La fumeterre, la subtile simple évanescente

La croyance des Anciens avait pour fondement l’idée d’une plante qui ne naissait pas d’une graine. Une plante aux feuilles cendrées dont la saveur évoque la suie et l’odeur de fumée, à l’aspect vaporeux et évanescent n’est pas sans évoquer une silhouette floue tout comme de la fumée jaillissant d’entre les entrailles de la Terre… Ce qui explique qu’au XIIe siècle environ, l’on ait désigné en latin médiéval cette plante sous le nom de fumus terrae, qui donnera par la suite l’actuelle « fumeterre ».

Qu’est ce que la fumeterre ?

La fumeterre officinale appartient initialement à la famille des Fumariacées ou Fumariaceae. Toutefois, selon la classification phylogénétique APG III de 2009, cette famille se fond dans celle des Papavéracées ou Papaveraceae. Cette plante est une dicotylédone et s’inscrit dans l’ordre des Ranunculales.

Au sein des Papavéracées, on trouve des genres notables tels que Papaver (Papaver somniferum, le pavot à opium, source des médicaments opiacés), Chelidonium (Chelidonum majus, la chélidoine, utilisée en externe contre les verrues et en interne comme cholagogue) et Eschscholtzia (Eschscholtzia californica, le pavot de Californie, employé comme hypnotique et sédatif).

La fumeterre est une plante herbacée vivace. Elle présente des tiges grêles, anguleuses, et atteint environ 30 cm de hauteur. Ses feuilles alternes et pétiolées sont pennatiséquées, évoquant la forme d’une patte de poule, et de couleur gris-vert.

Les fleurs tubulaires de la fumeterre, blanches teintées de rosâtre à pourpre, sont nombreuses et arrangées en grappes terminales. Le calice est bisépale et pétaloïde, tandis que la corolle présente quatre pétales, dont un supérieur en éperon.

La floraison de la fumeterre s’étend de mai à octobre. Son appareil reproducteur comporte six étamines hypogynes et un gynécée à ovaire libre et uniloculaire. Le fruit est un akène globuleux de 2 mm de diamètre, glabre, vert, renfermant une unique graine beige.

La fumeterre croît dans les plaines jusqu’à 1700 m d’altitude. Elle s’adapte à tous types de sols, y compris les plus pauvres et insolites comme les ruines ou les vignes. On la trouve fréquemment dans les zones tempérées de l’hémisphère nord, notamment en Europe et en Asie.

Un peu d’histoire

La fumeterre officinale, reconnue depuis l’Antiquité gréco-romaine, était célèbre pour ses vertus toniques et dépuratives. Galien, un grand nom de cette époque, la préconisait pour traiter les obstructions du foie et les affections hépatiques.

Durant le Moyen-Âge, peu mentionnée, la fumeterre était surtout utilisée par les médecins arabes tels que Sérapion, Avicenne, et Mésué. Ils louaient ses nombreuses vertus, efficaces pour le foie, la vésicule biliaire, et le sang. Elle était réputée pour guérir les maladies oculaires et, en application externe, pour traiter dartres et verrues. Elle entrait même dans la composition d’une « eau de beauté » pour un teint florissant.

À la Renaissance, Matthiole, influencé par Mésué, décrivait la fumeterre comme un purgatif doux. Il soulignait son rôle dans le renforcement des viscères, la désobstruction du foie et son action dépurative sur le sang, bénéfique contre certaines maladies cutanées.

Au XVIIe siècle, des médecins tels que Johann Schroder et Lazare Rivière confirmaient son action sur la rate, le foie et la vésicule biliaire, tout en mettant en avant son importance comme dépuratif du sang. Son nom, fumeterre, dérive du latin « fumus terrae », évoquant ses feuilles grisâtres semblables à de la fumée. Son jus âcre fait pleurer les yeux, d’où diverses appellations telles que pied de géline ou herbe à la jaunisse.

Olivier de Serres, agronome français du début du XVIIe siècle, reconnaissait déjà ses vertus pour nettoyer les humeurs et traiter la gravelle (calculs rénaux ou biliaires). Remontant à l’Antiquité, Galien la conseillait pour les problèmes hépatiques, et Dioscoride, disciple d’Hippocrate, la prescrivait pour stimuler la sécrétion urinaire. Au XIXe siècle, un médecin lui attribuait des bienfaits contre l’artériosclérose, l’hypercholestérolémie, la fluidification du sang, et divers problèmes de peau. Autrefois, on l’utilisait également en eau florale pour des applications locales.

