L’Artichaut, l’épineux terrestre, descendant du Cardon

Le mot artichaut s’explique par une étymologie d’origine arabe « ardi chouk », qui signifie : « épineux terrestre », repris et transformé par le terme lombard « articiocco ». Mais à ce moment, nous sommes encore loin de la Lombardie. Pourtant, le futur artichaut, cardon en transformation, en prend doucement le chemin et gagne le royaume de Naples au XVe siècle, puis de là transite par Florence où l’on signale sa présence en 1466, et à Venise sept années plus tard.

Un peu d’histoire

L’artichaut semble franchir les Alpes en direction de la France lors d’une des onze guerres que mènent Français et Italiens entre 1494 et 1559. C’est, d’après Gibault, au travail de développement des horticulteurs italiens, menés durant la première moitié du XVIe siècle, que Matthiole tient de pouvoir relater l’existence de diverses variétés d’artichauts qui étaient, dit-il, abondantes en Toscane de son temps.

Mais cette thèse est controversée : selon Fournier, l’origine de l’artichaut est bien plus ancienne que celle que lui attribue Gibault. Il signale à l’attention de tous que son obtention pourrait alors être bien plus étalées dans le temps que ce que l’on imagine. En cela, il rappelle l’existence de représentations picturales égyptiennes antiques; parmi des plantes et des fruits, apparaissent de gros capitules (stylisés) assez semblables à ceux d’un artichaut, du moins à un très ancien cardon (peut-être cette plante décrite par Théophraste au IVe siècle avant J.-C. et déjà consommée pour son « fond »).

L’on estime qu’il y a 2000 ans environ, une culture accentuée de cette plante mena, peut-être indépendamment du travail horticole des « sélectionneurs » et autres « obtenteurs », à l’apparition de cardons cultivés dont on distinguait en outre des variétés épineuses et d’autres inermes. L’artichaut serait donc un cardon transformé. De la même manière que la culture s’est ingéniée à faire grossir les pétioles du cardon, elle a trouvé, petit à petit, le moyen d’adoucir les capitules de l’artichaut.

Dans les siècles qui suivirent, les médecins et autres apothicaires s’attachèrent à augmenter le nombre d’études au sujet des feuilles thérapeutiques de l’artichaut, tandis que les jardiniers et agronomes travaillèrent à en développer les variétés maraîchères.

Quelles sont les principales propriétés pharmacologiques des feuilles d’Artichaut ?

Propriétés hépatobiliaires :

L’artichaut est cholagogue, amphocholérétique (régulation de la cholérèse), cholécystocinétique ainsi qu’anti cholestatique, grâce aux flavonoïdes (flavonol de lutéoline) qu’il contient. Cette augmentation de la sécrétion et l’élimination des acides biliaires expliquent l’efficacité de l’artichaut dans la dyspepsie (douleur, gêne, sensation de brûlure au niveau de l’abdomen, nausées, vomissements…) et dans le syndrome de l’intestin irritable (ballonnements, douleurs abdominales, constipation…).

En 2003, un essai multicentrique à double insu, contrôlé par placebo et randomisé, mené pendant 6 semaines chez 244 patients atteints de dyspepsie fonctionnelle, a notamment démontré une efficacité statistiquement significative de l’extrait aqueux de feuilles d’artichaut.

Antioxydant (avec augmentation de la glutathion peroxydase), l’extrait éthanolique dispose de l’activité antioxydante la plus puissante. Les extraits aqueux et éthanolique des feuilles de Cynara scolymus inhibent in vitro la production basale et stimulée des formes réactives de l’oxygène (FRO) dans les cellules endothéliales et dans les monocytes, de manière dépendante de la dose, ce qui démontre de fait que l’artichaut exerce des propriétés protectrices marquées contre le stress oxydatif induit par les médiateurs inflammatoires et le cholestérol-LDL oxydé. Les activités antioxydantes de la plante, mises en évidence par une dizaine d’études au début des années 2000, sont en outre reliées à ses flavonoïdes et à ses composés phénoliques.

Hépato protectrice (par inhibition des protéines kinases intracellulaires, par inhibition de la nitrosation et par induction de l’apoptose), la feuille d’artichaut favorise ainsi la régénération hépatique.

Propriété intestinale :

L’insuline de l’artichaut exerce également un effet bifidogène favorisant le développement des bifidobactéries et accentuant leur rôle bénéfique sur la santé intestinale, le système immunitaire et sur la synthèse ou l’absorption de plusieurs nutriments. Elle module donc la composition du microbiote intestinal.

Propriété hypolipémiante :

L’artichaut provoque par ailleurs une inhibition de la synthèse de cholestérol hépatique, par une inhibition indirecte de l’activité de l’HMGGA-réductase par le cynaroside (aglycone de lutéoline). Il est également responsable d’un abaissement de la concentration et de l’oxydation du cholestérol LDL en cas d’hyperlipoprotéinémie.

Propriété métabolique :

L’artichaut possède un effet inhibiteur léger à modéré sur l’activité d’enzymes clés dans le syndrome métabolique. À noter qu’il est également hypo-uricémiant par inhibition de la xanthine oxydase.

Autres propriétés :

  • Diurétiques
  • Hormonales
  • Antiprolifératives

Existe-il des précautions d’emploi concernant l’Artichaut ?

Contre-indications :

  • Contre-indiqué en cas d’obstruction des voies biliaires
  • Déconseillé en cas de sensibilité aux astéracées, comme l’achillée millefeuille ou la camomille
  • Selon l’EMA, l’utilisation de l’artichaut n’est pas recommandée chez la femme enceinte ou allaitante en l’absence de données de sécurité suffisantes pour exclure tout risque lié à son utilisation. Pour les mêmes raisons, l’agence européenne précise que l’utilisation chez les enfants de moins de 12 ans n’a par conséquent pas été établie.

Effets secondaires :

  • Possibilité de nausées, diarrhées, polyurie sur sujets sensibles.

Précautions d’emploi :

  • Une surveillance médicale est nécessaire en cas de calculs infracentimétriques de la vésicule biliaire, de cholangite ou d’insuffisance hépatique sévère.

Interactions médicamenteuses :

  • Les effets diurétiques de l’artichaut pourraient en effet s’ajouter à ceux d’autres plantes ou médicaments diurétiques.

Comment prendre l’Artichaut et à quel dosage ?

Forme sèche :

  • En complément alimentaire, sous forme d’extrait standardisé de plante fraîche, d’extrait sec, en gélules ou titré

Forme liquide :

L’Artichaut en préparation magistrale d’extraits standardisés sous forme liquide (EPS)

En association avec le radis noir :

Dans le cas de dyspepsie postprandiale, de détox (notamment en cas de prise de xénobiotiques : pilules, statines, antidépresseurs, AINS), de constipation d’origine hépatobiliaire, de prévention des effets indésirables d’un régime amaigrissant (constipation, problèmes hépatiques).

En association avec la fumeterre :

Pour la régulation du flux biliaire (amphocholérèse) dans les troubles digestifs d’origine hépatobiliaire.

En association avec la mélisse :

Dans le traitement de la dyspepsie.

En association avec l’alchémille 2/3 pour 1/3 d’artichaut :

Contre le syndrome prémenstruel avec tensions mammaires et /ou prise de poids, les troubles du cycle, les fausses couches à répétition par insuffisance lutéale.

 

Sources bibliographiques médicale(s et essais cliniques :

 

Clémentine. M.
Rédactrice d’articles scientifiques
Naturopathe – Aromathérapeute / Herboriste – Phytothérapeute
Consultante en phyto-aromathérapie Clinique et Ethnomédecine

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