Les cancers hormonodépendants constituent un problème majeur de santé publique. Ce sont les cancers les plus fréquents en France chez la femme (cancer du sein) comme chez l’homme (cancer de la prostate) avec environ 42 000 nouveaux cas de chaque par an. Du fait des progrès de la thérapeutique et du dépistage, le taux de mortalité pour le cancer du sein a baissé d’environ 40 %. Mais le nombre total de décès ne diminue que très peu du fait de l’augmentation du nombre de cas. Le cancer du sein reste en France la première cause de mortalité par cancer chez la femme.
Les Cancers : Généralités
Qu’est ce qu’un cancer ?
Quels sont les types de cancers ?
Lorsque le cancer commence à se propager dans le corps, l’un des premiers signes courants est l’enflure des ganglions lymphatiques. Cependant, il est important de noter que le cancer peut se propager à presque n’importe quelle partie du corps.
Les cancers sont généralement classés en deux catégories principales : les tumeurs solides et les cancers du sang. De nombreux cancers forment des tumeurs solides. Cela signifie qu’ils créent des masses de cellules cancéreuses dans un tissu ou un organe spécifique. Par contre, les cancers du sang se distinguent. Les cellules cancéreuses circulent dans le sang et la moelle osseuse. Elles ne forment pas de masses solides. Les principaux types de cancers se classe dans ces catégories :
- Carcinome : Les carcinomes sont les types de cancer les plus courants et ils prennent naissance dans le revêtement des organes ou des tissus de revêtement, appelé épithélium. Il existe différents sous-types de carcinomes en fonction du type de cellules à partir desquelles ils se développent. Par exemple, l’adénocarcinome se forme dans les cellules glandulaires.
- Sarcome : Les sarcomes sont moins fréquents et se développent dans les tissus conjonctifs ou de soutien du corps, tels que les os, les muscles, la graisse, le cartilage et les vaisseaux sanguins. Les exemples de sarcomes incluent l’ostéosarcome.
- Mélanome : Le mélanome est un type de cancer qui provient des mélanocytes, les cellules responsables de la production de mélanine. Bien que la plupart des mélanomes se développent sur la peau, ils peuvent également apparaître dans d’autres parties du corps contenant des mélanocytes.
- Cancers du Sang : Contrairement aux tumeurs solides, ces cancers affectent principalement le sang et la moelle osseuse, et ils ne forment généralement pas de tumeurs solides.
Les cancers hormonodépendants
Le cancer hormonodépendant est un type de cancer qui se développe en réponse aux hormones dans le corps. Certaines hormones, comme l’œstrogène ou la progestérone chez les femmes, et la testostérone chez les hommes, peuvent stimuler la croissance des cellules cancéreuses. Ces cellules peuvent se développer dans des organes tels que le sein, la prostate ou l’utérus. Il est crucial de savoir si un cancer est hormonodépendant. Cette information influence les options de traitement et le pronostic. Les cancers hormonodépendants réagissent souvent bien aux traitements qui ciblent les hormones. Ces traitements peuvent contrôler la maladie et améliorer la qualité de vie des patients.
Le système endocrinien
Le système endocrinien est un réseau complexe de glandes et de cellules spécialisées qui produisent et libèrent des hormones dans la circulation sanguine. Ces hormones agissent comme des messagers chimiques, coordonnant diverses fonctions corporelles essentielles.
Les cellules de notre corps possèdent des récepteurs, des protéines sensibles aux hormones, et leur réponse à une hormone dépend du type d’hormone à laquelle elles sont exposées.
Le système endocrinien comprend plusieurs organes et glandes cruciaux :
- L’hypophyse, située à la base du cerveau, produit et stocke de nombreuses hormones qui régulent la croissance, le métabolisme, la lactation, les menstruations chez les femmes, la production de spermatozoïdes chez les hommes.
- L’hypothalamus, une partie clé du cerveau, fabrique des hormones influençant l’hypophyse et régule la pression artérielle en réponse aux variations hormonales.
- Le corps pinéal, une petite glande cérébrale, produit la mélatonine, régulant les habitudes de sommeil.
- La thyroïde produit des hormones contrôlant diverses fonctions corporelles, notamment la croissance et le métabolisme.
- Les parathyroïdes, quatre petites glandes derrière la thyroïde, produisent la parathormone, qui régule les niveaux de calcium dans le sang.
- Le thymus, situé dans le thorax, fabrique des hormones qui soutiennent le développement et le fonctionnement des lymphocytes T.
- Les glandes surrénales, au nombre de deux, une au-dessus de chaque rein, sécrètent plusieurs hormones régulant le métabolisme, la fréquence cardiaque, la pression artérielle, l’équilibre hydrique et sodique, ainsi que de faibles quantités d’hormones sexuelles.
- Le pancréas, un organe de l’abdomen, produit des enzymes digestives et des hormones telles que l’insuline.
