Le Millepertuis, le dictame du poison de l’âme

La théorie des signatures démontrerait que le millepertuis, s’épanouissant plus particulièrement lors du solstice d’été, est une plante solaire dont la symbolique nous dirige directement auprès de sa propension à savoir chasser les affres grisantes de la dépression. Le millepertuis préserve des esprits malins qui, à notre époque moderne, sont autant d’exemples des difficultés que nous pouvons rencontrer, dès lors que s’estompe notre propre soleil intérieur, se muant inexorablement en une pâle et terne piécette d’argent.

Qu’est ce que le millepertuis ?

Le millepertuis est une plante vivace robuste qui peut atteindre 20 à 80 cm de hauteur. Elle se trouve communément en Europe, en Asie, en Afrique du Nord, en Australie et en Amérique du Nord. Elle préfère les endroits ensoleillés et les sols secs, souvent calcaires. Ses tiges sont dressées, rameuses, cylindriques et glabres, avec deux lignes saillantes, et deviennent rapidement ligneuses. Les feuilles sont petites, ovales à oblongues, opposées, sessiles, non stipulées, avec un bord lisse et des glandes noires sur les bords du limbe, qui laissent échapper une substance aromatique et volatile d’odeur balsamique lorsque froissées. Les fleurs jaunes, hermaphrodites et regroupées en grappe corymbiforme, ont une corolle composée de 5 pétales jaunes et un calice de 5 sépales verts, tous bordés de points glanduleux noirs.

La plante produit des capsules ovoïdes brunes et sèches qui s’ouvrent en 3 valves à maturité, renfermant de minuscules graines brunâtres. Lorsque les feuilles, les bourgeons et les fleurs sont pressés, elles libèrent un liquide rouge en raison de la présence d’hypéricine. Le millepertuis renferme plusieurs métabolites secondaires actifs, dont la concentration varie en fonction de divers facteurs.

Les extraits d’Hypericum perforatum se produisent généralement par extraction des sommités fleuries séchées avec des mélanges de éthanol ou méthanol et eau. On les standardise ensuite en hypéricine, flavonoïdes et hyperforine. Cette plante herbacée vivace pousse au bord des chemins, dans les bois clairs, les haies, les buissons, à des altitudes inférieures à 1600 mètres, fleurissant de juin à septembre.

Le millepertuis est connu sous de nombreux noms vernaculaires, dont millepertuis commun, millepertuis perforé, herbe à mille trous, herbe de la Saint-Jean, et d’autres. La plante tire son nom d’herbe de la Saint-Jean de son association avec la floraison autour du solstice d’été.

Un peu d’histoire

L’histoire du millepertuis, s’étendant sur plus de 2500 ans, traverse diverses cultures et époques. Des figures historiques comme Pline l’Ancien, Dioscoride, Théophraste et Galien citaient cette plante pour ses propriétés cicatrisantes et antinévralgiques. Au Moyen Âge, elle servait dans le traitement de la mélancolie et acquérait une réputation de plante magique. À cette époque, on l’utilisait pour chasser les esprits maléfiques et exorciser les possédés, d’où son nom latin Fuga dæmonum (« fuis le démon »), lui conférant le surnom de « chasse-démon ».

En Europe médiévale, le millepertuis était un remède contre les mauvais esprits. Récolté à la Saint-Jean, on le suspendait dans les maisons pour protéger contre les maléfices et les maladies. Chaque année, le bouquet se consumait en feu lors de la Saint-Jean. Les sommités fleuries de millepertuis servaient à traiter névralgie, anxiété, névrose et dépression en fin de Moyen Âge.

Traditionnellement, le millepertuis se transformait en huile, obtenue par macération des sommités florifères dans l’huile au soleil. Au XVIe siècle, il était préconisé comme vulnéraire pour les blessures, et au XIXe siècle, pour lutter contre l’hystérie et l’hypochondrie.

La découverte de son effet antidépresseur ne date que des années 1990. Actuellement, il sert d’antidépresseur, particulièrement en Allemagne où il est l’antidépresseur le plus prescrit. En France, sa régulation a évolué face aux risques d’interactions médicamenteuses.

Dans les campagnes, les paysans accrochaient notamment un bouquet de millepertuis aux portes des granges. Ils pensaient sans doute que l’herbe de Saint-Jean agissait sur le démon. Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’à cette époque les problèmes mentaux et les troubles du comportement étaient mal compris, et déchiffrés en fonction des croyances du moment et du lieu. Toute anomalie ou déviance psychique était notamment interprétée comme étant potentiellement liée à l’intrusion d’un esprit extérieur, généralement malfaisant.

