Le gingembre, de son nom botanique Zingiber officinalis, appartient à la famille des Zingiberaceae. On extrait son huile essentielles des rhizomes.
Histoire du Gingembre
En phytothérapie, on utilise son rhizome (tige souterraine) qui est épluché, lavé, cuit et séché avant d’être réduit en poudre. Le gingembre est proposé pour prévenir les nausées et les vomissements dans une grande variété de situations : mal des transports, mal de mer, réveil post-chirurgical, chimiothérapie anticancéreuse, grossesse, etc. Le gingembre est également proposé pour stimuler la production et la sécrétion de bile, en cas de digestion difficile. Son huile essentielle est parfois utilisée en application locale contre les douleurs de l’arthrose (rhumatismes).
Le gingembre est une épice et une drogue des plus estimées, et cultivée depuis l’Antiquité aux Philippines. Son utilisation est déjà mentionnée dans les plus vieux écrits chinois et sanskrits. Elle n’échappa pas aux Grecs et aux Romains anciens. Le nom botanique Zingiber proviendrait du mot sanskrit shringavera, qui signifie « en forme de bois de cerf », en allusion à la forme des jeunes pousses sortant de son rhizome.
Ses origines
Le gingembre était déjà cultivé en Inde avant l’apparition de l’écriture. Des manuscrits datant de plus de 3 500 ans mentionnent son nom. Mais les historiens estiment que son utilisation remonterait à plus de 5 000 ans. Dans la médecine traditionnelle chinoise, le gingembre était un remède associé au traitement de maladies provoquées par une augmentation du Yin qui est notamment un élément associé au froid ainsi qu’à l’humidité.
Le gingembre, de son nom scientifique Zingiber Officinale, est une plante appartenant à la famille des Zingiberaceae et originaire d’Inde. À l’origine, les marchands arabes l’appelaient Zenj. Ce mot servait également à désigner les habitants de la côte orientale de l’Afrique où ils allaient s’approvisionner.
Le commerce du gingembre était déjà florissant sous l’Empire romain.
Au Tibet, il vient en aide aux convalescents, la médecine ayurvédique le préconise pour soulager les articulations et les muscles douloureux. C’est très certainement pour ces raisons qu’on a vu dans la main de gingembre, noueuse, jaune et aromatique, une panacée à l’instar du ginseng. C’est une plante de l’énergie vitale, aussi bien physique que psychique, elle a une place de choix à côté de la cannelle et du clou de girofle.
Au Sénégal, les femmes fabriquent des ceintures avec des tubercules de gingembre, ce qui aurait pour effet également de réveiller les sens endormis de leur époux (Capus et Bois).
Les Hindous lui donnent 3 noms différents : « sunthi » pour la plante, « nagara » pour le rhizome frais et « ardraka » pour le rhizome séché. Pour eux, c’est la plante fondamentale, la médecine ayurvédique considérant le gingembre comme le « wiswabhesaj » = « remède universeil ».
En médecine indienne, il est considéré comme fortifiant de la mémoire, aphrodisiaque, digestif et carminatif. Il est aussi recommandé dans le traitement préventif de la migraine. La médecine arabe a retenu le traitement des troubles sexuels et les effets aphrodisiaques.
Au Moyen Age
On le connaît en Europe depuis le XIe siècle, puis il tombe dans l’oubli vers le XVIIIe siècle avant de revenir actuellement en force, à la faveur de l’engouement pour la cuisine traditionnelle asiatique. Au XVIIe siècle, on soulageait les douleurs dentaires en massant les gencives avec de l’huile essentielle et en introduisant un coton imbibé dans les dents carriées. La décoction est aussi prise en bain de bouche pour des indications similaires.
Prisé depuis des temps reculés, on pensait au Moyen-Âge qu’il venait du jardin d’Eden. Le gingembre est cultivé comme épice et condiment dans tous les pays tropicaux, Jamaïque, Inde, Chine, Antilles, Australie, etc. Il fait partie de l’alcoolat de Fioravanti et entre aussi dans la composition de certaines bières (ginger-ale).
En Europe, le gingembre était particulièrement apprécié de civilisations telles que les Grecs ainsi que les Romains. Cette épice, qui au Moyen-âge était considérée comme magique et aphrodisiaque, trouvait facilement sa place sur des tables aussi prestigieuses que celle du roi Henri VIII.
De l’Antiquité au Moyen Âge, il sera donc considéré comme un must. Dès le IXe siècle, le gingembre se propage en Europe occidentale et s’y installe ainsi durablement. Il devient une épice fort appréciée qui, bien qu’importée en grandes quantités, reste relativement onéreuse, car destinée aux nantis de l’époque. Sur les tables ou dans le cabinet du médecin médiéval, le gingembre est effectivement partout. Il a une telle réputation qu’on dit même qu’il pourrait venir à bout de la peste.
