Dans notre quête incessante d’une nuit de sommeil réparatrice, la mélatonine se présente souvent comme une solution prometteuse. Produite naturellement par la glande pinéale, cette hormone essentielle orchestre le rythme circadien de notre corps, régulant ainsi nos cycles de sommeil et d’éveil. L’intérêt croissant pour la mélatonine en tant que traitement potentiel des troubles du sommeil a suscité de nombreuses discussions et recherches, notamment sur ses interactions avec d’autres médicaments, son utilisation chez les femmes enceintes, et son efficacité dans la gestion des réveils nocturnes.
Enfin, dans cet article, nous aborderons la question cruciale : peut-on prendre de la mélatonine et des somnifères en même temps sans risque ?
Interactions médicamenteuses et précautions à prendre avec la mélatonine
La mélatonine, bien qu’étant une hormone naturelle, n’est pas exempte d’interactions médicamenteuses potentielles. En effet, on recense plus de 300 interactions possibles avec différents médicaments. Ces interactions peuvent être particulièrement notables avec l’alcool ou d’autres médicaments induisant somnolence ou étourdissements. L’utilisation concomitante de mélatonine avec ces substances doit être abordée avec prudence, voire évitée.
Médicaments à risque d’interaction avec la mélatonine
La mélatonine, bien que bénéfique pour la régulation du sommeil, nécessite une attention particulière lorsqu’elle est prise en conjonction avec certains médicaments. Ces interactions peuvent non seulement affecter l’efficacité de la mélatonine, mais également augmenter le risque d’effets secondaires. Il est important de noter que de nombreux médicaments peuvent intensifier ou diminuer les effets sédatifs de la mélatonine. C’est donc pour cela qu’avant de prendre de la mélatonine, il est essentiel d’informer votre médecin ou pharmacien si vous utilisez l’un des médicaments suivants :
- Anti-inflammatoires Non Stéroïdiens (AINS) : Médicaments pouvant affecter l’efficacité de la mélatonine. Exemples : ibuprofène, naproxène ou diclofénac
- Sédatifs et Hypnotiques Benzodiazépines : utilisés couramment pour traiter l’anxiété et les troubles du sommeil, ces médicaments peuvent augmenter l’effet sédatif de la mélatonine. Exemples : temazépam, diazépam
- Antihistaminiques Sédatifs : ces médicaments comme la diphenhydramine sont connus pour provoquer somnolence et peuvent interagir avec la mélatonine. Exemple : bénadryl
- Analgésiques Opioïdes : Utilisés pour le traitement de la douleur, ces médicaments peuvent également augmenter les effets sédatifs de la mélatonine. Exemples : codéïne, morphine
- Relaxants Musculaires : Ces médicaments, souvent prescrits pour soulager les spasmes musculaires, peuvent accentuer la somnolence induite par la mélatonine.
La liste est bien plus longue (antidépresseurs, hypotenseurs, œstrogènes, psoralènes, quinolones…) ; c’est pourquoi il est essentiel de mentionner à votre professionnel de santé tout traitement médical avant de consommer de la mélatonine.
- Autres Herbes et Suppléments : Certains suppléments comme le 5-HTP, le kava, et le millepertuis peuvent également augmenter la sédation lorsqu’ils sont pris avec la mélatonine.
Principaux risques encourus
Ils sont globalement de 2 grands types, mentionnés ci-dessous.
Risque de troubles cognitifs et de la coordination
Les personnes âgées doivent être particulièrement vigilantes lors de l’utilisation de la mélatonine. Cette population peut expérimenter une altération de la pensée, du jugement, et de la coordination motrice. Mais aussi une somnolence accrue qui peut affecter n’importe quelle population.
Risque de saignement
La mélatonine peut interagir avec des anticoagulants, comme la warfarine, augmentant potentiellement le risque de saignements. Il est impératif de consulter un médecin avant d’associer la mélatonine avec la warfarine ou d’autres médicaments qui fluidifient le sang.
Signes et symptômes de saignement à surveiller en cas de prise de Mélatonine avec d’autres traitements
- Saignements ou ecchymoses inhabituelles : Une tendance accrue aux saignements peut être un signe d’interaction médicamenteuse.
- Vertiges ou étourdissements : Ces symptômes peuvent indiquer un risque accru de saignement interne.
- Selles noires ou goudronneuses : Ce signe peut indiquer un saignement dans le tractus gastro-intestinal.
- Toux ou vomissements de sang : La présence de sang ressemblant à du marc de café dans les vomissures peut être un signe de saignement interne.
- Maux de tête sévères : Un mal de tête inhabituel ou intense peut être un signe d’hémorragie cérébrale.
- Faiblesse générale : Une faiblesse soudaine peut indiquer une hémorragie interne grave.
Utilisation de la mélatonine dans le traitement des troubles du sommeil
La mélatonine, communément connue comme l’hormone du sommeil, joue un rôle clé dans la régulation du cycle veille-sommeil. Son utilisation dans le traitement des troubles du sommeil a gagné en popularité. Notamment pour sa nature moins invasive comparée aux somnifères traditionnels.
La mélatonine est-elle plus efficace qu’un somnifère ?
L’efficacité de la mélatonine dans le traitement des troubles du sommeil est bien documentée. D’ailleurs elle s’est avérée particulièrement utile pour des cas spécifiques. Citons par exemple le décalage horaire, les troubles du rythme circadien et le trouble du sommeil lié au travail posté. La mélatonine aide à resynchroniser l’horloge biologique interne du corps, facilitant ainsi l’endormissement à des heures plus conventionnelles.
En outre, la mélatonine peut être bénéfique pour les personnes souffrant d ‘insomnie. Plus particulièrement chez les personnes âgées où la production naturelle de mélatonine tend à diminuer. Son utilisation permet souvent d’améliorer la qualité du sommeil et de réduire le temps nécessaire pour s’endormir.