Quelles sont les principales propriétés pharmacologiques des sommités fleuries de Millepertuis ?

Les sommités fleuries de millepertuis contiennent des composés actifs qui ont des propriétés pharmacologiques bénéfiques pour la santé. L’effet du millepertuis semble être attribué aux naphtodianthrones, notamment l’hypéricine et la pseudohypéricine, ainsi qu’aux phloroglucinols, tels que l’hyperforine. On a longtemps supposé que l’hypéricine était l’élément actif responsable de ses effets antidépresseurs. Cependant, des études récentes suggèrent que l’hyperforine serait davantage associée à ces propriétés.

Le mécanisme précis par lequel le millepertuis affecte l’humeur demeure partiellement compris. Les chercheurs ont abandonné l’idée qu’il agit comme certains anciens antidépresseurs en inhibant la monoamine oxydase (MAO), une enzyme impliquée dans la biochimie cérébrale. Ils privilégient désormais l’idée d’une action complexe de plusieurs composés présents dans le millepertuis. En ce qui concerne les problèmes de peau, l’effet antiseptique des napthodianthrones semble être responsable de l’action du millepertuis.

Propriétés antidépressives

Ces propriétés ont d’abord été attribuées à l’hypéricine, mais en réalité les préparations qui en sont dépourvues sont actives, indiquant que son activité est faible sur la composante dépressive. Cependant, en liant aux récepteurs des neuropeptides Y1 et Y2, supposés jouer un rôle dans les états anxieux et dépressifs, et en montrant une action sédative et mélatoninergique, l’hypéricine participerait à l’activité anxiolytique du millepertuis. Il est apparu par ailleurs que l’hyperforine était l’un des constituants majeurs impliqués dans l’activité antidépressive de la plante. Les principes actifs du millepertuis semblent agir de façon synergique.

Une revue de la littérature de 2014 sur l’hyperforine a montré qu’en plus de ses intéressantes propriétés antidépressives, la molécule possède potentiellement un grand intérêt pharmacologique. Elle intervient au niveau du métabolisme du précurseur du peptide β-amyloïde (APP), prévenant la voie amyloïdogénique en favorisant la formation du dérivé sAPP. Elle inhibe indirectement la recapture de neurotransmetteurs, et module leur concentration dans l’espace synaptique, tout en régulant les concentrations cellulaires des cations tels que le Na+, le Ca2+ et le Zn2+. Les canaux TRPC6 et les mitochondries semblent en effet deux cibles privilégiées de l’hyperforine qui, au niveau du système nerveux central, exerce préférentiellement son action sur le cortex adulte et non sur l’hippocampe.

Inhibition des MonoAmines Oxydases et Catéchol-O-Méthyl Transférase et intéractions de la recapture du GABA et glutamate

L’étude menée par Chatterjee et al. en 1998 a révélé une inhibition de la recapture des neurotransmetteurs. Cette recherche a examiné les effets de trois extraits différents (1. Méthanolique, 2. enrichi en hyperforine par CO2, 3. hyperforine pure) sur l’activité gabaergique et glutamatergique. L’extrait obtenu par CO2 supercritique (dépourvu de naphthodianthrones et flavonols, contenant environ 40 % de phloroglucinols) ainsi que l’extrait d’hyperforine pure ont présenté un potentiel élevé, jusqu’à dix à vingt fois supérieur à celui de l’extrait hydrométhanolique conventionnel, dans l’inhibition de la recapture des neurotransmetteurs tels que la 5-HT, la DA, la NA, le GABA et le glutamate (Chatterjee S.S. et al. 1998).

Le millepertuis se distingue en tant que « antidépresseur » unique capable d’inhiber la recapture de cinq neurotransmetteurs avec une efficacité comparable. Cependant, il semble que cette action ne soit pas uniquement attribuable à l’hyperforine, mais qu’elle résulte d’une synergie avec d’autres composés présents dans les extraits. Les flavonoïdes et les xanthones sont largement responsables de l’activité inhibitrice, agissant comme des inhibiteurs des monoamine oxydases (IMAO) et de la catéchol-O-méthyltransférase (ICOMT).

