Huile essentielle de Rose de Damas, reine des fleurs réservée aux dieux

L’huile essentielle de Rose de Damas, extraite de la célèbre Rosa damascena, membre éminent de la famille des Rosaceae, se dresse au sommet de la hiérarchie florale depuis des millénaires. Distillée avec soin à partir des fleurs, cette essence précieuse a traversé les âges, éveillant admiration et respect à travers les civilisations.

Depuis les jardins suspendus de Babylone jusqu’aux champs luxuriants de la Bulgarie contemporaine, la rose a toujours été synonyme de majesté et de divinité. Ses origines, ancrées dans les profondeurs de l’histoire, remontent à plus de 5000 ans en Chine, mais c’est en Perse et sur l’île grecque de Rhodes que la rose a véritablement commencé son voyage légendaire.

Cette fleur, que les archéologues décrivent comme la plus ancienne connue de l’humanité, s’est développée principalement dans deux bassins fertiles : la Perse, berceau de la première huile essentielle de rose par le médecin Avicenne, et la Chine. Avec l’expansion de l’empire perse jusqu’à Damas, la culture de la rose y a prospéré, laissant une empreinte indélébile sur la ville et ses environs.

Ce n’est pas simplement son histoire qui intrigue, mais également ses multiples usages, allant de l’aromathérapie jusqu’aux préparations médicinales, en passant par son utilisation dans les rituels royaux et religieux. La rose de Damas ne se contente pas d’enchanter par son parfum; elle a marqué de son empreinte la médecine, la gastronomie, et même la politique, de l’Antiquité à nos jours.

Ainsi, cet article se propose de dévoiler les secrets de l’huile essentielle de Rose de Damas, en explorant son histoire fascinante, ses origines mythiques, et ses nombreuses applications qui transcendent le temps et les cultures.

Histoire de la rose

La rose est appréciée depuis la plus haute Antiquité où déjà, elle est considérée comme la reine des fleurs. Elle est révérée dans les livres sacrés, et son parfum est réservé aux rois, aux temples, et aux divinités.

Ses origines

La culture des roses sauvages remonte à 5000 ans av. J.-C, en Chine. L’île de Rhodes (rhodon = rose en grec) témoigne de la présence de roses sauvages sur cette île.

Plus ancienne fleur connue de l’humanité, la rose viendrait de Perse. Les archéologues disent qu’elle s’est développée dans deux bassins : la Perse, où le médecin Avicenne aurait mis au point la première huile essentielle de rose, et la Chine. La Perse étendant petit à petit son empire jusqu’à Damas, la culture de la rose s’y répand et y prospère. Certains botanistes affirment que les rosiers prolifiques sont tous issus d’un rosier sauvage premier, Rosa canina, dont les fleurs délicates comptent cinq pétales comme l’églantine, qui fleurit spontanément partout dans nos campagnes.

Au Moyen-Âge, lors des croisades, les chevaliers français se rendirent à Damas et ramènent la rose de Syrie. On attribue au chevalier Robert de Brie  le mérite d’avoir rapporté Rosa damascena à son retour de croisade vers 1254 dans la ville de Provins. Provins devint ensuite la capitale de la rose française et la ville fait fortune au XIIIe siècle, répandant la rose partout en France et en Occident. La rose emblématique de la ville est Rosa gallica officinalis, surnommée la “rose des apothicaires”. À cette époque, la rose entrait déjà dans la préparation d’onguents et de remèdes pour la peau.

La rose, emblème de la ville gauloise est alors surnommée « la rose de l’apothicaire ». À cette époque, les roses étaient déjà entrées dans la phase de préparation des onguents pour la peau et des médicaments. En 1610, la Bulgarie deviendra et restera le principal producteur d’essence de rose (ville de Kazanlik), alors sous domination ottomane. Le pays est devenu le premier producteur de roses de Damas. À la fin du XIXe siècle, les plantes et les techniques bulgares ont été transportées dans les régions de Burdur et d’Isparta en Anatolie, faisant de la Turquie le deuxième producteur de parfum de rose de Damas. Dès 1800, des cultures sont entreprises en Europe, Algérie et Asie Mineure.

Ses usages

La rose est révérée dans les livres sacrés, et son parfum est réservée aux rois, aux temples, et aux dieux. Plusieurs bouquets de roses encore intacts ont été retrouvés dans le sarcophage de Tout Ankh Amon déposés par son épouse la reine Ankh Amon il y a plus de 3 000 ans. La rose est la plus ancienne fleur connue de l’homme et vient de Perse. Les archéologues disent qu’elle s’est développée dans deux bassins : la Perse ; où le Dr Avicenne aurait développé la première huile essentielle de rose et la Chine. La Perse a progressivement étendu son empire jusqu’à Damas, où la culture de la rose s’est répandue et s’est épanouie.

