique, vulnéraire. Elle résiste au venin. On l’emploie pour la peste, pour les fièvres malignes, pour la morsure du chien enragé, à laquelle on l’applique en cataplasme. On en avale un dragme contre la peste, qui chasse le venin par la sueur. » L’angélique pousse à l’état sauvage dans les régions septentrionales et en Europe centrale. De nos jours, la culture de l’angélique à des fins de confiserie et de fabrication de liqueurs se limite principalement à Niort et à la plaine de la Limagne, située au nord de Clermont-Ferrand.
Qu’en est-il aujourd’hui ?
On lui prête de multiples vertus. Les différentes parties de la plante possèdent en effet les diverses propriétés médicinales anciennement reconnues. En phytothérapie, on l’utilise principalement pour les dyspepsies, à raison d’infusions 20 g/litre de racine pendant 15min. La dose recommandée est de 250 à 500 ml par jour (soit 5 à 10 grammes par jour).
En complément de son utilisation à des fins médicinales, la plante sert également d’aromate dans l’industrie de la boulangerie, de la pâtisserie et de la confiserie. Elle fait également partie de la composition de plusieurs liqueurs universellement célébrées, comme la Bénédictine et la Chartreuse. Elle entre dans la fabrication de certains gins, vermouths et, dit-on (puisque, dans ce cas, il s’agirait d’un ingrédient secret), de certains vins de type muscat produits dans la vallée du Rhin.
On se sert également de l’huile essentielle d’angélique en parfumerie et pour la fabrication de divers produits cosmétiques : savons, shampoings, crèmes et onguents. Elle a même servi à aromatiser des cigarettes… Bien qu’elle soit de la même famille que le fenouil, l’anis, le carvi et le cerfeuil, l’angélique possède un arôme différent de celui de ses cousins, ce qui l’a rendue populaire. Elle fait encore aujourd’hui l’objet d’un commerce relativement important.
Quelles sont les caractéristiques de l’Angélique ?
L’angélique, de son nom botanique Angelica archangelica L., appartient à la famille des Apiaceae.
Quels sont ses attributs botaniques ?
L’angélique est une plante herbacée bisannuelle, d’une hauteur variant entre 1 et 2 mètres. Durant sa première année de croissance, elle apparaît comme une rosette dépourvue de tige. Sa tige est cylindrique, creuse, cannelée et de couleur rougeâtre. Ses feuilles, qui sont larges et pourvues de longs pétioles, se présentent sous forme de folioles dentées. Chaque feuille comporte un segment terminal trilobé. La face inférieure de ces feuilles est poilue, et elles deviennent progressivement plus courtes, simples et engainantes près des aisselles de la plante. L’inflorescence prend la forme d’une grande ombelle composée de fleurs jaune-vert. Le fruit est un diakène aplati et ailé, et la racine brun-noir est ramifiée, robuste et charnue. La plante dégage un arôme agréable similaire à celui du céleri.
Il en existe en France deux espèces sauvages : Angelica sylvestris, présente à peu près partout sauf sur le pourtour méditerranéen, et, sur les flancs du Canigou, la variété sauvage angélique de Razouls (Angelica razulii), où les amateurs la traquent dès le début de l’été, pour la Saint-Jean en particulier. Afin de la distinguer de la redoutable ciguë, il suffit de froisser quelques feuilles : l’angélique dégage une odeur agréable, alors que la ciguë empeste.
Quelle est sa période de récolte ?
La récolte des racines s’effectue après la phase de floraison, débutant à partir de la deuxième année de croissance, généralement en septembre. On découpe les racines en segments avant de les faire sécher. On récolte les graines dès qu’elles atteignent leur maturité, à compter de la deuxième année de croissance de la plante.
L’angélique préfère les milieux humides et se développe mieux sur des sols riches et bien drainés. La plante est prévalente en France ainsi qu’en Europe du Nord, centrale et de l’Est.
À quoi ressemble la drogue végétale utilisée ?
Les structures souterraines d’Archangelica officinalis Hoffm. se composent d’un rhizome relativement court, ayant un diamètre approximatif de celui d’un pouce. Ce rhizome montre à sa partie supérieure la base de la tige et les résidus des gaines foliaires, et à sa partie inférieure, un ensemble dense de racines brunes, flexibles et sinueuses. Ces racines mesurent environ quinze centimètres de long et varient en diamètre de 1 à 5 mm.
