Quels sont les bienfaits de la Renouée du Japon ?

La Renouée du Japon, scientifiquement connue sous le nom de Fallopia japonica, est une plante qui suscite de plus en plus l’intérêt en raison de ses potentiels bienfaits pour la santé. Originaire d’Asie, cette plante a été traditionnellement utilisée dans la médecine alternative, mais son efficacité est aujourd’hui étudiée plus en profondeur. Dans cet article, nous allons examiner les bienfaits de la Renouée du Japon, en nous appuyant sur des preuves scientifiques solides.

Qu’est ce que la Renouée du Japon ?

La renouée du Japon (Reynoutria japonica) est une plante exotique envahissante originaire de l’Asie de l’Est. La renouée du Japon, importée en Angleterre entre 1825 et 1848, se retrouve aujourd’hui dans 40 pays. Elle figure parmi les plantes les plus répandues en Europe, perturbant les écosystèmes et favorisant l’érosion des sols.

Cette plante herbacée vivace à croissance rapide se retrouve souvent sur des terrains résidentiels comme plante ornementale. Elle colonise divers types de sols et préfère les endroits ouverts tels que les rives, les bords de routes et de voies ferrées, les friches et les jardins. En formant des colonies denses, elle empêche la croissance d’autres espèces végétales, réduisant ainsi la diversité des espèces. La renouée du Japon favorise également l’érosion des rives, modifie la composition chimique du sol et la diversité des microorganismes, et limite l’accès aux rives. Ses racines et tiges peuvent s’infiltrer dans les fissures des infrastructures.

La renouée du Japon possède un réseau de rhizomes charnus contenant des réserves nutritives. Ces rhizomes, ligneux, brun foncé à l’extérieur et orange à l’intérieur, peuvent croître jusqu’à 2-3 mètres de profondeur et s’étendre jusqu’à 7 mètres du plant d’origine.

La plante se compose de plusieurs tiges vertes à rougeâtres, parfois tachetées de pourpre, lisses, creuses, ressemblant à du bambou. Les feuilles, ovales à triangulaires, mesurent de 7 à 15 cm de long et de 5 à 12 cm de large, avec une base tronquée et une extrémité pointue. Elles sont placées en alternance sur les tiges.

Les petites fleurs blanc crème, réunies en grappes, apparaissent en août et septembre et forment des fruits blancs. La plante se propage principalement de façon végétative par fragments de rhizomes ou de tiges. Divers vecteurs participent à la dispersion, comme l’eau, la glace, la machinerie souillée et les travaux d’excavation.

Quelle est sa composition chimique ?

La renouée du Japon est la plante la plus riche en resvératrol. Cette molécule est aussi présente dans le vin rouge. Depuis les années 1990, elle suscite un grand intérêt chez les biologistes et les revendeurs de compléments alimentaires. Selon Bae et Pyee (2004), les rhizomes contiennent environ 197 μg/g MS de resvératrol. Les tiges en contiennent seulement 9 μg/g, et les feuilles n’en contiennent aucune trace. On a isolé une trentaine de constituants dans les rhizomes. Ces constituants se regroupent en cinq classes principales : anthraquinones, stilbènes, flavonoïdes, lignanes et composés phénoliques.

Les anthraquinones, aux doses thérapeutiques habituelles, agissent comme laxatifs stimulants. L’émodol, un composé anthraquinonique, possède également des propriétés œstrogéniques. Les flavonoïdes incluent de puissants antioxydants. Les stilbènes, comprenant le resvératrol et ses dérivés, présentent des propriétés pharmacologiques prometteuses. Le resvératrol est présent en quantités suffisantes pour permettre une extraction industrielle.

Les constituants des racines de Polygonum cuspidatum varient selon les conditions de culture, le séchage et le stockage. Zhang et al. (2004) rapportent une teneur en resvératrol de 6 à 29 μg/g MS. Zhao et al. (2005) trouvent jusqu’à 1 810 μg/g MS par HPTLC.

Dans son pays d’origine, la renouée du Japon n’est pas invasive et ne cause pas de dommages aux milieux naturels. Dans les régions où elle est introduite, elle devient envahissante et nuisible. Les recherches sur les constituants de P. cuspidatum se concentrent principalement sur les parties souterraines. Celles-ci sont largement utilisées en médecines traditionnelles asiatiques. Des études existent aussi sur la phytochimie des parties aériennes.

