L’homéopathie dans les infections urinaires à répétition

En France, les infections urinaires (IUs) sont un motif fréquent de consultation médicale et de prescription d’antibiotiques. Ces infections présentent une saisonnalité notable, avec des pics durant les mois estivaux. D’après une étude basée sur les données d’IMS-health France, l’incidence annuelle des IUs présumées en médecine générale chez les femmes est estimée à 3 200 pour 100 000 femmes, soulignant ainsi l’importance de leur prévention et de leur traitement efficace​​ (1).

Face à cette prévalence élevée, l’homéopathie se présente comme une approche complémentaire intéressante pour la gestion des infections urinaires, en particulier celles qui se répètent. Cet article vise à explorer l’utilisation de l’homéopathie dans le traitement des infections urinaires récurrentes, en mettant également en lumière l’efficacité potentielle de la canneberge, un remède naturel, dans la prévention de ces infections.

Dans cet article, nous engloberons les cystalgies à urines claires qui ne comportent ni bactériurie ni pyurie et nous exclurons les infections génitales responsables d’un syndrome urétral aigu (Trichomonas vaginalis, Chlamydiæ).

Causes communes des infections urinaires

Les infections urinaires sont généralement causées par des bactéries, notamment Escherichia coli, qui pénètrent dans l’urètre et migrent vers la vessie. Chez les femmes, la proximité de l’urètre avec l’anus et le vagin augmente le risque de contamination bactérienne. Les facteurs de risque incluent :

  • Sexualité active : Augmente le risque de pénétration bactérienne.
  • Utilisation de certains types de contraception : Comme les diaphragmes ou les spermicides.
  • Ménopause : Diminution des niveaux d’œstrogènes, affectant la flore bactérienne.
  • Anomalies anatomiques : Comme le reflux vésico-urétéral.
  • Affections sous-jacentes : Comme le diabète, qui altère la réponse immunitaire.
  • Utilisation fréquente d’antibiotiques : Peut altérer la flore naturelle et favoriser la résistance bactérienne.

Symptômes clés à reconnaître

Les symptômes des infections urinaires varient mais incluent souvent :

  • Dysurie : Douleur ou sensation de brûlure lors de la miction.
  • Pollakiurie : Besoin fréquent d’uriner, souvent avec de faibles quantités.
  • Hématurie : Présence de sang dans l’urine.
  • Douleur pelvienne : Chez les femmes, notamment dans la région de la vessie.
  • Fièvre et frissons : Signes d’une infection potentiellement plus grave, comme la pyélonéphrite.

Rôle de l’homéopathie dans la prévention

Outre les traitements médicaux, des mesures préventives telles que l’hygiène urinaire adéquate, la consommation suffisante de liquides et l’utilisation judicieuse d’antibiotiques sont essentielles. L’homéopathie, utilisée en complément, peut aider à gérer les symptômes et à prévenir les récidives. Des remèdes naturels comme la canneberge peuvent également jouer un rôle dans la prévention en empêchant les bactéries d’adhérer aux parois de la vessie.

Efficacité de l’Homéopathie : Résultats d’Essais Cliniques

Bien que l’homéopathie soit une option considérée dans le traitement des infections urinaires récurrentes, il est important de noter les résultats des recherches scientifiques récentes. À la fin de 2022, 271 essais contrôlés randomisés sur le traitement homéopathique ont été publiés, couvrant 144 problèmes de santé. Parmi ces études, 43% ont montré des résultats positifs quant à l’efficacité de l’homéopathie, tandis que 3% ont eu des résultats négatifs, et 54% n’étaient pas concluants. Ces données soulignent l’importance d’une approche équilibrée et informée dans l’utilisation de l’homéopathie.

Les médicaments symptomatiques des infections urinaires

L’évolution spontanée de cette pathologie urinaire se fait vers la chronicité des troubles avec des épisodes de plus en plus rapprochés et de plus en plus traînants ; les médicaments symptomatiques se prennent donc :

  • À titre préventif, par prise unie ou biquotidienne, le médicament étant alors choisi d’après les symptômes de la crise antérieure.
  • À titre curatif, dès les prémices d’une poussée aiguë, par prises répétées. Dans ce dernier cas, choisis d’après les symptômes et les modalités de la poussée en cours, ils peuvent se prendre conjointement à l’antibiothérapie lorsque celle-ci est justifiée.

