Les limites de l’homéopathie dans les troubles émotionnels et psychiques

Les troubles émotionnels ou l’émotivité, désignent cette propriété fondamentale qu’a l’individu de réagir (réactions psychiques et somatiques) à des excitations physiques ou à des modifications de sa situation organique ou psychique. Cette réaction englobe les manifestations psychiques (les affects) mais aussi leurs concomitants somatiques, neuro-végétatifs et expressifs. La composante somatique s’exprime à travers un ensemble de phénomènes végétatifs ; cœur, vasomotricité, système endocrinien, réactions sécrétoires ou pilo-motrices, troubles du tonus musculaire…

Troubles émotionnels et dysfonction organique

Les troubles émotionnels ont un rôle important avec la notion de stress dans l’étiologie d’un certain nombre de maladies (ulcère gastroduodénal, colon irritable, asthme…) ou dans l’origine de certains symptômes. Avec le temps, les réactions fonctionnelles pourront devenir organiques, d’abord réversibles puis irréversibles.

Comprendre les troubles émotionnels et psychiques

Définition et types

Les problèmes émotionnels et psychiques désignent un large éventail de conditions affectant l’état mental et émotionnel d’un individu. Ces troubles se caractérisent par des perturbations significatives dans la pensée, les émotions, le comportement et la perception de soi et du monde extérieur.

Les principaux types de troubles émotionnels et psychiques comprennent :

  1. Troubles de l’humeur : Ils englobent des conditions telles que la dépression et le trouble bipolaire, marqués par des fluctuations extrêmes de l’humeur, allant de la profonde tristesse à l’euphorie excessive.
  2. Troubles anxieux : Cela inclut le trouble d’anxiété généralisée, le trouble panique, les phobies spécifiques, et le trouble de stress post-traumatique. Ces troubles se caractérisent par une peur ou une anxiété excessive et persistante.
  3. Troubles psychotiques : Comme la schizophrénie, où les patients perdent le contact avec la réalité, éprouvant des hallucinations et des délires.
  4. Troubles du comportement alimentaire : Tels que l’anorexie et la boulimie, qui sont associés à des comportements alimentaires malsains et à une perception déformée du corps.
  5. Troubles obsessionnels-compulsifs (TOC) : Caractérisés par des obsessions (pensées envahissantes) et des compulsions (comportements répétitifs).
  6. Troubles liés au stress : Y compris les réactions aiguës au stress et les troubles d’adaptation, où une personne a du mal à faire face à des facteurs de stress significatifs.

Causes et symptômes

Causes :

Les troubles émotionnels et psychiques peuvent résulter d’une combinaison de facteurs génétiques, biologiques, environnementaux et psychologiques :

  1. Génétiques : Un historique familial de troubles mentaux peut augmenter le risque.
  2. Biologiques : Des déséquilibres dans les neurotransmetteurs du cerveau peuvent jouer un rôle.
  3. Environnementaux : Des événements de vie stressants ou traumatisants, comme la perte d’un être cher, l’abus, ou les catastrophes naturelles, peuvent déclencher ces troubles.
  4. Psychologiques : Des modèles de pensée négatifs, des expériences de vie difficiles, et des problèmes relationnels peuvent contribuer à leur développement.

Symptômes :

Les symptômes varient considérablement selon le type de trouble, mais peuvent inclure :

  1. Changements d’humeur : Comme une tristesse persistante, une euphorie sans raison, ou des fluctuations d’humeur extrêmes.
  2. Anxiété : Sentiment généralisé d’inquiétude, crises de panique, ou peurs spécifiques irrationnelles.
  3. Altération de la pensée : Difficulté à se concentrer, pensées confuses, hallucinations, ou délires.
  4. Comportements perturbés : Comportements compulsifs, alimentation désordonnée, réactions excessives au stress.
  5. Problèmes de sommeil : Insomnie ou hypersomnie.
  6. Retrait social : Évitement des interactions sociales, peur du rejet social, sentiment d’isolement.
  7. Changements physiques : Perte ou gain de poids, fatigue chronique, ou douleurs sans cause apparente.

La compréhension précise des troubles émotionnels et psychiques est cruciale pour leur diagnostic et leur traitement appropriés. Cela implique souvent une approche multidisciplinaire combinant la thérapie, la médication, et parfois, des approches complémentaires comme l’homéopathie.

Qu’en est-il des affections chroniques ?

Dans les affections chroniques, le trouble émotionnel pourra jouer non seulement comme facteur étiologique, mais aussi comme facteur d’entretien de la maladie. Le vécu subjectif douloureux peut même occuper le devant de la scène clinique. Il nécessitera un traitement homéopathique propre. Enfin, les facteurs émotionnels peuvent entraîner une intolérance et un rejet de la thérapeutique; surtout si cette dernière a des effets iatrogènes.

