Les troubles du comportement alimentaire (TCA) sont des pathologies de plus en plus fréquentes, notamment parmi les adolescents et les adultes jeunes. Les trois formes syndromiques principales (anorexie mentale, boulimie, hyperphagie) concernent au total près de 10 % de la population. Les données sont plus limitées concernant les autres TCA atypiques, mais la prévalence totale des TCA peut atteindre près de 20 % de la population.
L’anorexie mentale :
Ce trouble du comportement alimentaire entraîne une diminution importante de l’appétit, observée essentiellement chez les jeunes filles et les femmes de 15 à 25 ans. L’anorexie peut révéler un grand nombre de maladies, allant de la simple fatigue au cancer gastrique, en passant par l’hépatite virale ou encore la tuberculose, etc. L’anorexie mentale (AM) est le syndrome caractérisé par la restriction progressive de l’alimentation, inconsciemment volontaire, aboutissant à une perte totale de l’appétit.
Dans l’anorexie mentale, on parle souvent de la triade des 3 A : Anorexie, Amaigrissement, Aménorrhée (disparition des règles). Les conséquences peuvent être graves, avec des séquelles persistantes telles que l’ostéoporose, l’hypercholestérolémie, la bradycardie et l’hypotension, la constipation ou encore des œdèmes.
Quels sont les signes des troubles de l’anorexie mentale ?
Le signe qui inquiète en premier lieu l’entourage ou les médecins est la perte de poids spectaculaire associée au fait que la personne affirme que tout va bien, refuse de reconnaître son amaigrissement, ou du moins sa gravité, et n’admet pas l’inquiétude autour de sa santé. La personne anorexique ne se voit pas maigre, et même le plus souvent, se voit trop grosse.
- Une aménorrhée : la dénutrition entraîne la perte des règles
- Des insomnies, une chute de cheveux, une fatigue permanente, une sensation de froid
- Des malaises et des chutes de tension
- Une activité scolaire ou professionnelle particulièrement intense
- La prise de diurétiques, une tendance à la potomanie, la prise de laxatifs, les vomissements, la prise d’extraits thyroïdiens ou encore les omissions volontaires d’insuline chez les diabétiques sont des stratégies dangereuses pour tenter de perdre encore plus de poids
- Le repli sur soi, la dépression, les automutilations voire des tendances suicidaires…
- La perte radicale de poids liée au refus de la nourriture avec l’amaigrissement qui s’en suit
- La perception perturbée de l’image du corps
On distingue l’anorexie restrictive pure et des variations phénoménologiques où la consommation de nourriture est accompagnée de vomissements ou d’autres formes d’évacuation (laxatifs ou hyperactivité).
La boulimie :
Ce trouble du comportement alimentaire se manifeste sous la forme de pulsions , appelées aussi « crises », auxquelles la personne boulimique ne peut résister. En général, les crises de boulimie apparaissent suite à un stress. Malgré tous ses efforts pour résister, le malade finit par céder, en ayant la sensation de perdre tout contrôle.
La crise de boulimie se traduit par des comportements typiques :
- Elle débute par une sensation de faim compulsive, non contrôlable et un besoin angoissant de manger
- Elle se déroule presque toujours en dehors des repas et en cachette
- Durant la crise, la personne boulimique mange rapidement, sans pouvoir s’arrêter, des quantités importantes d’aliments (tous ceux à portée de main)
- Le plus souvent, ces aliments ne sont ni cuits, ni préparés et sont le plus souvent hypercaloriques (gras et sucrés). Le but n’est pas de se faire plaisir en mangeant ce que l’on aime, mais vraiment de se « remplir »
- Après la crise, la personne boulimique ressent une impression de malaise, de remords et de dégoût de soi
Dans près de la moitié des cas, la personne boulimique provoque des vomissements pour lutter contre la prise de poids et faire cesser la pesanteur d’estomac. Elle se sent soulagée et fatiguée.
Parfois, une autre crise boulimique suit la première de façon rapprochée.
Quels sont les signes des troubles de la boulimie ?
Le signe distinctif de la boulimie est la répétition de « crises de boulimie ». La crise de boulimie peut être rapide ou au contraire durer plusieurs heures.
- Le gonflement des glandes parotides, des crevasses aux doigts, dues aux vomissements
- Des lésions bucco-dentaires
- Une hypokaliémie (baisse du potassium) qui peut entraîner des troubles cardiaques
- Une peur de grossir presque permanente
- La répétition des régimes
En dehors des crises, la personne boulimique fait très attention à ne pas grossir : elle restreint son alimentation, peut avoir recours à des laxatifs, des diurétiques ou pratiquer une activité physique intense. Elle est donc rarement obèse, même si son poids fluctue de quelques kilogrammes par semaine.
L’hyperphagie :
L’hyperphagie boulimique se manifeste par des épisodes récurrents de crises de boulimie avec perte de contrôle sur le comportement alimentaire mais sans association à des comportements compensatoires. La personne ressent une sensation de faim irrépressible et incontrôlée l’obligeant à prendre de grandes quantités d’aliments en un temps court avec la sensation de ne pas pouvoir s’arrêter.
Quels sont les signes des troubles de l’hyperphagie ?
- Les crises de boulimie surviennent au moins une fois par semaine depuis 3 mois
- Chaque épisode de « boulimie » s’accompagne d’au moins 3 des points suivants :
- La personne mange à toute allure :
- jusqu’à éprouver une sensation pénible de distension du ventre
- et beaucoup en l’absence de sensation de faim
- seule car elle est gênée par son comportement
- Elle se sent déprimée et coupable après avoir mangé
- La personne est en souffrance face à cet état dont elle a conscience
- Elle n’a pas de comportements compensatoires comme dans la boulimie
- La personne mange à toute allure :
La gravité de l’hyperphagie boulimique est déterminée par la fréquence hebdomadaire des épisodes.
Il est possible de guérir des troubles du comportement alimentaire même si l’évolution est souvent longue et fluctuante. Cette guérison est favorisée par une prise en charge précoce. En effet, elle permet de réduire les souffrances physiques et psychologiques du malade et de ses proches. Cette prise en charge précoce prévient également l’évolution vers une forme chronique (où les symptômes persistent plus de cinq ans) ainsi que les rechutes ou la survenue de complications.