Des concentrations faibles de certains composés du millepertuis dans le cerveau ne présentent pas d’impact clinique significatif. De plus, les études récentes contredisent l’attribution préalable de propriétés inhibitrices à l’hypéricine. En effet, celle-ci, faiblement absorbée, traverse difficilement la barrière hémato-encéphalique. De plus, aucune activité IMAO n’a été détectée in vivo chez le rat. Tout cela suggère que d’autres molécules et mécanismes contribuent aux propriétés antidépressives de la plante.

Inhibition de la recapture des neurotransmetteurs

Le rôle de l’hyperforine dans les propriétés antidépressives du millepertuis a été étudié en profondeur. Au début de la recherche in vitro, les études suggéraient que l’inhibition de l’enzyme MAO par les extraits de millepertuis était le principal mécanisme antidépresseur. Cependant, bien que plusieurs études aient identifié la présence d’inhibiteurs de la MAO dans les extraits de millepertuis, tels que l’hypéricine, les flavonoïdes et les xanthones, leurs concentrations efficaces étaient trop faibles pour expliquer les effets antidépresseurs en clinique.

Des recherches ultérieures ont révélé que l’hyperforine et l’adhyperforine étaient des inhibiteurs de la recapture synaptosomale de la sérotonine, de la noradrénaline et de la dopamine, avec une affinité approximativement équivalente, indiquant une inhibition non sélective. Contrairement aux antidépresseurs de synthèse, l’hyperforine ne bloque pas la recapture par compétition avec les monoamines. Au lieu de cela, il modifie la membrane des neurones en augmentant les taux de sodium intracellulaire, perturbant ainsi la recapture des neurotransmetteurs au niveau des synapses.

De plus, l’hyperforine ouvre les canaux TRPC6, provoquant une entrée de sodium et de calcium dans les cellules nerveuses. Cette entrée de cations est sélective à TRPC6 et influence la recapture des neurotransmetteurs ainsi que la croissance des neurites, ce qui pourrait jouer un rôle dans les effets antidépresseurs.

Des études ont montré que l’hyperforine modifie également la morphologie des neurones en influençant la morphologie des épines dendritiques dans certaines régions du cerveau. De plus, il active diverses voies intracellulaires, dont la voie Ras/mitogen-activated protein kinase/extracellular signal-regulated kinases (MAPK/ERK), la voie phosphatidylinositide 3-kinase/protein kinase B (PI3K/Akt), et la voie CAMKIV, conduisant à la phosphorylation de CREB (cAMP-response element binding protein), un mécanisme impliqué dans l’action des antidépresseurs classiques.

Dans l’ensemble, l’hyperforine joue un rôle central dans les mécanismes antidépresseurs du millepertuis, agissant sur la recapture des neurotransmetteurs, la régulation du calcium et du sodium, la croissance neuronale, et les voies intracellulaires associées à la dépression.

Liaison du millepertuis sur les récepteurs centraux

Des études ont été menées sur les Benzodiazépines (BZD) en lien avec le millepertuis. En 1997, Baureithel et son équipe ont effectué des recherches in vitro. Leur objectif était d’analyser l’affinité de l’amentoflavone, un composé du millepertuis, pour les récepteurs aux benzodiazépines. Ils ont utilisé des extraits méthanoliques de fleurs et de feuilles du millepertuis pour cette étude.

L’équipe a également employé le flumazénil, un antagoniste compétitif des récepteurs aux benzodiazépines (GABA-A). Ils ont observé que l’amentoflavone inhibait la liaison du flumazénil à son récepteur. Cette inhibition était plus prononcée avec l’extrait de fleur. Cela suggère que les feuilles de millepertuis contiennent peu ou pas d’amentoflavone.

L’amentoflavone, lorsqu’utilisée seule, a montré un pouvoir inhibiteur moindre. Ceci confirme une action synergique des composants de la plante. En 2002, Butterweck et al. ont corroboré ces résultats. Ils ont aussi confirmé l’affinité de l’amentoflavone pour les récepteurs aux BZD. L’extrait brut de millepertuis a une forte affinité pour les récepteurs GABAergiques. De plus, l’amentoflavone se lie fortement au site de fixation des benzodiazépines (IC50= 15 nM).

