Le mélilot, les trois feuilles astrologiques à fleur de miel

L’origine étymologique du mélilot provient du grec meli qui signifie miel, et de lôtos, pour lotus, c’est-à-dire fleurs à miel. En effet, la plante, mellifère, se veut très recherchée par les abeilles. Melilotus officinalis est l’espèce utilisée en médecine. Cependant, des espèces voisines comme M. alba Medicus sont également utilisées en herboristerie.

Qu’est ce que le mélilot ?

Le Mélilot officinal ou Mélilot jaune (Melilotus officinalis), précédemment nommé Melilotus arvensis Wallr., appartient à la famille des Fabacées. Cette plante herbacée est prisée tant comme plante fourragère que mellifère. Son nom, dérivé du grec « meli » (miel) et « lotos » (lotus), évoque peut-être le « lotus trifolié » de Dioscoride. Divers noms vernaculaires lui sont attribués, tels que Petit-trèfle jaune et Herbe aux puces, et elle est connue sous différents noms dans plusieurs langues.

La plante, de nature bisannuelle, peut mesurer de 30 à 120 cm. Elle se distingue par ses tiges droites et ses petites fleurs jaunes en grappes, fleurissant de juin à octobre. Les feuilles, formées de trois folioles dentées, et les fruits – des gousses droites vert noirâtre – caractérisent également la plante. Sa richesse en coumarine lui confère une odeur agréable.

Répandu en Europe et en Asie, le mélilot pousse principalement dans les régions tempérées. Les parties fleuries, récoltées l’été et séchées, servent à traiter diverses affections, notamment l’insuffisance veineuse (jambes lourdes, varices, hémorroïdes) et à stimuler la circulation lymphatique.

Les propriétés antispasmodiques du mélilot sont bénéfiques en cas de digestion difficile, de ballonnements et de flatulences. Traditionnellement, il est utilisé comme diurétique, en application locale contre les ecchymoses, contusions et piqûres d’insectes. Il peut aussi être recommandé pour apaiser les troubles légers du sommeil liés à la nervosité.

Un peu d’histoire

Dans un vieux traité astrologique rédigé en grec, on trouve effectivement une plante des yeux et des douleurs oculaires, le triphullion (ce qui signifie « trois feuilles »). Cet opuscule astrologique nous indique donc que ce triphullion est attribué au signe du Taureau.

Dioscoride pointe en effet, tout comme Pline, une plante comme étant un médicament oculaire. Le médecin grec l’appelle lôtos (que certains nomment aussi triphullion, nous indique-t-il). Pline l’indique bonne contre les lithiases urinaires, le Corpus hippocratum contre la fièvre, le gonflement des plaies, pour l’expectoration difficile ; il calmerait aussi, dit-on, les « fureurs de l’ivresse ».

Au tout début de la Renaissance, l’apothicaire tourangeau Thibault Lespleigney (1496-1550) souligne de fait les vertus anti-ophtalmiques du mélilot : « De mélilot prenons la fleur pour ôter des yeux la chaleur et les pleurs. »

Quelles sont les principales propriétés pharmacologiques des sommités fleuries de mélilot ?

Le mélilot est riche en coumarines, des composés connus pour leur capacité à inhiber la coagulation sanguine. Parmi ces coumarines, le mélilotoside est particulièrement notable. Ces substances jouent un rôle clé dans l’efficacité du mélilot contre les œdèmes. De plus, cette plante contient des flavonoïdes, qui contribueraient à ses effets protecteurs sur les vaisseaux sanguins.

Propriétés circulatoires veinolymphatique et capillaires

Plusieurs études cliniques des années 1990 mettent ainsi en évidence l’action des dérivés coumariniques, composants du mélilot, sur la réduction des lymphœdèmes des bras et des jambes. L’une d’entre elles fut par ailleurs menée en double aveugle contre placebo chez 104 patients présentant un lymphœdème unilatéral chronique filaire (grades 1-2) ou un éléphantiasis (grades 3-5) au niveau des jambes. Les patients traités recevaient une dose journalière de coumarine pendant un an, et furent revus douze mois plus tard. L’étude a donc démontré l’effet de la coumarine dans la réduction du lymphœdème. Dans plusieurs autres études, la coumarine a également montré des effets bénéfiques dans le traitement des lymphœdèmes.

