Les malformations congénitales des valves du cœur ont une prévalence estimée à environ 5 % des nouveau-nés, et sont présentes dans 20 % à 30 % des cas de malformation cardio-vasculaire congénitale. La valve mitrale est souvent affectée. Le prolapsus de la valve mitrale (ou syndrome de Barlow) plus modéré et sans symptôme est par ailleurs fréquent dans la population générale, affectant 1 individu sur 40, tous âges confondus. Le prolapsus de la valve mitrale congénital non syndromique résulte d’une anomalie du développement embryonnaire de cette valve. Ses conséquences sur la fonction cardiaque ne s’observent cependant, pour la plupart des sujets atteints, qu’à l’âge adulte.
Qu’est-ce qu’un prolapsus mitral ?
Le prolapsus de la valve mitrale (PVM) est un trouble fréquent qui touche l’une des valvules cardiaques. La valvule ne peut se refermer correctement et elle ballonne de fait dans l’oreillette gauche; ce ballonnement se nomme ainsi « prolapsus ».
La malformation conduisant au prolapsus de la valve mitrale résulte d’une sécrétion excessive de protéines de la matrice extracellulaire par les cellules interstitielles dans les feuillets valvulaires, ce qui entraîne une dégénérescence myxomateuse ou fibro-élastique de la valve. La fuite de sang vers l’oreillette gauche lors de la contraction ventriculaire (régurgitation mitrale) altère progressivement la fonction du ventricule gauche, nécessitant alors une intervention chirurgicale pour réparer ou changer la valve.
Quels sont les symptômes d’un prolapsus mitral ?
Parfois asymptomatique, l’insuffisance mitrale se découvre fortuitement à l’âge adulte à l’auscultation avec la présence d’un souffle systolique habituellement doux, couvrant en effet tout ou partie de la systole et irradiant vers la pointe du cœur.
L’essoufflement :
L’essoufflement (la dyspnée) est le premier signe et le plus fréquent du prolapsus mitral. Variable, il peut se déclencher par un effort jusque là réalisé sans problème. En fonction de l’évolution de la maladie, il peut néanmoins devenir de moins en moins intense. Il peut survenir au repos empêchant plus tard de dormir à plat, l’ajout d’oreillers conduisant à dormir assis.
Il peut enfin survenir brutalement, avec un réveil pendant les premières heures du sommeil et constituer une véritable urgence : c’est la dyspnée paroxystique d’œdème aigu du poumon, d’installation brutale et dramatique, qui nécessite une intervention en urgence.
La tachycardie :
La tachycardie est une accélération des pulsations cardiaques et des pulsations ressenties dans la poitrine, souvent après un effort physique. Le cœur qui bat trop rapidement est par ailleurs un signe fréquent d’insuffisance cardiaque.
Les palpitations :
Les palpitations manifestent une irrégularité des battements cardiaques. Elles surviennent assez fréquemment et souvent au repos.
Les douleurs thoraciques :
Perçues comme des douleurs à la poitrine pouvant durer quelques secondes ou plusieurs heures, ces douleurs se manifestent plutôt au repos. Une douleur thoracique pourrait notamment évoquer une rupture de cordages.
L’anxiété :
Il se manifeste souvent des crises de panique et une sensation soudaine d’anxiété ou de mort imminente, surtout durant la nuit.
La fatigue :
Souvent attribués à tort au syndrome de fatigue chronique; la fatigue, des étourdissements et une faiblesse se manifestent assez fréquemment.
L’hypotension orthostatique :
L’hypotension orthostatique est une chute violente de la pression artérielle sous la normale au moment où la personne se lève, ce qui provoque des étourdissements de quelques secondes à quelques minutes.
Évolution et complications d’un prolapsus mitral
Parallèlement à la gravité du prolapsus mitral se développe une insuffisance mitrale progressive inévitable aboutissant à une insuffisance cardiaque, pouvant même être à l’origine d’un œdème aigu du poumon après rupture de cordage par surcharge de l’appareil de soutien.
Une surcharge volumique toujours plus grande du ventricule gauche favorise également les arythmies ventriculaires pouvant mener jusqu’à la mort cardiaque subite, avec un pourcentage de 1% dans l’insuffisance mitrale grave. Mais ce pourcentage peut être plus élevé en cas de cardiopathie coronarienne ou d’hypertension artérielle avec hypertrophie ventriculaire gauche.
Si une insuffisance mitrale grave s’installe, le patient doit subir une correction chirurgicale. Une reconstruction précoce de la valve, sans qu’une anticoagulation à vie ne soit nécessaire, permet en effet d’éviter qu’une prothèse mécanique, avec sa morbidité et sa mortalité, devienne indispensable. Mais, si suite à la surcharge de l’oreillette dans l’insuffisance mitrale une fibrillation auriculaire s’est déjà installée, il faut de toute façon mettre en route une anticoagulation à vie. La manifestation d’une insuffisance cardiaque avec une fraction d’éjection inférieure à 50% aggrave nettement le pronostic, et la fonction de pompe ne peut plus se normaliser en postopératoire.