En coupe transversale, le rhizome révèle du centre vers l’extérieur une moelle aisément identifiable, suivie d’une région ligneuse épaisse ornée de stries radiales, et finalement d’une écorce spongieuse comportant des marques brunes distinctes. À noter que les racines ne possèdent pas de moelle. Leur région ligneuse est moins marquée que leur écorce, et les stries radiales sont plus rapprochées dans le bois par rapport au rhizome. L’écorce des racines affiche également des marques brunes visibles. La matière végétale dégage une odeur à la fois musquée et aromatique.
Comment utiliser l’huile essentielle d’Angélique ?
L’huile essentielle d’angélique est le nom commun donné à l’huile essentielle obtenue par distillation à partir des parties souterraines d’Angelica Archangelica.
Quel est son mode d’action ?
La composition de cette huile essentielle est :
- Monoterpènes (~91%) : alpha-pinène, limonène, delta-3-carène, alpha-phellandrène, béta-phellandrène, myrcène-
- Coumarines (~2%)
- Sesquiterpenols (~1%)
- Monoterpenols (~1%)
- Cétones (cryptone)
- Autres constituants biochimiques : traces esters
Ce sont ces composants qui donnent ses pouvoirs pharmacologiques à l’huile essentielle d’Angélique. Sur des cystites hemorragiques induites, l’alpha-phellandrène contenu dans l’huile essentielle d’angélique a montré une action protectrice et anti-inflammatoire sur la muqueuse vésicale de rats. Les furanocoumarines ont, quant à elles, le pouvoir d’inhiber la synthèse de la vitamine K, fluidifiant le sang. Les cétones permettent une action sympatholytique.
Quelles en sont les indications ?
Cette huile essentielle exerce un effet sur le système nerveux en agissant comme sympatholytique, inhibant ainsi l’activation du système nerveux sympathique qui, autrement, prépare l’organisme à des réponses physiologiques telles que l’augmentation du rythme cardiaque ou de la pression artérielle.
Elle stimule également l’appétit et la digestion et facilite l’élimination des gaz intestinaux. L’huile aide à modérer la coagulation sanguine en inhibant la synthèse de la vitamine K. Elle augmente ainsi la fluidité du sang et prévient de la formation de thrombus. Elle est efficace dans le traitement symptomatique de la toux. Toutefois, elle a montré une action spasmogène, ce qui rend son utilisation délicate sur certains suets. Elle permet aussi une action insecticide.
Quelles sont ses propriétés énergétiques ?
L’huile essentielle d’Angélique présente plusieurs vertus psychologiques et émotionnelles, articulées autour du concept d’enracinement et de stabilité. Elle facilite le processus de récupération et d’adaptation, en particulier après des périodes de convalescence prolongée ou des interventions chirurgicales. De plus, cette huile essentielle est efficace pour améliorer la prise de décision, spécifiquement chez les individus souvent paralysés par la peur ou l’indécision. En renforçant les racines émotionnelles, elle contribue à la stabilisation globale de l’individu, tant au niveau corporel que spirituel.
On associe également cette essence à l’amélioration de qualités telles que le courage, la volonté et la confiance en soi, tout en favorisant une ouverture émotionnelle. Par ailleurs, elle modère les comportements autoritaires, souvent caractéristiques des personnes qui ressentent le besoin de tout contrôler. De plus, elle peut être utile pour les individus perfectionnistes qui, souvent par manque de confiance en eux, cherchent à atteindre des standards irréalistes.
Quelle posologie choisir ?
- Par voie orale, utile pour aider à la digestion, à raison d’1 à 2 gouttes diluées sur un support. L’angélique sollicitant fortement les reins à hautes doses, il est important de respecter ces doses.
- Pour une application cutanée, notamment en cas de spasmes ou inconfort digestif, un massage abdominal avec de l’huile essentielle d’Angélique est recommandé. Cependant, en raison de son potentiel irritant cutané, il est impératif de la diluer dans une huile végétale à hauteur de 20% d’huile essentielle pour 80% d’huile végétale. Il convient de noter que l’application cutanée de cette huile essentielle comporte un risque de photosensibilisation. Par conséquent, il est impératif d’éviter toute exposition solaire après son utilisation. Pour les personnes agitées et nerveuses, instables et mal enracinées, appliquer régulièrement une goutte d’huile essentielle au niveau des voûtes plantaires.