De plus, en 2002, Butterweck et al. ont étudié l’affinité des divers composants de l’Hypericum perforatum pour une variété de récepteurs. Ils ont constaté que l’amentoflavone avait une forte affinité pour les récepteurs GABAergiques et qu’elle était capable d’inhiber la liaison d’un ligand spécifique au récepteur des BZD. Cette étude suggère une action synergique entre les différents composés présents dans le millepertuis, contribuant à son efficacité antidépressive. Plusieurs récepteurs sont impliqués dans l’action antidépressive de la plante, mettant ainsi en lumière la complexité de ses mécanismes d’action.

Mécanismes impliquant les cytokines

L’excès de cytokines peut contribuer aux troubles dépressifs. Des études en laboratoire ont montré que l’hyperforine pourrait réduire la libération de cytokines. Cela inclut spécifiquement l’interleukine-6 (IL-6), déclenchée par la substance P (SP). L’hyperforine freine également la liaison de la SP aux récepteurs neurokinine-1 (NK1). Une trop grande production d’IL-6 peut augmenter la libération de cortisol. Ce dernier est une hormone liée à la dépression majeure lorsqu’elle est présente en haute concentration.

En 2004, Gobbi et al. ont démontré que l’hyperforine à une concentration de 1 µg/ml inhibait de manière significative (42% ± 11%) la libération d’IL-6 provoquée par la substance P. Cette étude a utilisé le sel de dicyclohexylammonium (DCHA) d’hyperforine, qui est stable à l’air et à la lumière. Cependant, l’hyperforine n’a pas eu d’effet sur la liaison de la substance P aux récepteurs NK1. Ainsi, l’hyperforine contribue à réduire la libération d’interleukine 6, une substance associée à la dépression, en modulant la libération de cortisol.

De plus, l’hyperforine-DCHA a également inhibé la libération d’IL-6 induite par le lipopolysaccharide (LPS). Les concentrations in vitro nécessaires pour bloquer la libération de l’IL-6 chez le rat et l’homme sont plus élevées que celles de l’hyperforine trouvées dans le plasma après traitement au millepertuis ou à l’hyperforine-DCHA. D’autres composés du millepertuis, comme l’hypéricine ou les flavonoïdes, pourraient donc aussi contribuer à l’inhibition de l’IL-6.

Densité des récepteurs sérotoninergiques et bêta adrénergiques

En expérimentation in vivo, l’usage du millepertuis réduit la densité des récepteurs bêta-adrénergiques. Simultanément, il augmente la densité des récepteurs de la sérotonine dans le cortex frontal des rats. Ces changements influencent les concentrations de neurotransmetteurs. Des études ont montré que les extraits de millepertuis diminuent l’immobilité chez les rats et les souris dans des tests tels que la nage forcée et la suspension par la queue. Cet effet est similaire à celui des antidépresseurs classiques.

À l’inverse de nombreux antidépresseurs qui diminuent la densité des récepteurs sérotoninergiques 5-HT2 après utilisation prolongée, le millepertuis a tendance à les augmenter. Cependant, un extrait riche en hyperforine n’augmente pas ces récepteurs, mais les diminue au contraire.  Ceci suggère que différents composants présents dans le millepertuis peuvent influencer la régulation des récepteurs 5-HT2. Par exemple, une étude a révélé que les xanthones induisent une régulation positive de ces récepteurs.

Propriétés anxiolytiques et hypnotiques

En administration répétée, H. perforatum présente un effet anxiolytique et antipanique notable. Il agit également comme un antistress dans les réactions défensives. Cette plante réduit la consommation d’alcool chez les personnes dépendantes. De plus, elle améliore la mémoire et l’apprentissage. En outre, le millepertuis a un effet sédatif sur les individus. Il prolonge aussi la durée du sommeil paradoxal chez les volontaires sains.

Sharpley et son équipe ont mené une étude en 1998 sur le millepertuis. Leurs résultats montrent que deux doses de cette plante retardent le début du sommeil paradoxal (REM Sleep). Cependant, cela n’affecte pas l’architecture générale du sommeil. Cette étude révèle que le millepertuis, à l’instar des antidépresseurs tricycliques, des inhibiteurs de la monoamine oxydase et des inhibiteurs de la recapture de la sérotonine, augmente la latence du sommeil paradoxal. Cette découverte suggère que le mécanisme d’action du millepertuis pourrait être similaire à celui des antidépresseurs classiques. Des recherches supplémentaires sont nécessaires pour déterminer si cet effet joue un rôle dans son efficacité contre la dépression.

