Afin d’éviter qu’une brûlure ne s’infecte automatiquement, la peau joue un rôle indispensable pour assurer cette fonction. Elle fait office de barrière, à la fois mécanique, chimique et bactérienne. La cohésion des cellules de la couche cornée et le renouvellement rapide des kératinocytes limitent la colonisation bactérienne.
Lorsque la peau subit une altération ou un dysfonctionnement comme une brûlure par exemple, un processus pathologique peut se produire, notamment une infection faisant intervenir la flore microbienne.
La cicatrisation d’une brûlure évolue selon 3 grandes phases
- D’abord, la phase exsudative
- Ensuite, la phase de prolifération
- Enfin la phase de cicatrisation
Un processus inflammatoire existe tout au long de la cicatrisation, mais est surtout marqué dans les stades précoces. Cette inflammation permet d’éviter l’extension des lésions (phase vasculaire) et à assurer une phase de détersion (phase granulomateuse). Elle intervient aussi dans la phase d’épidermisation et de remodelage.
Étapes de la cicatrisation |
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Intervalle de durée |
10mn à 4 jours |
4e au 6e jour |
6e au 10e jour |
10e au 20e jour |
Etape |
Exsudation, détersion |
Bourgeonnement |
Epidermisation ou épithélialisation |
Remodelage |
Caractéristique |
Érythème, œdème |
Rouge et granuleuse |
Rosée |
Rosée et peau élastique |
Processus |
Inflammation, exsudat plasmatique, hémostase |
Production de substance fondamentale, bourgeons endothéliaux, néo vascularisation |
Migration, multiplication et différenciation des kératinocytes. Création d’un épiderme fonctionnel à partir des bords de la plaie |
Contraction de la peau, réorganisation des vaisseaux sanguins, réapparition des annexes |
Cellules en jeu et fonction |
Afflux de leucocytes et macrophages, nettoyage du tissu mort et des bactéries |
Les fibroblastes (producteurs de collagène) deviennent mobiles et contractiles (myofibroblastes). Cellules endothéliales (bourgeons épidermiques) |
Kératinocytes |
Fibroblastes et cellules différenciées |
Conseils et conduite à tenir
Attention au soleil !
Une cicatrice doit être protégée du soleil et des UV (cabines) pendant toute la durée de son évolution, tant qu’elle est rouge ou rose. En effet, les UV provoquent un dérèglement de la synthèse de collagène, une hypertrophie épidermique, des lésions des membranes (génération de radicaux libres) et stimulent la production de mélanine. Le processus de cicatrisation est perturbé.
Une cicatrice qui bronze gardera une pigmentation permanent et il existe un risque de formation de cicatrices hypertrophiques ou atrophiques (acné). Utiliser une crème solaire d’indice maximal 50+ sur toute cicatrice récente, mais aussi en cas d’acné, de bouton d’herpès, de varicelle, etc.
- Mettre la partie brûlée dans de l’eau froide au moins 10mn pour limiter les lésions. Respecter la règle des 3 fois 10 ( 10mn à une eau à 10°C et à 10cm de la lésion). En pratique faire couler de l’eau froide du robinet sur la zone touchée. Refroidir une brûlure calme la douleur, limite la profondeur de la lésion et atténue l’inflammation.
- Lors du rinçage, retirer les vêtements autour de la zone touchée, à l’exception de ceux qui adhèrent à la peau (les vêtements synthétiques par exemple). Retirer également bagues, bracelets, montres et chaussures du membre brûlé, qui gênent la circulation du sang lors de l’œdème.
- Après avoir rafraîchi la brûlure, nettoyer la plaie (uniquement en cas de brûlures du premier et deuxième degré) à l’eau savonneuse, du sérum physiologique ou un antiseptique dilué et incolore comme la Chlorhexidine, puis rincer.
- Couvrir la plaie avec un tissu propre pour éviter qu’elle ne se salisse.
- Retirer tous les accessoires pouvant faire garrot (bagues, montres, etc.)
