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Les Amérindiens d’Amérique du Nord ont d’abord utilisé la canneberge pour ses vertus alimentaires et thérapeutiques, notamment pour désinfecter les voies urinaires. Les Européens, ayant découvert cette baie, l’ont ensuite employée sur leurs navires traversant l’Atlantique pour combattre le scorbut, profitant de sa richesse en vitamine C.
Qu’est ce que la canneberge ?
Oxycoccus est un sous-genre de la famille des Ericaceae, faisant partie du genre Vaccinium. Au sein de ce sous-genre, se distingue la Canneberge, connue sous le nom anglais de Cranberry. Cette plante vivace prospère dans les tourbières des régions froides, caractérisant ainsi les sols imprégnés d’eau et riches en sphaignes.
La Canneberge se présente sous la forme d’une plante à croissance lente, évoluant dans les tourbières acides. Elle se distingue par un arbrisseau à feuilles persistantes, atteignant rarement plus de 30 cm de hauteur. Ses rameaux, minces et rampants, peuvent s’étendre jusqu’à 80 cm de longueur.
Les fleurs de la Canneberge sont petites, ovales et de teinte rose. Contrairement à la plupart des espèces de Vaccinium, ses corolles adoptent une forme ouverte plutôt que celle de clochettes. La pollinisation est principalement assurée par quelques rares bourdons.
Les baies de la Canneberge se parent d’une couleur rouge distinctive. Bien que le jus de canneberge ait gagné en popularité en France après les années 2000, son utilisation courante au Royaume-Uni, en Amérique du Nord et en Russie précède cette date. Son goût se caractérise par une acidité, une astringence et une amertume, le distinguant nettement des autres jus et nectars de fruits. Par ailleurs, le jus de Canneberge renferme une densité de tanins contenant des composés antioxydants, comparable à celle du vin rouge.
Au Québec, la Canneberge conserve son appellation principale, malgré l’utilisation occasionnelle des termes iroquoiens « atoca » ou « ataca ». En Acadie, les locaux la désignent fréquemment sous le nom de « pomme de pré ». En France, on la connaît parfois comme la « grande airelle rouge d’Amérique du Nord ». Cependant, le terme anglais « Cranberry » tend à prévaloir dans les pays francophones d’Europe, en raison de son utilisation par l’industrie agroalimentaire et cosmétique.
Un peu d’histoire
Dès le milieu du XIXe siècle, des médecins allemands contribuèrent à répandre dans le monde leur usage médicinal pour prévenir et traiter les infections urinaires. À partir de 1920, le recours au jus de canneberge dans le traitement des infections urinaires se généralise. Délaissé après la Seconde Guerre mondiale, avec l’apparition des antibiotiques de synthèse, cet usage est redevenu progressivement pertinent aux États-Unis dans les années 1960, lorsque l’on a recommencé à s’intéresser aux vertus médicinales des fruits frais de la plante, en même temps que l’on constatait les premières résistances aux antibiotiques. Son utilisation thérapeutique dans ses indications urinaires est ainsi devenue courante depuis la fin des années 1990.
Les baies de Canneberge d’Amérique, également appelées Cranberry, étaient déjà exploitées par les Amérindiens avant d’être redécouvertes par les premiers colons. Malgré leur forte acidité, ces fruits faisaient partie intégrante de leur régime alimentaire. Les Amérindiens les utilisaient également à des fins de teinture pour colorer des vêtements grâce à leurs pigments rouges, ainsi que pour des applications médicinales, notamment la désinfection des plaies. Pendant de nombreuses années en Amérique, les baies de Canneberge étaient utilisées pour prévenir le scorbut, une maladie résultant d’une carence en vitamine C. Nous savons aujourd’hui que ces baies sont particulièrement riches en vitamine C.
