L’huile essentielle d’Arbre à thé, l’Or Vert du cinquième continent

L’arbre à thé (Melaleuca alternifolia) ou Tea tree est originaire de New South Wales en Australie, où les aborigènes Bundjalung utilisaient les feuilles pour se guérir d’une variété de maux depuis bien longtemps. Malheureusement, bien peu de ces savoirs ancestraux nous sont parvenus, du fait que d’immenses pans de la culture aborigène ont disparu avec ces populations, sous l’impulsion délétère de l’homme blanc. Cependant, cette huile essentielle est considérée de nos jours comme un « must » que l’on se doit de posséder aux côtés de l’huile essentielle de lavande fine et de l’essence de citron.

Un peu d’histoire

Les feuilles du Tea tree furent connues en Europe grâce au navigateur anglais James Cook vers 1770 qui les trouva dans les îles de l’archipel néo-zélandais : Les aborigènes les utilisaient déjà pour en faire une sorte de « thé ». C’est ainsi que, le thé véritable venant à manquer, l’équipage fut amené à apprécier les infusions pratiquées avec les feuilles du tea tree. Ces feuilles s’utilisaient également par les aborigènes pour faire un cataplasme en cas de blessure. Ils faisaient bouillir les feuilles et les buvaient comme du thé en infusion ou broyaient les feuilles et les appliquaient sur leurs blessures. Ils allaient également se baigner dans un lagon dans lequel les feuilles de Melaleuca tombaient et du fait macéraient, et s’y baignaient pour guérir des petits problèmes qu’ils pouvaient avoir.

Les vertus thérapeutiques de l’arbre à thé ne semblent pas avoir intéressées le capitaine Cook puisqu’il faudra attendre les années 1920-1923 avant de voir naître toute une série d’études australiennes au sujet de son huile essentielle et de ses propriétés bactéricides qui furent alors testées sur de nombreuses souches.

Dans les années 1920, le Dr Penfold découvre que l’huile essentielle obtenue à partir de la distillation des feuilles, s’avérait onze fois plus antimicrobienne que l’antiseptique de premier plan de l’époque : le phénol.

Durant la Deuxième Guerre mondiale, l’huile essentielle d’arbre à thé fut utilisée pour soigner les blessures des soldats australiens. Mais que le chemin aura été long entre l’usage traditionnel millénaire et l’utilisation thérapeutique moderne de cette huile essentielle par les descendants des colons ! La préciosité thérapeutique de cette substance amena la culture en grand de l’arbuste qui la produit, ainsi l’arbre à thé se cultive t-elle sur de nombreux hectares australiens, et se déploiera même à d’autres pays : l’Inde, la Malaisie, la Nouvelle-Calédonie, l’Afrique du Sud et Madagascar.

Quelles sont les propriétés pharmacologiques de l’huile essentielle de feuilles d’Arbre à thé ?

Propriété antibactérienne :

L’huile essentielle d’arbre à thé est anti-infectieuse polyvalente par ses monoterpénols, moins puissants cependant que les phénols; ils agissent ainsi directement sur les germes pathogènes, en fonction de leur CMI, qu’ils neutralisent par dénaturation des protéines et dissolution de la membrane lipidique. Ils agissent également indirectement sur le terrain qu’ils corrigent.

Également antibactérienne à large spectre, surtout dans les infections génitales (cystites, urétrites) et intestinales, elle est en outre une antibactérienne dentaire (aphtose, stomatite, gingivite, abcès dentaire, ulcère buccal, pyorrhée). Les alcools MT qu’elle contient sont actifs sur le staphylocoque doré résistant aux antibiotiques, sur Escherichia coli, Steptococcus pneumoniae et pyogenes, et Hemophilus influenza, sur germes Gram positifs tels que Staphylococcus aureus, ainsi que sur Gram négatifs tels que Colibacillinum sp., Proteus, Klebsiella ou encore Enterococcus.

Des études ont révélé en outre son activité anti-staphylococcus aureus résistant à la méthicilline, avec lyse et perte de l’intégrité de la membrane de Staphylococcus aureus, manifestée par la fuite des ions et l’inhibition de la respiration.

Cette huile essentielle est donc indiquée dans les infections bactériennes intestinales (entérocolite), ORL (sinusite, angine, bronchite, gingivite, aphte, otites, rhinopharyngites) et urinaire (cystite).

Propriété antifongique :

Antifongique à large spectre (sur toutes localisations), cet effet est dû aux alcools et carbures MT. Elle est de fait efficace sur Candida albicans, le pied d’athlète, les mycoses interdigitales et les mycoses des ongles, ainsi que vis-à-vis de candidoses résistantes au fluconazole. On note également un effet antiparasitaire vis-à-vis des infections vaginales à Trichomonas vaginalis et des parasitoses intestinales à Ascaris, cependant, il est moins efficace que manuka en raison de la présence de tricétones, et en association avec les antifongiques imidazolés en cas de résistance.

Propriété antivirale :

Les propriétés antivirales de l’huile essentielle de tea tree sont notamment dues aux alcools MT sur les virus de l’herpès, de la grippe ou encore des infections vaginales telles que le Papilloma virus.

