En 2002, Honso USA a présenté ses formulations à base d’herbes Kampo aux professionnels de la santé aux États-Unis. Ces produits ont une longue histoire de prescription par des médecins japonais sur plusieurs décennies. Des chercheurs ont entrepris des études cliniques pour évaluer l’efficacité des formulations à base d’herbes Kampo. Une étude a été menée sur Honso Sho-saiko-to (H09) pour traiter l’hépatite C au Memorial Sloan-Kettering Cancer Center de New York et la cirrhose causée par l’hépatite C au UCSD Liver Center. Ces recherches bénéficient du soutien conjoint des filiales américaine et japonaise de Honso.
La médecine Kampo du Japon
La médecine Kampo, connue au Japon sous 漢方医学 (Kanpō igaku), est une discipline médicale et pharmaceutique traditionnelle japonaise. Elle se retrouve fortement influencée par la médecine traditionnelle chinoise (MTC). Le terme Kampo-yaku désigne l’étude des usages phytothérapeutiques traditionnels japonais. Cette médecine privilégie l’utilisation de plantes, champignons, animaux et minéraux, souvent combinés en formules complexes. Elle intègre également des techniques telles que l’acupuncture et la moxibustion.
Le mot Kampo dérive de « Kan », référence à la dynastie Han en Chine, et « Ho », signifie « méthode de soin ». Ainsi, Kampo peut se traduire par « méthode de soin d’après les Han ». Bien que connectée aux MTC, la médecine Kampo diffère en termes de méthodes diagnostiques et de pharmacopée.
Qu’est ce que la médecine Kampo ?
La médecine Kampo, également connue sous le nom de Kampo igaku en japonais, est une discipline médicale et pharmaceutique traditionnelle. Elle s’inspire des médecines traditionnelles chinoises (MTC ou TCM en anglais). Le terme Kampo-yaku se réfère à l’étude des usages phytothérapeutiques traditionnels japonais.
Cette pratique médicale met en avant l’utilisation de plantes médicinales et comprend des techniques diagnostiques spécifiques. Les thérapies impliquent l’utilisation de parties de plantes, de champignons, d’animaux et de minéraux, souvent combinées pour créer des « formules ». Ces formules peuvent prendre diverses formes telles que décoctions, poudres, pâtes, liqueurs et infusions. En complément, des techniques telles que l’acupuncture et la moxibustion s’utilisent pour compléter le traitement.
Le terme « Kampo » trouve son origine dans la combinaison des mots « Kan » et « Ho ». « Kan » fait référence à la dynastie Han en Chine. « Ho », signifie « la voie du soin » ou « la méthode de soin ». Ainsi, « Kampo » peut se traduire comme « méthode de soin d’après les Han ». Cette traduction met en évidence son lien étroit avec la médecine traditionnelle chinoise.
L’histoire du Kampo est intimement liée à celle des médecines traditionnelles chinoises, remontant à plus de 3 000 ans. Les deux partagent des ouvrages historiques tels que le Koteidaikei, le Shinnohonzokyo et le Shokanron, qui demeurent des références importantes. Au fil des siècles, les praticiens ont développé de nouvelles formules à base de plantes, influencées par les écoles de soins japonaises et chinoises.
Des figures marquantes telles que Todo Yoshimasu ont joué un rôle essentiel dans le développement de la médecine Kampo. Cependant, l’ère Meiji a apporté des défis avec l’occidentalisation, mettant en péril cette pratique médicale.
Aujourd’hui, la médecine Kampo est pleinement intégrée au système de soins japonais. Elle utilise environ 150 formules normalisées principalement à base de plantes. Ces produits de santé Kampo peuvent se classer comme médicaments ou compléments alimentaires. Cette pratique médicale repose sur un héritage riche de pratiques traditionnelles, tout en s’adaptant aux besoins de la santé moderne.