Depuis le début du XIXe siècle, la culture de la Canneberge a été initiée aux États-Unis. La première exploitation commerciale a vu le jour dans le Massachusetts, et cette activité s’est progressivement étendue au Wisconsin, au New Jersey, et finalement au Canada. Actuellement, plus de 16 000 hectares de terres en Amérique du Nord et au Canada sont dédiés à la culture de la Canneberge, représentant 40 % de la production mondiale aux États-Unis et 20 % au Canada. En Europe, quelques tentatives de culture marginale de la Canneberge ont également vu le jour.
Quelles sont les principales propriétés pharmacologiques des fruits de Canneberge ?
La canneberge est un petit fruit rouge qui est largement utilisé pour prévenir et traiter les infections urinaires. Cependant, les fruits de canneberge ont également d’autres propriétés pharmacologiques qui peuvent être bénéfiques pour la santé. Dans cette partie de l’article, nous allons discuter des principales propriétés pharmacologiques des fruits de canneberge, afin de mieux comprendre les avantages potentiels pour la santé de cette plante médicinale.
Propriétés préventives dans les infections urinaires à colibacilles
Une étude pilote de 2015 confirme en effet l’intérêt d’un extrait de canneberge dans la prévention des infections urinaires basses non sévères. Une revue des études scientifiques publiées assortie d’une méta-analyse réalisée en 2017 indique que la canneberge réduit le risque d’infection urinaire de 26 %. Elle conclut que la canneberge peut être efficace pour prévenir la récurrence des infections urinaires chez les femmes habituellement en bonne santé.
La canneberge semblerait par conséquent avoir un pouvoir acidifiant sur le pH urinaire via sa haute teneur en acides. Ceci s’explique en effet par l’inhibition du développement de bactéries Escherichia coli qui prolifèrent en pH neutre.
Les infections urinaires, plus fréquentes chez la femme, sont souvent causées par la bactérie Escherichia coli. La canneberge, évoquée comme moyen de prévention, n’a pas encore prouvé son efficacité. L’Anses surveille les avancées scientifiques à ce sujet.
L’usage de canneberge ou de produits dérivés pour prévenir ces infections est un sujet récurrent. L’Afssa, entre 2003 et 2008, a étudié des produits à base de canneberge prétendant prévenir les infections urinaires. En 2008, l’Afssaps (ANSM) a également examiné cette question. De 2009 à 2013, l’Efsa a évalué des allégations sur les bienfaits de la canneberge pour la fonction urinaire.
Ces évaluations indiquent que les produits à base de canneberge pourraient diminuer l’adhésion de bactéries sur les voies urinaires. Les études expérimentales montrent que ces produits, riches en proanthocyanidines (PAC), inhiberaient l’adhésion des bactéries E. coli.
Propriété inhibitrice de l’adhérence d’Escherichia coli
La canneberge inhibe également l’adhérence de bactéries gram négatif (Escherichia coli) et gram positif (Enterococcus faecalis). Elle agit notamment en diminuant la synthèse de la paroi bactérienne et celle des protéines d’adhésion au niveau des pili de type P du colibacille.
Une étude de 2016 montre qu’outre les proanthocyanidines, d’autres composés, principalement des flavonoïdes, peuvent agir contre la formation de biofilms d’Escherichia coli et modifier également l’hydrophobicité de surface de souches uropathogéniques d’Escherichia coli in vitro, l’une des premières étapes de l’adhésion.
Le fructose exerce également une action antiadhésive sur les bactéries. Il rentre notamment en compétition avec les D-mannoses, des sucres qui tapissent les parois vaginales, vésicales, périnéales et auxquelles s’accrochent normalement les Escherichia coli avec des pili de type 16. En remplaçant le mannose, le fructose permet de fait l’élimination des bactéries par les voies descendantes.
Un autre intérêt des extraits de canneberge est que leur utilisation ne modifie cependant pas les résultats des examens cytobactériologiques des urines (ECBU). Le jus de canneberge augmenterait le risque de lithiase d’oxalate de calcium. Pourtant, il diminuerait par ailleurs le risque de lithiase phosphocalcique.