Quelles sont ses propriétés ?

Le rhizome séché et les jeunes feuilles de la renouée du Japon sont inscrits à la pharmacopée chinoise (1999). En Chine, on la connaît sous le nom de huzhang (虎杖 ; pinyin : Hǔzhàng). Le rhizome est utilisé comme analgésique, antipyrétique, diurétique et expectorant. Il traite la bronchite chronique, l’hépatite, la diarrhée et le cancer. Il est également efficace contre l’hypertension, l’athérosclérose, la leucorrhée, les brûlures et les morsures de serpent. La renouée, reconnue pour ses vertus thérapeutiques, figure dans la pharmacopée de la médecine traditionnelle chinoise. Elle constitue également une source majeure de resvératrol, un antioxydant aux effets potentiels sur le ralentissement du vieillissement cellulaire. Des centaines d’études cliniques annuelles explorent ses autres propriétés.

Effets anti-inflammatoires

Les recherches ont révélé que la Renouée du Japon possède des propriétés anti-inflammatoires marquées, principalement attribuées à des composés spécifiques tels que la quercétine. La quercétine est un flavonoïde naturellement présent dans de nombreuses plantes, y compris la Renouée du Japon. Cette substance bioactive a démontré sa capacité à inhiber les voies inflammatoires dans le corps, en réduisant la production de médiateurs pro-inflammatoires.

Plusieurs études in vitro et sur des modèles animaux ont mis en évidence ces effets anti-inflammatoires. En inhibant les voies inflammatoires, la quercétine et d’autres composés de la Renouée du Japon peuvent contribuer à atténuer les réponses inflammatoires excessives qui sont souvent associées à des maladies chroniques telles que l’arthrite, les maladies cardiovasculaires et les troubles auto-immuns.

Récemment, BRALLEY et al. (4) ont évalué, in vivo, un extrait éthanolique de racines de P. cuspidatum. Ils ont mesuré sa capacité à bloquer l’inflammation de l’oreille de souris provoquée par le TPA (Acétate de tétradécanoyl phorbol). Cette inflammation est caractérisée par un œdème et une infiltration de polynucléaires neutrophiles. L’étude a comparé l’efficacité de l’extrait total avec le resvératrol purifié et l’indométhacine lors d’une application locale.

Les résultats montrent que 2,5 mg d’extrait de P. cuspidatum réduisent l’œdème et l’infiltration de leucocytes de 73 %, contre 45 % pour 0,5 mg d’indométhacine. Le trans-resvératrol seul présente également une activité anti-inflammatoire, diminuant significativement le taux plasmatique de prostaglandine D2 et l’expression des COX-2. Cependant, l’extrait de P. cuspidatum s’avère plus efficace que le resvératrol seul.

BRALLEY et al. suggèrent une synergie d’action entre le resvératrol, la quercétine et l’émodine pour expliquer cette efficacité supérieure. Cette étude démontre l’activité anti-inflammatoire des racines de P. cuspidatum en application locale, indiquant la nécessité de recherches complémentaires pour vérifier une possible activité lors d’une administration par voie orale ou parentérale.

Soutien cardiovasculaire

Les premières investigations suggèrent un rôle positif de la Renouée du Japon pour la santé cardiovasculaire. Certaines études montrent que ses composés réduisent le cholestérol sanguin. Ils abaissent également la pression artérielle. De plus, ils améliorent la fonction endothéliale.

Les composés de la Renouée du Japon peuvent inhiber l’absorption du cholestérol au niveau intestinal. Ils modulent également le métabolisme des lipides. Certains composés favorisent la relaxation des vaisseaux sanguins. Cela contribue à abaisser la pression artérielle et à améliorer la circulation sanguine.

Des composés spécifiques stimulent la production d’oxyde nitrique. Cette molécule dilate les vaisseaux sanguins et régule la pression artérielle. En soutenant la fonction endothéliale, la plante maintient la santé vasculaire. Elle aide à prévenir les troubles comme l’athérosclérose.

Les stilbènes extraits des racines de P. cuspidatum montrent une activité sur le métabolisme lipidique. En 1982, ARICHI et al. ont étudié les effets du resvératrol et de la polydatine sur les lipides sanguins et le foie de rats. Ils ont observé une diminution des lipides sanguins et du risque athérogène, avec une augmentation du cholestérol HDL et une diminution du cholestérol LDL.