Propriété antiparasitaire :

On note une activité antiparasitaire vis-à-vis des infections vaginales à Trichomonas vaginalis et des parasitoses intestinales à Ascaris, mais également une activité sur les pellicules du cuir chevelu, dues à Pityrosporum ovale, et sur Malassezia sp. L’huile essentielle d’arbre à thé est notamment antiparasitaire sur la teigne, la gale, l’ascaris et la lamblia.

Propriété insecticide :

Son activité insecticide a par ailleurs été démontré vis-à-vis des poux, des tiques, des mites et des acariens.

Propriété immunostimulante :

Son effet immunostimulante est dû, en outre, aux alcools MT en augmentant les immunoglobulines (↑Ig A, ↑Ig M, ↑Ig C3 et C4).

Propriété anti-inflammatoire et antihistaminique :

L’activité anti-inflammatoire et antihistaminique de cette huile essentielle se fait essentiellement au niveau cutané en réduisant la prolifération des cellules médiatrices de l’inflammation et leurs médiateurs. Anti-psoriasique par activité anti-inflammatoire (terpinène-4-ol), elle est également cortison-like et stimulante de l’axe hypophyso-corticosurrénalien, donc intéressante dans les états inflammatoires prolongés.

Autres propriétés :

  • Cicatrisante
  • Radioprotectrice comme tous les Melaleucas
  • Antiasthénique
  • Activité sur diverses affections dermatologiques (peau et muqueuses), telles qu’acné vulgaire, dermatite séborrhéique, gingivite chronique, accélère la cicatrisation, activité anticancer de la peau, élimine la flore pathogène de la peau tout en maintenant la flore résidente
  • Antiasthénique, tonicardiaque
  • Phlébotonique, décongestionnante veineuse
  • Neurotonique et analgésique
  • Manuka exerce une action spasmolytique, alors que Kanuka et Melaleuca alternifolia ont une action spasmogène sur le diaphragme et l’utérus in vitro (ce qui justifie la contre-indication pendant la grossesse)

L’huile essentielle d’Arbre à thé requiert-elle des précautions d’emploi ?

  • Seuls l’usage cutané, sublingual et rectal sont préconisés
  • Ne pas diffuser
  • Contre-indiquée chez la femme enceinte ou allaitante
  • Le surdosage peut provoquer un état confusionnel avec difficulté d’orientation
  • Éviter en association avec la cortisone
  • Pas d’usage prolongé
  • Contre-indiquée chez l’enfant de moins de 7 ans
  • Induction du cytochrome P-450 (CYP2B1), demandez conseil à votre pharmacien pour tout risque d’interactions médicamenteuses
  • Interdite chez les animaux

Sources bibliographiques médicales et essais cliniques :

Tout comme l’huile essentielle d’eucalyptus globulus, d’autres huiles telles que l’huile essentielle de tea tree, de niaouli ou de ravintsara possède des activités antivirale reconnues, en voici la liste de références.
  1. Garozzo, A., Timpanaro, R., Bisignano, B., Furneri, P. M., Bisignano, G., & Castro, A. (2009). In vitro antiviral activity of Melaleuca alternifolia essential oil. Letters in applied microbiology, 49(6), 806-808.
  2. Reichling, J., Schnitzler, P., Suschke, U., & Saller, R. (2009). Essential oils of aromatic plants with antibacterial, antifungal, antiviral, and cytotoxic properties–an overview. Complementary Medicine Research, 16(2), 79-90.
  3. Schnitzler, P., Schon, K. and Reichling, J. (2001) Antiviral activity of Australian tea tree oil and eucalyptus oil against herpes simplex virus in cell culture. Pharmazie 56, 343–347.
  4. Mohammad, A., & Mehmood, D. In Vivo Anti-Viral Effect of Melaleuca alternifolia (Tea Tree Oil) and Olea europaea (Olive Leaf Extract) on Vero Cell Adapted Avian Influenza Virus. Human Journals. Research Article December 2018 Vol.:14, Issue:1 Citation: Mohammad Danish Mehmood et al. Ijppr.Human, 2018; Vol. 14 (1): 7-19.
  5. Usachev, E. V., Pyankov, O. V., Usacheva, O. V., & Agranovski, I. E. (2013). Antiviral activity of tea tree and eucalyptus oil aerosol and vapour. Journal of aerosol science, 59, 22-30.
  6. Ankita, S., Chandra, S. S., & Arti, T. (2013). Phytochemical study and antimicrobial activities of cinnamomum camphora. World Journal of Pharmaceutical research Volume 3, Issue 2, 2287-2294
  7. Astani, A., & Schnitzler, P. (2014). Antiviral activity of monoterpenes beta-pinene and limonene against herpes simplex virus in vitro. Iranian journal of microbiology, 6(3), 149.
  8. Astani, A., Reichling, J., & Schnitzler, P. (2010). Comparative study on the antiviral activity of selected monoterpenes derived from essential oils. Phytotherapy Research: An International Journal Devoted to Pharmacological and Toxicological Evaluation of Natural Product Derivatives, 24(5), 673-679.
  9. Bisignano, B. (2009). Attività antivirale e studio del meccanismo d’azione di estratti di melaleuca alternifolia nei vonfronti del virus dell’influenza A. Area 06 – Scienze mediche.

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