Comment soulager les jambes lourdes avec des plantes médicinales?

L’insuffisance veino-lymphatique est une affection bénigne, mais parfois très handicapante et disgracieuse. En France près de 20 millions de personnes souffrent de leur « circulation de retour » à des degrés divers. Et seulement 30% se soignent, probablement parce qu’on ne leur propose pas beaucoup de solutions à part la contention. C’est bien dommage, car la phytothérapie offre des remèdes efficaces qui ont longtemps été remboursés par l’assurance maladie avant que cette dernière décide qu’elle ne voulait plus prendre en charge les maladies dites « bénignes ».

Pourtant, l’insuffisance veineuse peut se compliquer en maladie veineuse thromboembolique (MVTE) avec une thrombose veineuse (TV) qu’on appelle aussi phlébite et sa complication gravissime, l’embolie pulmonaire (EP). (1) En 2010, cette pathologie était responsable de plus de 15 600 décès et de 125 000 hospitalisations. Les autres complications correspondent notamment à la dermite ocre, les phlébectasies, l’hypodermite de stase puis la lipodermatosclérose, et les ulcères variqueux. (2) Les patients peuvent aussi présenter de la couperose, de la cellulite et des hémorroïdes en lien avec leur terrain d’insuffisance veineuse. Pour tout cela, les prédispositions génétiques jouent un rôle prépondérant.

L’insuffisance veineuse est classée en 6 stades (3) :

  • C0 : Absence de signe visible ou palpable de la maladie veineuse à l’examen.
  • C1 : Présence de télangiectasie ou de varicosité.
  • C2 : Varices.
  • C3 : Œdème avec ou sans varices.
  • C4 : Troubles trophiques (pigmentation, dermite ocre, eczéma variqueux, etc.).
  • C5 : Troubles trophiques et cicatrice d’ulcères veineux.
  • C6 : Troubles trophiques et ulcères ouverts

On estime ainsi que 75 % des Français seront atteints de varices plus ou moins évoluées au cours de leur vie et 25 % présenteront une indication chirurgicale. Ces varices sont responsables de plus de 50 % des ulcères de jambes. Mais même sans en arriver à ces extrêmes, les patients sont nombreux à se plaindre de symptômes d’insuffisance veineuse dès les premières chaleurs et des solutions existent pour les aider, surtout qu’ils sont rares ceux qui supportent la contention en plein été.

Dans cet article nous passerons en revue les principales plantes veinotoniques que sont le fragon, la vigne rouge, le mélilot, le marron d’Inde, l’hamamélis et la myrtille.

Fragon (petit houx) Ruscus aculeatus

Grâce à ses principes actifs dont le plus important est la ruscogénine qui est avant tout une des molécules veinotoniques de référence, le fragon est un vasoconstricteur veineux puissant qui s’oppose à la distension de la paroi veineuse. (4)

Le fragon exerce également des propriétés :

  • Diurétique
  • Anti-inflammatoire
  • Anti-œdémateux

Le fait que la ruscogénine porte un nom dérivé du nom latin du Fragon montre bien à quel point cette plante fait partie des bases du traitement phytothérapeutique de l’insuffisance veino-lymphatique.

Le fragon peut être conseillé en particulier en cas de varices, insuffisance veino-lymphatique, jambes lourdes et de crampes. Il peut également améliorer la circulation rétinienne.

La dose efficace est d’environ 10 mg de ruscogénine par jour.

Précautions d’emploi :

Comme pour la plupart des plantes actives sur la circulation :
Ne pas l’utiliser au dernier trimestre de la grossesse, car cela augmente le risque de saignement lors de l’accouchement.

Tout le monde n’est d’ailleurs pas d’accord sur cette précaution d’emploi, mais le manque d’étude nous oblige à rester prudents.

Vigne Rouge (Vitis vinifera)

On parle de « vigne rouge », car on utilise les feuilles de vigne à raisin noir quand elles rougissent à l’automne.

