Le Cyprès, l’arbre de vie aux multiples vertus

Qui n’a dans la mémoire ces paysages méditerranéens où le sombre cyprès dresse sur le bleu violent du ciel ses étroites colonnes endeuillées ? Avant d’embellir la Côte d’Azur et de jouer l’utile rôle de rempart face au vent et au sable, le cyprès prit racine en Asie mineure. On retrouve la trace de sa présence dans un vieux texte assyrien du XVIe siècle avant J.-C. Si le cyprès est qualifié d’arbre de vie, c’est en raison de sa pérennité et de son évident caractère semper virens.

Qu’est ce que le Cyprès ?

Quels sont ses attributs botaniques ?

Le Cyprès, ou Cupressus, appartient à la famille des Cupressaceae et est originaire des régions tempérées chaudes de l’hémisphère nord. Le nombre d’espèces reconnues varie entre 16 et 31, voire plus. On utilise souvent ces arbres pour l’ornementation, le Cyprès commun constituant un symbole de deuil dans le monde méditerranéen.

Le nom Cupressus vient du latin et est inspiré par Cyparisse, un personnage mythologique grec transformé en cyprès par Apollon.

Les Cyprès se présentent sous forme d’arbres ou d’arbustes buissonnants sempervirents, mesurant de 5 à 40 mètres de hauteur. Leurs racines sont lignifiées, assurant leur stabilité. Leur feuillage se compose d’écailles triangulaires de 2 à 6 mm, recouvrant les rameaux pendant 2 à 4 ans. Les jeunes Cyprès possèdent des feuilles juvéniles semblables à des aiguilles.

Ils produisent des inflorescences mâles et femelles distinctes mais sur le même arbre, formant des cônes globuleux. Les cônes femelles mûrissent en 18 à 24 mois après la pollinisation. Les graines des Cyprès, de 4 à 7 mm de long, disposent de deux ailes.

Géographiquement, les Cyprès sont répartis dans les régions tempérées chaudes ou subtropicales de l’hémisphère nord, notamment en Amérique du Nord et centrale, au nord de l’Afrique, au Moyen-Orient, dans l’Himalaya, en Chine méridionale et au nord du Viet Nam.

Un peu d’histoire

Très anciennement naturalisé, on le retrouve notamment sur deux îles méditerranéennes, la Crète et Chypre, amené là par les Phéniciens. De là, il essaime en Grèce et en Italie (avec quelques difficultés d’acclimatation d’après Pline), puis à l’ensemble du pourtour méditerranéen (Midi de la France, Espagne, Maroc, Égypte…), tout en suivant un chemin inversement dirigé vers le nord de l’Inde et la Chine.

En Grèce, le cyprès était tout à la fois; un médicament et la matière permettant d’honorer les divinités.

De par sa verticalité, et son solide ancrage en terre, et même si plié par le vent il ne rompt pas, il représente pour les Chinois la passerelle permettant d’unir le Ciel et la Terre. C’est pourquoi on utilisera particulièrement l’huile essentielle de cyprès en tant qu’huile de transition et de séparation, afin d’adoucir les peines des personnes trop focalisées sur leur passé, qui sont incapable de se projeter en avant sans crainte, peureuses et inquiètes à l’idée que l’avenir, le fatum, leur réserve un mauvais tour. Une huile essentielle parfaite pour Horace !

Quelles sont les principales propriétés pharmacologiques du Cyprès ?

Propriété antivirale

Les oligomères proanthocyanidoliques ou OPC sont des polymères de flavonoïdes dont le mode d’action antiviral est double :

  • D’une part, ils possèdent des propriétés de fixation aux protéines, notamment sur les substrats des enzymes et sur les protéines de surface des cellules. De fait, les OPC entravent l’adhésion des virus sur leur cellule hôte, limitant ainsi la reconnaissance virus/cellule hôte et la réplication virale.
  • D’autre part, ils induisent une lyse des virus, ce qui permet la diminution rapide de la charge virale.

In vivo, chez des patients atteint de lésions herpétiques, l’application locale de crème contenant 5% de proanthocyanidines diminue notamment le nombre de lésions herpétiques. En effet, une étude clinique en double aveugle contre placebo démontre qu’après le traitement local, une nette diminution du nombre de lésions herpétiques est mise en évidence et démontre l’intérêt thérapeutique du cyprès en cas d’infections herpétique.