Somnifère ou mélatonine, lequel choisir ?
On considère généralement que la mélatonine a moins d’effets secondaires que les somnifères classiques. Les somnifères, tels que les benzodiazépines ou les non-benzodiazépines, agissent en supprimant l’activité du système nerveux central pour induire le sommeil. Cela peut souvent entraîner une dépendance et des effets secondaires. Citons par exemple la somnolence diurne, les perturbations cognitives ou même le sommeil de moindre qualité.
La mélatonine, en revanche, travaille en harmonie avec le rythme naturel du corps. Elle ne provoque pas de dépendance et les risques d’effets secondaires graves sont relativement faibles. De plus, contrairement à de nombreux somnifères, la mélatonine n’entraîne généralement pas de somnolence résiduelle le lendemain.
Peut on prendre mélatonine et somnifère en même temps ?
L’utilisation combinée de la mélatonine et des somnifères, comme les benzodiazépines, dans le traitement des troubles du sommeil, fait l’objet de recherches et d’analyses dans le domaine médical. D’après une revue systématique et une méta-analyse publiées sur PubMed, la prise de mélatonine n’a montré aucun effet significatif sur la capacité des participants à arrêter l’utilisation de benzodiazépines. Ensuite, l’impact de la mélatonine sur la qualité du sommeil s’est avéré incohérent. Il est important de noter que ces résultats ne permettent pas d’exclure totalement le rôle potentiel de la mélatonine dans l’amélioration de la discontinuation des benzodiazépines ou la qualité du sommeil, en raison des estimations d’effets imprécises.
Des études (2,3) mettent en évidence l’importance d’une évaluation individuelle par un professionnel de santé avant de mélanger la mélatonine avec des somnifères ou d’autres médicaments. Cela est dû à la complexité des interactions possibles et aux effets variables sur les divers individus.
Utilisation à court terme de la mélatonine Vs long terme
L’utilisation de la mélatonine, une hormone naturelle régulant le sommeil, varie selon qu’elle est utilisée à court ou à long terme. Sa sécurité et son efficacité dépendent de la durée de l’utilisation et des caractéristiques individuelles de chaque utilisateur.
Utilisation à court terme
La plupart des adultes considèrent généralement que l’utilisation à court terme de la mélatonine est sûre. Elle est fréquemment employée pour remédier à des problèmes de sommeil particuliers. Citons par exemple le décalage horaire ou les troubles du sommeil liés au travail posté. Sa période d’utilisation recommandée est généralement courte, allant de quelques jours à quelques semaines. Dans ces cas, la mélatonine peut être utile pour aider à réaligner le rythme naturel du sommeil.
Utilisation à long terme
En revanche, l’utilisation à long terme de la mélatonine peut présenter des défis et des risques supplémentaires. Bien qu’il n’y ait pas de consensus clair sur la sécurité de la mélatonine sur le long terme, certains experts suggèrent que son utilisation prolongée pourrait diminuer son efficacité et impacter la production naturelle de mélatonine dans le corps. Les effets à long terme de la mélatonine sur les processus hormonaux, tels que la puberté et le cycle menstruel, restent encore mal compris. Ces aspects continuent d’être activement étudiés dans le cadre de recherches scientifiques. Par conséquent, il est essentiel de solliciter l’avis d’un professionnel de la santé avant de commencer un traitement prolongé à base de mélatonine. Cette précaution est d’autant plus importante si vous êtes sous d’autres traitements médicamenteux ou si vous souffrez de certaines pathologies.
Recommandations pour une utilisation responsable de la mélatonine
- Consultation Médicale : avant de commencer un traitement à base de mélatonine, qu’il soit à court ou à long terme, il est crucial de consulter un professionnel de la santé pour évaluer son adéquation à votre situation particulière.
- Dosage : adaptez le dosage de la mélatonine à l’individu et au problème de sommeil rencontré, en débutant avec la dose la plus faible possible et en l’ajustant si nécessaire.
- Surveillance des effets secondaires : bien que les effets secondaires de la mélatonine soient généralement légers, il est important de surveiller toute réaction inhabituelle, notamment des maux de tête, des étourdissements ou de la nausée.
- Attention aux interactions médicamenteuses : la mélatonine peut interagir avec certains médicaments.
- Évaluation des besoins : au lieu de se tourner directement vers la mélatonine, il peut être bénéfique d’examiner d’abord les causes sous-jacentes de l’insomnie, comme l’anxiété ou les effets secondaires des médicaments. Mais aussi d’envisager des changements de style de vie ou des thérapies comportementales cognitives.
Pour les femmes enceintes, l’utilisation de la mélatonine est déconseillée faute de preuves suffisantes attestant de sa sécurité.
Sources
- Avis de l’Anses relatif aux risques liés à la consommation de compléments alimentaires contenant de la mélatonine
- Fundam Clin Pharmacol. 2021 Feb;35(1):25-39. doi: 10.1111/fcp.12566. Epub 2020 Jun 21.
Melatonin and morphine: potential beneficial effects of co-use - J Pharm Pract. 2021 Feb;34(1):44-50. doi: 10.1177/0897190019851888. Epub 2019 Jun 25.
Comparison of Melatonin and Zolpidem for Sleep in an Academic Community Hospital: An Analysis of Patient Perception and Inpatient Outcomes - Drugs Aging. 2015 Dec;32(12):1009-18. doi: 10.1007/s40266-015-0322-5.
The Effect of Melatonin on Benzodiazepine Discontinuation and Sleep Quality in Adults Attempting to Discontinue Benzodiazepines. A Systematic Review and Meta-Analysis