Le rôle des médicaments homéopathiques dans l’otite aiguë

On appelle « otite aiguë » un processus inflammatoire et/ou infectieux intéressant l’oreille externe et/ou l’oreille moyenne, enclenché par un agent microbien à porte d’entrée le plus souvent rhino-pharyngée et pouvant; soit évoluer isolément; soit s’ajouter à une pathologie aiguë rhino-pharyngée ou à une maladie infectieuse générale; ou bien inaugurer un syndrome infectieux.

L’otite congestive dans laquelle domine l’aspect inflammatoire

L’otite congestive est révélée par l’apparition brutale d’une douleur localisée très intense (se traduisant chez le nourrisson ou le jeune enfant par des pleurs et/ou des attouchements de l’oreille). L’examen autoscopique montre un tympan rosé, brillant, avec hypervascularisation des vaisseaux du conduit auditif externe et de la partie supérieure du tympan.

Cette otite congestive est soit un symptôme isolé ou le symptôme inaugural d’une maladie infectieuse; soit une complication d’une rhino-pharyngite ou d’une adénoïdite débutante.

Otite congestive, symptôme isolé ou inaugural d’une maladie infectieuse :

Dans ce cas, on isole l’otalgie d’origine inflammatoire.

C’est un médicament préparé à partir d’un autolysat aseptique filtré de foie et de cœur de canard de Barbarie (Anas barbariae). Sa très grande richesse en acides aminés est vraisemblablement responsable de la potentialisation des mécanismes de défense de l’organisme contre les agents infectieux.

Posologie : Dès que possible, prendre un tube-dose et répéter 3 fois cette prise à 24 heures d’intervalle.

Expérimentalement, la substance provoque et fait disparaître des inflammations hyperalgiques au niveau des os de l’oreille avec irradiation de la douleur à la mastoïde par une vasodilatation congestive localisée.

Posologie : Prendre en 5 CH, 5 granules tous les quarts d’heure, en espaçant suivant amélioration de la douleur.

L’indication de ce médicament est dictée par l’apparition surtout nocturne d’une otalgie à la suite de l’exposition du sujet à un refroidissement brutal (vent du nord par exemple).

Posologie : Soit prendre le contenu d’un tube-dose d’Aconitum 9 CH, un heure environ après la première prise d’Oscillococcinum, soit alterner la prise de 5 granules d’Aconitum 7 ou 9 CH avec celle de 5 granules de Capsicum annuum 5 CH, en respectant l’espacement des prises avec la diminution de l’intensité des symptômes.

Ce médicament se conseille chez les enfants ou chez les sujets hypersensibles, intolérants à la douleur. Au moment des poussées dentaires, les nourrissons et les jeunes enfants répondent parfaitement à cette définition ; ils crient, s’agitent et ne se calment que si on les porte ou si on les promène. C’est également au cours des poussées dentaires qu’on observe un état inflammatoire de la sphère O.R.L. qui s’accompagne d’otite congestive.

Les symptômes s’exacerbent le soir, entre 21 heures et minuit. Très souvent du côté de l’otite, la joue est chaude et rouge tandis que l’autre est froide et pâle.

Posologie : Prendre Chamomilla en 9 ou 15 CH (puisqu’il y a modification du comportement), à raison de 5 granules au moment de chaque poussée douloureuse ou de chaque période d’agitation.

Otite congestive, complication de rhino-pharyngite ou d’adénoïdite :

L’otalgie évolue dans un contexte de syndrome fébrile aigu. On utilise alors Oscillococcinum de la même manière que celle préconisée pour l’otalgie congestive locale.

De même, vis-à-vis de l’intensité de la douleur; il faut penser à Capsicum annuum et à Chamomilla de la façon qui vient d’être exposée. Pour traiter le syndrome fébrile aigu.

L’expérimentation pathogénétique d’Aconitum engendre après un frisson une hyperthermie élevée à début très rapide avec éréthisme cardiaque, rougeur et chaleur de la peau qui est sèche, soif vive (pour de l’eau froide), agitation sthénique et otalgie. Ce tableau se rencontre souvent après un refroidissement brutal et débute volontiers la nuit (vers minuit ou 1 heure du matin); réveillant le malade qui présente alors une certaine anxiété.