Action lymphokinétique

Le mélilot a un effet myotrope triple. Il agit sur le système lymphatique, les veines et les capillaires, renforçant le tonus de ces vaisseaux. D’abord, il stimule la pompe lymphatique. Cela se traduit par une augmentation de la fréquence et de la force des contractions, ainsi qu’une diminution du seuil d’excitabilité. Ensuite, le mélilot améliore l’efficacité des contractions lymphatiques. Enfin, il augmente l’activité vasculaire lymphatique.

L’extrait coumarinique de M. officinalis a été efficace pour réduire le lymphœdème post-mammectomie et après curage axillaire pour carcinome mammaire. Chez 79% des patientes, ce traitement a montré des résultats positifs sur une période de 6 mois. Cela souligne son potentiel et son utilisation possible dans ce contexte, spécialement en complément de la physiothérapie comme le drainage lymphatique manuel. Dans une autre étude, randomisée, à double insu en groupe parallèle, menée chez 77 femmes après chirurgie de cancer du sein et radiothérapie, l’efficacité globale de la coumarine s’est ainsi montrée bonne ou excellente.

Le composé a empêché la tendance spontanée à l’augmentation du lymphœdème du bras, avec diminution de la gravité des symptômes locaux, et amélioration globale de la qualité de vie. Cette étude est d’autant plus intéressante qu’elle a été effectuée chez des patientes opérées et radiothérapées. Or, il a été montré que l’irradiation locale est le principal facteur de risque de développement d’un lymphœdème

Perméabilité capillaire, effet trophique tissulaire, action anti-inflammatoire

Cette diminution se fait par augmentation de l’oxygénation tissulaire et par amélioration de la microcirculation, ainsi que par stabilisation de la membrane des érythrocytes.

Cet effet stimule notamment les mécanismes de revascularisation : la coumarine du mélilot favorise la cicatrisation et la régénération tissulaire, par stimulation du pouvoir protéolytique des macrophages et du système réticulo-endothélial.

Le mélilot possède de puissantes propriétés anti-œdémateuses. In vivo, dans un modèle d’inflammation aiguë, il diminue en définitive l’activation des phagocytes circulants de façon similaire à l’hémisuccinate d’hydrocortisone sous forme de sel de sodium.

Autres propriétés

Le mélilot possède diverses propriétés médicinales, agissant comme sédatif, analgésique léger et spasmolytique. Il est aussi un anticoagulant léger et a des effets antinéoplasiques et anti-ischémiques. Le mélilot a une action antivirale notable. Il est efficace contre l’insuffisance lymphatique liée aux troubles veineux et lymphatiques. Ce remède tonifie la paroi veineuse. Il contracte aussi les fibres musculaires autour des vaisseaux. Ainsi, il offre une action anti-œdémateuse contre les varices. Le mélilot est aussi employé pour les spasmes digestifs et pelviens. Il soulage les douleurs menstruelles. De plus, il aide à apaiser les enfants souffrant de troubles du sommeil.

En application externe, le mélilot est efficace pour les conjonctivites. On l’applique localement ou en bain d’œil avec son infusion. Il est aussi bénéfique pour traiter les contusions, les hématomes superficiels et les entorses.

Le mélilot a plusieurs usages thérapeutiques. Il agit comme un antispasmodique sédatif, calmant le système nerveux sympathique. Le mélilot est utilisé pour soigner les hémorroïdes. Il aide également à contrôler les bouffées de chaleur chez les femmes en périménopause. De plus, il a une action anti-inflammatoire. Il contribue aussi à prévenir les risques thrombo-emboliques.