Le resvératrol inhibe partiellement l’accumulation de cholestérol total et de triglycérides au niveau du foie. La polydatine, administrée par voie orale, réduit la lipogenèse et module le métabolisme lipidique. Elle inhibe l’absorption des lipides et accélère leur utilisation par les muscles. La polydatine diminue les taux de LDL-cholestérol et de triglycérides dans le sérum. Elle réduit aussi leur accumulation dans le foie, sans modifier le poids des animaux.

En 2004, PARK et al. ont montré que l’extrait aqueux de racines de P. cuspidatum réduit l’estérification du cholestérol. Cette inhibition se fait en agissant sur l’acyl-CoA cholestérol transférase (ACAT). Cette action diminue le stockage de cholestérol, notamment au niveau hépatique. Le resvératrol isolé contribue également à cette inhibition de manière dose-dépendante.

Soutien du foie

KIMURA et al. ont étudié l’effet hépato-protecteur des stilbènes de P. cuspidatum. Ils ont démontré une inhibition de la hausse des transaminases avec une alimentation riche en lipides peroxydés. Ils ont mesuré le taux de transaminases sanguines chez des rats nourris pendant 15 jours avec cette alimentation. Certains rats ont également reçu de la polydatine par voie orale. Cette administration a permis de diminuer significativement le taux de transaminases.

Pour comprendre le mécanisme d’action, KIMURA et al. ont mesuré in vitro la peroxydation lipidique. Ils ont utilisé des microsomes hépatiques de rat. L’induction s’est faite par ADP et NADPH, en présence de polydatine et de resvératrol. À 5×10⁻⁴ M, le resvératrol et la polydatine inhibent totalement la peroxydation lipidique. Les stilbènes pourraient inhiber la production de peroxydes lipidiques chez les rats nourris avec des graisses peroxydées. Ils pourraient également inhiber l’action inflammatoire des peroxydes lipidiques sur les cellules hépatiques.

Ces études montrent que les propriétés hypolipémiantes du resvératrol et de son glucoside ont été démontrées in vitro et in vivo. Cependant, des recherches supplémentaires sur les extraits de plantes, et non sur les molécules isolées, sont nécessaires. Des essais cliniques sont également requis pour confirmer ces propriétés. Cela permettrait d’utiliser P. cuspidatum comme cardio-protecteur en Europe.

De plus, le resvératrol synthétisé a montré une activité antidiabétique lors d’études in vitro. Il augmente la consommation de glucose et la sensibilité à l’insuline. Pour attribuer à la renouée du Japon des propriétés antidiabétiques, des essais sur des extraits de plantes sont nécessaires.

Effets antidiabétiques potentiels

Des études menées sur des modèles animaux suggèrent que la Renouée du Japon pourrait avoir des effets bénéfiques pour les personnes atteintes de diabète. Les extraits de la plante pourraient influencer positivement la glycémie en améliorant la sensibilité à l’insuline. Ces effets pourraient être attribués à des mécanismes complexes qui impliquent la régulation de l’absorption du glucose au niveau cellulaire.

Cependant, il est important de noter que ces résultats prometteurs nécessitent des investigations plus approfondies pour être validés chez l’homme. Des études cliniques rigoureuses sont nécessaires pour évaluer l’efficacité et la sécurité de la Renouée du Japon en tant qu’approche complémentaire dans la gestion du diabète.

Activité oestrogénique

L’utilisation traditionnelle des rhizomes de P. cuspidatum pour traiter la ménopause a attiré l’attention des chercheurs. En 2001, MASTUDA et al. ont étudié cette propriété in vitro. Ils ont démontré l’activité œstrogénique d’un extrait méthanolique de racines de P. cuspidatum. Ils ont utilisé des cellules tumorales mammaires MCF-7, qui prolifèrent sous l’influence des œstrogènes. Avec 30 µg/ml d’extrait, la prolifération atteint 170 %, et 276 % avec 100 µg/ml. Ils ont identifié que l’activité œstrogénique provient de l’émodine et de l’émodine-8-O-β-D-glucopyranoside. Les groupes hydroxyles libres en positions 2 et 6 sont responsables de cette activité.

En 2005, ZHANG et al. ont testé des extraits éthanoliques de 32 plantes de médecine traditionnelle chinoise, utilisant des levures génétiquement modifiées pour mesurer l’activité œstrogénique. L’extrait de P. cuspidatum a montré le plus grand potentiel œstrogénique relatif, bien qu’il soit 100 000 fois inférieur à celui du 17 β-oestradiol.

