La phytothérapie peut-elle aider à prévenir les cancers ? Certaines prédispositions génétiques aux cancers peuvent être influencées par l’épigénétique. Cette discipline récente montre comment l’environnement et l’histoire individuelle modifient l’expression des gènes. Ces modifications sont transmissibles entre générations, mais peuvent être réversibles. Des facteurs comme la nutrition ou certaines molécules végétales peuvent avoir un impact. Des exemples incluent le resvératrol, la curcumine et la quercétine.
L’apparition et le développement des cancers sont liés aux facteurs environnementaux, au mode de vie, à la nutrition, à la gestion du stress et à des facteurs internes comme l’équilibre hormonal ou le vieillissement. Les cancers résultent d’une défaillance du système immunitaire. Leur genèse dépend de l’équilibre de ces facteurs. La prévention des cancers implique la gestion des facteurs de risque environnementaux et internes.
Les cancers liés au diabète
Les cancers touchant le pancréas, le foie, le côlon, les seins, les voies urinaires ainsi que l’endomètre surviennent plus fréquemment chez les personnes diabétiques. Leur prévention passe en effet par l’amélioration de la régulation du sucre. Le traitement de phytothérapie proposé est un mélange d’extraits de ginseng, de chardon-Marie et d’olivier.
Les activités métaboliques et antidiabétiques du Ginseng
Le ginseng offre de multiples bienfaits pour la santé. Il diminue le cholestérol et améliore la tolérance au glucose, aidant ainsi à gérer le diabète de type 2. Il réduit l’insulinorésistance et l’hyperlipidémie chez ceux suivant un régime riche en graisses, notamment par l’augmentation du GLP-1. Chez les diabétiques non insulino-dépendants, le ginseng réduit poids corporel et glycémie postprandiale. Un essai clinique randomisé a confirmé son activité hypoglycémiante postprandiale.
Le ginseng est un modulateur hormonal influençant l’axe hypophyso-cortico-surrénalien. Il diminue la sécrétion de cortisol en cas de stress chronique et régule les hormones du stress pendant la ménopause. Ses effets sur les symptômes de la ménopause sont cependant incertains, comme l’indiquent des études sur les bouffées de chaleur et le bien-être psychologique.
Au niveau hépatique, il est bénéfique contre l’hépatite, la fibrose hépatique, la cirrhose, et l’insuffisance hépatique aiguë. Il aide également à prévenir l’obésité et l’adiposité. Ses propriétés gastro-protectrices, intestinales et vasculaires sont notables, tout comme son rôle dans la prévention de l’hypertrophie bénigne de la prostate.
Le ginseng améliore la clairance de l’alcool éthylique et aide au traitement de certains cancers. Dans le cadre du traitement adjuvant du cancer, il est utilisé pour contrer la fatigue extrême.
Les autorités sanitaires reconnaissent divers usages du ginseng. L’OMS le valide pour améliorer les capacités physiques et mentales en cas de fatigue. La Commission E allemande le recommande comme tonique. L’ESCOP le reconnaît pour les diminutions des capacités physiques et mentales. Les NIH américains confirment son rôle dans le contrôle de la glycémie dans le diabète de type 2 et la stimulation du système immunitaire. Cependant, l’EFSA reste prudente en raison du manque de preuves scientifiques.
Les activités sur le métabolisme gluco-lipidique du Chardon-Marie
In vitro, la silybinine régule le métabolisme lipidique, favorise la thermogenèse et la brunisation de cellules adipeuses, ce qui suggère un intérêt du chardon-Marie dans la prise en charge de la surcharge pondérale et de l’obésité.
Le Chardon-Marie, connu pour ses bienfaits sur le métabolisme gluco-lipidique, agit via l’isosilybine A et la silybine. L’isosilybine A, un agoniste du PPAR-gamma, régule le métabolisme des glucides et des lipides. La silybine réduit la résistance à l’insuline dans les cellules musculaires, offrant des avantages dans le traitement du diabète.
Des études cliniques sur des patients diabétiques ont démontré l’efficacité du chardon-Marie. Il améliore le contrôle de la glycémie et réduit les niveaux de cholestérol et de triglycérides. Un autre essai a observé une baisse significative de l’HbA1c et une réduction du sucre sanguin chez les patients traités avec de la silymarine.