Principes du Kampo
La MTJ a pour but de prévenir en stimulant les forces naturelles de guérison du corps. Elle rétablit l’équilibre lorsque cela est nécessaire. Le Kampo peut également s’utiliser en complément des traitements médicaux conventionnels. Cette médecine repose sur une approche holistique. La MTJ s’appuie sur la circulation de l’énergie dans le corps. Elle s’inspire de la vision taoïste du monde, visant à maintenir et renforcer la santé en renforçant la capacité d’autoguérison du corps.
La MTJ englobe quatre catégories de techniques, qui peuvent s’utiliser ensemble ou séparément :
- Techniques manuelles : Comme le massage Anma, le Shiatsu et le Sotai.
- Techniques d’acupuncture : Elles impliquent la stimulation de points spécifiques. Elles utilisent de l’acupuncture en conjonction avec la moxibustion, ainsi que l’acupuncture pédiatrique.
- Techniques de moxibustion : Cela inclut la combustion de l’armoise de coton de manière directe (une méthode spécifique du Japon) ou indirecte. Il y a un but thérapeutique.
- Pharmacopée japonaise : Connue sous le nom de Kampo en japonais, il s’agit de la phytothérapie japonaise.
Plusieurs principes théoriques fondamentaux guident la MTJ, notamment :
- Le Ki : Qui considère le corps et l’esprit comme indissociables, où l’énergie Ki régit les phénomènes de l’univers de manière infinie.
- Le In et le Yo (Yin et Yang) : Qui représentent les deux phases d’un mouvement cyclique régissant l’univers, où chaque élément est à la fois lui-même et son opposé, et c’est l’alternance entre le In et le Yo qui est la force motrice.
- Les Cinq éléments : Métal, bois, eau, feu et terre, qui constituent des caractéristiques fondamentales de la nature. On les utilise également pour qualifier divers aspects de l’homme et de son existence, selon les théories confucéennes.
- L’unité : Qui souligne l’importance de la connexion entre le corps et l’esprit, ainsi que l’harmonie entre l’homme et le monde extérieur auquel il appartient.
Place de la médecine Kampo au Japon
La médecine Kampo au Japon a connu une évolution significative récemment. Depuis le début du 20e siècle, l’intérêt pour cette médecine traditionnelle a connu un renouveau qui a entraîné une révision des programmes éducatifs dans les écoles de médecine. Depuis 2005, la majorité des universités de médecine japonaises ont inclus des cours de médecine Kampo dans leurs cursus. À l’heure actuelle, le Kampo est considéré comme une composante essentielle de la médecine japonaise, et les médecins sont autorisés à la pratiquer au même titre que la médecine occidentale.
Plus de 82 % des médecins au Japon ont une connaissance des principes de la médecine Kampo, et 78 % l’intègrent dans leur pratique médicale. Une étude récente a révélé que près de 83,5 % des médecins japonais interrogés utilisent régulièrement le Kampo dans leur pratique.
En ce qui concerne les thérapies Kampo dans la phytothérapie japonaise, en plus des formules disponibles sur prescription, les Japonais utilisent également des produits d’origine européenne. Le marché japonais des thérapies Kampo comprend non seulement des produits sur ordonnance, mais aussi de nombreuses options en vente libre.
Les motifs de prescription de produits de santé Kampo incluent la perception de leur efficacité supérieure à celle de la médecine occidentale (56 % des médecins) et la demande spontanée des patients (44 % des médecins).
Sur le plan économique, les produits de santé Kampo à base de plantes sont considérés comme des solutions thérapeutiques économiques en raison de leurs coûts de développement et de production relativement bas par rapport aux médicaments modernes. Par exemple, le traitement de la rhinopharyngite avec des formules Kampo coûte trois fois moins cher qu’un traitement occidental équivalent.