En 2006, ZHANG et son équipe ont étudié l’activité de 7 fractions différentes de l’extrait éthanolique de racines de P. cuspidatum sur les mêmes souches de levure. Les fractions 1 et 6 se sont révélées les plus actives, confirmant que l’émodine et l’émodine-8-O-β-D-glucopyranoside ont la plus forte activité œstrogénique. La concentration nécessaire à 50 % d’efficacité (EC50) pour l’émodine est de 10⁻⁵ g/L, comparée à 10⁻⁷ g/L pour le 17-β-oestradiol.

Ces études montrent une activité œstrogénique potentielle de P. cuspidatum, mais ne suffisent pas à démontrer son efficacité pour traiter les symptômes de la ménopause. L’AFSSA et l’AFSSAPS demandent des tests in vivo pour valider l’utilisation de cette plante comme source de phyto-œstrogènes. Jusqu’à présent, P. cuspidatum n’a pas été retenu comme traitement. Des études in vivo supplémentaires sont nécessaires pour compléter ces résultats.

Activité antimicrobienne

Des études in vitro ont révélé que la Renouée du Japon pourrait offrir une activité antimicrobienne contre certaines souches bactériennes et fongiques. Ces découvertes suggèrent un potentiel pour l’utilisation de la plante dans le développement de traitements naturels contre les infections. Les composés bioactifs de la plante peuvent perturber la croissance des micro-organismes pathogènes. Cela offre des alternatives aux antibiotiques conventionnels.

En 2006, SONG et al. ont étudié un extrait méthanolique de rhizomes séchés de P. cuspidatum. Ils ont testé 20 souches bactériennes, notamment Streptococcus mutans et Streptococcus sobrinus. Ils ont mesuré la concentration minimale inhibitrice (MIC) et la concentration minimale bactéricide (MBC). Les MIC variaient entre 0,5 et 4 mg/ml selon les souches. Les bactéries Gram- sont plus sensibles que les Gram+. L’extrait méthanolique, notamment la fraction contenant des anthraquinones, des terpènes et d’autres composés phénoliques, montre une activité antibactérienne significative.

En 2007, SHAN et al. ont étudié les propriétés antibactériennes des racines de P. cuspidatum sur des bactéries alimentaires courantes : B. cereus, L. monocytogenes, S. aureus, E. coli, et Salmonella anatum. Les extraits méthanoliques, comprenant la polydatine (piceide), le resvératrol, l’émodine et le physcione, présentent une activité antibactérienne variable selon les souches. Les bactéries Gram+ sont généralement plus sensibles que les Gram-. L’activité semble liée à la structure des composants, notamment la présence de groupes hydroxyles.

En 2005, CHANG et al. ont testé l’activité antivirale des extraits éthanoliques et aqueux de racine de P. cuspidatum sur des hépatocytes humains infectés par le virus de l’hépatite B (HBV). Les extraits inhibent significativement la production d’ADN du HBV de manière dose-dépendante. Les extraits éthanoliques montrent des propriétés inhibitrices du HBV plus marquées. P. cuspidatum contient des composants actifs solubles dans l’eau et l’éthanol, chacun ayant des effets distincts sur la régulation de la réplication virale.

Propriétés antioxydantes

La Renouée du Japon se distingue par sa richesse en composés antioxydants, notamment les flavonoïdes et les polyphénols. Ces puissants agents antioxydants agissent en tant que défenseurs actifs contre les radicaux libres dans le corps. Les radicaux libres, produits en raison de processus métaboliques naturels et de facteurs environnementaux, peuvent entraîner des dommages cellulaires et des déséquilibres dans l’organisme. Les flavonoïdes et les polyphénols de la Renouée du Japon agissent en neutralisant ces radicaux libres, contribuant ainsi à réduire le stress oxydatif.

Le stress oxydatif est lié à de nombreux problèmes de santé, notamment le vieillissement prématuré, les maladies cardiovasculaires, et même certains types de cancer. En consommant des extraits de Renouée du Japon riches en antioxydants, il est possible de renforcer les défenses du corps contre ces risques potentiels. Cela peut également aider à prévenir le vieillissement cellulaire prématuré en maintenant l’intégrité des cellules et des tissus.