Propriétés antibactériennes et antivirales
Les propriétés antibactériennes et antivirales de la canneberge ont fait l’objet de nombreuses études. Les composés actifs présents dans les fruits, comme les proanthocyanidines, inhibent la croissance des bactéries et des virus, contribuant ainsi à la prévention des infections. Cette partie de l’article se concentre sur l’examen approfondi des capacités antibactériennes et antivirales de la canneberge et sur son potentiel dans le traitement de diverses conditions médicales.
La canneberge diminue in vivo et in vitro l’adhérence de la bactérie Helicobacter pylori (responsable de gastrites et d’ulcères) sur la muqueuse gastrique. Les NDM, des molécules de haut poids moléculaire dans la canneberge, sont responsables de cette propriété. Ces NDM contribuent à la prévention et au traitement de la carie dentaire et de la maladie parodontale.
En outre, la canneberge possède des propriétés antivirales efficaces in vitro contre divers virus. Parmi eux, on trouve le rotavirus de primate SA-11 et les bactériophages T2 et T413. Les NDM extraits de la canneberge bloquent l’adhérence du virus de la grippe aux cellules hôtes. Cela empêche la contamination et la propagation du virus.
Autres propriétés
La canneberge est un fruit rouge qui est non seulement délicieux, mais aussi riche en antioxydants. Les antioxydants sont des composés qui protègent le corps des dommages des radicaux libres. Ces derniers, molécules instables, endommagent les cellules. Nous allons explorer les propriétés antioxydantes de la canneberge et leur rôle dans la prévention de maladies chroniques comme les maladies cardiaques et le cancer.
En pratique, la consommation d’extrait méthanolique de baies de canneberge améliore le statut antioxydant. Ce processus limite ainsi l’inflammation, comme observé dans un modèle d’œdème de la patte.
Sur des cellules intestinales, les polyphénols de canneberge diminuent donc le stress oxydant, l’inflammation et le dysfonctionnement mitochondrial. Chez les personnes de plus de 50 ans, les composés phénoliques et flavonoïdes du jus de canneberge sont biodisponibles. Ils améliorent le statut antioxydant.
Une étude de 2016 a révélé l’utilité potentielle des NDM de la canneberge. Ils pourraient servir d’agents thérapeutiques pour les arthropathies inflammatoires de l’ATM. Ces NDM limitent la production de cytokines (IL-6, IL-8, VEGF) par les fibroblastes de synovie de l’articulation temporo-mandibulaire, en réponse à l’IL-1β. Des recherches montrent que les extraits de canneberge inhibent plus efficacement la croissance des cellules cancéreuses en laboratoire, comparés à d’autres composants naturels.
La canneberge modifie entre autres certains paramètres sanguins (augmentation des HDL, diminution des LDL oxydées). On a montré une diminution significative des LDL oxydées (responsables du développement de l’athérosclérose) chez des hommes ayant pris une supplémentation en jus de canneberge pendant 14 jours. Cela suggère un effet bénéfique de cette plante dans la prévention des maladies cardiovasculaires en relation avec l’athérosclérose.
Existe-il des précautions d’emploi concernant la Canneberge ?
Avant d’intégrer la canneberge dans le traitement des infections urinaires, il est crucial de comprendre les précautions d’emploi associées à cette plante. Bien que généralement considérée comme sûre, elle présente des contre-indications en cas d’hyperuricémie, d’antécédents de lithiase urique ou de diabète. Il est recommandé de boire beaucoup d’eau lors d’un traitement à base de canneberge.
Les interactions médicamenteuses sont également un aspect important. Des études indiquent que le jus de canneberge pourrait intensifier l’effet anticoagulant de la warfarine, augmentant ainsi le risque de saignements. Un risque d’augmentation de l’élimination urinaire d’oxalates de calcium est aussi théoriquement possible.