Pour les troubles obsessionnels compulsifs (TOC), certaines études préliminaires indiquent que le millepertuis pourrait être utile. A une dose de 450 milligrammes deux fois par jour, avec 0,3% d’hypéricine, il semble soulager les symptômes chez douze sujets. Néanmoins, une étude plus approfondie, réalisée en double aveugle par Kobak et son équipe en novembre 2005, n’a pas confirmé l’efficacité du millepertuis dans le traitement des TOC. De plus, il semble que le millepertuis présente une efficacité limitée dans le traitement de l’anxiété. Il convient également de noter que le millepertuis possède des propriétés sédatives grâce à l’hypéricine.

Propriétés antioxydantes et neuroprotectrices

Les extraits normalisés d’Hypericum perforatum contiennent en effet des flavonoïdes connus pour leurs propriétés antioxydantesL’effet du millepertuis a été testé in vitro sur un modèle de troubles neuronaux. Il s’agit spécifiquement de la mort cellulaire de neurones hippocampiques, causée par le glutamate. Cette mort cellulaire résulte de l’épuisement du glutathion et de l’augmentation de l’oxygène réactif à l’intérieur de la cellule.

Le millepertuis a démontré sa capacité à augmenter la survie de ces neurones. Il protège contre la mort cellulaire induite par le glutamate. Cet effet protecteur est dû à la réduction des flux de calcium dans la cellule et à des changements dans son statut énergétique. Ces résultats suggèrent un effet cytoprotecteur sur les neurones.

In vivo, le millepertuis réduit l’accumulation de la substance β-amyloïde. Il entraîne une augmentation modérée, mais statistiquement significative, de la glycoprotéine P cérébrovasculaire impliquée dans l’exportation de la substance β-amyloïde du cerveau dans le sang, ce qui pourrait constituer une nouvelle stratégie thérapeutique pour protéger le cerveau de l’accumulation de cette dernière, et ainsi entraver la progression de la maladie d’Alzheimer.

Propriétés antalgiques et antiinflammatoires

Des études précliniques ont exploré l’usage du millepertuis contre la douleur. Chez les animaux, des extraits secs avec 0,3 % d’hypericine et 3 à 5 % d’hyperforine ont montré un effet antinociceptif. Ces extraits aident à soulager la douleur aiguë et chronique. Ils renforcent aussi l’efficacité des analgésiques opioïdes. Le millepertuis a montré son efficacité dans le soulagement de la douleur dentaire lors d’études cliniques.

Des expérimentations in vivo indiquent que le millepertuis a une activité antinociceptive contre les douleurs neuropathiques. Ces douleurs peuvent être dues à des médicaments antirétroviraux ou à l’oxaliplatine. Cette découverte suggère l’usage potentiel du millepertuis en monothérapie ou combiné avec la morphine pour ces douleurs. En application locale sous forme de pommade, le millepertuis a réduit la douleur périnéale post-épisiotomie. On a pu le constater dans un essai randomisé contrôlé contre placebo en 2018.

Une étude de 2010 par Hammer et son équipe a analysé un « système 4 composants ». Ce système inclut l’amentoflavone, la quercétine, l’acide chlorogénique et la pseudohypéricine. Ils ont été étudiés pour leur activité anti-inflammatoire.

Ces composés travaillent ensemble pour produire un effet anti-inflammatoire dans les macrophages de souris. On les a évalués pour leur capacité à réduire la production de prostaglandine E2 (PGE2) et d’autres médiateurs inflammatoires. Les tests ont révélé que ces composés influencent les voies des eicosanoïdes et la voie JAK-STAT, qui jouent un rôle clé dans l’inflammation. La pseudohypéricine s’est révélée être le composant le plus efficace pour cet effet anti-inflammatoire.

En outre, une étude de 2011 a examiné comment les extraits éthanoliques de différentes espèces d’Hypericum affectent la libération de PGE2 et de monoxyde d’azote (NO). Cette libération était induite par la stimulation du LPS dans les macrophages de souris.

Les extraits de H. perforatum et H. gentianoides ont montré une efficacité supérieure dans leurs effets anti-inflammatoires. La pseudohypéricine s’est révélée être le composant le plus important pour cet effet. Par ailleurs, les fractions lipophiles de l’extrait H. gentianoides, riches en acylphloroglucinols comme l’hyperforine et l’adhyperforine, ont aussi réduit significativement les niveaux de PGE2 et de NO.