En 2007, HSU et al. ainsi que PAN et al. ont étudié, in vitro, l’antioxydant d’un extrait éthanolique de racines de P. cuspidatum. Ils ont mesuré la CI50 en présence de DPPH (1,1-Diphenyl-2-picrylhydrazyl). Ils ont évalué la capacité de l’extrait à piéger l’anion superoxyde et le radical hydroxyle. Ces chercheurs ont testé son inhibition de la peroxydation lipidique. Ils ont également testé sa protection de l’ADN.

L’extrait éthanolique de P. cuspidatum a montré une capacité antioxydante notable, notamment pour l’inhibition de la peroxydation lipidique. De plus, 500 µg/ml d’extrait inhibe 80 % de la peroxydation lipidique, comparé à 70 % pour 500 µg/ml de resvératrol seul, indiquant que d’autres composants phénoliques contribuent à cette activité.

PAN et al. recommandent l’utilisation de P. cuspidatum comme antioxydant dans l’huile d’arachide, avec une CI50 de 0,03 mg/ml pour protéger l’huile de la peroxydation lipidique, montrant un effet dose-dépendant. Le resvératrol seul possède ces propriétés mais avec une efficacité moindre, prouvant que P. cuspidatum contient d’autres antioxydants.

Les tiges et les feuilles de P. cuspidatum montrent également une activité antioxydante, attribuée à leur teneur en flavonoïdes et composés phénoliques (hors resvératrol).

Effets sur la peau

La Renouée du Japon trouve également des applications dans le domaine des soins de la peau. Certains produits topiques contenant des extraits de cette plante sont commercialisés pour leurs propriétés apaisantes et anti-inflammatoires sur la peau. Ces propriétés pourraient être attribuées à la présence de composés qui modulent les processus inflammatoires cutanés et qui favorisent la régénération cellulaire.

La tyrosinase est une enzyme clé du métabolisme de la mélanine par les mélanocytes. Les inhibiteurs de cette enzyme peuvent traiter les problèmes d’hyperpigmentation en dermatologie. En 2008, LEU et al. ont étudié l’activité anti-tyrosinase des anthraquinones (physcione, émodine, citreoroseine, anthraglycoside B) et des stilbènes (resvératrol, polydatine) extraits par éthanol de P. cuspidatum, ainsi que leur capacité de pénétration cutanée.

Ils ont évalué in vitro l’activité de ces composés sur des tyrosinases de champignons, comparant le potentiel inhibiteur des anthraquinones à celui de l’acide kojique, l’agent blanchissant de référence. Les stilbènes n’ont montré aucune activité. La physcione a présenté l’activité inhibitrice la plus significative (70 %) comparable à celle de l’acide kojique à même concentration (10 µM).

Pour une utilisation topique, les chercheurs ont mesuré la capacité des anthraquinones à traverser la peau de porc. La physcione, bien que plus lipophile, a montré un flux transdermique plus important lorsqu’elle est saturée en solution d’éthanol, comparée à l’émodine, plus soluble dans l’éthanol.

Ces résultats indiquent que la physcione possède un potentiel de libération transdermique supérieur. Les travaux nécessitent des compléments, notamment pour vérifier l’efficacité des anthraquinones sur les tyrosinases humaines et s’assurer de leur innocuité cutanée, en raison de leurs propriétés anti-tumorales.

Anti-allergique

En 2007, des chercheurs coréens ont étudié l’activité anti-allergique d’un extrait éthanolique de racines de P. cuspidatum. Ils ont réalisé plusieurs tests in vitro sur deux types de cellules mastocytaires : RBL-2H3 (rat) et BMMCs (souris). Lors de la stimulation par des antigènes déclenchés par des IgE, P. cuspidatum inhibe la dégranulation des mastocytes. Cette inhibition se fait de manière dose-dépendante, avec une CI50 de 62 µg/ml pour les RBL-2H3 et 46 µg/ml pour les BMMCs. Cette inhibition est réversible après lavage des cellules.

L’extrait inhibe également l’expression induite par les antigènes de l’ARNm des TNF-α et IL-4. À 100 µg/ml, il présente le même potentiel inhibiteur que 20 µg/ml de PP2, un inhibiteur des kinases Src. LIM et al. ont montré que cette activité inhibitrice découle de l’inhibition des kinases MAP, Syk, LAT, SLP-76, et Gab2. Ces kinases sont impliquées dans l’hypersensibilité de type I.