Même si ce n’est pas le cas, l’homme désespéré par les épidémies peut tout à fait avoir entrevu une forme de salut à travers ces gros rhizomes charnus.
Hildegarde de Bingen accorde intérêt au gingembre. En synergie avec d’autres plantes, elle soignait constipation et sinusite. D’un point de vue culinaire, le Viandier de Taillevent (XIV ème siècle) donnera à la poudre zinzibérine une place d’honneur , ce qui fait qu’il restera courant en cuisine jusqu’à la fin du XVIII ème siècle, avant d’être progressivement abandonné au profit du poivre qui détrône le gingembre des tables françaises. Ce n’est pas le cas en Allemagne ou dans les pays anglo-saxons qui continueront de l’employer en l’intégrant dans de nombreuses préparations. En Angleterre, sa présence est si forte que le nom anglais du gingembre, ginger, est devenu un prénom !
Au XIII ème siècle, Marco Polo se trouvait sur la côte de Kérala, en Inde. Il a sans doute été le premier Occidental à contempler le gingembre sur pied. Constitué de rhizomes noueux desquels émergent des tiges droites et feuillues, il ressemble fortement à son cousin le curcuma.
Epoque contemporaine
Valnet (XXe siècle) recommande entre autres l’huile essentielle dans les digestions difficiles, les diarrhées, la prévention des maladies contagieuses et l’impuissance et, en application locale, contre les douleurs rhumatismales.
Aujourd’hui, la pharmacopée chinoise lui reconnaît une action contre les vomissements, les refroissements, les gastralgies et la toux grasse. Son huile essentielle sert à aromatiser des boissons et entre dans la composition de parfums.
Ayant quitté sa région natale depuis fort longtemps, on trouve aujourd’hui notre gingembre un peu partout dans le monde, dès lors qu’un climat tropical en rend favorable la culture. Bien sûr, nous avons l’Inde et la Chine qui forment le berceau du gingembre, mais aussi les Philippines, l’Australie, puis vers l’ouest, Madagascar, le Bénin, la Côte-d’Ivoire… Des viviers américains existent également dans les Antilles. Il va sans dire que ces différents terroirs forment des huiles essentielles bien différentes les unes des autres.
Quelles sont les propriétés pharmacologiques de l’huile essentielle de rhizome de Gingembre ?
Mode d’action connu ou présumé :
- Inhibition de la synthèse des prostaglandines et des leucotriènes
- Le rhizome de gingembre contient des essences (responsables de son arôme) ainsi que des sesquiterpènes, des alcools monoterpéniques, des citrols et des phénols. Les gingérols et les shogaols, présents dans le gingembre, agissent directement sur la muqueuse de l’estomac et on les considère comme les composés responsables de ses propriétés anti-nauséeuses. Ces substances pourraient être également à l’origine des effets stimulants du gingembre sur la sécrétion de salive, de sucs gastriques et de bile
Propriété anti vomitive :
L’huile essentielle de gingembre est efficace contre les nausées post-opératoires; en effet, elle accélère le passage des aliments de l’estomac vers l’intestin.
Propriété digestive, antispasmodique et antiulcéreuse :
L’α-zingibérène stimule en effet les sécrétions gastriques et le péristaltisme intestinal et accélère le passage de la nourriture de l’estomac vers l’intestin. L’huile essentielle de gingembre augmente ainsi l’activité des enzymes digestives et intestinales. Elle réduit également les spasmes de l’intestin grâce aux citrals qu’elle contient.
Tonique digestive, carminative et stomachique (surtout en partie haute, de la bouche à l’estomac), l’essence de gingembre est également une cicatrisante digestive active sur la muqueuse du gros intestin. Elle provoque l’expulsion des gaz intestinaux. Cette huile essentielle active la microcirculation digestive. Elle augmente également l’activité des enzymes digestives (maltases, lipases, saccharases, entre autres, mais aussi trypsines et chymotrypsines intestinales). Apéritive et digestive par stimulation de la sécrétion gastrique et du péristaltisme intestinal, l’huile de gingembre est en outre antispasmodique, antitussive et expectorante.
Propriété antimicrobienne :
L’huile essentielle de gingembre freine la réplication des virus responsables du rhume ainsi que de l’herpès. En effet, les carbures MT et ST montrent une activité antibactérienne par freinage de la réplication des virus responsables du rhume et de l’herpès, vis-à-vis d’infections pulmonaires, urinaires et intestinales.
Propriété anti-inflammatoire :
Anti-inflammatoire par voie topique, une étude clinique rapporte également la réduction des douleurs du genou après administration locale d’huile essentielle de gingembre associée à de l’oranger doux.
