Les probiotiques sont des microorganismes vivants pour lesquels un bénéfice pour la santé de l’hôte a été démontré lors de leur administration en doses adéquates. Les espèces de Lactobacillus et de Bifidobacterium sont les plus communément utilisées comme probiotiques. La levure Saccharomyces boulardii ainsi que quelques espèces de E. coli et de Bacillus sont également utilisées. Parmi les nouveaux venus, on peut également compter le Clostridium butyricum, récemment autorisé comme aliment nouveau par l’Union européenne.
Un peu d’histoire :
Il y a plus d’un siècle, Elie Metchnikoff (professeur à l’Institut Pasteur) constate des bénéfices sanitaire provenant de bactéries produisant de l’acide lactique . Ces bénéfices conduisaient de fait à une plus grande longévité. Suggérant que “l’auto intoxication intestinale” et le vieillissement qui en résultait pouvait par conséquent disparaitre en modifiant la flore microbienne de l’intestin, il développa un régime alimentaire à base de lait fermenté par une bactérie qu’il appela “Bacille bulgare.”
En 1917, avant la découverte de la pénicilline par Sir Alexander Fleming, le scientifique allemand Alfred Nissle isola une souche non pathogène d’Escherichia coli. Cette souche fut isolée à partir des selles d’un soldat de la première Guerre mondiale qui n’avait pas développé l’entérocolite lors d’une épidémie sévère de shigellose. La souche d’Escherichia coli isolé est un des rares exemples de probiotique qui ne soit pas une bactérie lactique.
Henry Tissier (de l’Institut Pasteur) isola un Bifidobacterium à partir d’un enfant nourri au sein avec l’intention de l’administrer aux enfants souffrant notamment de diarrhée. Il a constaté que la bifidobactérie remplacerait la bactérie protéolytique qui cause la diarrhée. Au Japon, le Dr Minoru Shirota isola la souche Lactobacillus casei Shirota afin de l’utiliser pour combattre en définitive les épidémies de diarrhée.
Quel est le rôle des probiotiques ?
Les bactéries lactiques utilisées pour la conservation de la nourriture par fermentation depuis des milliers d’années, peuvent en effet jouer un double rôle comme agents de la fermentation alimentaire et potentiellement comme agents bénéfiques pour la santé. Par ailleurs, la fonction des probiotiques et des prébiotiques s’entremêle avec les microbes qui colonisent l’intestin chez les humains.
Focus sur les prébiotiques
Les prébiotiques servent de source alimentaire pour les microbes intestinaux commensaux bénéfiques et favorisent ainsi la santé. Le concept des prébiotiques est toutefois plus récent que celui des probiotiques. Il a été proposé pour la première fois en 1995 par Gibson et Roberfroid.
L’administration ou l’utilisation de prébiotiques ou de probiotiques vise cependant à influencer l’environnement intestinal, lui-même dominé par des billions de microbes commensaux, afin
de permettre d’améliorer la santé chez les humains.
Quels sont les prébiotiques les plus communs ?
- L’oligofructose
- L’inuline
- Les galacto-oligosaccharides
- Le lactulose
- Les oligosaccharides du lait maternel
La fermentation de l’oligofructose dans le côlon génère en effet un grand nombre d’effets physiologiques incluant une augmentation du nombre des bifidobactéries dans le côlon, un accroissement de l’absorption de calcium, une augmentation du poids des selles, un raccourcissement du temps de transit gastro-intestinal, ainsi qu’une diminution du taux de lipides sanguins.
Il a été supposé que l’accroissement des bifidobactéries dans le côlon était bénéfique pour la santé par la production de composés qui inhibent des agents pathogènes potentiels en diminuant
la teneur du sang en ammoniaque et en produisant des vitamines et des enzymes digestifs. Les symbiotiques sont de fait des combinaisons appropriées de prébiotiques et de probiotiques. Un produit symbiotique exerce un effet pré- et probiotique.