Le prolapsus mitral est actuellement l’indication la plus fréquente à la chirurgie reconstructive mitrale.
Qu’en est-il des consultations de contrôles ?
Un prolapsus mitral sans insuffisance devrait se contrôler chaque année environ à partir de son diagnostic par le cardiologue, à la recherche d’une insuffisance mitrale. Une échocardiographie Doppler en couleur est en principe nécessaire en présence d’une insuffisance mitrale à l’auscultation, pour en documenter l’anatomie de base et la gravité. Les intervalles entre les contrôles cliniques et cardiologiques se déterminent par la gravité de l’insuffisance et/ou par l’apparition de nouveaux éléments cliniques (par exemple, le grossissement de la valve).
L’insuffisance mitrale est exposée au risque d’endocardite bactérienne
Également appelée maladie d’Osler, l’endocardite bactérienne est une complication infectieuse grave qu’il est nécessaire de prévenir :
Pour cela :
- Ne pas laisser une fièvre inexpliquée sans diagnostic et prendre rapidement un avis médical pour identifier le germe (prélèvements , recherche d’agents infectieux dans le sang, hémocultures et prescription d’une antibiothérapie sans retard.
- Avoir une surveillance par son dentiste à la recherche de gîtes microbiens, et garder une denture en bon état. En cas de soins dentaires, prévenir le dentiste de l’existence d’une insuffisance mitrale à risque d’endocardite.
- Avoir une couverture antibiotique pour certaines interventions chirurgicales ou explorations endoscopiques portant sur l’appareil digestif, l’appareil urinaire ou les voies aériennes, certains actes cutanés et donc faire part au médecin de l’existence d’une insuffisance mitrale.
Quelques conseils naturopathiques pour vous aider à prévenir les troubles associés au prolapsus mitral
Bien comprendre sa maladie fait partie du traitement et de la prise en charge. Si vous avez des questions ou des incertitudes, faites en part à votre médecin ou votre cardiologue.
Votre alimentation est elle adaptée ?
- Éviter le sel, lorsque des décompensations cardiaques sont déjà survenues : La première recommandation est une alimentation peu salée de l’ordre de 4 à 6 g de sel par jour. Ne pas saler à table, réduire le sel en faisant la cuisine et éliminer les principaux aliments riches en sel comme la charcuterie, certains fromages, les viennoiserie et pâtisseries est un premier stade.
- Une réduction des lipides et surtout des lipides saturés c’est à dire des graisses animales (viandes rouges, charcuterie, fromages..) s’impose !
- Les régimes basses calories (< 1200 K calories / jour) sont déconseillés. Une réduction modérée des apports est mieux tolérée et donne de meilleurs résultats au long cours
- La consommation d’alcool doit être modérée et limitée au vin. 2 à 3 verres de vin par jour avec un ou deux jours par semaine sans consommation : l’alcool a un effet direct sur la pression artérielle.
L’activité physique :
- L’activité physique autorisée ne se détermine qu’avec le cardiologue. Elle dépend de l’importance de la fuite mitrale et de son stade évolutif. La compétition est habituellement contre-indiquée, comme dans la plupart des maladies cardiaques. Évitez en règle générale tous les sports dits « cardio ».
- Éviter tout essoufflement pour vivre normalement.
Vos habitudes :
- Éviter les excitants cardiaques (caféine).
- Bannir toutes substances chimiques qui accélèrent le rythme cardiaque (drogues, médicaments, etc.).
- Fuyez le tabac !
- Limiter le stress et l’angoisse.
- Attention à l’accumulation de la fatigue.
Votre sommeil :
- Dormez minimum 8 heures par nuit.
- En cas d’essoufflement en position allongée, parlez-en immédiatement à votre médecin !
La météo :
- Chaleur : Attention ! Veillez à bien vous hydrater !
- Froid : Prenez garde à la marche ou à tout effort demandant plus d’énergie à votre cœur !
- Attention à l’altitude, là encore en fonction du degré de sévérité de votre insuffisance cardiaque
Existent-t-ils des traitements naturels pour cette pathologie ?
Malheureusement non, il n’existe aucun traitement (naturel ou non) pour cette pathologie avant les complications. Le traitement chirurgical est le seul réel traitement : La valvuloplastie mitrale. Le moment de l’indication de cette opération est par conséquent un véritable enjeu. Seuls les conseils ci-dessus et une hygiène de vie adaptée font parti intégralement de la prise en charge du prolapsus mitral.
Sources bibliographiques médicales et essais cliniques :
- Combs MD, Yutzey KE. Heart valve development: regulatory networks in development and disease. Circ Res 2009
- Levine RA, Hagège AA, Judge DP, et al. Mitral valve disease : morphology and mechanisms. Nat Rev Cardiol 2015
- Delling FN, Vasan RS. Epidemiology and pathophysiology of mitral valve prolapse: new insights into disease progression, genetics, and molecular basis. Circulation 2014
- Grigioni F, Avierinos JF, Ling LH, Scott CG, Bailey KR, Tajik AJ, et al. Atrial fibrillation complicating the course of degenerative mitral regurgitation: determinants and long-term outcome. J Am Coll Cardiol 2002