Comme nous l’indique sa racine celte sa-lis (ou salik) qui signifie « près de l’eau », le saule affectionne particulièrement les lieux tempérés de l’ensemble de l’hémisphère nord, en bordure de rivières et de ruisseaux, sur terrains frais et humides, voire même marécageux, mais surtout c’est un « arbre vert et bénéfique des eaux vives » et ripisylves.
Un peu de mythologie
Mentionné dans l’Iliade, le saule apparaît aussi dans l’Odyssée : une parole de la déesse magicienne Circé rappelle l’existence d’un bois sacré dédié à Perséphone composé de peupliers noirs et de saules, ce que reprendra Pausanias à l’identique un millier d’années plus tard. L’on a aussi placé des saules dans la prairie qui mène jusqu’à la demeure de Circé.
Au-delà de la mythologie, les premiers Grecs à faire état du saule d’un point de vue médical sont Hippocrate (qui conseillera ses feuilles contre les affections rhumatismales et fébriles) et Théophraste, quand bien même il est dit que le centaure Chiron explique à Asclépios les propriétés thérapeutiques des feuilles de saule.
Un peu d’histoire
Au tout début de notre ère, il est repéré par Dioscoride pour ses vertus astringentes, cicatrisantes et antalgiques. Usant tant des semences, de l’écorce que de la sève, Dioscoride emploie le saule pour certaines affections cutanées (cals, poireaux), en cas d’hémoptysie et de douleurs auriculaires. Pline, reprenant ouvertement Dioscoride, signale dans son Histoire naturelle que « les feuilles pilées et prises en boisson modèrent les excès amoureux et un usage répété les éteint complètement. » Cette propriété anaphrodisiaque du saule blanc, que d’aucuns, encore récemment, prirent pour une aimable plaisanterie, fait parler d’elle depuis plus de deux millénaires.
La réputation du saule blanc n’est plus à faire. Assyriens et Babyloniens virent déjà dans cet arbre un moyen de lutter contre les fièvres intermittentes. En compagnie du cyprès, le saule dominait la pharmacopée d’alors. C’est du moins ce qu’expliquent des tablettes portant des caractères cunéiformes.
Quelles sont les principales propriétés pharmacologiques de l’écorce de Saule blanc ?
Propriétés anti-inflammatoires :
L’acide salicylique est présent dans le saule sous cette forme ou issu de la transformation oxydative de l’alcool salicylique (=saligénine), lui-même issu de l’hydrolyse par le biais du microbiote intestinal du salicoside natif ou de la dégradation lente de la salicortine.
Une étude in vivo a montré que l’administration par voie orale d’acide salicylique exerce une action inhibitrice sur la cyclooxygénase, comme l’aspirine (=acide acétylsalicylique). Cela aboutit à la réduction de la concentration en thromboxanes B2, et à la diminution de la biosynthèse de façon dose-dépendante des prostaglandines de type 2 (PGE2) dans le sérum.
Cette même étude a permis l’étude pharmacologique comparée de l’acide salicylique (salicylate) et de l’aspirine, et a montré que le salicylate est rapidement métabolisé, entraînant des concentrations maximales dans le plasma et dans les exsudats inflammatoires dépassant de 30 à 50 fois les concentrations maximales d’aspirine. De plus, les concentrations d’aspirine ont rapidement diminué, alors que des concentrations élevées de salicylate ont persisté dans le plasma et l’exsudat jusqu’à 6 heures après une seule administration d’aspirine. La concentration de salicylate trouvée dans les exsudats inflammatoires 6 heures après l’administration d’aspirine était suffisante pour réduire de plus de 50% la production de PGE2.
Propriétés analgésiques et antirhumatismales :
Au cours d’une étude randomisée en double insu de 2000 portant sur 210 sujets souffrant de douleurs lombo-sacrées chroniques, les chercheurs ont constaté qu’après 4 semaines, 39% des patients ayant reçu un extrait d’écorce de saule ne ressentent plus aucune douleur, contre 6% des sujets du groupe placebo, ce qui est statistiquement significatif.
