Plusieurs cas de Monkeypox en Europe, est-ce préoccupant?

Récemment, on a signalé plusieurs cas d’infections autochtones à Monkeypox (MKP) — ou variole du singe —. Dans plusieurs pays d’Europe, en Amérique du Nord ainsi qu’en Australie. Et notamment chez des hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (HSH). Des cas suspects sont en cours d’investigation dans de nombreux pays. Il s’agit d’un phénomène inhabituel.

Actuellement, nous en sommes à 4 967 cas confirmés, sur le territoire national.

Pour l’ensemble des cas confirmés, les analyses du ministère de la Santé ont mis en évidence un virus appartenant au clade « Afrique de l’Ouest » du virus MKP [1]. Ceci suggère un lien initial avec le Nigéria, pays dans lequel le virus circule régulièrement depuis 2017. Hormis le cas signalé au Royaume-Uni le 7 mai dernier, les nouveaux cas ne rapportent pas de voyage en Afrique. Ces cas ne déclarent pas non plus avoir de lien avec une personne au retour d’Afrique. À ce stade, les cas rapportés sont majoritairement bénins, et il n’y a pas de décès signalé.

Quels sont les symptômes évocateurs du Monkeypox ?

Après une période d’incubation pouvant aller de 5 à 21 jours, l’infection liée au virus de la variole du singe débute par de la fièvre, des maux de tête, des douleurs musculaires et une asthénie. La maladie provoque également des ganglions. Les adénopathies (cou, face…) sont volumineuses. La personne est contagieuse dès l’apparition des premiers symptômes.

Dans les 1 à 3 jours (parfois plus) suivant l’apparition de la fièvre, le patient développe une éruption cutanée, qui commence souvent sur le visage puis peut s’étendre à d’autres parties du corps, dont les paumes des mains, les plantes des pieds et les organes génitaux. Cela peut également toucher les autres muqueuses (ORL, conjonctives). Il convient de noter que les cas récents ont signalé une prépondérance de lésions dans la région génitale. L’atteinte cutanée survient en une seule poussée. Les lésions passent par différents stades successifs (macule, papule, vésicule, pustule puis croûte), et évoluent de façon uniforme. Après la chute des croûtes, les lésions cicatrisent et les personnes ne sont plus contagieuses. La maladie dure généralement de 2 à 3 semaines.

On évoque l’infection à Monkeypox, après exclusion des diagnostics différentiels. Notamment la varicelle, chez l’enfant en période de circulation active (crèche et milieu scolaire). L’atteinte cutanée de l’infection par le Monkeypox se différencie de celle de la varicelle (peu fréquente chez l’adulte). Pour la varicelle, l’éruption évolue en plusieurs poussées. Le virus n’affecte ni les paumes des mains ni la plante des pieds.

Comment circule ce virus au sein de la population humaine ?

La transmission du virus Monkeypox se produit lorsqu’une personne entre en contact avec un animal, un être humain ou des matériaux contaminés. Le virus pénètre dans l’organisme par une lésion de la peau (même non visible), des voies respiratoires ou des muqueuses. La transmission de l’animal à l’homme peut se faire par morsure ou griffure. Deuxièmement, par la préparation de viande de brousse. Troisièmement, par contact direct ou indirect avec des fluides corporels ou du matériel de lésion. Il n’y a pas habituellement d’animaux réservoirs présents en Europe.

La transmission interhumaine peut se faire par les gouttelettes respiratoires. Étant donné qu’elles ne peuvent pas se déplacer à plus de quelques mètres, cela nécessite un contact prolongé face à face. Les autres modes de transmission interhumaine comprennent le contact cutané direct avec les liquides biologiques ou la lésion, quelles que soient les circonstances y compris rapports sexuels, actes de soin médical ou paramédical, et le contact indirect avec la lésion, par exemple par des vêtements, du linge de maison ou de la vaisselle contaminée.

Devant tout cas évocateur, il faut faire preuve de vigilance. Pour rappel, l’infection à Monkeypox est une maladie à déclaration obligatoire au même titre que les autres orthopoxviroses. En complément de la déclaration obligatoire pour les cas confirmés et probables, tout cas suspect doit être signalé par les professionnels de santé sans délai à l’Agence régionale de santé de votre région (ARS) [2].

Variole du singe : Quelles sont les personnes à risque ?

Les cas de Monkeypox ne nécessitent pas d’hospitalisation systématique et feront l’objet d’une recommandation d’isolement à domicile. Cependant, il conviendra d’être particulièrement vigilant dans les cas suivants :

  • Pour les patients avec des formes graves
  • Les patients immunodéprimés
  • Les femmes enceintes
  • Les très jeunes enfants

Effectivement, on délivrera un arrêt de travail ou une autorisation de télétravail. En effet, il faudra respecter cet isolement pendant 3 semaines après la date de début des signes.

Le HCSP a, en effet, précisé dans son avis les mesures de précaution/prévention à mettre en place dans le cadre de la prise en charge d’un éventuel cas en établissement de santé d’une part, et les différentes thérapeutiques disponibles contre le Monkeypox virus et la doctrine de recours à ces derniers (limitées à quelques indications et selon une expertise au cas par cas par décision collégiale).

SpF, la COREB et SAMU-Urgences de France ont élaboré le circuit de prise en charge des patients et des prélèvements :

  • Les personnes qui présentent des symptômes évocateurs d’une infection à Monkeypox, notamment des éruptions cutanées, peuvent appeler le SAMU-Centre 15 pour être orientées.
  • Les professionnels de santé de ville qui reçoivent des patients avec des symptômes évocateurs d’une infection à Monkeypox peuvent également appeler le SAMU-Centre 15 (ou directement l’infectiologue référent) pour être appuyés dans la prise en charge de leurs patients, si nécessaire. Les régulations des SAMU-Centre 15 sont en lien avec les infectiologues référents pour classer le cas et, pour les cas suspects ou probables, organiser leur prise en charge. Si nécessaire, on pourra organiser des téléconsultations.
  • Les prélèvements sont à organiser par ordre de priorité dans les établissements de santé de référence (ESR) ainsi qu’en établissement de santé de proximité ou en ville (si l’ESR est trop éloigné du domicile du patient).

Des consignes devront être données aux patients pour leur transport vers le lieu de prélèvement :

    • privilégier un véhicule personnel,
    • faire appel à une ambulance,
    • utilisation des transports en commun à éviter.
      • Les mesures de protection en cas d’utilisation des transports sont :
      1. Des frictions régulières de solution hydroalcoolique
      2. Couvrir les lésions
      3. port du masque
  • On adressera en première intention dans les ESR REB, les patients avec des formes graves de la maladie

S’agissant de la stratégie de vaccination pour les personnes contacts à risque, elle fera très prochainement l’objet d’un message DGS-Urgent dédié.

Étant donné que la situation sanitaire est inédite et évolutive, on actualisera régulièrement cet article.

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