- Les ovaires (chez les femmes) et les testicules (chez les hommes) produisent respectivement les hormones sexuelles féminines et masculines.
De plus, le système neuroendocrinien comprend des cellules spéciales appelées cellules neuroendocrines, réparties dans divers organes. Ces cellules réagissent aux signaux du système nerveux en produisant et en libérant des hormones.
Qu’est-ce qu’un cancer hormonodépendant ?
Un cancer est qualifié de hormonodépendant ou hormonosensible lorsqu’il implique des hormones dans la croissance des cellules cancéreuses. Ces tumeurs hormonodépendantes se forment principalement dans des tissus dont l’activité est normalement régulée par des hormones.
Dans la plupart des cas, les hormones sexuelles ont un effet cancérigène lorsque les cellules tumorales présentent une quantité anormalement élevée de récepteurs spécifiques à leur surface. Cela signifie que ces cellules ont développé une sensibilité excessive aux hormones. Lorsque ces hormones se lient à ces récepteurs spécifiques, elles stimulent la multiplication des cellules, favorisant ainsi la croissance tumorale. En revanche, les hormones n’ont aucun impact sur les cellules cancéreuses qui ne possèdent pas ces récepteurs spécifiques.
Certaines hormones, comme l’œstrogène et la progestérone, sont des hormones sexuelles féminines. Elles peuvent accélérer la croissance des cellules du cancer du sein. Des récepteurs d’œstrogène (ER) et de progestérone (PR) se trouvent sur ou dans certaines cellules cancéreuses du sein. Chez les femmes atteintes de cancer du sein, on analyse ces récepteurs pour voir si une hormonothérapie serait bénéfique. Cette thérapie vise à ajouter, bloquer ou supprimer des hormones pour ralentir la croissance des cellules cancéreuses dépendantes de ces hormones.
Par ailleurs, certains patients cancéreux peuvent souffrir d’un syndrome paranéoplasique. Ce syndrome regroupe des symptômes dus à la libération de substances chimiques par les cellules cancéreuses. Ces substances peuvent affecter le fonctionnement d’autres organes et tissus.
Par ailleurs, il est possible d’être exposé à des hormones synthétiques provenant de sources extérieures. Ces hormones synthétiques peuvent modifier les taux d’hormones dans l’organisme, ce qui peut augmenter ou diminuer le risque de cancer.
Enfin, certains types de cancer se développent dans les organes et les cellules du système endocrinien, ce qui peut entraîner une augmentation des taux d’hormones et des problèmes associés.
Comment se développe un cancer hormonodépendant ?
L’exposition prolongée aux œstrogènes est un facteur qui favorise le développement de certains cancers, en particulier les cancers du sein. La stimulation de la croissance cellulaire par l’activation chronique des récepteurs des œstrogènes est le mécanisme le plus souvent évoqué.
Depuis quelques années, on soupçonne certains métabolites génotoxiques de l’œstradiol, notamment les catéchols et leurs dérivés quinoliques, d’être des agents de tumorigenèse. Cependant, ces métabolites n’ont pas tous la même toxicité. Des facteurs exogènes (comme certains polluants) ou endogènes (comme les œstrogènes eux-mêmes) peuvent influencer l’activité des enzymes qui les produisent. Ces facteurs pourraient jouer un rôle dans la pathogénie des cancers hormonodépendants.
Les traitements hormonaux, tels que la contraception et les traitements hormonaux de la ménopause, peuvent favoriser des lésions préexistantes. Le risque accru, bien que faible, diminue progressivement après l’arrêt du traitement.
La contraception hormonale augmente un peu le risque pendant l’utilisation mais le nombre de femmes concerné est très faible jusqu’à > 40 ans (âge où on ne prescrit plus la contraception oestroprogestative). La grossesse est protectrice si précoce mais augmente le risque si tardive.
Zoom sur le cancer du sein
Il existe plusieurs types de cancers du sein, chacun ayant sa propre classification dans le but d’améliorer les traitements et les pronostics. En général, on distingue deux grands types de cancers du sein en fonction des cellules touchées. Les sarcomes affectent les cellules du tissu de soutien du sein, tandis que les carcinomes touchent les cellules épithéliales responsables de la fonction glandulaire mammaire.
Les sarcomes mammaires sont très rares, représentant moins de 1% des cas de cancer du sein, tandis que les carcinomes constituent la grande majorité des cas.
Le cancer du sein est une maladie très hétérogène, avec de nombreuses variations morphologiques et biologiques, ce qui entraîne une variabilité dans la réponse aux traitements. Pour mieux diagnostiquer et prédire le comportement de la tumeur face aux traitements, plusieurs classifications sont utilisées.
On peut distinguer plusieurs stades de développement du carcinome mammaire :
- Hyperplasie atypique : caractérisée par une augmentation du nombre de cellules anormales dans un tissu.