LIM et al. ont aussi mesuré in vivo l’effet anti-allergique de P. cuspidatum chez des souris. Ils ont induit une réaction allergique cutanée locale. L’extrait administré oralement une heure avant l’injection intradermique d’antigène et d’IgE a montré une action dose-dépendante. Cette action est comparable à celle de la diphenhydramine, un antihistaminique classique.

Ces résultats suggèrent que l’inhibition de la dégranulation des mastocytes par P. cuspidatum est due à son effet sur la kinase Syk. P. cuspidatum présente donc un potentiel pour traiter les allergies chroniques ou aiguës induites par les IgE. Cependant, les composants chimiques actifs restent à identifier.

Propriétés neuroprotectrices

En 2006, CHENG et al. ont étudié l’effet de la polydatine sur les infarctus cérébraux chez le rat. Ils ont provoqué une ischémie cérébrale in vivo, puis injecté de la polydatine aux rats (7,5 mg, 15 mg, 30 mg/kg). Vingt-quatre heures après la reperfusion, ils ont analysé les cerveaux des rats. Ils ont établi un score de déficit neurologique basé sur la mobilité et l’état de conscience des rats.

Les résultats montrent que la polydatine réduit le déficit neurologique de manière dose-dépendante. À 15 mg/kg, la polydatine réduit significativement le déficit neurologique et le volume cérébral touché par l’infarctus, en inhibant les molécules d’adhésion responsables des lésions tissulaires post-ischémie. Ainsi, la polydatine possède un effet protecteur contre les dégâts d’ischémie-reperfusion cérébrale.

En 2007, WANG et al. ont étudié l’émodine-8-O-β-D-glucoside, une anthraquinone extraite de P. cuspidatum. Ils ont mesuré le déficit neurologique et l’aire cérébrale touchée par l’infarctus, ainsi que l’activité de la superoxyde dismutase (SOD), la capacité antioxydante totale et la peroxydation lipidique. Ils ont constaté que l’émodine-8-O-β-D-glucoside augmente l’activité antioxydante et la SOD, et diminue la peroxydation lipidique. Cette anthraquinone traverse la barrière hémato-encéphalique et montre un effet neuroprotecteur en augmentant l’activité mitochondriale et en réduisant la neurotoxicité induite par le glutamate.

Ces études révèlent le potentiel neuroprotecteur de P. cuspidatum. La polydatine et l’émodine-8-O-β-D-glucoside pourraient être utilisées pour prévenir les dommages cérébraux causés par une ischémie-reperfusion. Des études complémentaires sont nécessaires pour élucider leurs mécanismes d’action et leurs effets chez l’homme.

Comment l’utiliser ?

Différentes propriétés sont revendiquées pour P. cuspidatum et les utilisations varient selon les régions, principalement les racines et rhizomes de la plante.

La Pharmacopée Chinoise inscrit P. cuspidatum sous le nom de « Rhizoma et Radix Polygoni Cuspidati ». Après nettoyage, découpe en fines tranches et séchage des racines, on les utilise pour soulager les douleurs articulaires, traiter la jaunisse, les problèmes d’aménorrhée et la toux avec expectoration. Les recommandations de dosage préconisent 9 à 15 g de racines séchées quotidiennement. On applique également P. cuspidatum localement sous forme de décoction ou de crème pour traiter les brûlures et les blessures.Les traités de médecine asiatique l’utilisent pour diverses inflammations, dermatites, hyperlipidémie et affections hépatiques.

Au Japon, connu sous le nom d’Itadori-Kon, on utilise P. cuspidatum pour préparer une infusion appelée « Itadori tea », recommandée comme source de resvératrol non alcoolisée. En Corée, on emploie couramment les rhizomes de P. cuspidatum pour maintenir l’hygiène buccale et dentaire. Aujourd’hui, on intègre les rhizomes de P. cuspidatum dans des compléments alimentaires, des crèmes et des onguents cosmétiques.

P. cuspidatum est présent dans des huiles et crèmes pour traiter les brûlures, en activant le renouvellement cellulaire et diminuant la douleur. Il est également utilisé comme agent blanchissant pour la peau, et dans le traitement des dermatites atopiques. Pour le cuir chevelu, il est mélangé à d’autres plantes pour lutter contre les cheveux blancs et l’alopécie.