Quelles sont les principales propriétés pharmacologiques des parties aériennes fleuries de la Fumeterre ?

Les parties aériennes fleuries de la Fumeterre ont des propriétés pharmacologiques intéressantes qui ont suscité l’intérêt des chercheurs. La fumeterre, au même titre que l’artichaut, le romarin et le boldo, figure sur la liste A des plantes médicinales traditionnelles. Les sommités fleuries, récoltées en juin, sont utilisées en Pharmacopée. Riches en alcaloïdes isoquinoleiques tels que la protopine, la fumaricine, la fumarofine, la sinactine et la cryptopine, ces composés régulent la sécrétion de la bile, diminuant ou augmentant son flux selon les besoins. Ils possèdent également un effet cholagogue.

La fumeterre contient aussi des tannins, des hétérosides flavoniques comme la rutine, et des sels minéraux comme le potassium, qui favorise la diurèse et contribue à l’action dépurative de la plante. Des acides maliques, fumariques et citriques ont aussi été identifiés. L’ensemble de ces composés agit en synergie, conférant à la fumeterre ses propriétés de plante dépurative, diurétique et régulatrice du flux biliaire.

Propriété digestive

La Fumeterre est une plante bénéfique pour la sphère digestive, soutenant divers troubles digestifs. Elle stimule la sécrétion et l’évacuation de la bile, possédant des propriétés laxatives. Utilisée en cas de flatulences et de lenteur digestive, la fumeterre apaise aussi les migraines d’origine digestive. Elle contribue au fonctionnement normal de la digestion, luttant contre calculs biliaires, constipations et spasmes intestinaux.

Après un repas copieux, la Fumeterre facilite la sécrétion des sucs gastriques, agissant comme tonique digestif. Ses alcaloïdes interviennent sur le sphincter d’Oddi, un muscle crucial pour la digestion, en levant sa contraction. Ils inhibent aussi les cellules musculaires de l’intestin, bloquant les récepteurs cholinergiques responsables des contractions musculaires intestinales. Cette action est bénéfique contre constipations, crampes spasmodiques, douleurs d’estomac et troubles digestifs.

Le totum des parties aériennes fleuries de la fumeterre est essentiel pour une efficacité digestive optimale. Les alcaloïdes, isolément, ne reproduisent pas les propriétés hépatobiliaires. Ils exercent un effet inhibiteur sur les cellules musculaires lisses intestinales et les fibres musculaires du sphincter d’Oddi, relâchant les cellules par diminution de la concentration de calcium intracellulaire. Cette propriété est utile dans le traitement des constipations douloureuses ou des crampes lors de diarrhées.

Les nausées digestives, parfois liées à un engorgement de la vésicule biliaire, peuvent entraîner des migraines d’origine hépatique. La fumeterre, aidant à l’évacuation de la bile et à l’élimination des toxines digestives, peut être utilisée sans risques chez la femme enceinte, associée au gingembre. Parasiticides in vitro en synergie avec Artemisia annua, A. absinthium et Asimina triloba, la fumeterre est également de fait antibactériennes, antivirales et antifongiques.

Activité amphocholérétique

La fumeterre, connue pour ses propriétés cholagogues, joue un rôle clé dans la régulation du flux biliaire. La protopine, un alcaloïde majeur de cette plante, stimule la sécrétion biliaire et atténue l’hypersécrétion pathologique.

Une étude clinique in vivo a comparé l’effet de la fumeterre à un placebo chez des personnes sans maladie hépatobiliaire. Cette recherche a démontré son action amphocholérétique. Selon le taux de cholérèse initial, la fumeterre augmente la cholérèse de 37% si le débit est faible, et le diminue de 63% si le débit est élevé. Pour un débit moyen, les variations sont minimes et non significatives. Plusieurs autres études ont confirmé cette caractéristique unique, soulignant l’activité amphocholérétique de la fumeterre.