Propriété anticancéreuse :
Le gingembre induit en outre une apoptose, l’activation des caspases et une fragmentation de l’ADN nucléosomique dans des cellules SiHa. L’huile est cytotoxique sur cellules de neuroblastome N2a-NBs.
Autres propriétés :
- Antalgique
- Tonique sexuelle, aphrodisiaque
- Active sur les séreuses
- Anti catarrhale, expectorante
- Active sur SNA Ʃ+
- Insecticide
- Immunostimulante, s’oppose à l’immunosuppression
- Sédative sans activité anxiolytique, de fortes doses d’huile essentielle de gingembre chez la souris induisent des altérations du comportement et de la mémoire en raison d’une activité antagoniste sur le système cholinergique muscarinique central
Quelques autres plantes utilisées pour stimuler la production de bile
La phytothérapie traditionnelle utilise également les plantes suivantes pour stimuler le foie et la vésicule biliaire :
- Artichaut (Cynara scolymus)
- Chardon-Marie (Silybum marianum)
- Fumeterre (Fumaria officinalis)
- Gentiane jaune (Gentiana lutea)
- Pissenlit (Taraxacum officinale)
- Romarin (Rosmarinus officinalis)
Formes et dosage du Gingembre
Le gingembre s’utilise frais ou séché, ou sous forme de poudre ou de jus. En cas de nausée, on peut mâchonner une tranche de gingembre frais ou faire une infusion (une tranche de rhizome frais ou 0,5 à 1 g de rhizome séché dans une tasse d’eau bouillante). Dans le cadre de la prévention du mal des transports, la prise de gingembre doit avoir lieu une demi-heure à une heure avant le départ.
L’huile essentielle de Gingembre requiert-elle des précautions d’emploi ?
- Contre-indiquée chez la femme enceinte ou allaitante ainsi que chez l’enfant de moins de 8 ans
- Interactions médicamenteuses avec les huiles essentielles contenant des cétones ou des phénols à plus de 10 %
- Interdite chez les animaux
- Éviter en cas de lithiases biliaires
- Induction modérée du CYP 3A4, 2C19, 2D6, 1A2, et de la P-gP, risque d’interactions médicamenteuses, demandez par conséquent conseil à votre pharmacien
- Interactions potentielles avec les anticoagulants (risque d’hémorragie par inhibition de l’agrégation plaquettaire)
- Risque d’interactions avec la warfarine
- Inhibition de l’effet de de la ranitidine en raison de propriétés mucoadhésives des extraits de Curcuma longa ainsi que de curcumine
- Sensibilisation de type allergique possible
- Irritation cutanée (dermocaustique) possible de l’huile essentielle à l’état pur, dilution requise
- Ne pas diffuser, ni inhaler (risque d’irritation oculaire)
Ce qu’en pensent les autorités de santé :
L’OMS
L’Organisation mondiale de la santé reconnaît comme « cliniquement justifié » l’usage du gingembre dans « la prévention des nausées et des vomissements dus au mal des transports et au mal de mer, ainsi que ceux liés à une intervention chirurgicale ou à la grossesse ». Elle reconnaît comme « traditionnel » son usage dans le traitement « des troubles digestifs, du rhume et de la grippe, de la perte d’appétit et comme anti-inflammatoire dans les migraines et les douleurs musculaires ou articulaires ».
LA COMMISSION E
La Commission E du ministère de la Santé allemand reconnaît l’usage du gingembre dans « le traitement des troubles digestifs et la prévention du mal des transports ».
L’ESCOP
La Coordination scientifique européenne en phytothérapie reconnaît l’usage du gingembre dans « la prévention des nausées et des vomissements dus au mal des transports, ou à la suite d’interventions chirurgicales mineures ».
Sources bibliographiques médicales et essais cliniques :
- Gessilda Alcantara Nogueira de Melo, Renata Grespan, Jefferson Pitelli Fonseca, Thiago Oliveira Farinha, Expedito Leite Silva, Adriano Lopes Romero, Ciomar A. Bersani-Amado, Roberto Kenji Nakamura Cuman. Inhibitory effects of ginger (Zingiber officinale Roscoe) essential oil on leukocyte migration in vivo and in vitro. Journal of Natural Medicines. 2011
- Kottarapat Jeena, Vijayastelter B Liju, Ramadasan Kuttan. Antioxidant, Anti-Inflammatory and Antinociceptive Activities of Essential Oil From Ginger. Indian J Physiol Pharmacol. Jan-Car 2013
- Pozzatti P, Scheid LA, Spader TB, Atayde ML, Santurio JM, Alves SH. In vitro activity of essential oils extracted from plants used as spices against fluconazole-resistant and fluconazole-susceptible Candida spp. Car J Microbiol. 2008
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