C’est l’autre grande plante veinotonique. Elle contient des principes actifs antioxydants tels que les polyphénols dont des anthocyanosides, des oligomères procyanidoliques (OPC) et des flavonoïdes. Les flavonoïdes sont parfois évoqués sous le terme de « vitamine P », qui sont de puissants antioxydants et expliquent l’action de protection des parois veineuses.

Grâce à ces molécules la vigne rouge exerce des propriétés (5) sur :

  • Augmentation de la résistance des parois des veines et capillaires
  • Diminution leur perméabilité.
  • Action anti-œdémateuse
  • Prévention l’altération du réseau veineux
  • Protection rétinienne

La vigne rouge est utilisée en cas d’insuffisance veineuse, d’œdème des membres inférieurs et de varicosités.

La dose efficace est d’environ 500 mg d’extrait sec de Vigne rouge titré à 10% en polyphénols par jour. Mais cette dose pourra être facilement doublée en fonction des besoins de chacun, car c’est une plante très bien tolérée.

Précautions d’emploi :
Ne pas l’utiliser au dernier trimestre de la grossesse

Marronnier d’Inde (Aesculus hippocastanum)

On utilise le marron (graine) de cet arbre d’ornement originaire d’Asie (pas d’Inde) et introduit en Europe au XVIIè siècle. Il contient de l’aescine, des flavonoïdes et des coumarines (en faible quantité).

C’est un vasoconstricteur qui augmente le tonus veineux. Il diminue la perméabilité capillaires et renforce leur résistance. (6) Les propriétés du marronnier d’Inde correspondent à une action :

  • Anti-inflammatoire
  • Antioxydante
  • Anti-œdémateuse

Le marronnier d’Inde est un très bon remède contre les jambes lourdes. Il s’emploie lors d’insuffisance veineuse et lymphatique, mais également de varices, de phlébites et de troubles de la fragilité capillaire. Par ailleurs, le marronnier d’Inde est utilisé en cas d’hémorroïdes grâce à son effet anti-inflammatoire et fluidifiant sanguin.

Posologie
L’extrait de marronnier d’Inde est à privilégier car la dose efficace est comprise entre 80 mg et 150 mg d’aescine par jour.

Précautions d’emploi :

Ne pas utiliser (augmente le risque du temps de saignement) :

  • Personnes sous anti-coagulants
  • Au dernier trimestre de la grossesse
  • Avant une intervention chirurgicale

Mélilot (Melilotus officinalis)

Cette plante, un peu moins usitée que les précédentes mais grâce à ses principes actifs : flavonoïdes, coumarines et triterpènes et acides phénoliques, dont de faibles quantités d’acide salicylique, le mélilot n’en n’est pas moins (7) :

  • Un puissant veinotonique
  • Anti-œdémateux
  • Augmentation du débit veino-lymphatique
  • Diminution de la perméabilité vasculaire

Le mélilot a également montré son intérêt dans le lymphœdème du bras après curage axillaire pour cancer du sein. On l’utilise en particulier en cas d’insuffisance veino-lymphatique, d’œdème d’origine veino-lymphatique, de varices et de fragilité capillaire mais également en cas de crise hémorroïdaire.

Posologie
Le mélilot doit être titré à 2% de coumarine. L’extrait de mélilot est donc à privilégier.

Précautions d’emploi :
Ne pas utiliser (augmente le risque du temps de saignement) :

  • Personnes sous anti-agrégants
  • Personnes sous anti-coagulants (warfarine et antivitamines K)
  • Au dernier trimestre de la grossesse
  • Avant une intervention chirurgicale

Hamamélis (Hamamelis virginiana)

L’hamamélis possède de nombreux principes actifs dont des tanins et en particulier des catéchines et proanthocyanidols, mais également des flavonoïdes. L’hamamélis était employé dans les lotions à barbe au Québec.

