Le marron d’Inde, plante circulatoire, muse du Dr Bach

Découvrez l’histoire passionnante du marron d’Inde en Europe, un voyage à travers le temps et l’espace. Originaire des Balkans, du nord de la Grèce, de la Turquie, du Caucase et du nord de l’Inde, cet arbre remarquable a été introduit en Europe à la Renaissance. Décrit pour la première fois en Italie en 1565, il s’est ensuite propagé à Vienne, en France, et dans toute l’Europe. Au-delà de ses usages médicinaux ancestraux, le marronnier d’Inde est devenu un élément essentiel de la biodiversité urbaine et un symbole culturel fort. Explorez son parcours et ses multiples facettes dans cet article détaillé.

Un peu d’histoire

En 1565, le médecin flamand Guillaume Quackelbeen, qui se trouve alors à Constantinople, expédie des rameaux et des fruits de cet arbre en Italie, chez Matthiole qui en fera la description et la figuration. Une dizaine d’années plus tard, on procède à ce qui peut être considéré comme la première plantation de marronniers à Vienne. Il y a quatre siècles, il apparaît en France, à Paris, par les bons soins du Dr Bachelier qui adresse lui aussi des marrons de Constantinople.

Il prend pied à Strasbourg en 1691 et, au XVIIIe siècle il se répand rapidement à de nombreux pays européens, y compris en Grande-Bretagne où le Dr Bach aura le loisir de le rencontrer au début du XXe siècle afin d’en concocter certaines de ses célèbres fleurs de Bach, White Chestnut et Chestnut Bud.

Dans certaines régions des Balkans, les feuilles et les graines du marronnier étaient utilisées sous forme de cataplasmes pour soigner les blessures et réduire l’inflammation. En médecine populaire, on employait souvent l’écorce et les feuilles pour traiter les maux de gorge et les problèmes respiratoires.

L’adjectif latin qui le qualifie, hippocastanum (c’est-à-dire « châtaigne de cheval ») fait directement référence à un usage vétérinaire prôné par les Turcs. L’histoire raconte que le marron s’utilise depuis longtemps pour guérir les chevaux poussifs. Le nom latin est donc marqué de cette anecdote mais on n’a semble-t-il pas exploité cette propriété en Europe.

Quel est l’impact écologique et culturel du marronnier d’Inde ?

L’impact environnemental et culturel du marronnier d’Inde est notable à plusieurs égards.

Sur le plan environnemental, sa culture présente des avantages pour la biodiversité et l’écosystème. Les marronniers sont souvent plantés en milieu urbain pour leur beauté et leur capacité à fournir de l’ombre, contribuant ainsi à améliorer la qualité de l’air et à offrir un habitat aux différentes espèces d’oiseaux et d’insectes.

D’un point de vue culturel, le marronnier d’Inde occupe une place significative dans la culture populaire de nombreux pays européens. Il est souvent associé à des traditions et des légendes, symbolisant la force et la persévérance. Par exemple, en Grande-Bretagne, les graines du marronnier sont utilisées dans le jeu traditionnel de « conkers », très populaire chez les enfants.

Ces aspects montrent bien que le marronnier d’Inde est bien plus qu’une simple plante médicinale; il joue un rôle important tant sur le plan écologique que culturel.

Quelles sont les principales propriétés pharmacologiques des graines de Marron d’Inde ?

Propriétés anti-inflammatoires, anti-exsudatives et anti-œdémateuses :

Les propriétés anti-œdémateuses, anti-inflammatoires et veinotoniques de l’aescine sont principalement liées à un mécanisme moléculaire qui permet une meilleure entrée des ions dans les canaux, augmentant ainsi la tension veineuse dans les conditions in vitro et in vivo.

Le marron d’Inde favorise en effet la sécrétion des prostaglandines F2α, et exercent une activité corticomimétique, ce qui renforcerait son activité anti-inflammatoire.

Propriétés antiradicalaires et antioxydantes :

In vitro, l’extrait de marron d’inde exerce notamment une forte activité de piégeage des différentes formes d’oxygène actif tels que l’anion superoxyde, le radical hydroxyle, l’oxygène singulet et les peroxydes de lipides. Il protège contre les dommages cellulaires qu’ils induisent.

Quatre isomères majeurs d’aescine ont été mis en évidence dans les extraits de graines de marron d’Inde. La teneur la plus élevée en aescine détenant le potentiel antioxydant le plus élevé est obtenue avec un extrait méthanolique.