Propriété protectrice du tissus conjonctif

Le Cyprès se distingue par son rôle protecteur important pour le tissu conjonctif. Il agit efficacement contre l’élastase et la collagénase, deux enzymes qui peuvent dégrader le tissu conjonctif. De plus, il offre une protection solide des membranes cellulaires contre les dommages oxydatifs provoqués par les radicaux libres. Cette action apparait cruciale pour préserver l’intégrité cellulaire et prévenir le vieillissement prématuré. Le cyprès protège également le collagène, une protéine clé de la peau, contre divers agents dénaturants.

Pour révéler pleinement les propriétés du cyprès, il faut maintenir l’intégrité des composants essentiels trouvés dans ses cônes femelles. Le processus d’extraction hydroalcoolique joue un rôle crucial dans ce contexte. Réalisé à différentes concentrations et à température modérée, ce processus assure l’extraction et la conservation optimales des tanins. Ces substances sont fondamentales pour la protection du tissu conjonctif et contribuent aux propriétés antivirales attribuées au cyprès.

Les OPC (oligomères procyanidoliques), issus du cyprès, ont démontré en laboratoire leur capacité à inhiber l’action de la collagénase. Cette inhibition prévient la dégradation du collagène. Ce phénomène devient courant dans les processus de vieillissement ou suite à des agressions externes. En outre, les OPC du cyprès agissent comme inhibiteurs de l’enzyme de conversion de l’angiotensine et de la trypsine. La trypsine est une endoprotéase qui joue un rôle dans l’hydrolyse des liaisons peptidiques et la dégradation des protéines, deux processus importants dans de nombreux mécanismes biologiques.

Propriété circulatoire et angioprotectrice

Riche en tanins, et notamment en oligomères proanthocyanidoliques (OPC), la noix de cyprès exerce une action veinotonique, astringente, vasoconstrictrice et antihémorragique.

Dans une étude randomisée d’une durée de 2 mois, la poudre de cyprès s’est avérée nettement plus efficace que la diosmine (veinotonique de référence) sur des symptômes d’insuffisance veineuse (jambes lourdes, douleurs, crampes, œdèmes) : 80% de bons et très bons résultats contre 53% avec le produit de référence.

L’utilisation traditionnelle des noix de cyprès pour diminuer les symptômes de l’insuffisance veineuse ou des troubles hémorroïdaires serait liée notamment à son action de protection du tissu conjonctif.

Le cyprès est une plante aux usages variés, tant en interne qu’en externe, offrant divers avantages pour la santé. À l’intérieur, il agit en tant que tonique veineux pour améliorer la circulation sanguine, réduisant les problèmes veineux tels que les jambes lourdes et les varices. Il a également des propriétés vasoconstrictrices, ce qui le rend utile pour calmer les hémorragies utérines pendant la ménopause et renforcer le tonus de la vessie.

De plus, le cyprès agit comme rééquilibrant nerveux, favorisant la détente et la concentration. Il possède des caractéristiques fébrifuges, antitussives et antispasmodiques. Cela en fait un remède recommandé pour les affections respiratoires telles que la grippe et la toux.

En usage externe sous forme d’huile essentielle, le cyprès est un adoucissant et purifiant adapté pour traiter l’acné et réguler le sébum chez les peaux grasses. De plus, les bains de siège au cyprès sont bénéfiques pour réduire les hémorroïdes et soulager leur douleur.

Existe-il des précautions d’emploi concernant le Cyprès ?

Les précautions d’emploi liées au cyprès sont essentielles pour garantir une utilisation sûre de cette plante bénéfique. Il est crucial de noter que certaines contre-indications et effets indésirables doivent être pris en compte.

Tout d’abord, il est important de souligner que l’utilisation du cyprès n’est pas recommandée pendant la grossesse et l’allaitement. Cela est principalement dû à une prudence accrue nécessaire pendant ces périodes délicates de la vie. Il existe en effet des préoccupations concernant les effets potentiels du cyprès sur la santé de la mère et du bébé à naître ou allaité. Il est préférable de consulter un professionnel de la santé avant d’utiliser cette plante dans de telles situations.

De plus, les personnes souffrant de maladies auto-immunes doivent éviter le cyprès. Cette précaution découle de la capacité du cyprès à influencer le système immunitaire, ce qui peut aggraver les conditions auto-immunes. On conseille donc de s’abstenir d’utiliser cette plante si vous êtes atteint d’une maladie auto-immune.