Elle est connue pour ses propriétés :

  • Hémostatiques
  • Astringentes
  • Anti-inflammatoires

La feuille d’Hamamélis est aussi un très bon vasoconstricteur. Il est préférentiellement utilisé en cas de couperose, d’érythèmes suite aux expositions prolongées au soleil et de varicosités ainsi que dans la protection des parois veineuses en général. (8)

Précautions d’emploi :
Aucune précaution particulière

Myrtille (Vaccinium myrtillus)

En phytothérapie les feuilles sont autant utilisées que les fruits, qui sont d’ailleurs très riches en principes actifs tels que les tanins catéchiques, les proanthocyanidols et les flavonoïdes. En plus de ces molécules, les feuilles sont riches en manganèse et en chrome. (9)

Les feuilles de myrtilles sont :

  • Protectrices des vaisseaux grâce à sa composition en anti-oxydants
  • Augmentent la résistance des petits vaisseaux sanguins de l’épiderme.
  • Hypoglycémiantes (teneur en Chrome élevée)

Elles sont préférentiellement utilisées en cas de varicosités et de couperose afin de protéger les petits vaisseaux, mais également la rétine. Elles permettent également de réguler la glycémie.

Précautions d’emploi :
Interaction potentielle avec les anti-agrégants plaquettaires

Nos conseils généraux pour accompagner les compléments alimentaires

La phytothérapie, aussi efficace soit-elle, ne doit pas faire oublier les autres éléments de prise en charge de l’insuffisance veino-lymphatique

La contention

C’est le traitement le plus reconnu de cette affection et la prescription d’une contention adaptée au patient doit être proposée dans tous les cas.

Lutte contre les facteurs « mécaniques » qui favorisent ou aggravent les symptômes (10) :

  • Les positions statiques, debout ou assis,
  • Les vêtements serrés
  • La position jambes croisées
  • Les talons hauts ou a contrario, des chaussures trop plates qui ne massent pas assez la voute plantaire
  • La sédentarité
  • La chaleur : le temps chaud, le chauffage par le sol, les bains chauds (sauf s’ils sont suivis de douches froides comme on le fait pour les saunas) …

Une mauvaise respiration

Cette cause est souvent oubliée ou mal comprise, mais la respiration joue un rôle très important dans le retour veineux et la pression présente dans les membres inférieurs. Mal respirer ou ne pas savoir bien respirer peut avoir beaucoup de conséquences sur le dos, le cœur et donc la circulation des jambes. Le yoga, le tai-chi ou le Qi Quong sont de bonnes pistes pour apprendre à bien respirer en utilisant efficacement son diaphragme.

Les autres pistes de prises en charge (11) :

  • Corrections diététiques
  • Lutte contre l’obésité et le tabagisme
  • Activité physique
  • Règles d’hygiène de vie : Surélever les pieds du lit, périodes de repos, jambes surélevées, douches froides sur les jambes …
  • Kiné, massages et drainages lymphatiques
  • Cures thermales
  • Acupuncture
  • Traitement homéopathique ciblé pour les jambes lourdes

Bibliographie

Introduction
(1)https://www.msdmanuals.com/fr/professional/troubles-cardiovasculaires/troubles-veineux-p%C3%A9riph%C3%A9riques

(2)https://www.fedecardio.org/je-m-informe/insuffisance-veineuse-les-situations-a-risque/

(3)https://www.has-sante.fr/upload/docs/application/pdf/2010-12/fiche_de_bon_usage_-_compression_medicale_dans_les_affections_veineuses_chroniques.pdf

Fragon
(4)WIKIPHYTO – Petit houx
http://www.wikiphyto.org/wiki/Petit_houx

Vigne rouge
(5)WIKIPHYTO – Vigne rouge
http://www.wikiphyto.org/wiki/Vigne_rouge

Mélilot
(6)WIKIPHYTO – Mélilot
http://www.wikiphyto.org/wiki/M%C3%A9lilot

Marronnier d’Inde
(7)WIKIPHYTO – Marronnier d’Inde
http://www.wikiphyto.org/wiki/Marronnier_d%E2%80%99Inde

Hamamélis
(8)WIKIPHYTO – Hamamélis
http://www.wikiphyto.org/wiki/Hamamelis_de_Virginie

Myrtille
(9)WIKIPHYTO – Myrtille
http://www.wikiphyto.org/wiki/Myrtille

Conseils généraux
(10)https://www.vidal.fr/maladies/recommandations/insuffisance-veineuse-chronique-4045.html#prise-en-charge

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