D’autres indications thérapeutiques démontrées incluent l’amélioration de la tonicité veineuse. Le mélilot facilite la circulation sanguine, aidant à la résorption des œdèmes lymphatiques, et possède des propriétés diurétiques.

Existe-il des précautions d’emploi concernant le Mélilot ?

Le mélilot est déconseillé pour les personnes souffrant de pathologie hépatique et en cas d’hypersensibilité aux substances actives. L’Agence européenne du médicament (EMA) ne recommande pas son usage chez la femme enceinte ou allaitante, et étend cette précaution aux enfants et adolescents de moins de 18 ans.

En termes de précautions d’emploi, il est important d’interrompre la prise de mélilot 72 heures avant une intervention chirurgicale. La récolte ou l’utilisation personnelle de mélilot est risquée en raison de la possibilité de fermentation et de moisissure. En cas de moisissure, l’acide 2-hydroxycinnamique contenu dans la plante peut se transformer en dicoumarol, une toxine anticoagulante puissante, susceptible de causer des hémorragies internes. Il est donc recommandé d’utiliser un extrait de la plante fraîche non séchée pour une utilisation sécurisée.

Le mélilot contient des coumarines. Ces composés peuvent interagir avec des plantes et médicaments anticoagulants. Les patients prenant des anticoagulants, comme les antivitamines K, doivent être étroitement suivis. Ils nécessitent une surveillance médicale de leur INR. Cette surveillance est cruciale lorsqu’ils commencent ou arrêtent un traitement à base de mélilot.

Les effets indésirables signalés avec le mélilot comprennent des maux de tête, des troubles gastro-intestinaux et parfois des troubles hépatiques. Un surdosage peut entraîner des vomissements.

Bien qu’un essai clinique sur des femmes enceintes n’ait pas révélé de toxicité notable du mélilot, l’EMA déconseille son utilisation durant la grossesse et l’allaitement. Enfin, l’EMA déconseille également l’utilisation du mélilot chez les personnes de moins de dix-huit ans.

Comment prendre le Mélilot et à quel dosage ?

Le mélilot est disponible sous diverses formes, y compris des fleurs séchées, des gélules, et des extraits secs et liquides. Pour préparer une infusion, utilisez 1 à 2 g de fleurs sèches pour 150 ml d’eau bouillante, à consommer jusqu’à trois fois par jour.

Il est conseillé de ne pas récolter le mélilot soi-même car, mal conservé, ses coumarines peuvent se transformer en dicoumarol, un anticoagulant puissant. Ce dernier peut entraîner de graves accidents hémorragiques (saignements).

Qu’en pensent les autorités de santé ?

Il y a quatre études cliniques impliquant près de 2.000 personnes qui démontrent une certaine efficacité du mélilot dans le traitement des symptômes de l’insuffisance veineuse. De plus, deux études ont révélé que le mélilot pouvait aider à réduire le gonflement du bras (lymphœdème) après l’ablation des ganglions de l’aisselle lors du traitement du cancer du sein. Cependant, les autres usages proposés du mélilot n’ont pas été scientifiquement prouvés.

Concernant l’avis des autorités de santé :

  • L’Agence européenne du médicament (EMA) reconnaît l’usage « traditionnellement établi » du mélilot pour soulager les symptômes de lourdeur des jambes liés aux troubles circulatoires veineux mineurs et, en applications locales, dans le traitement des inflammations mineures de la peau.
  • La Commission E du ministère de la Santé allemand reconnaît l’utilisation du mélilot dans le traitement des symptômes de l’insuffisance veineuse, ainsi que comme traitement adjuvant lors de phlébites ou de crises d’hémorroïdes. En applications locales, le mélilot est traditionnellement utilisé contre les contusions et les ecchymoses.
  • L’ESCOP (Coopération scientifique européenne en phytothérapie) reconnaît l’usage du mélilot dans le traitement des symptômes de l’insuffisance veineuse et des varices.

Sources bibliographiques médicales et essais cliniques

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