La pensée sauvage jouit d’une longue tradition d’utilisation en médecine traditionnelle et en herboristerie. Les préparations sont élaborées à partir de la partie aérienne de la plante, récoltée en période de floraison. Elle renferme 0,3 % d’acide salicylique et de ses dérivés, ainsi que des acides phénolcarboxyliques, des mucilages, des tanins, des flavonoïdes, des caroténoïdes, des coumarines, de l’umbelliférone, des saponines, de l’acide ascorbique et du tocophérol.
Aux États-Unis, elle est couramment utilisée sous forme de crèmes pour traiter l’eczéma, et elle est prise par voie orale pour la bronchite aiguë. Dans la médecine traditionnelle, on recourt à la pensée sauvage pour ses propriétés dépuratives, diurétiques, cholagogues-cholérétiques, et diaphorétiques. Parfois, elle est également utilisée pour soulager les cauchemars, les insomnies et les troubles du sommeil avec réveils fréquents.
Quels sont les effets de la pensée sauvage sur la peau ?
La pensée sauvage est réputée pour ses bienfaits dermatologiques, que ce soit en usage externe ou par voie orale. Cette plante offre de véritables bienfaits naturels pour la peau, en aidant à la purifier, éliminer les microbes, réguler le pH cutané et contrôler l’excès de sébum.
Si les premières publications scientifiques sur l’activité dermatologique de la pensée sauvage remontent à 1883 (Köhler); il faut attendre 1938 pour que les travaux démontrent son activité thérapeutique dans un modèle d’eczéma, avec mise en évidence d’une amélioration des troubles cutanés après ajout de pensées sauvages fraîches dans l’alimentation pendant 2 mois, comparativement à un groupe témoin. Depuis, de nombreuses publications (la dernière datant de 2009) mentionnent l’intérêt de Viola tricolor dans le traitement de diverses pathologies cutanées ; états séborrhéiques, impétigo, acné et prurit, irritations et démangeaisons vulvaires, éruptions cutanées, eczéma, séborrhée du cuir chevelu du nouveau-né, psoriasis.
Les vertus dépuratives et purifiantes de ses fleurs et de ses parties aériennes fleuries en font un remède naturel fréquemment utilisé en phytothérapie pour améliorer la santé de la peau et traiter les affections cutanées courantes. Les préparations de Viola tricolor exercent une activité antimicrobienne, les plus efficaces étant les extractions aqueuses et alcooliques. Celles-ci ont montré un effet inhibiteur, significatif contre Staphylococcus aureus, Bacillus cereus, Staphylococcus epidermidis et Candida albicans, et modérés contre Pseudomonas aeruginosa, Enterococcus faecalis, Escherichia coli et Klebsiella pneumoniae. Les préparations les moins efficaces sont celles qui ont une forte sélectivité moléculaire, ce qui suggère une action synergique des différents composants présents dans les autres extractions. Les cyclotides sont notamment responsables de cet effet.
Quels sont les effets antioxydants et immunitaires de la pensée sauvage ?
En utilisant la méthode TEAC, un extrait hydroalcoolique de feuilles ou de fleurs de pensée sauvage fraîche a révélé une activité antioxydante, celle-ci étant au moins équivalente à celle d’une plante reconnue pour ses propriétés antioxydantes, comme le ginkgo biloba.. Plus récemment, deux méthodes (TEAC et DPPH) utilisées pour évaluer le pouvoir antioxydant de différentes fractions d’extraction de pensée sauvage ont montré que les composants polaires ont une meilleure activité; parmi ceux-ci on retrouve des flavonoïdes comme la rutine et la violanthine.
Grâce à la méthode de chromatographie en phase liquide à haute performance (HPLC) qui s’est avérée linéaire, sensible, précise, spécifique et robuste pour quantifier la rutine dans l’extrait de pensée sauvage, il a été montré sue la capacité antioxydante de Viola tricolor peut être attribuée aux grandes quantités de polyphénols, de flavonoïdes et de tanins condensés qu’elle contient.
Dans un modèle in vitro d’ischémie et de neurodégénérescence, l’extrait hydroalcoolique de V. tricolor protège les neurones contre la mort cellulaire induite par la privation de sérum/glucose. Cette activité est attribuée, au moins en partie, à ses propriétés antioxydantes sur les formes réactives de l’oxygène (FRO).
L’extrait aqueux de pensée sauvage est immunosuppresseur; activité attribuée à ses cytoclides, aux propriétés cytotoxiques bien identifiées, qui interfèrent avec la polyfonctionnalité des lymphocytes T, et bloquent la prolifération de cellules immunocompétentes. Plus précisément, ils inhibent la prolifération de lymphocytes activés en réduisant la sécrétion de cytokines IL-2 sans affecter l’expression du récepteur de l’interleukine-2 (IL-2), et en réduisant la production d’interféron gamma (IFN-y) et de facteur de nécrose tumorale alpha (TNF-α).
V. tricolor exerce une activité anticancéreuse potentielle en induisant l’apoptose, comme le montre l’action de différents types d’extraits de la plante, étudiés sur des cellules de neuroblastome de souris et de cancer du sein humain. Elle possède la capacité d’inhiber l’angiogenèse.
La pensée sauvage a-t-elle des propriétés anti-inflammatoires ?
Dans un modèle d’inflammation aiguë, l’effet de l’administration de teinture mère de pensée sauvage a été évalué. Bien que ses effets soient modérés comparativement à un anti-inflammatoire de référence; la pensée sauvage a permis de limiter significativement le nombre de leucocytes, le nombre de phagocytes et leur activité, ainsi que la production de monoxyde d’azote (= oxyde nitrique = NO) par rapport au groupe contrôle.