Cependant, malgré ces avantages économiques, le Japon fait face à des contraintes budgétaires, avec un retrait progressif du remboursement des formules Kampo qui n’ont pas fait l’objet d’études cliniques préalables. Pour faire face à cette tendance, la Japan Society for Oriental Medicine a créé un comité d’Evidence-Based Medicine visant à promouvoir des études comparatives entre le Kampo et les thérapies occidentales.
Différences MTC / Kampo
Le Kampo et la Médecine Traditionnelle Chinoise (MTC) présentent des divergences importantes en termes de théories fondamentales, de diagnostic et de solutions thérapeutiques. Bien que les principes de la médecine Kampo soient initialement basés sur ceux de la MTC, ils ont été adaptés à la culture japonaise, ce qui fait de la médecine Kampo une forme simplifiée, utilisant moins d’ingrédients et des méthodes de diagnostic plus simples par rapport à la MTC.
Dans la médecine chinoise, la détermination des solutions thérapeutiques repose sur un diagnostic traditionnel différentiel, tandis que la médecine Kampo utilise le concept de diagnostic appelé « Sho ». Le Sho regroupe les symptômes du patient et sa constitution physique, et le choix des formules thérapeutiques dépendra du Sho. Bien que le Sho japonais partage une étymologie commune avec le Zheng chinois, ils ont évolué avec le temps pour avoir des significations différentes.
En MTC, les trois notions fondamentales sont la pathologie, les symptômes et le syndrome, et le Zheng (syndrome) est un terme clé dans cette théorie. Il englobe généralement l’étiologie, la pathologie et la localisation de la maladie. Les praticiens chinois définissent une pathologie responsable ainsi qu’un Zheng après avoir analysé l’histoire du patient et les symptômes. Par conséquent, une même maladie peut être associée à plusieurs Zheng. Différentes pathologies peuvent partager le même Zheng. Cela signifie que des pathologies différentes peuvent parfois se traiter avec la même formulation en MTC.
En médecine Kampo, le Sho est directement dérivé du Zheng chinois mais reste plus simple. Le Sho traduit les symptômes du patient et les relie à divers aspects tels que la théorie du Ki (bien-être, énergie), la circulation des fluides, huit catégories (yin, yang, superficiel, profond, froid, chaud, déficience, excès), les « cinq organes », et des stades définis décrivant l’évolution pathologique. Le Sho s’exprime souvent en termes de formules, par exemple, « Kakkonto Sho » qui désigne le traitement des symptômes des patients soignés par la formule Kakkonto.
Etudes cliniques et Kampo
Le tout premier journal consacré à la médecine Kampo et aux plantes médicinales a vu le jour sous le nom de « Kampo Medicine and Chinese Herbs » en 1934. Après la Seconde Guerre mondiale, la Japan Society for Oriental Medicine a été créée, et en 1954, elle a publié son propre journal trimestriel intitulé « Kampo Medicine ». Une autre société influente, l’Association of East-Asian Medicine, a lancé son journal mensuel, le « Journal of Kampo Medicine », en 1983. Il convient également de mentionner le journal trimestriel « Journal of Traditional Medicine », publié par la Medical and Pharmaceutical Society for Wakan-yaku.
Ces trois journaux regroupent une multitude d’articles, de nouvelles, d’études de cas et de comptes rendus de congrès et de symposiums liés à la médecine Kampo. Bien que certaines parties de ces publications soient rédigées en japonais, elles contiennent toutes des résumés en anglais. Ces journaux constituent une base de données cruciale en ce qui concerne les études cliniques et les essais pharmacologiques liés aux traitements Kampo.
Il existe un intérêt considérable pour les études cliniques et pharmacologiques visant à évaluer les traitements utilisés en médecine Kampo, démontrant la volonté des médecins japonais de combiner les pratiques Kampo avec la médecine contemporaine. Ces études ont recours à diverses méthodologies, et le Dr. Katsutoshi Terawasa, président de la Japan Society for Oriental Medicine à l’époque et directeur du WHO Collaborating Center for Traditional Medicine, a proposé en 2004 plusieurs axes d’amélioration de la méthodologie des études sur les formules Kampo.