Quel rôle l’homéopathie peut-elle jouer dans les troubles émotionnels ?

L’homéopathie, de par sa méthode, est parfaitement adaptée à la thérapeutique de ces malades et de ces maladies, car elle fonde sa sémiologie sur une observation de la réaction du malade à sa maladie et sur les signes pathognomoniques. Son champ d’élection va être :

  • La pathologie de l’adaptation générale : le stress et ses conséquences psychophysiques à court ou long terme
  • La prévention de cette pathologie, en utilisant de façon précoce les médicaments de terrain du malade.

La méthode sémiologique, avec son interrogatoire et son observation minutieuse, se base pour une part importante sur l’auto-observation. C’est un des intérêts de la méthode car, très souvent, apparaissent d’abord des symptômes fonctionnels que le malade peut seul repérer, alors que les examens cliniques et biologiques sont encore normaux. L’homéopathie dans ces cas peut constituer un traitement précoce, rétablir un équilibre encore peu compromis et éviter une évolution ultérieure.

Pour l’homéopathie en effet, les troubles ne correspondent pas uniquement à une déviation par rapport à une norme statistique, mais il peut considérer comme symptôme pathologique la perception par le malade lui-même, d’un déséquilibre, d’un inconfort, d’une gêne par rapport à un meilleur fonctionnement antérieur. Il est toutefois indispensable que l’auto-observation soit juste, sinon la sémiologie homéopathique peut devenir un piège. Les limites de l’homéopathie sont donc conditionnées par les pièges possibles de la sémiologie qui peut être due à la maladie.

Les limites et les pièges dus à la maladie

L’auto-observation a en effet des limites et recèle des pièges. Certains secteurs de la pathologie tels que les névroses, les psychoses et certaines dépressions faussent systématiquement l’auto-observation.

Dans les névroses :

Les symptômes sont l’expression symbolique d’un conflit psychique trouvant ses racines dans l’histoire infantile du sujet et constituant des compromis entre le désir et la défense. Le symptôme est présenté à la place d’un conflit inconscient refoulé. L’homéopathie ne pourra pas s’appuyer directement sur les symptômes proposés car c’est d’autre chose dont il est question. On n’obtiendra en général, dans ces cas, que :

  • Peu ou pas d’amélioration
  • Un déplacement du symptôme
  • Ou une aggravation en fait d’origine psychique (rôle métaphorique du médicament)

Pour aider l’hystérie ou le phobique, il est inutile de chercher dans une matière médicale ou un répertoire le médicament de la paralysie ou de la peur des épingles… Par contre, il est partiellement efficace de prendre le ou les médicaments du terrain global, le ou les médicaments du fonctionnement émotionnel habituel.

De même, dans la névrose obsessionnelle; il faudra repérer soigneusement dans les symptômes, ceux qui correspondent à la façon somato-psychique de réagir et ceux qui appartiennent à une élaboration psychique d’origine inconsciente. Ces derniers ne sont pas directement curables par la méthode homéopathique.

Dans les psychoses :

Lorsque les troubles engendres un délire organisé et structuré (paranoïa, délire hypochondriaque), il est impossible d’appliquer la règle de similitude. Dans les schizophrénies, chez des sujets au moi morcelé ou simplement fragile ou fissuré; les symptômes fuient ou se multiplient devant une approche sémiologique par excès de subjectivité et d’angoisse. Là aussi, la recherche du médicament semblable est impossible. Si l’on se traite pour une affection autre que la psychose, on s’appuiera, comme dans les névroses, sur des symptômes correspondant à son mode réactionnel global somato-psychique.

Quant à la psychose maniaco-dépressive, elle échappe totalement à toutes possibilités thérapeutiques homéopathiques du fait de l’absence de réactivité du sujet en crise aux médicaments homéopathiques. Le traitement de ces affections discrètes ou de ces délires à bas bruit se fera avec discernement, de même que pour les états limites où les symptômes peuvent être projetés sur le corps.

Dans les dépressions :

Dans les dépressions réactionnelles (suites par exemple de chocs psychiques), la thérapeutique homéopathique peut être opérante en améliorant la tolérance au stress et en permettant à la personne malade de retomber sur un meilleur équilibre. Mais il peut aussi s’agir d’une structure névrotique sous-jacente qui décompense ou d’un manque de réactivité du malade qui est une limite à notre action.

Rappelons que la dépression mélancolique est une forme clinique de la psychose maniaco-dépressive et donc échappe à la thérapeutique homéopathique.