Parallèlement à la thérapeutique médicamenteuse, les cures de diurèse sont donc toujours nécessaires. On distingue les médicaments indiqués dans les formes infectieuses et les médicaments de cystalgies à urines claires.

Les médicaments des formes infectieuses :

Ce médicament convient en effet dans les cystites avec pollakiurie et dysurie. Les douleurs violentes, cuisantes, surviennent avant, pendant et après la miction ; les urines sont également foncées, parfois sanguinolentes. On peut retrouver un certain degré d’irritation sexuelle concomitante.

Posologie : Prendre 1 dose en 9 ou 15 CH.

Les manifestations cliniques justiciables de ce médicament sont encore plus intenses que celles de Cantharis. Elles sont notamment dominées par le ténesme hyperalgique. Les urines sont peu abondantes, foncées, voire franchement sanglantes. On rencontre les signes généraux du médicament : fièvre hectique avec frissons à leur de peau, sueurs abondantes qui ne soulagent pas l’inconfort de la fièvre, haleine fétide, aggravation nocturne des symptômes.

Posologie : Prendre 1 dose en 9 ou 15 CH.

Les douleurs sont brûlantes, soulagées par ailleurs par des applications chaudes. Elles s’accompagnent surtout d’une grande asthénie.

Posologie : Prendre 1 dose en 9 ou 15CH.

Ce médicament convient lorsqu’il existe une cystite avec hématurie micro ou macroscopique.

Posologie : Prendre 1 dose en 9 ou 15CH.

Ce médicament peut se prendre par l’aspect particulier des urines : hématurie de sang noir ou foncé, qui forme un dépôt comme du marc de café et d’odeur aromatique, classiquement comparée à une odeur de violette.

Posologie : Prendre 5 granules 3 fois par jour en 5CH.

Ce médicament peut se prendre par les personnes qui urinent souvent, abondamment et douloureusement ; les douleurs augmentent en fin de miction et persistent une fois la miction terminée. Dans la période de remplissage de la vessie, ils ressentent une pesanteur vésicale aggravée par la pression ou par le contact.

Posologie : Prendre 5 granules 3 fois par jour en 5CH.

Ce médicament est indiqué lorsque les urines sont abondantes, troubles, dégageant une mauvaise odeur, mais les mictions sont peu douloureuses ou indolores.

Posologie : Prendre en 6DH, à raison de 20 gouttes 2 fois par jour.

Les médicaments des cystalgies à urines claires :

Cette forme clinique est surtout fréquente chez les femmes en période para ou post-ménopausique. Les phénomènes concomitants de dystonie neuro-végétative justifient l’emploi de médicaments comme Ignatia, Moschus, etc. Les déséquilibres hormonaux s’aplanissent par des dilutions d’hormones. Les atrophies vaginales post-ménopausiques nécessitent une hormonothérapie locale à des doses pondérables.

Deux médicaments symptomatiques sont fréquemment indiqués :

Ce médicament trouve son indication dans les cystalgies à urines claires chez les malades qui ont des brûlures intermictionnelles cessant en urinant. Il est plus spécialement indiqué dans les cystalgies survenant après un traumatisme mécanique : cystalgies des « jeunes mariées », cystalgies survenant après sondage, après dilatation de l’urètre, etc.

Posologie : Prendre 5 granules en 9, 15 ou 30CH.

Ce médicament convient à des irritations vésicales qui donnent une sensation de brûlure intense. Les mictions sont abondantes et les urines limpides.

Posologie : Prendre 5 granules en 5CH.

Les médicaments de terrain des infections urinaires

Par leur chronicité, les infections urinaires évoquent le mode réactionnel sycotique et, par leur répétition, le mode réactionnel psorique.

Les médicaments de mode réactionnel sycotique :

C’est le médicament principal du mode réactionnel sycotique ; son emploi est donc quasi systématique dans ce type de pathologie urinaire. Son indication est renforcée si le malade présente des antécédents d’infections génitales à répétition et des critères de type sensible (aspect de la peau et des phanères en particulier).