Ces recommandations suggèrent d’incorporer les principes de l’EBM occidental dans l’évaluation des formules Kampo et de traiter ces formules comme des médicaments contemporains. De plus, il est essentiel de tenir compte du ressenti des patients. En outre, la méthodologie doit éviter la comparaison trop rigide entre les formules Kampo et les médicaments de synthèse.
La Pharmacopée Japonaise
La pharmacopée japonaise compile des informations sur les extraits de formules Kampo les plus courantes. Elle fournit des éléments essentiels tels que les dénominations en japonais (en kanji et en hiragana), une désignation internationale en latin, un numéro de préparation Kampo normalisé et une composition détaillée en drogues végétales. Cette ressource précieuse aide à clarifier la taxonomie des espèces, car une même drogue végétale peut provenir de différentes espèces de plantes, comme l’exemple de l’« Ephedra herb » issu de sous-espèces variées telles qu’Ephedra sinica, E. intermedia ou E. equisetina.
La pharmacopée japonaise propose également des descriptions botaniques détaillées et des dénominations spécifiques en anglais, en plus des quantités requises de chaque drogue végétale selon différentes références médicales. Elle renseigne sur les méthodes de préparation, les contrôles de pureté pour les matières premières et les conditions de stockage.
Les produits de santé Kampo
Les produits de santé de médecine Kampo au Japon ont des classes varié. Ils comprennent des médicaments à base de plantes, d’animaux et de champignons, ainsi que des minéraux et des produits cosmétiques inspirés de la médecine Kampo. On utilise la plupart de ces produits couramment dans l’alimentation japonaise. Ils sont disponibles en vente libre dans des herboristeries, des pharmacies, des drugstores, des grandes surfaces et en ligne.
Au Japon, on regroupe les plantes médicinales en deux catégories. L’une comprend des drogues médicinales utilisées exclusivement comme produits de santé. L’autre rassemble des plantes à potentielles vertus thérapeutiques sans preuves scientifiquement établies. Il existe également un label spécifique au Japon appelé Food for Specified Health Uses (FOSHU) pour les produits alimentaires ayant des propriétés médicinales. Pour obtenir ce label, des preuves scientifiques d’efficacité, de non-toxicité et de sécurité sont nécessaires.
Le marché des produits en vente libre, y compris ceux de la médecine Kampo, s’est développé ces dernières décennies au Japon. On les classe en trois catégories en fonction de leur sécurité. La catégorie 1 regroupe les produits les moins inoffensifs et la catégorie 3 les produits qui ne causent que très rarement des dommages.
Les produits Kampo soumis à prescription médicale sont également populaires au Japon. Des entreprises telles que Tsumura dominent le marché. On classe ces produits en fonction de leur numéro de formule Kampo. On les utilise pour traiter diverses affections. Les formulations varient en fonction du laboratoire pharmaceutique, avec des différences dans les proportions d’ingrédients actifs et les indications.
Enfin, les médecins japonais ont la possibilité de prescrire des préparations topiques Kampo pour traiter des affections cutanées. Dans l’ensemble, le marché des produits de santé Kampo au Japon est diversifié, avec des produits en vente libre et sur ordonnance qui sont largement utilisés pour traiter une gamme variée de problèmes de santé.
La Materia Medica Kampo
Maîtriser les ingrédients des formules Kampo est essentiel pour une pratique efficace de cette médecine traditionnelle. Cette compétence est un élément fondamental de la formation en médecine Kampo. Elle met l’accent sur les herbes et les formules utilisées. La botanique joue un rôle crucial. Elle est mise en évidence par les visites fréquentes de jardins botaniques au Japon, comme le Takeda Garden à Kyoto et le Hoshi Medical Plants Garden à Tokyo. Ces jardins démontrent l’importance de la botanique dans l’enseignement médical et pharmaceutique traditionnel, avec leur large éventail de plantes.