Posologie : Prendre en moyenne dilution (7 ou 9 CH), puisqu’il existe en même temps des symptômes locaux généraux, soit une dose, soit par prises de 5 granules répétées toutes les demi-heures ou toutes les heures jusqu’à l’apparition des sueurs.

L’expérimentation pathogénétique de Belladonna engendre une hyperthermie élevée à début très rapide; évoluant par clochers, avec éréthisme cardiaque et congestion céphalique accompagnée de douleurs pulsatives, rougeur et chaleur radiante de la peau qui transpire surtout au visage.

On note aussi une soif vive par sécheresse de la bouche et d’autres muqueuses (parfois dysphagie), une photographie par mydriase, une hyperesthésie sensorielle (au bruit, au toucher, aux secousses), et une agitation, avec possibilité de délire ou un abattement.

Le tympan est bien rouge, l’oreille sensible au moindre contact, la douleur battante et lancinante.

Posologie : Prendre en moyenne dilution (7 ou 9 CH) lorsqu’il existe des symptômes locaux et/ou généraux, par prises de 5 granules toutes les heures environ en espaçant au fur et à mesure de la diminution de l’intensité des symptômes. Prendre en haute dilution (15 ou 30 CH) lorsqu’il existe des signes de comportement nerveux comme, par exemple, chez un enfant délirant ou sujet aux convulsions hyperthermiques; par prises de 5 granules toutes les 15 à 30 minutes, en espaçant suivant amélioration.

Le syndrome fébrile aigu s’installe plus ou moins rapidement. L’état général s’altère avec alternance de phase d’agitation anxieuse et d’abattement. La soif est vive. L’otalgie est une douleur brûlante que le malade cherche spontanément à soulager par la chaleur locale en apposant la main ou un linge sur le pavillon de l’oreille. Il existe une recrudescence nocturne entre 1 et 3 heures du matin.

Posologie : Prendre en 7 ou 9 CH par prises répétées en fonction de l’aggravation nocturne des symptômes.

Le syndrome fébrile est à début plus progressif; la fièvre ne dépassant pas 38,5 °C environ, avec accélération du rythme cardiaque sans éréthisme. Les phénomènes de congestion vasculaire s’observent au niveau du visage, tantôt rouge, tantôt pâle, de la muqueuse nasale avec possibilité d’épistaxis de la muqueuse trachéale (toux sèche) et du tympan.

Posologie : La répétition de la prise de ce médicament, surtout employé en basses dilutions, tendant à entraîner assez régulièrement une aggravation de la poussée congestive aiguë de l’otite, nous préférerons l’emploi d’un seul tube-dose de Ferrum phosphoricum 9 CH par 24 heures jusqu’à la disparition des symptômes.

L’otite muqueuse régentée par les troubles mécaniques dus à l’existence d’un catarrhe tubaire

L’otite muqueuse est secondaire à un processus inflammatoire rhino-pharyngé se prolongeant vers la caisse du tympan par le biais de la trompe d’Eustache. La lumière de la trompe étant mécaniquement obstruée par l’œdème inflammatoire, l’air ne peut plus se renouveler dans la caisse du tympan; ce qui entraîne une hypersécrétion de l’épithélium de la caisse avec épanchement muqueux ou séromuqueux.

Les symptômes fonctionnels sont ainsi beaucoup plus frustes que dans l’otite aiguë congestive ; les douleurs sont rares et fugaces, parfois absentes. Il existe une sensation d’oreille bouchée (comme par un morceau de coton) ou de plénitude de l’oreille accompagnée d’une hypoacousie. Assez souvent, les malades se plaignent de bourdonnement, de claquements (quand ils déglutissent ou quand ils se mouchent) et d’autophonie (résonance de sa propre voix en parlant).

Les symptômes généraux sont donc la plupart du temps inexistants.