Un surdosage de canneberge peut entraîner des troubles intestinaux, comme la diarrhée, les ballonnements et les crampes. Les jus de canneberge, souvent sucrés, doivent être consommés avec prudence, surtout par les personnes diabétiques ou en surpoids.
La canneberge peut interagir avec d’autres substances. Les personnes sous anticoagulants doivent limiter leur consommation de canneberge. Il est aussi conseillé d’éviter de combiner de fortes doses de canneberge avec d’autres plantes anticoagulantes ou des produits riches en acides gras oméga-3. La canneberge pourrait également interagir avec les médicaments contre les brûlures d’estomac.
Pour la grossesse et l’allaitement, les experts n’ont pas encore formellement établi l’innocuité des compléments à base de canneberge. Ainsi, consulter un médecin s’avère prudent avant leur utilisation. Quant aux enfants, il convient de discuter de l’utilisation de produits à base de canneberge avec un professionnel de santé.
Comment prendre la Canneberge et à quel dosage ?
Si vous cherchez un remède naturel pour les infections urinaires, la canneberge peut être une option intéressante. Il est essentiel de connaître le bon usage et le dosage de la canneberge pour maximiser ses bienfaits. Cet article fournit des conseils sur la consommation et le dosage adapté pour traiter les infections urinaires.
La canneberge se présente sous plusieurs formes. On trouve des fruits frais, utilisés en cuisine ou pour des sauces. Il y a aussi des fruits séchés, des boissons concentrées contenant au moins 25 % de jus de canneberge, ainsi que des gélules ou des dosettes d’extraits secs. La canneberge contient une forte concentration en acide oxalique. Cet acide peut causer des calculs urinaires. De ce fait, il est recommandé aux consommateurs de produits à base de canneberge de boire au moins un litre et demi d’eau par jour. Cette hydratation accrue joue un rôle crucial dans la prévention des infections urinaires.
- Compléments alimentaires : Sous forme de gélules, de sachets ou encore de capsules.
- Extrait fluide de plante fraîche standardisé : 5 ml 2 fois par jour dans beaucoup d’eau.
- Jus frais : 80 à 160 ml de jus de fruit pur, pour prévenir les infections urinaires.
La Canneberge en préparation magistrale d’extraits standardisés sous forme liquide (EPS)
La Canneberge est utilisée depuis des siècles pour traiter les infections urinaires, mais elle peut également être préparée sous forme de liquide à partir d’extraits standardisés. Les préparations magistrales d’extraits standardisés (EPS) de canneberge sont une méthode efficace pour maximiser les avantages de cette plante médicinale. Dans cette section, nous allons discuter des avantages de la canneberge en préparation magistrale d’EPS sous forme liquide.
- En association avec la piloselle : Dans la prévention des infections urinaires récidivantes à colibacilles, prévention des lithiases phosphocalciques.
- En association avec la réglisse : Pour les parodonthopathie, en prévention de la plaque dentaire.
- En association avec la reine des prés : Pour l’amélioration du confort urinaire.
Sources bibliographiques médicales et essais cliniques
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- Ledda A. et al., Cranberry supplementation in the prevention of non-severe lower urinary tract infections ; a pilot study, Eur Rev Med Pharmacol Sci., 2015
- Denis M.C. et al., Prevention of oxidative stress, inflammation and mitochondrial dysfunction in the intestine by different cranberry phenolic franctions; Clin Sci., 2015
- Rodriguez-Pérez C., Antibacterial activity of isolated phenolic compounds from cranberry (Vaccinium macrocarponà against Escherichia coli, Food Funct., 2016
- Grenier D. et al., Les polyphénols de la canneberge. Effets bénéfiques potentiels contre la carie dentaire et la maladie parodontale, J Can Dent Assoc., 2010
- Gonzalez de Llano D et al. Some New Findings Regardings the Antiadhesive Activity of Cranberry Phenolic Compounds and Their Microbial-Derived Metabolites against Uropathogenic Bacteria; J Agric Food Chem., 2019