La Materia Medica Kampo se caractérise par une diversité de plantes médicinales. Elle englobe 50 familles botaniques différentes, soit 72 % des familles de la pharmacopée japonaise. Cette variété reflète l’utilisation de différentes parties des plantes, des racines aux fruits. Chaque espèce botanique peut donner lieu à plusieurs drogues aux utilisations diverses. Les drogues végétales Kampo subissent souvent des traitements particuliers comme le broyage ou l’autoclavage. Cela permet de modifier leur composition et leurs effets thérapeutiques.
En plus des plantes, la Materia Medica Kampo intègre des produits fongiques, minéraux et animaux. On utilise des substances comme le gypse et le sulfate de sodium pour leurs effets diurétiques et laxatifs. Les produits d’origine animale, bien que moins courants, restent utilisés, allant de la gélatine animale aux coquilles d’huîtres broyées.
Bien que la plupart des ingrédients de la Materia Medica Kampo soient répertoriés dans la pharmacopée japonaise, certains, tels que les racines d’Aralia cordata ou les grains de Triticum aestivum, ne le sont pas. Globalement, la Materia Medica Kampo se distingue par sa richesse botanique, l’originalité de ses traitements et l’intégration de composants non végétaux. Elle refléte ainsi une approche holistique et traditionnelle de la médecine.
Drogues végétales emblématiques
Nous avons sélectionné les drogues végétales et fongiques les plus fréquentes dans les formules Kampo couramment utilisées.
La racine de réglisse
Son nom botanique est Glycyrrhiza glabra Linné ou G. uralensis Fisher au Japon. En japonais, on l’appelle Kanzo (甘草). Elle est riche en acide glycyrrhizique (au moins 4%) et peut être torréfiée pour devenir une drogue distincte, nommée Zhi Kanzo en japonais. En phytochimie, la réglisse contient saponosides, flavonoïdes et isoflavonoïdes, contribuant à son activité anti-inflammatoire. La médecine Kampo la valorise dans 95 formules, pour ses propriétés tonifiantes, antitussives, anti-inflammatoires, et digestives.
Le rhizome de gingembre (Zingiber officinale Roscoe)
En japonais, il est appelé Shokyo, et Sheng jiang en chinois. Le rhizome de gingembre, souvent séché, coupé ou mondé, peut être traité thermiquement, devenant alors Kankyo ou zingiberis siccatum rhizoma. On l’utilise traditionnellement pour stimuler le yang et réchauffer la région médiane et les poumons. On le reconnait pour ses propriétés antalgiques, antispasmodiques, calmantes, antitussives, antiémétiques, cardiotoniques, hypotensives, stimulantes et digestives. Il agit en stimulant la motilité gastro-intestinale et en diminuant les nausées et vomissements. Il s’utilise dans diverses formules Kampo, telles que Bofutsushosan et Rikkunshito, avec une teneur généralement inférieure à 5 %.
Sclérotes de Wolfiporia cocos
Il s’agit d’un champignon de la famille des Polyporacées. Il est connue au Japon sous le nom de Bukuryo et en Chine comme Fuling. Il contient principalement des béta-glucanes, des lipides et des protéines, et est utilisé pour favoriser l’élimination de l’eau, tonifier la rate et induire une légère sédation. On le retrouve dans plusieurs formules Kampo, comme Bukuryoin et Choreito.
Racine de pivoine de Chine
On la connait au Japon sous le nom de Shakuyaku. Il ne faut pas la confondre avec la racine de Paeonia suffruticosa (Moutan bark ou Botanpi). La pivoine de Chine contient principalement de la paeoniflorine, un glucoside monoterpénique. Celui-ci détient des effets sédatifs et antispasmodiques. On l’utilise traditionnellement pour ses propriétés antispasmodiques, myorelaxantes et antalgiques. On la retrouve dans plusieurs formules Kampo comme Bofutsushosan et Daibofuto, généralement à hauteur de 5 à 15 % du mélange.