En 2001, un essai clinique en double insu contrôlé contre placebo et randomisé, mené durant 2 semaines auprès de 78 sujets souffrant d’arthrose du genou ou de la hanche, a montré une diminution de 14% de la douleur chez les sujets traités avec un extrait d’écorce de saule et une augmentation de 2% chez ceux ayant reçu un placebo.
Selon une publication de 2015, bien que les extraits d’écorce de saule soient généralement normalisés en salicine, d’autres ingrédients, notamment d’autres salicylates, ainsi que des polyphénols et des flavonoïdes, peuvent également jouer un rôle important dans les actions thérapeutiques. Ce travail confirme que les effets indésirables semblent minimes comparés aux anti-inflammatoires non stéroïdiens, notamment l’aspirine.
Existe-t-il des précautions d’emploi concernant le Saule blanc ?
Contre-indications :
- Contre-indiqué en cas d’allergie à l’aspirine, aux dérivés acétylsalicylés (0,2% de la population), ou à d’autres anti-inflammatoires (par exemple, antécédents d’œdème de Quincke, spasmes ou urticaire chronique), ainsi qu’en cas d’asthme déclenché par l’aspirine, syndrome de Widal.
- En l’absence de données complémentaires, l’existence dans les antécédents médicaux d’un syndrome de Reye reste une contre-indication.
- Cependant, aucune donnée n’indique que l’écorce de saule présente le risque de provoquer un syndrome de Reye chez l’enfant, bien que cette contre-indication vaille pour l’acide acétylsalicylique, en raison du métabolisme sensiblement différent des composés du saule blanc.
- Par principe de précaution, l’EMA ne recommande pas l’usage du saule au cours du 1er et 2e trimestre de grossesse, ainsi que durant l’allaitement.
Effets secondaires :
- Rares troubles gastro-intestinaux, imputables à la présence des tanins.
- Possibilité de nausées, de diarrhées et de réactions allergiques (éruption cutanée, prurit, urticaire, asthme, exanthème).
Précautions d’emploi :
- Les salicosides et la salicortine, amenés par la prise de saule, sont métabolisés dans l’intestin en saligénine et après absorption, transformés en acide salicylique (et non en acide acétylsalicylique à toxicité hépatique). De ce fait, la tolérance gastrique est bien meilleure et le saule n’a pas les effets indésirables de l’aspirine.
- Dans le cadre de l’automédication, l’EMA recommande de limiter la durée du traitement à 4 semaines pour les douleurs articulaires, à 3 jours dans les états fébriles liés au rhume, et à 1 jour dans les céphalées. Au-delà, elle conseille de prendre un avis médical.
Interactions médicamenteuses :
- Prudence, ne pas utiliser chez les patients prenants des anticoagulants (surveiller la biologie INR) ou des antiagrégants plaquettaires.
- Le saule blanc peut également interagir avec l’aspirine et les anti-inflammatoires non stéroïdiens.
- Interactions avec la warfarine.
Comment prendre le Saule et à quel dosage ?
Forme sèche :
- En complément alimentaire sous forme de capsules, à raison d’une capsule par jour au cours du repas avec un verre d’eau.
Forme liquide :
- Extrait fluide de plante fraîche standardisé pour préparation officinale : 5 à 10 ml par jour dans un verre d’eau.
- Décoction : 2 à 3 g d’écorce, à faire bouillir 10 minutes, 1 tasse 2 à 4 fois par jour.
Peut-on utiliser le Saule blanc en cas d’hernie discale ?
Le saule blanc, une plante médicinale reconnue pour ses vertus analgésiques et anti-inflammatoires, peut être considéré comme un complément naturel dans la gestion des symptômes liés à l’hernie discale. Avec sa teneur en salicine, un composé converti en acide salicylique, le saule blanc peut apaiser la douleur et réduire l’inflammation.
Cependant, il est important de noter que le saule blanc ne constitue pas un traitement complet pour l’hernie discale, qui demeure une condition médicale sérieuse nécessitant une prise en charge médicale professionnelle. Il est essentiel de consulter un professionnel de la santé pour obtenir un diagnostic précis et des recommandations adaptées.
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