Propriétés protectrices veineuses et capillaires :

  • Au niveau veineux :

L’aescine diminue l’indice de viscosité sanguine, et exerce une action tonique et vasoconstrictrice sur la paroi veineuse. Son mécanisme veinotonique et anti-inflammatoire passe également par une interférence avec les enzymes lysosomiales : in vitro, elle inhibe spécifiquement la hyaluronidase, enzyme impliquée dans le renouvellement des principaux composants de la substance amorphe périvasculaire, et chargée notamment de dégrader l’acide hyaluronique, une glycosaminoglycane largement répandue dans le tissu conjonctif et l’un des principaux composants de la matrice extracellulaire. Elle protège également les protéoglycanes, constituants de la paroi vasculaire.

Un revue de la littérature de 2006 indique que des essais cliniques randomisés en double aveugle et croisés, menés chez des patients souffrant d’insuffisance veineuse chronique pour 4 d’entre eux et de varices pour le cinquième, ont démontré l’efficacité significative de l’administration orale de préparations contenant un extrait de plante fraîche d’Aesculus hippocastanum. Ces essais mettent en évidence une réduction de l’œdème dans la jambe, par le biais d’une mesure pléthysmographique objective, et un soulagement subjectif de la lourdeur, de la douleur, des crampes nocturnes, des tensions et des démangeaisons dans les membres inférieurs. Ces études ont montré que ces extraits sont sûrs, bien tolérés et acceptés, et constituent une véritable possibilité thérapeutique chez les patients présentant une insuffisance veineuse légère à modérée.

  • Au niveau capillaire :

La graine de marron d’Inde augmente la résistance capillaire, est constrictrice capillaire et diminue la filtration transcapillaire, responsable de l’œdème ( poche sous les yeux, jambes qui gonflent … ) .

Autres propriétés :

  • Normoglycémiante
  • Néphroprotectrice
  • Diurétique
  • Anti-infectieuse
  • Neuroprotectrice
  • Gastroprotectrice

Existe-il des précautions d’emploi concernant le Marron d’Inde ?

Toxicité :

  • Le marron d’Inde contient de l’esculine, un glucoside du groupe des coumarines, toxique à dose élevée.

Contre-indications :

  • L’EMA précise que l’usage du marron d’Inde n’est pas recommandé chez la femme enceinte ou allaitante, ainsi que chez les enfants de moins de 18 ans.
  • Éviter en cas d’allergie au latex.
  • Néphrotoxicité à hautes doses donc contre-indication dans l’insuffisance rénale.

Précautions d’emploi :

  • Arrêter la prise de marron d’Inde 72 heures avant une intervention chirurgicale, pour limiter le risque hémorragique.

Interactions médicamenteuses :

  • Une interaction est possible avec la warfarine et les anti-vitaminiques K, ce qui requiert un suivi médical et une surveillance de l’INR lors de l’introduction et de l’interruption du traitement par un extrait de marron d’Inde.
  • En théorie, l’effet hypoglycémiant du marron d’Inde peut se surajouter à celui de médicaments hypoglycémiants.
  • Possibilité d’interaction avec les plantes et les médicaments anticoagulants.

Comment prendre le Marron d’Inde et à quel dosage ?

Forme sèche :

Forme liquide :

Comment utiliser le bourgeon de Marronnier d’Inde en association pour différentes maladies ?

Problème de santé Bourgeons de Marronnier d’Inde associés à
Hémorroïdes Châtaignier et Sorbier pour la circulation
Jambes lourdes Châtaignier pour la décongestion
Varices Châtaignier et Sorbier pour les veines
Couperose Ginkgo Biloba et Noyer pour la microcirculation
Asthme Noisetier pour les poumons
Dysménorrhée Framboisier pour l’équilibre hormonal

Ce tableau présente un aperçu des synergies possibles entre le bourgeon de Marronnier d’Inde et d’autres plantes pour traiter différents problèmes de santé, en mettant l’accent sur leur efficacité combinée.

Dans le domaine de la phytothérapie, le bourgeon de Marronnier d’Inde est reconnu pour ses propriétés bénéfiques dans le traitement de diverses affections. En utilisant des synergies avec d’autres plantes, ses effets peuvent être optimisés. Par exemple, pour les hémorroïdes, la combinaison avec le Châtaignier et le Sorbier est idéale. Les personnes souffrant de jambes lourdes peuvent bénéficier de l’association du Marronnier et du Châtaignier. Pour les varices, les bourgeons de Châtaignier et de Sorbier renforcent les bienfaits circulatoires du Marronnier. Dans le cas de la couperose, le Ginkgo Biloba et le Noyer améliorent la microcirculation. Pour l’asthme, le Noisetier apporte un soutien pulmonaire. Enfin, pour la dysménorrhée, l’association avec le Framboisier aide à rééquilibrer les hormones. Ces combinaisons permettent d’exploiter pleinement les vertus du Marronnier d’Inde dans le cadre d’un traitement naturel et efficace.