Fruits du jujubier (Zizyphus jujuba Miller var. inermis Rehder)
Il est connue sous le nom de Taiso en japonais. Seule cette variété est employée en Kampo. Le jujube est traditionnellement utilisé en Asie pour ses propriétés calmantes sur le cœur, le foie et l’esprit, ainsi que pour ses effets antisudorifiques et contre l’insomnie. L’Université de Keio attribue au jujube des actions antiallergiques, protectrices des muqueuses digestives, anticoagulantes, sédatives et néphroprotectrices. Des études récentes suggèrent aussi des effets bénéfiques dans l’accompagnement de la chimiothérapie. Les fruits sont présents dans de nombreuses formules Kampo telles que Daisaikoto, Hochuekkito, et Ireito, représentant généralement 5 à 15 % du mélange final.
Ecorce de cannelle (Cinnamomum cassia)
Elle est appelée Keishi en japonais. Phytochimiquement, l’écorce contient principalement de l’E-cinnamaldéhyde et divers composés comme les cincassiols. Utilisée pour réchauffer les méridiens et faire circuler le sang en MTC, elle offre des effets antipyrétiques, sédatifs, antispasmodiques, hypotensifs, antithrombotiques, antiulcéreux, anti-inflammatoires, antiallergiques, antibactériens et digestifs en Kampo. Elle soulage les migraines, la fièvre, les frissons et l’hypersudation. La cannelle présente des propriétés antiulcéreuses et hypoglycémiante. Elle est couramment utilisée dans des formules Kampo telles que Goreisan, Hachimijogan, Ireito, Kakkonto, et plusieurs autres portant le préfixe -Keishi.
Racine d’angélique japonaise (Angelica acutiloba)
On la connait au Japon sous le nom de Toki. Les racines renferment des huiles essentielles, des acides gras, des coumarines, et de la vitamine B12. Employées traditionnellement pour tonifier, calmer les douleurs, régulariser les menstruations et stimuler la digestion, elles ont aussi des propriétés sédatives, immunostimulantes, antalgiques, et anti-inflammatoires. Plusieurs études confirment leurs effets protecteurs digestifs et cérébraux. La racine d’angélique figure dans de nombreuses formules Kampo, notamment Hochuekkito, Juzentaihoto et Yokukansan.
Racine de ginseng (Panax ginseng C.A.Meyer ou Panax schinseng Nees)
Il est appelé Ninjin (人参) en japonais. La racine de ginseng contient une variété de composés chimiques, les plus connus étant les ginsénosides. Pour être utilisée en médecine Kampo, la racine séchée doit contenir au moins 0,10 % de ginsénosides Rg1 et au minimum 0,20 % de ginsénosides Rb1. L’Université de Keio recommande l’emploi de la racine de P. ginseng dans diverses indications, y compris stimulantes, anti-inflammatoires, et hépatoprotectrices. Le ginseng est un ingrédient présent dans plusieurs formules Kampo, dont le Bakumondoto, Juzentaihoto, ou encore Ninjinto (25 % du mélange total).
Racines d’Atractylodes lancea De Candolle Ou A. chinensis Koidzumi
Son nom japonais est Sojutsu 蒼朮. On l’utilise en médecine chinoise pour son action sur les méridiens de la rate Zu tai yin et de l’estomac Zu yang ming. Il sert principalement pour traiter les troubles liés à l’humidité de l’organisme. De plus, il présente des actions anti-acides, cholagogues, hypoglycémiantes, stimulantes des hormones sexuelles, antimutagènes, myorelaxantes, anti-inflammatoires et sédatives. Le rhizome représente généralement entre 10 et 15 % du mélange de drogues présentes dans des formules. Parmi ces formules, on peut citer Kamishoyosan, Shikunshito, et Shimbuto.