Hippocrate, Celse et Dioscoride utilisaient en thérapeutique « l’huile de rose ». L’ « Oleum rhodium » était utilisée en massages pour les maux d’estomac, d’intestin, les ulcères, les maux d’oreilles et de dents : une véritable panacée…!

Au Moyen Âge, Avicenne prescrit un sirop de rose astringent contre les affections biliaires. Au IXe siècle, apparaît « l’eau de rose« , utilisée pour les convives comme rince-doigts avant l’introduction de la fourchette… P Schöffer recommande au XVe siècle, le « sucre de rose » pour cicatriser « les boyaux écorchés ». Au XVIe siècle, Mattioli affirme que la rose est un médicament béni. Baumé, recommande le « Miel rosat » ou « Rhodomel » comme détersif et astringent » utilisé en gargarismes, lavements, pour « fortifier le ventre et resserrer les intestins ».

En médecine grecque, Dioscoride (Ier siècle) recommande l’huile essentielle de rose pour soulager les douleurs des plaies et pour renforcer l’intelligence. En médecine arabe, Ibn al-Baytar (XIIIe siècle) rappelle que l’huile essentielle de rose est obtenue par macération dans de l’huile de sésame ou d’olive. La Perse maîtrisait parfaitement la culture de la rose au Moyen Âge.

En application locale, cette huile calme les douleurs cérébrales et auriculaires ainsi que celles liées aux abcès et aux tumeurs du cerveau. Elle cicatrise également les ulcères externes. En lavement, elle est salutaire dans les ulcères de l’intestin et du rectum. Mélangée à l’aneth, l’huile est utile contre les poisons car elle induit des vomissements.

La Bulgarie est le principal producteur d’huile essentielle au parfum envoûtant obtenu par distillation depuis le début du XVIIe siècle.

Au XVIIe siècle, sa culture s’étend notamment en Bulgarie, dans la région de Kazanlik, alors sous domination de l’Empire Ottoman. Le pays devient le premier producteur de rose de damas. À la fin du XIXe siècle, les plantes et techniques bulgares sont rapatriées en Anatolie dans les régions du Burdur et d’Isparta, faisant de la Turquie le second producteur de parfum de rose de Damas.

Le rosier de damas vit toujours de façon spontanée en Syrie et au Caucase.

Quelles sont les propriétés pharmacologiques de l’huile essentielle de Rose de Damas ?

Effet antimicrobien :

L’huile essentielle de rose de Damas réduit la résistance multiple d’Enterobacter aerogenes, Escherichia coli, Pseudomonas aeruginosa et Acinetobacter baumannii, augmente de façon significative l’efficacité des bêta-lactamines, quinolones, et chloramphénicol par activité sur les pompes à efflux.

Également antifongique, elle potentialise les effets de l’amphotéricine B et du kétoconazole sur Aspergillus.

Effet antispasmodique :

L’huile essentielle de Rosa damascena inhibe les contractions de l’iléon et dilate les bronches de par son effet spasmolytique.

Effet calmant :

La rose est tranquillisante et sympatholytique par inhalation.

Effets dermatologiques :

La rose de Damas est régénératrice tissulaire et cellulaire. Cicatrisante, elle est aussi astringente, hydratante, hémostatique, ainsi que régénérante des peaux sèches ou desquamées.

Effets anticancéreux :

Possédant de nombreuses potentialités antitumorales, l’huile essentielle de rose de Damas module la synthèse d’ADN et potentialise l’action d’anticancéreux (5-FU). Elle est chimio préventive vis-à-vis du cancer :

  • Potentialités intéressantes dans le cancer du pancréas.
  • Inhibe la croissance de cellules cancéreuses de colon, ainsi que la biosynthèse de polyamines.
  • Inhibe la croissance de mélanomes et d’hématomes, ainsi que la progression des cellules cancéreuses du sein.

Immunomodulante, elle limite également la neutropénie et la lymphopénie lors des chimiothérapies anticancéreuses.

Autres effets :

  • Tonique générale et neurotonique
  • Aphrodisiaque
  • Antidépressive
  • Anticonvulsivante
  • Potentialise l’activité du GABA-A et augmente son affinité vis-à-vis de ses récepteurs
  • Antiallergique
  • Activité répulsive vis-à-vis des insectes, effet répulsif contre les tiques Ixodes Rhipicephalus sanguineus et Amblyomma sculptum, toxicité vis-à-vis du virus du Nil occidental et de l’agent de la filariose Culex pipiens
  • Antihypertensive et antiarythmique
  • Ligand pour les récepteurs estrogéniques avec effet légèrement estrogénique

L’huile essentielle de Rose de Damas requiert-elle des précautions d’emploi ?

Sources bibliographiques médicales et essais cliniques :

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