En Asie, on utilise P. cuspidatum dans des potions pour traiter l’hépatite B et détoxifier le foie. Les compléments alimentaires exploitent P. cuspidatum comme source de resvératrol pour protéger le système cardiovasculaire. Un mélange d’herbes contenant 10% de P. cuspidatum traite la toux, l’asthme et la bronchite chronique.

En Corée, on administre les racines de P. cuspidatum par voie orale ou cutanée pour traiter les allergies. On emploie P. cuspidatum pour soulager les douleurs générales et arthritiques, combattre les fièvres infectieuses et bénéficier de ses propriétés antibactériennes.

Quelles sont les précautions d’utilisation ?

Bien que la Renouée du Japon présente des perspectives prometteuses en matière de bienfaits pour la santé, il est important de noter que la plupart des recherches sont encore préliminaires. Il faut également prendre en compte la sécurité et les éventuelles interactions médicamenteuses. Avant de commencer tout traitement à base de plantes, consultez un professionnel de la santé.

Bien que la renouée du Japon serve de plante médicinale et alimentaire en Asie, éviter les mêmes usages en France après une cueillette. Elle pousse souvent sur des sols artificiels contenant des polluants tels que herbicides, pesticides et métaux lourds. Parmi ces substances, les rhizomes les concentrent en priorité, suivis des feuilles et des jeunes pousses. Cela empêche de déguster les pousses tendres, crues ou cuites, comme au Japon, où une cuisson à la vapeur les rend similaires aux turions d’asperge.

On déconseille les prises régulières de resvératrol ou de renouée du Japon par voie interne en cas d’hypothyroïdie, car le resvératrol seul peut entraver le bon fonctionnement du système immunitaire. Les femmes enceintes, les femmes allaitantes, et les enfants de moins de douze ans doivent également éviter ce traitement. Pour les autres, il est crucial de surveiller les usages prolongés et les doses trop élevées.

Cette prudence est regrettable car elle nous prive des bienfaits culinaires et médicinaux de la renouée du Japon, largement exploités en Asie. En France, les préoccupations environnementales et de santé publique justifient ces restrictions pour éviter l’ingestion de contaminants potentiels.

Renouée et écologie

Philipp Franz von Siebold réintroduisit la renouée du Japon, une plante exotique envahissante originaire d’Asie de l’Est, en Europe au XIXe siècle. D’abord cultivée comme plante ornementale, mellifère et fourragère, cette plante se distingue par la beauté de son feuillage et de ses inflorescences. En France, sa première apparition date de 1939.

Aujourd’hui, la renouée du Japon s’est naturalise dans de nombreux pays européens, où elle pose de graves problèmes écologiques. Elle colonise les terrains remaniés, les axes routiers, les voies ferrées et les cours d’eau. Les activités humaines, notamment le déplacement de terres contaminées par des rhizomes et les crues, favorisent sa dispersion. En Belgique et en Grande-Bretagne, des lois imposent son éradication et interdisent sa plantation. En France, une loi contre les espèces invasives ne s’applique pas encore à cette plante.

La renouée du Japon génère de nombreux impacts écologiques et économiques :

  • Biodiversité : Elle détruit la biodiversité en occupant rapidement l’espace disponible, créant de l’ombrage et libérant des toxines qui ralentissent la croissance des autres végétaux.
  • Bâtiments : Ses racines robustes peuvent s’infiltrer à travers le béton, endommageant les fondations des maisons et le pavage des entrées.
  • Coûts supplémentaires : Les frais de coupe de cette plante sont élevés, et ses tiges séchées peuvent obstruer les ponceaux, limitant la circulation de l’eau.
  • Sécurité : En bordure de cours d’eau, elle fragilise les berges, augmentant les risques d’effondrement et d’embâcles. Le long des routes, elle entrave la visibilité, cachant la signalétique et limitant l’accès aux accotements.
  • Nuisances d’usage : Elle peut bloquer l’accès aux cours d’eau, nuisant aux activités de loisirs et à l’entretien des ouvrages d’art. En créant des milieux monospécifiques, elle banalise les paysages.

En Amérique du Nord, elle a été introduite sur les côtes est et ouest des États-Unis, atteignant la forêt boréale canadienne. Partout où elle s’installe, elle supprime la croissance d’autres végétaux, menaçant l’équilibre des écosystèmes locaux.

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