Les dernières études scientifiques sur le Marron d’inde

Quel est le potentiel antiviral de l’extrait de marronnier d’Inde contre le RSV ?

Une étude récente a découvert que l’extrait de marronnier d’Inde (Aesculus hippocastanum L.) affecte de manière distincte les fibroblastes dermiques humains normaux et ceux associés au cancer, notamment ceux issus de carcinomes basocellulaires et spinocellulaires. L’extrait stimule spécifiquement le dépôt de fibronectine chez les fibroblastes de carcinome basocellulaire. Cette action conjointe avec le TGF-β1 entraîne une augmentation notable des fibres de stress de l’actine musculaire lisse, surtout chez les fibroblastes associés au cancer. Ces résultats suggèrent des différences importantes dans la réponse des fibroblastes selon qu’ils soient normaux ou associés au cancer, offrant ainsi de nouvelles perspectives pour le développement de traitements ciblant ces cellules dans les environnements de plaies et de tumeurs​​.

Marronnier d’Inde: Miracle pour les fibroblastes cancéreux?

Des études récentes ont examiné les propriétés antivirales de l’extrait de graine de marronnier d’Inde (Aesculus hippocastanum L.), en mettant l’accent sur son constituant bioactif principal, la β-escine. Ces recherches ont mis en lumière l’efficacité potentielle de cet extrait dans le traitement de divers virus enveloppés, dont le virus respiratoire syncytial (RSV).

Dans une étude spécifique, l’extrait de graine de marronnier d’Inde a démontré des activités virucides et antivirales significatives contre le RSV. En plus de ces propriétés antivirales, l’extrait a également montré des effets immunomodulateurs, influençant des molécules de signalisation telles que NF-κB et AP-1, ainsi que la production de cytokines dans les lignées cellulaires épithéliales et de macrophages infectées par le RSV. Dans un modèle murin d’infection pulmonaire par le RSV, le traitement avec l’extrait de marronnier d’Inde a amélioré le cours de la maladie aiguë, réduisant la perte de poids, diminuant les titres de RSV dans les poumons et atténuant l’inflammation des voies respiratoires​​​​.

Ces découvertes suggèrent que l’extrait de marronnier d’Inde, et plus particulièrement la β-escine, pourrait jouer un rôle important dans le développement de nouvelles thérapies antivirales, en particulier pour les infections respiratoires comme le RSV. Il est important de noter, cependant, que ces résultats sont préliminaires et que des recherches supplémentaires sont nécessaires pour confirmer ces effets et évaluer leur applicabilité dans un contexte clinique.

Sources bibliographiques médicales et essais cliniques :

  • Bruneton J., Pharmacognosie, phytochimie, plantes médicinales, Tec & Doc, 1999
  • Masaki H. et al., Active-oxygen scavenging activity of plant extracts, Biol Pharm Bull., 1995
  • Suter A. et al., Treatment of patients with venous insufficiency with fresh plant horse chesnut seed extract ; a review of 5 clinical studies, Adv Ther., 2006
  • Facino R.M. et al., Anti-elastase and anti-hyaluronidase activities of saponins and sapogenins fromHedera helix, Aesculus hippocastanum, and Ruscus aculeatus : factors contributing to their efficaacy in the treatment of venous insufficiency, Arch Pharm (Weinheim), 1995
  • Kukula-Koch W. et al., Influence of extrahent on antioxidant capacity of Aesculus hippocastanum seeds, Nat Prod Res., 2015
  • Sirtori C.R., Aescin : pharmacology, pharmacokinetics and therapeutic profile, Pharmacol Res., 2001
  • Neoplasma. 2022 Jan;69(1):224-232. doi: 10.4149/neo_2021_210622N826. Epub 2021 Dec 29.
    Aesculus hippocastanum L. extract differently modulates normal human dermal fibroblasts and cancer-associated fibroblasts from basal/squamous cell carcinoma
  • Published: 17 March 2024
    Aesculus hippocastanum extract and the main bioactive constituent β-escin as antivirals agents against coronaviruses, including SARS-CoV-2

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