Maladie d’Alzheimer

L’hyperforine est considérée comme importante dans la dégradation du précurseur du peptide amyloïde (APP). L’APP est crucial dans la maladie d’Alzheimer, caractérisée par des troubles cognitifs et des altérations cellulaires. Ces altérations incluent la dégénérescence neurofibrillaire et la formation de plaques séniles. Ces plaques sont principalement constituées de peptide bêta-amyloïde (A-beta). L’A-beta se forme à partir de l’APP. Ce processus implique des enzymes protéolytiques, appelées sécrétases bêta et gamma. La sécrétase alpha a un rôle préventif. Elle produit un dérivé nommé sap. Ce sap contribue à la prévention des altérations associées à la maladie d’Alzheimer.

Lors d’expériences in vitro, l’hyperforine semble réguler le métabolisme de l’APP, potentiellement en favorisant l’action des sécrétases alpha. Cette régulation suggère un rôle potentiel de l’hyperforine dans la protection contre le peptide A-beta, ce qui pourrait avoir des implications neuroprotectrices.

Griffith et son équipe ont mené des recherches sur des rats. Ils ont découvert un effet protecteur de l’hyperforine. Ces chercheurs ont injecté conjointement des fibrilles A-beta et de l’hyperforine dans l’hippocampe des rats. Ils ont remarqué une réduction des dépôts amyloïdes. L’hyperforine semble réduire la production d’espèces réactives de l’oxygène. Cela aide à diminuer la formation du peptide A-beta. Ces découvertes suggèrent que l’hyperforine pourrait être un traitement prometteur pour la maladie d’Alzheimer. Toutefois, il faut encore approfondir les recherches. Il est nécessaire de mieux comprendre les mécanismes et d’évaluer l’efficacité clinique de l’hyperforine contre cette maladie neurodégénérative.

Autres actions

On suppose que l’hyperforine joue plusieurs rôles importants :

  • Action spasmolytique et flavonoïdes : On l’associe à une action spasmolytique grâce à la présence de flavonoïdes.
  • Activité anti-vasoconstrictrice : Similaire à celle de l’aubépine, l’hyperforine améliore le débit coronarien en agissant sur les proanthocyanidines.
  • Activité antibactérienne : Elle possède des propriétés bactériostatiques et bactéricides, en particulier contre Staphylococcus aureus. L’hyperforine semble être l’agent antibactérien principal, et son efficacité est plus marquée contre les bactéries à Gram positif que contre les bactéries à Gram négatif. Les extraits alcooliques sont plus efficaces que les extraits aqueux.
  • Activité antivirale : L’hypéricine et la pseudohypéricine sont responsables de l’activité antivirale. Elles agissent sur certains virus enveloppés, notamment les herpes virus simplex de type I et II, les virus de la grippe, ainsi que les rétrovirus tels que le VIH. Le mécanisme d’action inclut la photo-activation de l’hypéricine, la liaison à la membrane lipidique virale, l’inhibition de la phosphorylation de la protéine kinase C, et l’inhibition de la tyrosine kinase.
  • Activité diurétique : L’hyperforine présente une action diurétique.
  • Augmentation de la température : La prise de millepertuis entraîne une augmentation de la température corporelle de manière dose-dépendante.
  • Effets dans le traitement de diverses affections : L’hypéricine montre des activités contre la leucémie, les carcinomes épidermoïdes, les carcinomes nasopharyngés, les carcinomes et les fibroblastes mammaires. On l’utilise également en photochimiothérapie grâce à ses propriétés photosensibilisantes. L’hyperforine active l’apoptose des cellules et inhibe la croissance du carcinome du sein.
  • Inhibition de NF-kB : L’hyperforine est réputée pour inhiber le facteur nucléaire NF-kB, impliqué dans les processus inflammatoires et angiogéniques.

Cependant, des recherches supplémentaires sont nécessaires pour approfondir la compréhension des mécanismes d’action et évaluer l’efficacité clinique de l’hyperforine dans diverses applications médicales.

Existe-t-il des précautions d’emploi concernant la Millepertuis ?

Avant d’utiliser le millepertuis pour traiter la dépression, il est important de comprendre les précautions à prendre pour éviter les interactions médicamenteuses et les effets indésirables.