Le chardon-Marie possède également des propriétés anticancéreuses. Il inhibe la prolifération des cellules tumorales et diminue la toxicité rénale de certains agents de chimiothérapie. En Europe, il est largement utilisé pour protéger le foie contre diverses affections, notamment l’hépatite, la cirrhose et les dommages hépatotoxiques. La silymarine agit en stabilisant la membrane plasmique, capturant les radicaux libres et stimulant la synthèse des protéines hépatocytaires.
Pour les intoxications, notamment par l’amanite phalloïde, la silymarine s’avère efficace. Elle protège le foie en inhibant l’absorption des toxines et favorise la régénération hépatique. Elle a également un effet cholagogue, favorisant l’élimination de la bile.
La Commission E et l’OMS reconnaissent l’utilisation de la silymarine pour traiter les troubles hépatiques et la dyspepsie. En résumé, le chardon-Marie, grâce à sa silymarine, est un traitement naturel efficace pour diverses affections hépatiques, les troubles digestifs, et possède des propriétés anticancéreuses et anti-inflammatoires.
Les propriétés hypolipémiantes et antidiabétiques de l’olivier
L’olivier inhibe l’alpha-amylase et l’alpha-glucosidase, en relation avec sa teneur en lutéoline et ses dérivés. L’hydroxytyrosol et l’oleuropéine contenus dans la feuille exercent un effet antidiabétique qui pourrait être dû à leurs activités antioxydantes. Ce dernier composé réduit les complications liées au diabète.
L’extrait de feuille d’olivier agit comme un puissant antiathérogène et hypocholestérolémiant. Il réduit le cholestérol LDL, les LDL oxydées, et les triglycérides. Cette action contribue à prévenir la stéatose hépatique et la fibrose hépatique. La baisse du taux de lipides sanguins pourrait être due à l’effet agoniste de l’olivier sur le récepteur TGR5 aux acides biliaires.
L’olivier inhibe les enzymes alpha-amylase et alpha-glucosidase, grâce à sa teneur en lutéoline et ses dérivés. Les composés hydroxytyrosol et oleuropéine dans la feuille d’olivier ont un effet antidiabétique, attribuable en partie à leurs activités antioxydantes. L’oleuropéine aide également à réduire les complications liées au diabète.
Une étude clinique randomisée et contrôlée par placebo en 2013 sur 46 patients en surpoids a révélé que les polyphénols de feuilles d’olivier améliorent significativement la sensibilité à l’insuline et la capacité de sécrétion des cellules β du pancréas. Cette étude suggère que l’extrait de feuille d’olivier peut être bénéfique pour les personnes à risque de syndrome métabolique.
Les cancers hormonodépendants chez la femme
Il est important de favoriser la détoxication hépatique des œstrogènes en leur faisant emprunter une voie d’élimination plus favorable sur le plan du risque cancéreux, notamment en cas de prise de traitement hormonal (contraception, traitement substitutif de la ménopause) ou risque familial. Le traitement de phytothérapie proposé est un mélange d’extraits d’artichaut, de curcuma et de radis noir.
L’activité hépatobiliaire de l’Artichaut
L’artichaut, reconnu pour son action détoxifiante hépatique, modifie le métabolisme des xénobiotiques en induisant les enzymes de phase II. La cynarine, un acide dicaféylquinique présent dans les feuilles d’artichaut, est un polyphénol découvert en 1954. Elle est notable pour ses effets cholérétiques.
L’acide caféique, un acide phénolique dérivé de l’acide cinnamique, agit de manière encore incertaine. Selon le Dr Jean-Marie PELT, la cynarine serait perçue comme toxique par le foie, augmentant ainsi le flux biliaire. Les recherches du Dr PELT suggèrent une synergie thérapeutique entre les composants de l’artichaut. Des substances comme la cynaropicrine et l’acide hydroxyméthylacrylique, associées à d’autres acides (succiniques, picriques, maliques), protègent les cellules hépatiques contre les effets toxiques des composés cholérétiques.