- En inhalation olfactive, cette huile essentielle peut servir dans le cadre d’un accompagnement au sevrage alcoolique. Pour une diffusion sécurisée, nous vous recommandons de diluer cette huile à une concentration de 15 % dans un mélange avec d’autres huiles essentielles. Les femmes enceintes, les enfants et les nourrissons tolèrent généralement bien la diffusion atmosphérique de cette huile, à condition de respecter scrupuleusement les règles de diffusion. Toutefois, il est impératif d’éviter toute diffusion en présence d’individus atteints d’asthme.
Pour rappel : La diffusion atmosphérique de cette huile essentielle est limitée à une période de 10 à 15 minutes, suivie d’une aération minimale de la pièce pendant au moins 30 minutes. Il est fortement déconseillé de diffuser cette huile essentielle dans l’environnement d’un enfant ou d’un nourrisson pendant leur phase de sommeil. De plus, la diffusion ne doit pas avoir lieu en présence d’animaux domestiques, à moins qu’ils ne puissent se retirer dans un espace séparé.
Quelles sont les contre-indications ?
L’huile essentielle d’angélique présente plusieurs restrictions d’usage. Elle est contre-indiquée pour les individus souffrant de problèmes rénaux et pour ceux sous médication anticoagulante, antiagrégante plaquettaire ou aspirine. Les personnes atteintes d’hémophilie devraient également éviter son utilisation. Étant photosensibilisante en raison de la présence de coumarines, une exposition solaire est à éviter pendant les 12 heures suivant l’application cutanée. Pour cette dernière, une dilution maximale de 0.8% dans une huile végétale est recommandée, soit 8 gouttes pour 50 ml.
Son emploi est également déconseillé chez les femmes enceintes, les diabétiques et les personnes atteintes d’hémophilie. Une consultation avec un professionnel de la santé est recommandée avant un usage prolongé. Par ailleurs, la substance peut s’oxyder en présence de delta-3-carène et d’alpha-pinène, donc un stockage au réfrigérateur post-ouverture est conseillé. En outre, il y a des risques à l’usage de cette huile en grande quantité. Il est impératif de la tenir éloignée des enfants, des femmes enceintes ou allaitantes et des personnes sensibles, notamment les épileptiques et les allergiques. Le contact avec les yeux est à proscrire. Une dilution significative dans une huile végétale est requise pour toute application cutanée.
Que dit l’EMA sur les coumarines de l’angélique ?
Les furocoumarines les plus couramment identifiées dans le règne végétal sont de type linéaire. Ils incluent notamment le psoralène, le 8-méthoxypsoralène (également appelé 8MOP ou xanthotoxine) et le 5-méthoxypsoralène (connu sous les noms 5-MOP ou bergaptène). En ce qui concerne les furocoumarines de structure angulaire, elles englobent l’angelicine (ou isopsoralène) ainsi que ses composés dérivés. Il convient de noter que l’on peut détecter l’ensemble de ces molécules dans les formulations à base d’Angelica archangelica.
Les furocoumarines linéaires, notamment le 8-méthoxypsoralène (8-MOP) et le 5-méthoxypsoralène (5-MOP), exhibent une toxicité accrue sous exposition aux rayons ultraviolets. Ces molécules induisent des réactions cutanées immédiates telles que des démangeaisons, des changements de pigmentation et l’apparition d’érythème.
Selon le groupe de travail de l’IARC3, le 8-MOP est carcinogène pour l’humain quand combiné à des UV. Des expériences montrent également que le 5-MOP est probablement carcinogène pour l’humain et définiment pour les animaux en présence d’UV. Pour l’angelicine et ses dérivés, les données sont limitées. En absence d’UV, les psoralènes sont faiblement mutagènes et l’angelicine est plus faiblement génotoxique que les méthoxypsoralènes.
Après étude de plusieurs données, le HMPC a conclu que Angelica archangelica L. renferme divers composants, notamment des furocoumarines, associées à des risques sanitaires. Ces molécules, souvent photogénotoxiques et photocarcinogènes, posent des questions en matière de sécurité humaine. Les sources d’exposition incluent à la fois l’alimentation et les produits à base de plantes. Toute évaluation du risque doit prendre en considération l’exposition alimentaire actuelle et l’impact potentiel additionnel des produits médicinaux à base de plantes. Les données actuelles suggèrent qu’une exposition quotidienne moyenne à environ 1,5 mg de furocoumarines est sans risque notable. Cependant, des pics d’exposition alimentaire allant jusqu’à 14-15 mg approchent des limites phototoxiques et nécessitent une surveillance. Les autorités réglementaires de l’UE et d’autres instances n’ont pas établi de limite officielle pour l’exposition aux furocoumarines par le biais de l’alimentation.
Références:
https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/24788027/