Quelques applications cliniques des différents pré- et probiotiques dans diverses pathologies
Les modifications du microbiote intestinal induites par un régime alimentaire occidental ultra-transformé favorisent notamment le développement de maladies neurodégénératives.
En effet, on observe des altérations du microbiote dans la maladie de Parkinson, telle une dysbiose intestinale.
De même, on observe une modification du microbiote dans la maladie d’Alzheimer, il a été constaté une amélioration nette des symptômes chez un patient atteint de maladie d’Alzheimer, suite à une transplantation de microbiote fécal pour une infection à Clostridium difficile.
Certains probiotiques peuvent stimuler une réponse immunitaire innée (phagocytose, cytokines) chez l’individu sain, raccourcissant ainsi l’évolution d’épisodes infectieux (notamment les gastroentérites virales chez l’enfant) ou augmentant les anticorps protecteurs lors de vaccinations.
Traitement de la diarrhée aiguë :
Différentes souches de probiotiques ont toutefois prouvé leur utilité dans la réduction de la sévérité et de la durée des diarrhées infectieuses aiguës chez l’enfant. L’administration orale de probiotiques réduit la durée de la maladie diarrhéique aiguë chez l’enfant d’environ un jour.
Prévention de la diarrhée associée aux antibiotiques :
Dans la prévention de diarrhée associée aux antibiotiques, il y a une forte évidence en faveur de l’efficacité des probiotiques chez l’adulte et l’enfant sous traitement antibiotique.
Prévention de la diarrhée induite par les radiations :
Le microbiote intestinal joue en effet un rôle important dans la diarrhée induite par les radiations. Il renforce la fonction de la barrière intestinale en améliorant l’immunité innée et en stimulant les mécanismes de réparation de l’intestin. Les probiotiques peuvent être bénéfiques dans la prévention et dans le traitement de la diarrhée induite par les radiations.
Prévention et traitement de l’encéphalopathie hépatique :
Des prébiotiques comme le lactulose sont communément utilisés dans la prévention et le traitement de l’encéphalopathie hépatique.
Réponse immunitaire :
Plusieurs souches de pré- et probiotiques sont utiles afin d’améliorer la réponse immunitaire en cas de maladie infectieuse aiguë.
Maladies inflammatoires chroniques intestinales :
- Colite ulcéreuse
Certains probiotiques se sont révélés sûrs et aussi efficaces que les traitements conventionnels. Ils ont induits des taux de réponse et de rémission plus élevés dans la colite ulcéreuse.
Une réduction des ballonnements intestinaux et des flatulences est la conséquence d’un traitement par probiotiques ; quelques souches peuvent en outre soulager la douleur et fournir un soulagement global.
L’utilisation de probiotiques induit une nette amélioration de la symptomatologie de l’intestin irritable (ou colopathie fonctionnelle) :
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- Lactobacillus reuteri diminue la prolifération de bactéries pathogènes, améliore la qualité du microbiote et de la santé en résultant, elle sécrèterait une substance nommée reutérine qui inhibe la croissance de bactéries gram-positives et gram-négatives, de levures, d’agents fongiques et de protozoaires
- Bifidobacterium bifidum diminue la symptomatologie de l’intestin irritable et améliore la qualité de vie
- Lactobacillus plantarum diminue douleurs et flatulences de la colopathie fonctionnelle ou » syndrome de l’intestin irritable « , améliore l’immunité locale, et la fonction de la barrière épithéliale
- Lactobacillus gasseri est anti-inflammatoire dans les maladies chroniques inflammatoires de l’intestin
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- Colique
Certaines souches de probiotiques ont montré leur efficacité pour diminuer les pleurs dus à la colique chez le nourrisson allaité.
Streptococcus thermophilus et Lactobacillus delbrueckii améliorent la digestion du lactose et réduisent les symptômes liés à l’intolérance au lactose.