Tubercule de Pinellia ternata
Son nom Japonais est Hange 半夏. L’éphédrine est l’un des composés typiques, justifiant son utilisation dans le traitement de la toux. En médecine traditionnelle chinoise, on utilise les tubercules pour diverses indications. Par exemple, on peut assécher l’humidité, arrêter les vomissements, réduire les tuméfactions, et possèdent des propriétés sédatives, antalgiques, antiémétiques, antispasmodiques, antiallergiques, antivirales et hypotensives. Il est utilisé dans certaines formules Kampo comme Chotosan ou Daisaikoto contenant en moyenne 10 % de tubercules de P. ternata.
Les formules
Dans l’approche de la materia medica Kampo, la création de formules est primordiale. Contrairement à l’usage de drogues isolées, la médecine traditionnelle japonaise privilégie l’emploi de formules composées. Le principe d’assemblage historique, Kun-shin-sashi, joue un rôle central dans l’association des plantes. Selon ce principe, les formules intègrent des drogues principales (Kun), accompagnées de drogues secondaires (Shin), et de plantes synergiques (Sashi). Cette hiérarchie reflète l’organisation de la cour impériale japonaise. « Kun » représente le roi, « Shin » le ministre, et « Sashi » les serviteurs.
L’élaboration des formules Kampo s’inscrit dans ce modèle. Prenons l’exemple de Maoto, combinant des parties aériennes d’Ephedra sp. et de l’écorce de cannelle pour traiter les syndromes grippaux. Ici, Ephedra sp. est la drogue Kun, et l’écorce de cannelle, la drogue Shin. La modification de cette formule peut aboutir à des compositions différentes avec des indications thérapeutiques variées. Comme exemple, on a le cas de Makyokansekito, utilisée pour l’asthme et les bronchites.
La formule Keishito illustre également cette dynamique. Composée de plusieurs ingrédients comme l’écorce de cannelle et les racines de pivoine, elle est indiquée pour les états grippaux. La modification des proportions ou l’ajout d’autres ingrédients, comme dans Keishikashakuyakuto ou Shokenshuto, conduit à des formules avec des effets différents. Cela peut aller des propriétés digestives à la réduction de la fatigue.
La materia medica Kampo regroupe les formules en dix groupes selon les ingrédients dominants. Chaque groupe a ses propres indications thérapeutiques. En ce qui concerne la prise, les suffixes des formules indiquent leur mode d’administration. On a -to pour les décoctions, -gan pour la consommation directe sans décoction, et -san pour une utilisation variable. La posologie et le moment de la prise varient selon la formule et l’état traité. Cela nécessite une connaissance approfondie de la materia medica Kampo pour une utilisation sûre et efficace.
Phytovigilance et interactions
La phytovigilance et la gestion des interactions médicamenteuses sont essentielles dans la prescription des formules Kampo. D’abord, il y a un risque notable de confusion entre les drogues végétales et les formules entières. Ensuite, les interactions et contre-indications de certaines drogues sont cruciales.
Les risques de confusion apparaissent surtout avec les drogues Kampo ayant des similitudes organoleptiques. On peut citer les amandes de Prunus armeniaca et Prunus persica, ou les rhizomes d’Atractylodes lancea et Atractylodes macrocephala. Une bonne connaissance de ces caractéristiques est nécessaire pour prévenir les erreurs. De plus, des erreurs de dispensation peuvent survenir. Elles résultent souvent de l’ajout ou de l’oubli d’ingrédients, ou de la confusion entre formules similaires.
Concernant les interactions et effets indésirables, il est crucial de connaître les précautions pour l’usage de certaines drogues végétales. Par exemple, la racine de réglisse peut causer des effets liés à son action minéralocorticoïde. On utilise les parties aériennes d’Ephedra sp. malgré leur interdiction dans plusieurs pays. La racine de rhubarbe est connue pour ses effets laxatifs. On reconnait la haute toxicité des tubercules d’Aconit.