En ce qui concerne les effets indésirables, il est important de noter que le cyprès peut, bien que rarement, entraîner des troubles digestifs bénins. Cela peut se manifester sous la forme d’une constipation passagère. Bien que ces effets soient généralement mineurs, il est important de surveiller votre réaction à l’utilisation du cyprès. Il faut également signaler tout effet indésirable à un professionnel de la santé si nécessaire.

En ce qui concerne les interactions avec d’autres plantes médicinales ou compléments alimentaires, on n’a jusqu’à présent signalé aucune interaction connue. Toutefois, on recommande toujours d’exercer la prudence et de consulter un professionnel de la santé avant de combiner différentes substances.

En ce qui concerne les interactions avec les médicaments, aucun signalement d’interaction médicamenteuse n’a été enregistréCependant, il est essentiel de suivre les recommandations spécifiques relatives à la contre-indication du cyprès chez les femmes enceintes ou allaitantes, comme mentionné précédemment.

Comment prendre le Cyprès et à quel dosage ?

En complément alimentaire, sous forme de gélules d’extrait de plante fraîche standardisée, d’extrait sec ou de poudre, seul ou associé à d’autres plantes.

Dans l’indication antivirale, on trouve une association cyprès et échinacée sous forme de comprimé d’extrait de plante fraîche standardisé, dont la posologie est de 2 cp/jour 5 jours sur 7 en entretien (exemple : prévention virale), et de 4 cp 2 à 3 fois par jour en cas d’infection virale aiguë.

Forme liquide :

  • Extrait de plante fraîche standardisé : 5ml 1 à 2 fois par jour dans un verre d’eau en entretien, 2 à 3 fois plus en cas d’infection virale aiguë.
  • Décoction : 20 à 30 g de cônes par litre d’eau, faire bouillir 10 à 15 mn, puis filtrer. Prendre 1 tasse 2 à 3 fois par jour, voire plus si besoin.

Le Cyprès en préparation magistrale d’extraits standardisés sous forme liquide (EPS)

  • Association avec l’échinacée : Prévention des infections ORL et respiratoires à répétition, ainsi que leur traitement. Infections virales aiguës (grippe, virose, rougeole, varicelle, zona…) ou chroniques.
  • Association avec le plantain et le ginkgo biloba : Bronchite chronique (BPCO), emphysème, insuffisance respiratoire.
  • Association avec la réglisse : Herpès récidivant.
  • Association avec l’hamamélis : Viroses, antihémorragique et protecteur du tissu conjonctif (épistaxis, hémorroïdes), troubles circulatoires veineux.

Sources bibliographiques médicales et essais cliniques :

  • Al-Snafi, A. E. (2016). Medical importance of Cupressus sempervirens-A review. IOSR Journal of Pharmacy
  • Khadidja Mazari, Nassima Bendimerad, Chahrazed Bekhechi, Xavier Fernandez. Chemical composition and antimicrobial activity of essential oils isolated from Algerian Juniperus phoenicea L. and Cupressus sempervirens L. Journal of Medicinal Plants Research Vol. 4(10), pp. 959-964, 18 May, 2010
  • Orhan, I. E., & Tumen, I. (2015). Potential of Cupressus sempervirens (Mediterranean Cypress) in Health. The Mediterranean Diet, 639–647
  • Amouroux P., Procyanidines polymères du cyprès : contribution au développement d’un nouveau type d’antiviral. Thèse Sciences Clermont-Ferrand, 1998
  • Amouroux P. et al; Etude de l’influence de la formulation galénique d’une crème dermique à base de procyanidines polymères sur son efficacité vis-à-vis des lésions cutanées induites par le virus de l’herpès; J Pharm Belg., 1998
  • Clément C., Mise en évidence et recherche du mode d’action antiviral d’un proanthocyanidol, Mémoire CNAM, CRA, Clermont-Ferrand, 1993
  • Meunier M.T. et al., Inhibition of angiotensin I converting by flavanolic compounds ; in vitro and in vivo studies, Planta Med., 1987
  • Etude clinique randomisée poudre totale de cyprès contre diosmine (non publiée). Documentation scientifique du laboratoire Arkopharma, citée dans 100 plantes médicinales Max Rombi, Romart, 1991

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