- Entérocolite nécrosante
Une supplémentation en probiotiques réduit également le risque d’entérocolite nécrosante chez les prématurés.
Infections vaginales :
Lactobacillus casei rhamnosus induit une régénération de la flore vaginale après traitement antibiotique d’une vaginose bactérienne et diminue les récidives de mycose chez les femmes souffrant de candidose vulvovaginale récidivante. Lactobacillus crispatus est prédominant dans le microbiote vaginal sain, il synthétise de fortes quantités d’acide lactique aux propriétés antimicrobiennes et immunomodulantes. On peut l’utiliser comme probiotique préventif des infections vaginales ou en complément d’un traitement antibiotique ou antifongique.
Syndrome de la fatigue chronique :
Lactobacilles et bifidobactéries jouent en effet un rôle favorable dans l’anxiété et les symptômes mentaux de la fatigue chronique.
Quelles sont les précautions d’emploi des probiotiques ?
- Contre-indiqué chez les patients immunodéprimés ou diabétiques non équilibrés
- Déconseillé chez les porteurs de cathéter veineux (risque de bactériémie à Lactobacille)
- Éviter la supplémentation en CLA chez les femmes enceintes
- Ne pas utiliser en cas d’affaiblissement du système immunitaire dû à une maladie (sida, lymphome) ou à un traitement médical (corticothérapie, chimiothérapie, radiothérapie)
- Ne pas utiliser en cas de nausées, de fièvre, de vomissements, de diarrhées contenant du sang ou de douleurs importantes au ventre
Les aliments contenant des probiotiques font cependant l’objet d’une recherche soutenue. Par leurs interactions avec les bactéries et les cellules immunitaires du tube digestif, ils exercent un rôle préventif et curatif. Que ce soit dans des pathologies digestives comme parfois extra-digestives.
Quel est le lien entre probiotiques et postbiotiques ?
Les probiotiques et les postbiotiques sont tous deux importants pour la santé du microbiote intestinal, mais ils fonctionnent de différentes manières.
- Les probiotiques sont des bactéries vivantes bénéfiques que vous pouvez consommer, généralement par le biais d’aliments fermentés ou de suppléments. Ils peuvent aider à maintenir ou à restaurer une bonne santé intestinale en ajoutant à la population de bactéries bénéfiques dans votre intestin. Ils peuvent également aider à prévenir ou à traiter certaines maladies.
- Les postbiotiques, d’autre part, sont des composés métaboliques ou des cellules produites par les probiotiques pendant le processus de fermentation. Ils ne sont pas vivants, contrairement aux probiotiques. Les postbiotiques peuvent avoir plusieurs effets bénéfiques sur la santé, comme des effets anti-inflammatoires, immunomodulateurs et antioxydants. Ils peuvent être trouvés dans les aliments fermentés ou produits sous forme de suppléments.
Le microbiote varie-t-il selon le sexe ?
La réponse n’est pas évidente ! Une revue de littérature scientifique publiée en janvier 2020 par un équipe de recherche coréenne dans le revue The World Journal of Men’s Health souligne que «Les différences entre les sexes dans la composition du microbiote intestinal ont été observées principalement dans des études animales.» C’est le cas des travaux publiés en octobre 2014 par des chercheurs de l’université du Texas qui, à partir d’études conduites sur deux espèces de poissons et d’un groupe de souris, ont démontré que le même régime aurait un effet considérablement différent sur le microbiote intestinal des individus males et femelles. Ils posent l’hypothèse que les hormones liées à chaque sexe pourraient influencer la composition du microbiote intestinal en favorisant la présence de certaines souches bactériennes au détriment d’autres ou encore que le système immunitaire, dont le fonctionnement diffère entre mâles et femelles, détermine le type de microbes logés dans le microbiote intestinal.