- Carcinomes in situ : une prolifération de cellules tumorales parmi les cellules épithéliales normales, se produisant sans franchissement de la membrane basale.
- Carcinomes invasifs : ces carcinomes correspondent à une prolifération anormale de cellules tumorales qui traversent la membrane basale.
- Carcinomes invasifs lobulaires (CIL) : représentent 5% à 15% des cancers invasifs et se divisent en 5 sous-groupes différents.
- Carcinomes métastatiques : les cellules tumorales se disséminent dans la circulation, entraînant une dispersion du cancer dans les ganglions et d’autres organes.
Les cancers du sein peuvent également se classer en fonction de biomarqueurs spécifiques. Trois biomarqueurs couramment utilisés sont les récepteurs hormonaux, HER2 (Human Epidermal Growth Factor Receptor 2) et Ki-67. La combinaison de ces biomarqueurs, ainsi que d’autres facteurs cliniques et moléculaires, permet de classer plus précisément les cancers du sein en sous-types, ce qui peut orienter les choix thérapeutiques.
Un peu d’histoire
Le cancer est une maladie ancienne, présente depuis l’Antiquité, avec des preuves datant du Néolithique. Le papyrus Ebers et le papyrus Edwin Smith mentionnent des procédures chirurgicales pour retirer des tumeurs. Hippocrate, médecin de la Grèce antique, a classifié la maladie en trois catégories : tumeurs bénignes (carcinos), cancers curables (squirrhos), et cancers mortels (carcinoma). Il les décrivait comme des tumeurs dures, non inflammatoires, avec tendance à récidiver et à entraîner le décès.
Galien, un autre médecin grec, utilise le terme « oncos » pour les tumeurs. Il les associe à un excès de bile noire et recommande des purges pour dissoudre cette bile. Cette théorie des humeurs domine jusqu’à la Renaissance.
En 1797, le médecin français Xavier Bichat propose la « théorie tissulaire » du cancer, affirmant que les tumeurs sont constituées de tissu. En 1858, Rudolf Virchow met en avant la « théorie de la pathologie cellulaire », soulignant que les maladies naissent d’altérations cellulaires.
Les premiers succès thérapeutiques du cancer surviennent à la fin du XIXe siècle, grâce à des chirurgiens tels que Theodor Billroth, pionnier de l’ablation d’un cancer de l’estomac en 1881, et William Halsted, créateur de la mastectomie élargie en 1890. Ernst Wertheim réalise la première hystérectomie radicale pour le cancer du col de l’utérus en 1898. La radiothérapie se développe parallèlement.
En 1906, la première conférence internationale sur le cancer se tient en Allemagne, marquant la reconnaissance du cancer comme fléau de l’humanité. Au début du XXe siècle, la chimiothérapie cytotoxique émerge. Les travaux de Louis S. Goodman et Alfred Zack Gilman aboutissent au Mustargen, premier médicament anticancéreux. Sidney Farber, en 1948, montre des rémissions chez les enfants atteints de leucémie grâce à l’utilisation de l’aminoptérine. On prpopose la polychimiothérapie à partir des années 1950.
Depuis les années 1980, d’autres traitements comme l’hormonothérapie et l’immunothérapie se développent pour lutter contre le cancer, marquant l’évolution continue de la compréhension et du traitement de cette maladie ancienne.
Huiles essentielles hormon-like et cancers hormonodépendants
Des termes tels que « hormone-like, » « oestrogen-like, » « cortison-like, » peuvent sembler intimidants pour beaucoup. Les huiles essentielles contiennent des molécules qui agissent à divers niveaux dans notre organisme. En fonction de la structure de ces molécules, elles peuvent avoir des actions spécifiques sur un système, un organe ou un tissu particulier. Le système hormonal, également appelé système endocrinien, peut également être influencé par des molécules aromatiques présentes dans certaines huiles essentielles. Dans certains cas, cela peut offrir des avantages considérables pour l’organisme et répondre à des besoins spécifiques (comme le système hormonal féminin ou les problèmes liés au diabète, par exemple). Cependant, dans le cas de maladies dépendantes des hormones (hormono-dépendantes), il est essentiel de prendre en compte certaines recommandations.
Quelles sont les molécules hormon-like ?
Sources bibliographiques médicales et essais cliniques
- Dr Pascale This, gynécologue endocrinologue à l’Institut Curie (Paris) et de Vincent Goffin, Directeur de recherche à l’Inserm (Paris), 2018
- Martucci CP, Fishman J. P450 enzymes of estrogen metabolism. Pharmacol Ther, 1993
- Coumoul, Xavier ; Barouki, Robert ; Génotoxicité des métabolites des œstrogènes et cancers, Med Sci (Paris), 2002
- Weisburger, J. H., & Williams, G. M. The distinction between genotoxic and epigenetic carcinogens and implication for cancer risk. Toxicological Sciences, 2000