Précautions d’emploi et effets indésirables

Le millepertuis constitue un remède naturel souvent utilisé pour traiter la dépression légère à modérée. Cependant, il présente plusieurs contre-indications et précautions importantes à prendre en compte :

On le contre-indique chez les femmes enceintes ou allaitantes, ainsi que chez les enfants et adolescents de moins de 18 ans. De plus, on le déconseille aux personnes souffrant de troubles bipolaires en raison du risque de crises maniaques. Chez les personnes atteintes de cirrhose modérée du foie, le millepertuis peut augmenter les taux plasmatiques de certaines substances.

L’utilisation du millepertuis peut rendre la peau plus sensible au soleil, provoquant des réactions de photosensibilisation, notamment des rougeurs, des démangeaisons et des éruptions cutanées après une exposition au soleil. On recommande donc fortement d’éviter une exposition prolongée au soleil pendant son utilisation.

Bien que le millepertuis soit en vente libre, il est préférable de l’utiliser sous surveillance médicale, car son efficacité dépend de la dose et nécessite environ 10 à 14 jours pour produire des effets. Heureusement, il n’induit pas d’accoutumance.

Le millepertuis peut causer des effets indésirables légers comme des troubles digestifs, une bouche sèche et des maux de tête. Cependant, il existe des cas plus graves. On a signalé des crises maniaques et des nausées intenses. Des épisodes psychotiques et d’autres effets rares sont aussi possibles, surtout chez les personnes avec un historique de troubles mentaux.

Il peut également provoquer une hypertension, en particulier lorsqu’on l’associe à certains aliments.

Interactions médicamenteuses

Le millepertuis, une plante médicinale, présente des interactions significatives avec de nombreux médicaments et plantes, limitant ainsi son usage. L’hyperforine, un composant du millepertuis, active une enzyme du foie. Cela accélère l’élimination de divers médicaments et réduit leur efficacité. Plus de 70 substances sont concernées par ce processus.

Les médicaments affectés incluent ceux pour les troubles cardiaques, contraceptifs oraux, antidépresseurs, traitements du VIH/sida, certains médicaments contre la migraine, anticoagulants oraux, antiépileptiques, et médicaments pour l’excès de cholestérol. Le millepertuis interagit aussi avec des plantes comme le ginkgo et la valériane, et des substances dans certains compléments alimentaires.

Il est crucial de consulter un médecin ou un pharmacien avant de combiner le millepertuis avec d’autres médicaments, plantes ou compléments. Des interactions particulières sont notées avec des médicaments « à faible marge thérapeutique » tels que certains antirétroviraux, la digoxine, la théophylline, et d’autres. Ces interactions sont principalement dues à l’induction du cytochrome P450 et de la glycoprotéine P par le millepertuis.

En outre, une interruption brutale de la prise de millepertuis peut augmenter la concentration plasmatique de certains médicaments. L’hyperforine, un composant clé, induit l’activité du CYP3A4, impactant l’élimination de substances comme l’éthinylestradiol. Cela peut réduire l’efficacité des contraceptifs oraux, nécessitant d’autres méthodes contraceptives.

Des études ont montré que le millepertuis réduit la biodisponibilité systémique de nombreux médicaments. Par exemple, une étude allemande a révélé que 8% des patients hospitalisés prenaient du millepertuis, souvent sans le déclarer. La prise à long terme de millepertuis peut réduire l’efficacité clinique ou augmenter les dosages nécessaires pour les médicaments métabolisés par le CYP3A4.

La MHRA, l’agence britannique de régulation des médicaments, a alerté sur le risque d’interaction entre le millepertuis et les contraceptifs hormonaux après avoir signalé 19 interactions suspectes, dont 15 grossesses non désirées entre 2000 et 2014.

Comment prendre le Millepertuis et à quel dosage ?

Il est crucial d’utiliser le millepertuis correctement et à la bonne dose pour bénéficier de ses avantages.

Pour faire de l’huile de millepertuis, remplissez d’abord un flacon transparent de fleurs de millepertuis. Ajoutez ensuite une huile végétale, comme l’huile d’amande douce ou d’olive. Laissez le flacon au soleil pendant quatre semaines. Après, filtrez l’huile.

Si vous prévoyez une utilisation orale, optez pour des produits standardisés. Ces produits, comme Arkogélules Millepertuis ou Procalmil, sont plus adaptés que les infusions de plantes séchées. Les effets antidépresseurs du millepertuis apparaissent généralement après deux à quatre semaines de traitement.