Quel probiotique pour sibo
Cher Guy bonjour
Le SIBO (Small Intestinal Bacterial Overgrowth) est une prolifération bactérienne dans l’intestin grêle, entraînant des symptômes gastro-intestinaux tels que ballonnements, douleurs abdominales et troubles digestifs. La prise en charge du SIBO nécessite une approche multidisciplinaire incluant des modifications alimentaires, l’utilisation de probiotiques spécifiques et, dans certains cas, des antimicrobiens.
Probiotiques adaptés au SIBO :
Les probiotiques peuvent aider à rééquilibrer la flore intestinale, mais il est crucial de choisir des souches appropriées pour éviter d’aggraver les symptômes. Les souches suivantes ont été étudiées pour leur efficacité dans le SIBO :
Saccharomyces boulardii : Une levure probiotique qui peut réduire l’inflammation et inhiber la croissance de bactéries pathogènes.
Lactobacillus plantarum : Connue pour améliorer la barrière intestinale et réduire les symptômes gastro-intestinaux.
Bifidobacterium bifidum : Peut aider à restaurer l’équilibre microbien et améliorer la digestion.
Il est recommandé de commencer avec une faible dose et de surveiller la réponse individuelle, car certaines personnes peuvent être sensibles aux probiotiques.
Protocole complet pour la gestion du SIBO :
Évaluation médicale :
Consultation avec un professionnel de santé pour confirmer le diagnostic via des tests spécifiques, tels que le test respiratoire à l’hydrogène ou au méthane.
Modifications alimentaires :
Régime pauvre en FODMAPs : Réduction des aliments fermentescibles pour diminuer les ballonnements et les douleurs.
Éviter les sucres raffinés et les glucides simples qui peuvent favoriser la croissance bactérienne.
Utilisation de phytothérapies :
Antimicrobiens naturels : Des extraits de plantes comme l’origan, l’ail vieilli, la berbérine et le neem peuvent avoir des propriétés antibactériennes. Le complément Digebiane Sibo peut être intéressant.
Consultation nécessaire : Il est important de consulter un professionnel pour le dosage et la durée appropriés.
Support digestif :
Enzymes digestives : Pour améliorer la digestion et réduire la charge sur l’intestin grêle.
Acides biliaires ou suppléments de bile : Si une insuffisance biliaire est suspectée.
Rééquilibrage de la flore intestinale :
Probiotiques spécifiques : Comme mentionné précédemment, pour restaurer un microbiote sain.
Prébiotiques : Après stabilisation, pour nourrir les bonnes bactéries (à introduire avec prudence).
Amélioration de la motilité intestinale :
Agents prokinétiques naturels : Tels que le gingembre ou le 5-HTP, pour favoriser le mouvement intestinal et prévenir la stase bactérienne.
Gestion du stress et du mode de vie :
Techniques de relaxation : Yoga, méditation ou thérapie cognitivo-comportementale pour réduire l’impact du stress sur le système digestif.
Exercice régulier : Pour améliorer la motilité intestinale et la santé globale.
Suivi et ajustement :
Contrôles réguliers : Suivi des symptômes et ajustement du protocole en fonction de l’évolution.
Coordination avec des professionnels : Collaboration avec des nutritionnistes, naturopathes et médecins pour une approche intégrée.
Chaque individu est unique, et ce qui fonctionne pour l’un peut ne pas convenir à un autre. Il est essentiel de personnaliser le traitement et de travailler en étroite collaboration avec un professionnel de santé qualifié pour assurer une prise en charge sûre et efficace du SIBO.
À bientôt chez Soin & Nature !
Bonjour
Je souffre du colon irritable
J’aimerai savoir comment diminuer mes crampes, flatulences etc..
Je vous remercie.
Cordialement
Marie-France Lhomme
Madame bonjour, nous proposons un excellent complément alimentaire pour diminuer les inconforts et flatulences liés au syndrome du colon irritable, vous le trouverez en cliquant ici : IBS
À bientôt chez Soin & Nature
Merci pour ce parfait article sur les probiotics et pour vos conseils également.
Cela me pousse à écrire également sur ce sujet .
Merci