L’examen montre une rhinopharyngite en fin dévolution et, à l’otoscopie, on observe un tympan mat, rétracté, de couleur gris bleutée ou jaunâtre; parfois recouvert de gouttelettes de sérosité, avec saillie de l’apophyse externe du marteau (par raréfaction de l’air). On remarque de temps en temps, à condition d’examiner le patient debout, un niveau liquide (présence de l’épanchement).

Kalium muriaticum :

Ce médicament a notamment un tropisme très particulier pour la sphère O.R.L.; permettant de traiter efficacement les coryzas avec obstruction des narines et les catarrhes des trompes d’Eustache.

Posologie : Pour tarir la sécrétion muqueuse, prendre Kalium muriaticum au moins en 9 CH par prises de 5 granules 3 à 4 fois dans la journée, jusqu’à disparition des symptômes.

Arsenicum iodatum :

Malgré une pathogénésie peu importante, l’expérience thérapeutique montre que ce médicament complémente très utilement l’action de Kalium muriaticum; surtout en cas de processus allergique sous-jacent.

Posologie : Nous conseillons donc l’emploi en alternance de ces 2 médicaments, la posologie est identique.

Dulcamara :

Ce médicament s’indique devant un catarrhe de la sphère O.R.L. avec sensation de nez et d’oreilles bouchés pouvant s’accompagner de toux et d’enrouement. Bien qu’il s’agisse surtout d’un médicament de maladie chronique; la prise de cette substance a sa place dans cet article lorsque l’étiologie retient les notions de froid et d’humidité (otite muqueuse survenant après avoir été mouillé, par temps pluvieux, par temps de brouillard).

Posologie : Prendre en 7 ou 9 CH, 1 à 2 fois par jour, jusqu’à disparition des symptômes.

Manganum aceticum :

Classiquement confondu avec Manganum metallicum, alors que la pathogénésie a été faite avec l’acétate de manganèse; ce médicament est indiqué dans les catarrhes tubaires précédés ou accompagnés d’enrouement.

Posologie : Prendre en 7 ou 9 CH, 1 à 2 fois par jour.

Mercurius dulcis :

Cité par tous les auteurs, ce médicament nous a toujours semblé d’une régulière inefficacité.

Ainsi traitée (essentiellement avec Kalium muriaticum, Arsenicum iodatum et Dulcamara), l’otite muqueuse évolue favorablement vers la guérison en 5 à 6 jours, sans qu’il y ait de risque d’évolution ni vers la surinfection ni vers une cicatrice adhésive.

L’otite suppurée pour laquelle il faut assurer la disparition de la collection purulente

L’otite suppurée correspond à la présence en dedans du tympan d’une collection purulente réalisant une hyperpression très douloureuse de la caisse du tympan. Si la pression est trop forte, le tympan est bientôt perforé. Cette perforation peut être suffisamment grande et permettre l’évacuation du pus dans le conduit auditif externe; soulageant ainsi la douleur quasi instantanément et s’accompagnant d’une régression rapide des signes généraux. Mais cette perforation peut ne laisser sourdre que quelques gouttes de pus; la douleur et les signes généraux ne rétrocédant alors que temporairement.

Lorsque le malade est vu pour la première fois à ce stade; si le pus ne peut pas s’évacuer convenablement de façon spontanée, il est indispensable d’assurer le drainage de pus, c’est-à-dire d’effectuer une paracentèse. Le traitement homéopathique est alors le complément thérapeutique de cette opération en facilitant la disparition de l’infection.

Les signes généraux se composent d’une douleur très intense, d’une fièvre et d’une modification du comportement ; agitation, prostration ou alternance d’agitation et de prostration qui, la plupart du temps, évoluent parallèlement à l’accumulation de pus en dedans su tympan. Leur intensité diminuent avec l’évacuation du pus.

À l’examen, si la collection purulente est rétention; on observe par ailleurs un tympan gris rosé, bombé dans son quart supéro- postérieur. Si il y a une fistule, le conduit auditif externe est envahi de pus crémeux, jaunâtre, parfois d’odeur nauséabonde.