Dans un modèle d’érythème solaire, un gel à base de Viola tricolor a montré un effet antinociceptif et anti-inflammatoire sur les brûlures induites par les U.V-B, en maintenant la température au-dessous de 25°C.
In vivo, dans un modèle d’asthme chronique, un extrait hydroalcoolique de fleurs de Viola tricolor a montré des effets anti-inflammatoires, via l’inhibition de la production de cytokines de type 2 (Th2); ce qui semble valider son utilisation empirique en médecine traditionnelle.
Quels autres bienfaits apporte la pensée sauvage ?
La pensée sauvage présente une diversité d’applications thérapeutiques. Ses propriétés diurétiques sont bénéfiques pour soulager la cystite en favorisant l’élimination des chlorures, tout en agissant comme un laxatif doux bénéfique pour les troubles digestifs. Elle apporte un soulagement aux douleurs associées aux rhumatismes grâce à ses propriétés antalgiques et antispasmodiques légères.
En cas de toux accompagnant des affections respiratoires caractérisées par une sécrétion excessive de mucus, la pensée sauvage agit comme un expectorant, apaisant la toux due à des affections telles que la bronchite, la coqueluche et d’autres problèmes similaires. Dans le domaine des affections respiratoires, la pensée sauvage est préconisée pour traiter les inflammations des muqueuses des voies respiratoires, notamment lorsqu’elles sont associées à une hypersécrétion, comme dans le cas de l’asthme, de la bronchite aiguë, de la coqueluche et de la trachéite.
La pensée sauvage peut également avoir des effets apaisants sur la nervosité, l’insomnie et les troubles du sommeil liés à des cauchemars. En usage externe, elle peut être utilisée en tant que bain de bouche pour l’hygiène buccale et comme lotion capillaire pour contrôler les cheveux gras. De plus, elle peut être bénéfique pour les problèmes circulatoires tels que les varices et les crises hémorroïdaires.
En ce qui concerne les problèmes urinaires, la pensée sauvage peut être utilisée pour traiter des affections telles que les néphrites et les coliques néphrétiques. Enfin, des études ont révélé que la pensée sauvage peut avoir un effet positif dans la réduction des inflammations provoquées par une exposition excessive aux rayons UVB.
Comment prendre la Pensée sauvage et à quel dosage ?
La pensée sauvage est récoltée dans son environnement naturel, loin des zones agricoles traitées avec des produits phytosanitaires. La période idéale pour la cueillette se situe pendant sa période de floraison, généralement de avril à septembre. Il est essentiel de prendre des précautions pour éviter que les fleurs ne perdent leur couleur. Cela nécessite une cueillette matinale, un séchage rapide à l’abri d’une chaleur excessive et de la forte lumière du soleil.
La pensée sauvage est également disponible à l’achat en pharmacie ou en herboristerie. Elle peut être utilisée de diverses manières. Lorsqu’elle est sous forme de compléments alimentaires, la posologie recommandée pour la poudre de pensée sauvage se situe généralement entre 270 et 800 mg par jour. Cependant, cette posologie peut varier en fonction du produit et de l’extrait utilisé. De plus, la posologie peut être différente lorsque la pensée sauvage est combinée à d’autres extraits naturels. Il est donc important de suivre les recommandations spécifiques du produit que l’on utilise.
- En complément alimentaire, sous forme de poudre de pensée sauvage, en gélules.
- Extrait fluide de plante fraîche standardisé pour préparation officinale : 5 à 10 ml par jour dans un verre d’eau.
- Extrait fluide glycériné miellé de pensée sauvage : 5 ml 2 fois par jour dans de l’eau.
- Infusion de pensée sauvage: 1 à 2 cuillères de parties aériennes fleuries séchées, infuser 10 min, 1 tasse 1 à 3 fois par jour.
- Extrait hydroalcoolique de pensée sauvage : 20 à 40 gouttes 2 à 3 fois/jour dans un verre d’eau.
Quels sont les effets secondaires et contre-indications de la pensée sauvage ?
La pensée sauvage ne doit pas être utilisée sur des plaiesouvertes ou sur des zones de peau gravement endommagées. L’Agence européenne des médicaments (EMA), en 2010, ne recommande pas l’utilisation de la pensée sauvage chez les femmes enceintes, les femmes allaitantes et les enfants de moins de 12 ans, en raison du manque de données suffisantes.
En raison de la présence de coumarines et de salicylates, il est recommandé d’utiliser la pensée sauvage avec précaution chez les personnes prenant des anticoagulants, car elle pourrait avoir des effets additifs. Il convient de surveiller cliniquement les patients et de contrôler leur INR. Il est important de noter que la racine de la pensée sauvage peut provoquer des vomissements, tout comme celle de la violette.
Les compléments alimentaires à base de pensée sauvage sont déconseillés aux femmes enceintes, aux femmes allaitantes et aux enfants. Ils sont également contre-indiqués chez les personnes présentant une affection dermatologique étendue ou une plaie ouverte. En cas de doute et avant de commencer une cure phytothérapeutique, il est recommandé de demander conseil à un professionnel de santé.
Mis à part les contre-indications précédemment mentionnées, aucun effet secondaire majeur n’a été recensé lors de l’utilisation de la pensée sauvage. La pensée sauvage peut interagir avec certains médicaments antihypertenseurs. Par conséquent, il est conseillé aux personnes suivant un traitement médical contre l’hypertension de consulter un professionnel de santé avant de commencer un traitement à base de pensée sauvage.