En tant qu’amphocholérétique, la fumeterre ajuste la production de bile. Elle stimule cette sécrétion par les cellules hépatiques ou réduit la production si nécessaire. Elle soutient ainsi le bien-être du foie, particulièrement utile après des abus alimentaires (nourriture transformée, alcool, aliments gras).

Activité sur les troubles hépatobiliaires

La Fumeterre, reconnue comme un tonique amer avec une action eupeptique, exerce une influence notable au niveau hépatique. Elle agit comme un inhibiteur léger du CYP3A4 et inducteur des CYP2D6, 2E1, 1A1 et 1A2.

Cette plante favorise une régression nette des troubles hépatiques et une réduction du taux de bilirubine, tout en possédant une action hypocholestérolémiante. Elle est particulièrement efficace dans la réduction des céphalées associées à des troubles fonctionnels digestifs. Traditionnellement utilisée dans les cures dépuratives, la Fumeterre est une alliée précieuse en cas de foie surchargé.

Dotée de propriétés dépuratives au niveau hépatique, rénal et intestinal, la Fumeterre aide à éliminer les toxines et déchets. Grâce à ses vertus antispasmodiques et digestives, elle accélère cette élimination. En tant qu’amphocholérétique, elle régule la production de bile, soit en stimulant sa sécrétion, soit en réduisant sa production selon les besoins.

La Fumeterre possède une activité hépato-protectrice, grâce à la présence de protopine, qui contribue à détoxifier l’organisme face aux toxines hépatotropes. Elle a une action diurétique, cholagogue et cholérétique, stimulant et drainant le foie et la vésicule biliaire. Sa propriété diurétique est renforcée par la présence de sels de potassium, facilitant l’élimination de l’eau en excès.

La plante stimule le fonctionnement biliaire et offre des effets antispasmodiques, grâce aux flavonoïdes et alcaloïdes (fumarine). Ces principes actifs aident à diminuer les crampes de la vésicule biliaire. La fumarine ou protopine a démontré une activité protectrice contre les toxiques hépatotropes comme le paracétamol à dose toxique. Un extrait hydroalcoolique riche en protopine s’est avéré efficace pour prévenir les hépatites induites par le D-Galactosamine chez les rats, inhibant l’élévation des enzymes hépatiques et de la bilirubinémie, un effet comparable à celui de la sylimarine, extrait du chardon-marie (Silybum marianum).

Propriété dermatologique

Bénéfique en dermatologie par l’acide fumarique qu’elle contient, la fumeterre est employée traditionnellement dans de nombreux pays pour soigner les troubles cutanés (dermatites, notamment atopiques, eczéma, psoriasis…). L’action de l’acide fumarique confirme plusieurs études randomisées et contrôlées chez des patients et une étude in vitro sur des cellules mononucléées sanguines humaines isolées de patients atteints de psoriasis.

La Fumeterre, dotée de propriétés antihistaminiques principalement dues à la protopine, se distingue aussi par ses vertus anti-infectieuses. Ses capacités bactéricides antistaphylococciques proviennent de certains alcaloïdes isoquinoléiques tels que l’allocryptopine, la sanguinarine et la berbérine. Cette plante médicinale dépurative est efficace dans la lutte contre les maladies de peau comme les peaux atopiques, eczémas, dermatites, psoriasis et dartres.

La Fumeterre aide à réduire les démangeaisons cutanées grâce à ses effets antihistaminiques. En usage externe, elle s’avère efficace contre l’eczéma et le psoriasis, ciblant leur composante inflammatoire.

Une étude sur des patients avec eczéma des mains a démontré l’efficacité d’une crème à 4% d’extraits de Fumeterre par rapport à un placebo. Appliquée deux fois par jour pendant quatre semaines, cette crème a révélé l’acide fumarique comme agent actif anti-eczémateux et antipsoriasique, offrant une action immunomodulatrice et inhibitrice des lymphocytes T.

Les esters d’acides fumariques ont également prouvé leur efficacité sur des enfants souffrant de psoriasis rebelle. La Fumeterre peut atténuer l’acné vulgaire chez les adolescents, liée à une alimentation riche en lipides et protéines. En tant que dépuratif complet, elle favorise l’élimination des toxines via les voies biliaires et rénales. Les extraits de Fumeterre, combinés avec des plantes comme la pensée sauvage ou la bardane, contribuent à raviver un teint brouillé.