En attendant la paracentèse :

Lachesis mutus :

Il s’agit en effet du médicament de choix. L’utilisation de ce venin étant motivée par la modalité d’aggravation de la symptomatologie devant l’absence ou l’arrêt de l’écoulement de la sécrétion pathologique. La latéralité gauche, caractéristique de cette pathogénésie, n’entre pas ici en ligne de compte dans la détermination du choix du médicament.

Posologie : Prendre un tube-dose de Lachesis 9 ou 15 CH.

Lorsque le drainage s’effectue correctement, le choix se fait parmi les médicaments suivants :

Pyrogenium :

Biothérapie préparée à partir d’un autolysat septique de viande de bœuf, de porc ainsi que de placenta humain; ce médicament peut également se prendre systématiquement devant tout phénomène suppuratif douloureux, amélioré par la chaleur locale, surtout s’il s’accompagne d’une réaction fébrile.

Posologie : Prendre 5 granules par jour ou 1 tube-dose quotidien de Pyrogenium 9 CH, pendant 5 à 7 jours, en plus des médicaments homéopathiques symptomatiques.

Hepar sulfur :

Ce médicament complémente de fait Pyrogenium dans les processus suppuratifs aigus. Il faut éviter les basses dilutions qui favorisent la suppuration.

Posologie : La prise de 4 doses « en échelle », donne le maximum de sécurité et de résultats. Il s’agit de prendre 4 jours consécutifs, 1 dose d’Hepar sulfur en dilutions croissantes ; 9 CH le premier jour, 12 CH le deuxième jour, 15 CH le troisième jour et 30 CH le quatrième jour. Chaque dose d’Hepar sulfur étant précédée 2 heures avant la prise d’une dose de Pyrogenium 9 CH.

Aviaire :

D’action plus spécifique pour l’oreille que Tuberculinum; la tuberculine des oiseaux, obtenue à partir de cultures de Mycobacterium tuberculosis d’origine aviaire sans addition d’antiseptique, convient aux individus faibles et anorexiques, notamment aux enfants chez lesquels la moindre rhino-pharyngite dégénère en complication O.R.L. ou bronchitiques. Elle a l’avantage de pouvoir s’employer cours ou au décours des otites aiguës ou subaiguës.

Posologie : Ce médicament sera donc indiqué en période aiguë ou subaiguë chez un enfant présentant des otites itératives. Une dose unique en 15 CH améliore les symptômes du moment et constitue la première étape d’un traitement de fond.

Kalium bichromicum :

Souvent associée à une rhinorrhée muco-purulente jaune-verdâtre, filante, visqueuse et adhérente; l’otorrhée justiciable de Kalium bichromicum est en effet plus muqueuse que purulente, s’étirant en longs filaments, dégageant parfois une odeur fétide.

Posologie : Prendre au moins en 9 CH, pour favoriser le tarissement de l’otorrhée, 5 granules 2 à 4 fois par jour.

Hydrastis canadensis :

S’accompagnant fréquemment d’une rhinorrhée très épaisse ainsi que très visqueuse; l’otorrhée justiciable d’Hydrastis est purulente, visqueuse, jaune-verdâtre, sans fétidité.

Posologie : Prendre au moins en 9 CH, pour favoriser le tarissement de l’otorrhée, 5 granules 2 à 4 fois par jour.

Arsenicum album :

Ce médicament se prend notamment dans les otorrhées purulentes; devant un écoulement assez fluide, beige, nettement excoriant pour le conduit auditif externe, d’odeur repoussante. De plus, l’état général du malade s’altère, avec fièvre élevée, une alternance de phase d’agitation anxieuse et d’abattement, et une soif intense. Les symptômes s’aggravent en effet la nuit et s’améliorent par la chaleur locale.

N.B. : Un syndrome fébrile gastro-entéritique aigu peut en outre s’associer, voire être le motif de la consultation chez le nourrisson.

Posologie : Prendre au moins en 9 CH, pour favoriser le tarissement de l’otorrhée, 5 granules 2 à 4 fois par jour.

Aurum muriaticum :

Ce médicament s’indique plutôt que Aurum metallicum dans les suppurations des os courts en général et des processus suppuratifs voisins des osselets de l’oreille en particulier.

Posologie : Prendre en 9 CH au moins, 5 granules 1 fois par jour.

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