En présence de symptômes dépressifs, il est essentiel de consulter un médecin avant de recourir au millepertuis. En cas d’absence d’effet après six semaines, il convient d’arrêter le traitement et de reconsulter un professionnel de santé. Pour tous les antidépresseurs, y compris le millepertuis, on recommande de diminuer progressivement la dose quotidienne lors de l’arrêt du traitement.

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Ce qu’en pensent les autorités de santé

  • L’OMS valide l’usage oral du millepertuis pour les dépressions légères à modérées. Elle approuve son usage local pour soigner coupures, irritations, et brûlures légères.
  • La Commission E en Allemagne reconnaît le millepertuis pour les troubles psychosomatiques et l’humeur dépressive. Elle le valide aussi pour l’anxiété, la nervosité, et les troubles digestifs. En usage local, il sert pour les brûlures légères et douleurs musculaires.
  • L’HMPC établit des monographies pour les plantes médicinales et médicaments traditionnels à base de plantes. Cela est fait sous l’égide de l’EMEA.
  • L’ESCOP soutient l’usage oral du millepertuis contre les dépressions légères à modérées.
  • Les NIH américains jugent son usage oral efficace pour traiter les dépressions légères à modérées. Ils le considèrent aussi pour les troubles psychosomatiques, basé sur de fortes preuves scientifiques.

L’OMS a été mandatée pour établir des spécifications internationales sur les plantes médicinales les plus utilisées depuis 1986. L’ESCOP travaille à l’avancement des connaissances scientifiques en phytothérapie et à l’harmonisation de leurs statuts en Europe.

Ces organismes reconnaissent l’utilisation du millepertuis pour diverses indications, notamment les épisodes dépressifs modérés, neurasthénie, inflammations mineures de la peau et en tant que cicatrisant. Les extraits utilisés dans le traitement de la dépression doivent contenir des concentrations spécifiques d’hyperforine, de flavonoïdes et d’hypéricine. En France, des spécialités contenant du millepertuis, telles que Arkogélules Millepertuis et Procalmil, sont disponibles sous forme de gélules et de comprimés, avec des posologies recommandées variant de 370 à 900 mg par jour. Ces produits sont indiqués pour des utilisations variées comme la dépression légère à modérée, les dépressions saisonnières et d’autres états liés à la fatigue nerveuse ou au stress.

Législation

Le millepertuis, classifié comme plante médicinale relevant du monopole pharmaceutique, figure dans la pharmacopée française et européenne, ainsi que dans le National Formulary (USP). Les pharmacies proposent des produits à base d’extrait de millepertuis, disponibles sans prescription.

Pendant longtemps, le cadre juridique du millepertuis en France était ambigu. En 1998, les autorités ont approuvé le millepertuis pour des usages locaux. Ces usages comprennent le traitement des affections cutanées et des brûlures superficielles. On l’utilise également comme antalgique buccal. En avril 2000, la DGCCRF a interdit la vente de millepertuis non transformé et a pénalisé les compléments alimentaires le contenant pour leurs allégations antidépressives. Cependant, l’utilisation du millepertuis reste autorisée comme arôme dans les aliments. Cependant, sa teneur en hypéricine doit rester faible.

Tous les produits contenant du millepertuis doivent afficher un avertissement. Cet avertissement doit informer sur les risques d’interaction avec d’autres médicaments. Il doit préciser que cela peut réduire leur efficacité ou augmenter leur toxicité. Le risque augmente considérablement avec l’arrêt brutal de la prise de millepertuis.

L’ANSM met en garde contre les dangers du millepertuis, surtout lors de son association avec certains traitements. Les antirétroviraux, certains antidépresseurs et les contraceptifs oraux figurent parmi les médicaments concernés. Arrêter soudainement le millepertuis peut s’avérer risquéCela peut faire augmenter le niveau de certains médicaments dans le sang. Ces médicaments ont une marge thérapeutique étroite. Les professionnels de santé doivent questionner les patients sur leur usage du millepertuis. Ils doivent aussi les informer sur les risques d’interactions médicamenteuses.

En France, les médicaments contenant du millepertuis sont disponibles sans ordonnance. Toutefois, compte tenu des risques élevés d’interactions avec d’autres substances, cette accessibilité soulève des questions de sécurité. Ainsi, au Québec, l’idée d’exiger une prescription médicale pour ces produits est envisagée.

Sources bibliographiques médicales et essais cliniques

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