Autres propriétés

La fumeterre possède une activité sédative via la protopine qui augmente la fixation du GABA sur les récepteurs centraux au niveau des membranes synaptiques cérébrales, mais également sérotoninergique.

Inhibitrice de l’acétylcholinestérase, en relation avec certains alcaloïdes isoquinoléiques de la plante (fumaranine et fumarostrejdine), la fumeterre possède des propriétés potentiellement utiles dans la maladie d’Alzheimer. La fumeterre contient plusieurs composés actifs qui pourraient potentiellement être bénéfiques dans le contexte de la maladie d’Alzheimer.

Des travaux de 2019 ont étudié l’effet d’extraits aqueux et méthanoliques de F. officinalis sur la glycémie chez des sujets normo-glycémiques et diabétiques induits par l’alloxane. Un effet hypoglycémiant significatif a été constaté à toutes les doses, ainsi qu’une amélioration des tests de la fonction hépatique et rénale chez le sujet diabétique, de même qu’une réduction des dommages cellulaires glomérulaires, de l’inflammation interstitielle, de la nécrose des cellules tubulaires et des phénomènes de thrombose au niveau des reins. Cette étude conclut que la fumeterre pourrait avoir un potentiel antidiabétique, probablement en raison de ses activités antioxydantes et inhibitrices de l’alpha-amylase.

Existe-il des précautions d’emploi concernant la Fumeterre ?

Avant d’utiliser la Fumeterre, il est crucial de connaître ses précautions d’emploi pour éviter tout effet secondaire indésirable.

Contre-indications :

  • Inappropriée en cas d’obstruction des voies biliaires, de calculs, ou de maladies biliaires ou hépatiques.
  • L’EMA déconseille son utilisation chez la femme enceinte ou allaitante à cause des alcaloïdes.
  • Non recommandée en cas d’hypersensibilité aux substances actives.

Précautions d’emploi :

  • À utiliser sous surveillance médicale en cas d’insuffisance hépatique sévère ou de calculs risquant d’obstruer les voies biliaires.
  • Réservée à l’adulte.
  • L’usage prolongé peut être dangereux en raison de l’accumulation d’alcaloïdes.

Interactions médicamenteuses :

  • Possibles interactions avec certains médicaments de chimiothérapie à cause de son activité sur les CYPs.
  • À éviter chez les patients sous cyclosporine.
  • Probable inhibition du CYP3A4 par la berbérine.

Effets secondaires :

  • Des cas de douleurs à l’estomac et de diarrhées ont été observés en cas de surdosage ou d’usage prolongé.
  • Hypersensibilité possible à l’un des composants.

Interactions médicamenteuses spécifiques :

  • Diminution de l’absorption de certains autres médicaments en cas de prise simultanée avec des topiques gastro-intestinaux, antiacides ou adsorbants.
  • Interaction avec Colestipol et résines chélatrices, pouvant réduire l’absorption intestinale d’autres médicaments.
  • Association avec des laxatifs (type macrogol) pouvant diminuer l’efficacité du médicament administré avec le laxatif.

Comment prendre la Fumeterre et à quel dosage ?

Pour profiter des bienfaits de la Fumeterre, il est important de savoir comment la prendre et à quel dosage. La Fumeterre, recommandée par les services de santé, présente un dosage moyen quotidien de 6 g avec diverses méthodes d’utilisation :

  • Extrait fluide de plante fraîche standardisé : 5 à 10 ml par jour dans de l’eau
  • Infusion : 2 ou 3 g de parties aériennes dans une tasse d’eau bouillante, à laisser infuser durant 10 minutes. À consommer une demi-heure avant les repas pour une cure dépurative de dix jours. Elle agit sur les fonctions digestives, le foie et la vésicule biliaire. Utile contre les nausées chez la femme enceinte et les migraines hépatobiliaires.
  • Nébulisat : 300 mg, 3 fois par jour, pour un maximum de dix jours par mois.
  • Sirop : 10 g d’extrait fluide de fumeterre, 50 g de sirop de gentiane, 150 g de sirop de salsepareille. Prendre 1 à 4 cuillères à soupe par jour pour un effet dépuratif et contre l’artériosclérose.
  • Teinture mère : 30 gouttes, 3 fois par jour ; 100 g de plantes pour 200 ml d’alcool à 80 ou 90°.
  • Poudre : 2 g avec un verre d’eau, trois fois par jour avant les repas.
  • Extrait sec : 400 mg, avec un verre d’eau, 3 fois par jour avant les repas.