L’artichaut possède des propriétés hépatobiliaires. Il est cholagogue, amphocholérétique (régulation de la cholérèse), cholécystocinétique et anti-cholestatique, grâce à ses flavonoïdes. Cette augmentation de la sécrétion et de l’élimination des acides biliaires explique son efficacité dans la dyspepsie et le syndrome de l’intestin irritable. Un essai clinique en 2003 a montré l’efficacité significative de l’extrait aqueux de feuilles d’artichaut chez des patients souffrant de dyspepsie fonctionnelle.
Antioxydant, l’extrait éthanolique de l’artichaut possède une activité antioxydante puissante. Les extraits aqueux et éthanolique de Cynara scolymus inhibent, in vitro, les formes réactives de l’oxygène dans les cellules endothéliales et les monocytes. Cette capacité à combattre le stress oxydatif est liée aux flavonoïdes et composés phénoliques de la plante. La feuille d’artichaut a aussi un effet hépatoprotecteur. Elle inhibe les protéines kinases intracellulaires et la nitrosation, favorisant l’apoptose et contribuant à la régénération hépatique.
Les activités hépatiques et anticancéreuses du Curcuma
Le curcuma renforce le système immunitaire en stimulant la phagocytose, l’activité des cellules tueuses naturelles (NK), et la production d’immunoglobulines de type G (Ig G). Il inhibe aussi l’intégrase du VIH-1, bloquant l’intégration du génome viral dans l’ADN de la cellule infectée.
Ses propriétés anticancéreuses sont bien établies, ciblant notamment les cancers des ovaires, de la peau, de l’œsophage, du côlon et des cellules lymphomateuses. Malgré une faible biodisponibilité, la curcumine, principal composant du curcuma, montre des effets prometteurs dans le traitement avancé des cancers et la réduction des effets secondaires des traitements anticancéreux.
La curcumine joue un rôle protecteur en cas d’agression hépatique, en activant des systèmes enzymatiques antioxydants dans le foie. Elle est riche en curcuminoïdes, qui ont des propriétés antioxydantes et anti-inflammatoires notables. Toutefois, sa faible absorption intestinale limite son efficacité par voie orale.
Des études ont montré que la pipérine, un composé du poivre, augmente l’absorption de la curcumine, mais peut également augmenter la perméabilité intestinale. De nouvelles formes de curcuma, comme les nanoparticules et les phospholipides, sont en cours d’étude pour une meilleure absorption.
Le curcuma a également des propriétés immunomodulantes et anticancéreuses. Il agit directement sur les récepteurs ErbB, inhibant la prolifération cellulaire, et influence les voies de signalisation Ras-Raf-MAPK et PI3K-Akt. Il favorise l’apoptose et réduit l’angiogenèse et le développement des métastases.
En outre, le curcuma possède des propriétés gastro-intestinales bénéfiques. Il augmente la sécrétion de gastrine, prévient la formation d’ulcères, inhibe Helicobacter pylori, et a un effet cholérétique. Il améliore aussi les fonctions digestives du pancréas et a un effet anti-inflammatoire sur la muqueuse intestinale. Des études suggèrent que l’extrait de curcuma favorise la croissance de probiotiques et possède une activité anti-inflammatoire.
Les activités détoxiquantes hépatiques, anticancéreuses et antioxydantes du Radis noir
Les propriétés détoxiquantes du radis noir proviennent de l’action des produits d’hydrolyse des glucosinolates. Cette hydrolyse est initiée par la myrosinase, une enzyme désactivée par la cuisson. Lors d’une altération des tissus de la plante, glucosinolates et myrosinase réagissent pour produire du soufre et des isothiocyanates, ayant une activité détoxiquante contre les xénobiotiques exogènes, y compris les composés carcinogènes.
Les isothiocyanates, notamment le sulforaphane, présents dans les légumes crucifères (radis noir, brocolis, choux de Bruxelles, choux-fleurs), inhibent les cellules cancéreuses du col utérin, du pancréas, de l’ovaire et du carcinome hépatocellulaire humain de manière dose-dépendante. Ils possèdent des propriétés anti-inflammatoires et un effet protecteur potentiel lié à l’amélioration du statut antioxydant.
Les radis noirs, par leur teneur en isothiocyanates, jouent un rôle dans la prévention du cancer, en particulier au niveau du côlon. Le microbiote intestinal peut hydrolyser les glucosinolates en isothiocyanates, une réaction pouvant être perturbée en cas de dysbiose.