On prend plus souvent Thuya sur ces notions que sur ses signes pathogénétiques urinaires : douleurs en fin de miction, sensation post-mictionnelle comme si l’urine coulait goutte à goutte dans l’urètre.

Posologie : Prendre en 9, 15 ou 30CH, de 5 granules quotidiens à une dose hebdomadaire.

Indiqué surtout chez les femmes sujettes à une pathologie pelvienne associée, gynécologique ou veineuse, ce médicament est justifié lorsque les infections urinaires s’accompagnent de besoins impérieux d’uriner avec sensation de pesanteur vésicale, d’urines troubles et fétides. Des épisodes de constipation précèdent souvent les poussées infectieuses. Les signes de type sensible sont presque toujours retrouvés ; ils prédominent dans le choix de Sepia pour le traitement des cystalgies à urines claires.

Posologie : Prendre en 9, 15 ou 30CH, de 5 granules quotidiens à une dose hebdomadaire.

Médicament de la suppuration chronique, Silicea convient dans les infections urinaires à répétition qui s’accompagnent régulièrement d’une pyurie.

Posologie : Prendre en 15 ou 30CH pour tarir la suppuration, de 5 granules par jour à une dose par semaine.

Biothérapique du mode réactionnel sycotique, Medorrhinum peut se prendre lorsqu’il existe des antécédents d’infections uro-génitales répétées. Son emploi est aussi justifié lorsqu’il existe une douleur rénale soulagée par une miction abondante.

Posologie : Prendre en 15CH, une dose mensuelle ou bimensuelle.

Les médicaments de mode réactionnel psorique :

Les médicaments peuvent en outre se prendre sur l’ensemble des symptômes des malades. Nous ne citerons ici que les principales tendances morbides associées qui font partie du tableau pathogénétique des médicaments les plus fréquemment utilisés dans ces troubles urinaires :

Constipation et tendance dépressive.

Troubles gynécologiques, circulatoires, digestifs et émotionnels chez les adolescentes ou des femmes jeunes.

Tendance aux lithiases, aux troubles digestifs et métaboliques.

Troubles gynécologiques, troubles circulatoires accompagnés d’intolérance à la chaleur et troubles psychiques.

Troubles digestifs et gynécologiques survenant chez les femmes frileuses plutôt apathiques.

Troubles urinaires itératifs, soudains, violents, répétitifs ou pouvant alterner avec d’autres troubles morbides chez des sujets sthéniques.

Troubles urinaires chez des sujets enclins aux troubles infectieux O.R.L. ou pulmonaires.

Posologie : Tous ces médicaments sont pris de 9 à 30CH, de 5 granules à une dose hebdomadaire, à l’exclusion de Tuberculinum qui n’est pris qu’une à 2 fois par mois en 9 ou 15CH.

La canneberge: un allié naturel contre les infections urinaires

La canneberge et l’homéopathie peuvent être utilisées en complément l’une de l’autre dans le cadre d’une approche globale de prévention des infections urinaires. Cependant, il est important de noter que ni l’homéopathie ni la canneberge ne sont des traitements curatifs pour une infection urinaire active.

La canneberge contient des proanthocyanidines qui peuvent empêcher certaines bactéries de se fixer aux parois de la vessie, et donc potentiellement aider à prévenir les infections urinaires.

Une analyse de 50 essais contrôlés randomisés (ECR) impliquant 8857 personnes a montré que la prise de canneberges sous forme de jus, de comprimés ou de gélules a réduit le nombre d’infections urinaires chez les femmes souffrant d’infections urinaires récurrentes, chez les enfants, et chez les personnes sujettes aux infections urinaires à la suite d’une intervention, comme la radiothérapie de la vessie. Cependant, il n’y a pas eu de réduction significative des infections urinaires chez les hommes et femmes âgés en maison de retraite, chez les adultes souffrant d’un dysfonctionnement neuromusculaire de la vessie, ni chez les femmes enceintes​​ (2).

Références:

(1) https://inserm.hal.science/tel-01275795/

(2) https://www.cochrane.org/fr/

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