On associe plusieurs drogues Kampo à des interactions médicamenteuses. Parmi eux, on peut citer la racine de Panax ginseng, le rhizome de gingembre, la racine de réglisse, l’écorce de cannelle, et la racine d’angélique. Ces interactions incluent des effets sur les anticoagulants, les antiagrégants plaquettaires, les antidiabétiques, certains inhibiteurs de la tyrosine kinase, et des médicaments antiallergiques. L’association avec d’autres plantes peut aussi augmenter les risques de saignements, d’arythmies, et d’effets hypoglycémiants.
Les minéraux dans les formules Kampo peuvent réduire l’absorption des composés lorsqu’on les prend avec des inhibiteurs de l’enzyme de conversion de l’angiotensine. Les plantes des familles des Rutacées ou Apiacées nécessitent une attention particulière en raison de leurs dérivés furanocoumariniques. Ces derniers inhibent le CYP450 3A4 et la glycoprotéine-P.
Une compréhension approfondie des contre-indications médicales est vitale pour une utilisation sûre des formules Kampo, surtout chez la femme enceinte et les patients âgés.
Le shiatsu
Le Shiatsu signifie « pression des doigts » en japonais. Il s’agit d’une pratique manuelle orientale visant à réguler les énergies et favoriser la détente. Cette technique implique des étirements et des pressions appliquées sur le corps, principalement avec les doigts, en particulier les pouces et les paumes. Les bienfaits du Shiatsu incluent la réduction du stress et des tensions. Il stimule le système d’autodéfense de l’organisme et équilibre le système énergétique.
Contrairement à un massage ou une médecine au sens occidental, le Shiatsu est une méthode de relaxation et bien-être. Il relève de la prévention. Accessible à tous, peu importe l’âge, il contribue au bien-être physique, psychique et émotionnel. Toutefois, en cas de pathologie, on recommande de consulter un médecin.
Une séance de Shiatsu dure environ une heure, avec le patient habillé, allongé sur un futon ou assis si nécessaire. Le Shiatsu utilise des concepts de la médecine traditionnelle chinoise, tels que les méridiens et points tsubo (腧). En revanche, le Shiatsu n’est pas scientifiquement prouvé comme traitement médical.
Historiquement, le Shiatsu s’inscrit dans la continuité des techniques manuelles japonaises, notamment l’Anma. Il a gagné en notoriété grâce à des ouvrages tels que « Anpuku Zukai » par Shinsai Ōta et le « Livre rouge » de Takichi Tsukuda. Le terme « Shiatsu » apparaît pour la première fois dans la publication de Kazuma Fukunaga, « Chikara ōyō ryōhō ». Tokujirō Namikoshi a joué un rôle clé dans son développement, ouvrant la première clinique de Shiatsu en 1925.
Le Shiatsu a également évolué en Shiatsu animalier, notamment pour les chevaux et les chiens, inspiré par des pratiques américaines. Cette approche holistique utilise des pressions pour stimuler des points sur l’animal. Elle vise à maintenir son équilibre énergétique et favoriser son bien-être.
Sources
- https://www.medoucine.com/pratiques/medecine-traditionnelle-japonaise
- https://www.medecinesciences.org/en/articles/medsci/full_html/2002/08/medsci20021810p1030/medsci20021810p1030.html
- https://www.shiatsu-france.com/article-la-medecine-japonaise-kampo.html
- https://fr.wikipedia.org/wiki/M%C3%A9decine_Kampo
- https://naosuki-shiatsu.com/medecine-traditionnelle-japonaise/
- https://www.biusante.parisdescartes.fr/sfhm/esfhm/esfhmx2016x01/esfhmx2016x01x026.pdf
- https://dumas.ccsd.cnrs.fr/dumas-01814801v1/file/2018GREA7015_traversaz_manon_dif.pdf