- Ne pas percer les cloques
- Éviter l’application de denrées inadaptées : lait, beurre, dentifrice, miel …
Comment soigner une brûlure ?
Une brûlure correspond à une élévation anormale de la température de la peau sous l’effet d’un agent physique, thermique, chimique, électrique ou de radiations ionisantes. Elle détruit sur une étendue variable tout ou partie du revêtement cutané. Les brûlures sont classées en différents stades, selon leur gravite. Seules les brûlures du premier et second degré peuvent être prises en charge en ville. Les brûlures du troisième degré doivent être traitées à l’hôpital
Traitement à n’entreprendre qu’après les premiers gestes d’urgence décrits plus haut.
Qu’est-ce qu’un grand brûlé ?
On parle de grand brûlé si :
- La surface corporelle atteinte dépasse 20% (règle des 9 de Wallace).
- Les localisations engagent le pronostic vital (visage, mains, organes sensoriels et génitaux, plis de flexion). Les brûlures au visage peuvent entraîner en raison de la formation rapide d’un œdème, une détresse respiratoire aiguë, tandis que les brûlures aux mains par exemple, peuvent entraîner des séquelles fonctionnelles handicapantes.
Dans tous les cas, en cas de suspicion de brûlure grave, faites le 15.
La prise en charge médicale sera différente selon l’origine de la brûlure: air chaud, vapeur, eau bouillante, flamme, soleil, frottement, électricité ou substance chimique.
Les complications sont liées à la perte de revêtement cutané :
- Pertes liquidiennes (risque d’hypovolémie)
- Fuites caloriques (troubles métaboliques et dénutrition)
- Risque d’infection
Bonsoir.
Merci pour cet article complet et sérieux.
Une petite question toutefois : pourquoi pas de miel ? Je croyais que c’était un excellent antibactérien et cicatrisant de la peau. Est-ce que cela dépend de la qualité du miel (bio / pas bio par exemple), ou encore du fait que ce soit un produit vivant (non stérile) ?
Merci d’avance pour votre réponse.
Bonsoir,
Merci beaucoup pour votre commentaire et pour l’intérêt que vous portez à notre article.
Concernant votre question sur l’utilisation du miel dans le traitement des brûlures, il est vrai que le miel est reconnu pour ses propriétés antibactériennes et cicatrisantes. Cependant, l’application de miel sur une brûlure est déconseillée dans les premiers soins pour plusieurs raisons.
Premièrement, le miel est un produit non stérile. Bien que ses propriétés antibactériennes soient bénéfiques, l’utilisation de produits non stérilisés sur une plaie ouverte, comme une brûlure, peut introduire des contaminants et augmenter le risque d’infection. De plus, la qualité du miel peut varier considérablement, ce qui influence son efficacité. Le miel bio n’est pas nécessairement stérile, et même s’il l’était, la consistance et la concentration en substances actives peuvent différer, affectant son action thérapeutique.
En milieu clinique, certaines préparations de miel médicalisé ont été spécifiquement traitées et stérilisées pour être utilisées dans des conditions contrôlées. Ces produits sont différents du miel que l’on peut acheter pour la consommation domestique et sont conçus pour une utilisation médicale sécurisée.
Il est important de suivre des protocoles établis pour le traitement des brûlures, qui comprennent le refroidissement de la brûlure, la nettoyage avec des solutions appropriées, et l’application de pansements stériles. L’utilisation de remèdes maison, tels que le miel, sans supervision médicale peut compromettre le processus de guérison ou même aggraver la blessure.
Pour ces raisons, nous recommandons de consulter un professionnel de santé pour le traitement approprié des brûlures, et de suivre les conseils médicaux basés sur des preuves scientifiques et des pratiques cliniques éprouvées.
Nous espérons que cette réponse vous est utile et nous restons à votre disposition pour toute autre question.
Cordialement,
L’équipe Soin & Nature
C’est très clair. Merci beaucoup 🙂