En tant que diaphorétique léger, la fumeterre aide à réduire la fièvre.

  • Usage externe : décoction et compresses, 3 fois par jour, pour traiter dartres et autres affections cutanées comme l’eczéma.
  • Infusion externe : 60 g dans ½ litre de lait, bouillir 5 minutes, puis infuser 10 minutes.

Bien que son efficacité soit reconnue, la fumeterre agit lentement sur les problèmes de peau. Il est donc conseillé d’utiliser simultanément des traitements internes et externes. L’infusion de fumeterre en application locale soulage la conjonctivite.

La Fumeterre en préparation magistrale d’extraits standardisés sous forme liquide (EPS)

La Fumeterre est également disponible sous forme de préparation magistrale d’extraits standardisés sous forme liquide (EPS). Dans cette partie, nous allons explorer cette forme de la Fumeterre et les avantages qu’elle offre par rapport aux autres formes de la plante.

Association avec le curcuma et la gentiane

On peut associer la fumeterre avec le curcuma et la gentiane en cas de troubles de la digestion.

Le Curcuma, avec ses composés volatiles comme le germacrone, offre des effets anti-inflammatoires et antalgiques, efficaces tant pour les inflammations aiguës que chroniques. Ces propriétés sont particulièrement valorisées en rhumatologie, pour traiter des affections telles que l’arthrite et l’arthrose. Le curcuma agit en diminuant la sécrétion de prostaglandines et en inhibant des composés clés comme la trypsine et la hyaluronidase, réduisant ainsi les inflammations articulaires.

En matière de protection hépatique, la curcumine du curcuma active les systèmes enzymatiques antioxydants du foie, jouant un rôle majeur en cas d’agression hépatique. Sur le plan gastro-intestinal, le curcuma stimule la sécrétion de gastrine, inhibe la formation d’ulcères et la prolifération d’Helicobacter pylori. Il exerce également une action cholérétique et cholagogue, favorisant ainsi la digestion et prévenant la formation de calculs biliaires.

La racine de Gentiane, quant à elle, est reconnue pour ses effets bénéfiques sur le système digestif, le foie et la circulation sanguine. Elle stimule les sécrétions salivaires et gastriques grâce à ses substances amères, améliorant la digestion et l’hémodynamique postprandiale. La gentiane accélère aussi l’évacuation gastrique et agit comme un anti-gastralgique. De plus, elle stimule la production d’enzymes digestives sous l’influence du nerf pneumogastrique, facilitant la digestion des aliments et l’absorption des nutriments.

Association avec la mélisse

On peut associer la fumeterre avec la mélisse dans le traitement des gastralgies sur reflux biliaire, de nausées et de spasmes intestinaux.

L’extrait total de mélisse, utilisé en complément des traitements habituels, a démontré une efficacité dans la réduction des douleurs abdominales et des ballonnements chez les personnes souffrant du syndrome de l’intestin irritable.

Une étude réalisée en 2013-2014 sur 100 lycéennes a révélé que la mélisse réduit significativement les symptômes du syndrome prémenstruel. De plus, un essai clinique à double insu de 2017 a indiqué que la prise de mélisse atténue la dysménorrhée, grâce à son activité antispasmodique.

En matière de protection gastro-intestinale, la mélisse protège contre les ulcères en augmentant la sécrétion de mucines et de prostaglandines E2, tout en diminuant la libération des leucotriènes.

Son action hypolipémiante a été identifiée comme efficace pour réduire les taux de cholestérol total et de lipides sériques, diminuer la peroxydation lipidique et augmenter les taux de glutathion hépatique. Elle influence également la prise de poids, la masse grasse et le métabolisme lipidique.

Sur le plan antimicrobien et antiparasitaire, la mélisse est active in vitro contre diverses bactéries, levures, champignons, et parasites, incluant Herpes simplex, notamment de type 2.