Les isothiocyanates pourraient réduire l’incidence du cancer de la vessie. Cette baisse est observée chez ceux qui consomment beaucoup de brassicacées. Ces composés activent les enzymes de détoxification de phase II. En laboratoire, l’extrait de radis noir a révélé des propriétés chimiopréventives. Il induit l’apoptose dans les cellules cancéreuses humaines. Cette action se fait en modifiant les gènes liés à la voie de signalisation apoptotique.
Les cancers hormonodépendants chez l’homme (prostate)
Le cancer de la prostate est le cancer le plus courant chez les hommes. Aux États-Unis, il représente 30 % des nouveaux cas de cancer chez l’homme, avec 200 000 cas annuels, et 12 % en Europe. Grâce à l’amélioration des méthodes de détection, les diagnostics sont désormais plus précoces. Cependant, environ 20 % des cas diagnostiqués aux États-Unis en 1999 étaient déjà à un stade métastatique. Environ 50 % des patients traités pour un stade localisé développent par la suite une forme disséminée du cancer. La mortalité aux États-Unis s’élève à 40 000 décès par an. Ce cancer, hormonodépendant, voit 80 % des patients avec un cancer disséminé répondre au traitement hormonal, mais cette réponse est temporaire, la progression reprenant souvent entre 18 et 36 mois après le début du traitement. Le traitement de phytothérapie proposé est un mélange d’extraits d’ortie racine et de gattilier.
Les propriétés antiprolifératives de l’Ortie racine (inhibition de la croissance prostatique)
Les hypertrophies bénignes de la prostate (HBP) pourraient résulter d’une réactivation du potentiel de prolifération des cellules prostatiques, similaire à celui des cellules embryonnaires. Les protéines de transport SHBG (Sex Hormone Binding Globulin) acheminent les androgènes et les œstrogènes dans le plasma. Chez l’homme, ces hormones liées à la SHBG sont transportées vers la prostate. Avec l’âge, la baisse de testostérone et l’augmentation du rapport œstrogène/testostérone entraînent une synthèse accrue de SHBG. Cela peut stimuler la division cellulaire et la croissance des tissus prostatiques, menant à une HBP.
Des études ont révélé que les lignanes, tels que les sécoisolaricirésinols présents dans l’extrait de racines d’ortie, inhibent la liaison des androgènes à la SHBG. Ils empêchent également la fixation de ces protéines transporteurs aux récepteurs de la prostate, réduisant ainsi l’activité proliférative sur les tissus prostatiques. Les feuilles d’ortie inhibent l’activation des lymphocytes T, impliqués dans le développement de la polyarthrite rhumatoïde. L’ortie maintient un état immature des cellules dendritiques et diminue l’expression des molécules co-stimulatrices nécessaires à l’activation des lymphocytes T.
Des études révèlent que l’acide caféique et l’acide cafféoyl-malique de l’ortie réduisent la croissance des cellules de glioblastome cérébral. Ils provoquent également leur apoptose. La fraction flavonoïque de l’ortie a un effet immunomodulateur. Elle stimule la croissance des lymphocytes et diminue la production de NO (oxyde nitrique). De plus, l’ortie possède des propriétés antimicrobiennes. Elle est efficace contre plusieurs agents pathogènes, y compris Streptococcus faecalis et Escherichia coli. Cela suggère une utilisation prophylactique possible.
Les propriétés anticancéreuses du Gattilier
Le gattilier montre un potentiel notable dans la lutte contre le cancer. Il inhibe efficacement la prolifération des cellules leucémiques myéloïdes HL-60 et stimule leur apoptose, grâce à des composés tels que le rotundifurane, les polyméthoxyflavones et la lutéoline. Une étude in vitro de 2019 a révélé que la casticine, issue du gattilier, inhibe la croissance et déclenche l’apoptose dépendante des mitochondries dans les cellules du cancer de l’œsophage.
Par ailleurs, un extrait alcoolique de gattilier a démontré son efficacité contre les cellules cancéreuses, y compris celles des carcinomes du sein, en induisant l’apoptose. Cet extrait agit également sur les cellules tumorales de l’utérus et des ovaires. Chaque nouvelle étude apporte de l’espoir quant à l’utilisation potentielle du gattilier dans le traitement du cancer.
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