Le champs psychosomatique :

La maladie psychosomatique est d’abord une maladie somatique, c’est-à-dire que le symptôme organique (ulcère gastroduodénal, eczéma, H.T.A…) est toujours présent; il remplace l’angoisse du sujet névrotique. Ces personnes ont un fonctionnement psychique de type opératif avec pauvreté de l’imaginaire. La méthode homéopathique s’applique simplement sans restriction en recherchant soigneusement le médicament semblable à la lésion avec ses modalités et le médicament de mode réactionnel chronique. De plus, on établira une relation thérapeutique médecin-malade capable de durer, indispensable pour obtenir la guérison.

Quelles sont les principales souches homéopathiques pour les troubles émotionnels ?

Souche Homéopathique Troubles Traités Description Courte
Ignatia Amara Stress, anxiété légère Utilisé pour le choc émotionnel, la tristesse, le stress
Pulsatilla Humeur changeante, anxiété Pour la sensibilité émotionnelle, l’indécision
Gelsemium Anxiété de performance, trac Contre l’anxiété anticipatoire, la timidité
Arnica Montana Choc émotionnel, trauma Aide à la récupération après un choc émotionnel
Staphysagria Colère refoulée, frustration Pour ceux qui répriment la colère ou la frustration
Aconitum Napellus Panique aiguë Utilisé pour les crises de panique soudaines
Argentum Nitricum Anxiété, nervosité, impulsivité Pour l’anxiété associée à l’impulsivité
Natrum Muriaticum Tristesse, deuil Pour le chagrin profond, la solitude
Sepia Indifférence, épuisement Contre l’apathie et l’épuisement émotionnel
Sulphur Pensées obsessives, irritabilité Pour les pensées envahissantes, l’irritabilité

Ce tableau n’est pas exhaustif et les souches homéopathiques doivent être sélectionnées en fonction des symptômes spécifiques de chaque individu. De plus, l’efficacité de l’homéopathie dans le traitement des troubles émotionnels et psychiques reste un sujet de débat dans la communauté médicale. Il est donc essentiel de consulter un professionnel de la santé avant de commencer tout traitement homéopathique.

Conclusion

Nous pouvons dire que les possibilités de l’homéopathie pour traiter les troubles émotionnels, voire les sujets névrosés, ne sont pas négligeables, car de nombreux médicaments contiennent dans leur pathogénésie des réactions émotionnelles. Si l’on veut une efficacité performante homéopathique, il faudra valoriser soigneusement les symptômes de la maladie en repérant les réponse somato-psychique de l’organisme.

C’est avec ces précautions que nous pourrons mieux comprendre le possibilités de l’homéopathie dans :

  • Les terrains anxieux
  • Les états dépressifs de l’adulte
  • Les insomnies de l’adulte et de l’enfant
  • Les troubles du comportement scolaire
  • Différentes douleurs et maux de tête d’intensité variable

FAQs:

  • Est-ce que l’homéopathie peut être utilisée en complément d’autres traitements pour les troubles émotionnels et psychiques ?

Oui, l’homéopathie peut être utilisée en complément d’autres traitements pour les troubles émotionnels et psychiques, mais il est important de consulter un professionnel de la santé pour discuter des interactions possibles entre les traitements.

  • Est-ce que les remèdes homéopathiques ont des effets secondaires ?

Les remèdes homéopathiques sont généralement considérés comme sûrs, car ils sont très dilués. Cependant, il est possible de ressentir des effets secondaires tels que des réactions allergiques ou des effets indésirables liés aux interactions avec d’autres médicaments. Il est important de consulter un professionnel de la santé avant de prendre des remèdes homéopathiques.

  • L’homéopathie peut-elle être utilisée pour traiter les troubles de l’alimentation ?

Bien que l’homéopathie puisse être utile pour certains symptômes associés aux troubles de l’alimentation, elle ne peut pas remplacer une prise en charge médicale intensive pour ces troubles. Il est important de consulter un professionnel de la santé pour discuter des options de traitement.

  • Est-ce que l’homéopathie peut être utilisée pour traiter les troubles de la personnalité ?

Les troubles de la personnalité nécessitent souvent une prise en charge médicale intensive, y compris une thérapie psychologique et des médicaments. L’homéopathie seule ne peut pas traiter ces troubles.

  • Est-ce que les remèdes homéopathiques sont sûrs pour les enfants ?

Les remèdes homéopathiques sont généralement considérés comme sûrs pour les enfants, mais il est important de consulter un professionnel de la santé avant de donner des remèdes homéopathiques aux enfants.

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