L’activité antioxydante de la mélisse, due à la présence d’acide rosmarinique et de flavonoïde, a été démontrée in vitro. Cette propriété offre une protection contre le stress oxydatif, comme observé sur des cellules endothéliales vasculaires humaines. La consommation régulière d’infusion de mélisse réduit aussi les marqueurs du stress oxydatif et stimule les défenses antioxydantes, notamment chez le personnel hospitalier exposé aux radiations.

Association avec l’artichaut

On peut associer la fumeterre avec l’artichaut pour les troubles digestifs post-cholécystectomie.

L’Artichaut, riche en flavonoïdes (flavonol de lutéoline), possède d’importantes propriétés hépatobiliaires. Il agit comme cholagogue, amphocholérétique (régulation de la cholérèse), cholécystocinétique et anticholestatique. Cette augmentation de la sécrétion et de l’élimination des acides biliaires rend l’artichaut efficace contre la dyspepsie et le syndrome de l’intestin irritable.

Un essai clinique en 2003 a démontré l’efficacité significative de l’extrait aqueux de feuilles d’artichaut pour traiter la dyspepsie fonctionnelle. En tant qu’antioxydant, l’extrait éthanolique de l’artichaut montre une activité antioxydante puissante, en augmentant notamment la glutathion peroxydase. Les extraits inhibent la production de formes réactives de l’oxygène dans les cellules, protégeant contre le stress oxydatif induit par les médiateurs inflammatoires et le cholestérol-LDL oxydé.

Hépatoprotecteur, l’artichaut favorise la régénération hépatique en inhibant les protéines kinases intracellulaires, en limitant la nitrosation et en induisant l’apoptose. Au niveau intestinal, l’insuline de l’artichaut a un effet bifidogène, stimulant les bifidobactéries bénéfiques pour la santé intestinale et le système immunitaire. Il modifie également la composition du microbiote intestinal.

Sur le plan hypolipémiant, l’artichaut inhibe la synthèse du cholestérol hépatique et réduit la concentration et l’oxydation du cholestérol LDL, utile en cas d’hyperlipoprotéinémie. En matière de propriétés métaboliques, l’artichaut exerce une inhibition légère à modérée des enzymes clés du syndrome métabolique et est également hypo-uricémiant, inhibant la xanthine oxydase.

Association avec le bardane et la pensée sauvage

On peut associer la fumeterre avec la bardane et la pensée sauvage contre les dermatites et l’eczéma.

Les feuilles et racines de bardane sont riches en inuline, acides caféique et chlorogénique, stérols et composés insaturés, offrant des propriétés antiseptiques. Les racines incluent des lactones sesquiterpéniques (arctiopicrine), pour un goût amer, et des lignanes (arctiine, arctigénine) aux potentiels effets anticancéreux. L’EMA reconnaît l’usage de la racine de bardane comme diurétique et pour la perte d’appétit passagère. La bardane possède des activités anti-infectieuse et anti-inflammatoire, stimulant l’excrétion de la bile et protégeant le foie. Elle est indiquée pour les infections cutanées et l’acné chez l’adolescent.

Traditionnellement, la Grande bardane est utilisée comme diurétique, dépuratif sanguin, pour les troubles hépatobiliaires et musculo-squelettiques. Les lignanes bénéficient à la santé cardiovasculaire et préviennent les inflammations, tandis que la quercétine est efficace contre les rhinites allergiques. Son action hypoglycémiante en fait un agent antidiabétique efficace, jouant un rôle dans la réduction de la résistance à l’insuline et la gestion du diabète de type 2.

La pensée sauvage est reconnue depuis 1883 pour ses bienfaits cutanés, notamment dans le traitement de l’eczéma. Son extrait hydroalcoolique montre une activité antioxydante équivalente à celle du ginkgo biloba. L’extrait aqueux de pensée sauvage possède une activité immunosuppressive, agissant sur les lymphocytes T et réduisant la production de cytokines. Viola tricolor induit l’apoptose dans des cellules de neuroblastome et de cancer du sein, et inhibe l’angiogenèse. Ses extractions aqueuses et alcooliques ont un effet inhibiteur sur Staphylococcus aureus, Bacillus cereus, Staphylococcus epidermidis, et Candida albicans, et un effet modéré sur Pseudomonas aeruginosa, Enterococcus faecalis, Escherichia coli et Klebsiella pneumoniae.

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