La Médecine Traditionnelle Chinoise : un regard approfondi sur une pratique millénaire

La phytothérapie chinoise représente la branche centrale de la Médecine Traditionnelle Chinoise, étant la pratique prédominante de ce domaine. Elle se base sur l’utilisation d’éléments naturels, principalement des végétaux et des minéraux. La pharmacopée chinoise recense plus de 8000 ingrédients, dont 800 sont couramment utilisés et 400 sont employés quotidiennement. L’ouvrage fondamental en phytothérapie chinoise est le Materia Medica, qui répertorie des milliers de substances médicinales. Les plantes constituent la composante principale de la pharmacopée, bien que certaines préparations incluent également des extraits d’animaux ou de minéraux.

Histoire de la Médecine Chinoise

La médecine chinoise trouve ses racines dans la légende de trois figures emblématiques. Fuxi, auteur du Yi Jing (Livre des Mutations), le plus ancien texte chinois. Shennong, le « divin laboureur », est le pionnier de l’agriculture et de la phytothérapie. Huang Di, l’Empereur Jaune, est le fondateur des rites et de la médecine. Il est crédité pour la rédaction du Nei Jing (Classique de la Tradition ésotérique de l’Empereur Jaune), un ouvrage historique qui perdure à travers les âges.

Les premières dynasties

Sous la dynastie Shang (vers 1700-1500 av. J.-C.), les premiers termes médicaux écrits font leur apparition sur des carapaces de tortue ou des omoplates d’animaux, utilisées à des fins divinatoires dans le cadre de la scapulomancie. Parmi ces termes, le caractère « chi » (maladie) se distingue, composé des éléments « homme » et « lit », entourés d’un à quatre traits interprétés comme des gouttes de sang ou des pointes de flèches.

Certaines inscriptions évoquent la maladie comme étant causée par un « vent mauvais » ou la « neige ». Ces références marquent le début de l’attribution des maladies à des influences d’origine « naturelle ». Progressivement, les méthodes divinatoires axées sur le monde des morts seront remplacées par des approches plus pragmatiques concernant le monde des vivants.

Sous la dynastie Zhou (du XIe au IIIe siècle av. J.-C.), la médecine évolue. Initialement, la médecine est perçue comme un combat contre des forces hostiles comme les démons ou les esprits. Ces entités attaquent l’âme corporelle, de jour comme de nuit. Cette approche, magique, utilise des exorcismes, des incantations, des talismans, des techniques respiratoires et des drogues.

Cependant, vers la fin de la dynastie Zhou, un changement s’opère, similaire à celui du monde grec au Ve siècle av. J.-C.. Une nouvelle vision émerge, basée sur la philosophie et la médecine. Elle abandonne les dieux et les démons au profit des forces naturelles. Les médecins yi se distinguent alors des prêtres et magiciens, formant une corporation indépendante. La hiérarchie médicale se diversifie, incluant des maîtres médecins yishi, des médecins de l’interne jiyi, des médecins des plaies yangyi, des diététiciens shiyi, et des vétérinaires.

Médecine antique

Après la période des Royaumes combattants (Ve – VIIIe siècles av. J.-C.), la Chine connaît l’unification sous l’empire des Han (221 av. J.C-220 ap. J.-C.). Cette ère marque le début de la grande période du taoïsme, qui s’étend du IIe siècle av. J.-C. au VIIe siècle apr. J.-C. Au sein de cette philosophie, l’alchimie, la pharmacopée et la médecine occupent une place significative, influencées par de nombreux maîtres taoïstes.

L’empire des Han, contemporain de l’empire romain et de l’empire sassanide, constitue la première émergence de la civilisation chinoise à l’échelle mondiale. Cette période est marquée par l’ouverture de la « route de la soie » en 122 av. J.-C. et de la « route de la Birmanie » en 115 av. J.-C., favorisant les échanges maritimes, commerciaux et culturels entre la Chine, la Perse, l’Inde, l’Asie du Sud-Est et la Méditerranée.

Les premiers écrits

Les textes médicaux de cette époque étaient souvent composés de chapitres d’âge et d’origine variés, ce qui signifie que pour les Chinois, les écrits anciens avaient autant de valeur que les livres modernes. Le « Nei Jing Su Wen » est un exemple de texte médical de cette période. La langue archaïque de ces premiers traités rendait leur compréhension difficile, même pour les sinologues. Par conséquent, des agences officielles d’édition ont entrepris de rééditer ces classiques sous une forme simplifiée pour les rendre plus accessibles.

Les premiers écrits médicaux attestés, datant d’entre 580 et 320 av. J.-C., sont présents dans le « Zuo Zhuan », composé au début du Ve siècle av. J.-C. Les fragments les plus anciens du « Nei Jing Su Wen » datent des Ve – VIIIe siècles av. J.-C. Ce texte aurait été divisé en deux parties à la fin de cette période, sous la dynastie Qin. Ces parties sont le « Su Wen » (Simples Questions) et le « Ling Shu » (Pivot Spirituel), axant sur la théorie et pratique médicales. Le « Nan Jing » (Classique des Difficultés), un traité du Ier ou IIe siècle, commente 81 passages du « Nei Jing » et aborde la théorie du pouls.

Des commentaires ont été ajoutés aux textes médicaux anciens, souvent sous le nom des Anciens. Au fil du temps, le « Nei Jing » a subi modifications et remplacements de parties, créant confusion et contradictions. Malgré ces changements, le « Nei Jing » nous est parvenu et a été traduit en français par des sinologues comme Chamfrault et Husson.

Les premiers grands savants

En ce qui concerne les grands médecins de cette période, plusieurs figures notables se distinguent. Bian Que, également connu sous le nom de Qin Yueren, est cité comme l’une des premières personnalités historiques dans le domaine médical en Chine. Il est réputé pour sa connaissance de la prise du pouls et est associé au « Nan Jing ». Zou Yan a introduit la théorie des Cinq éléments en Chine, qui a influencé de nombreux domaines de la connaissance, y compris la médecine et l’alchimie.

Durant cette époque, plusieurs médecins célèbres ont marqué l’histoire. Parmi eux, Chunyu Yi est connu pour ses écrits détaillant les maladies qu’il traitait. Zhang Zhongjing, souvent comparé à Hippocrate, et Huatuo, un chirurgien renommé, ont aussi apporté des contributions majeures à la médecine chinoise, particulièrement dans la symptomatologie et la thérapeutique.

Après l’ère Han, la Chine a traversé des périodes de division et d’instabilité politique, comme pendant les Trois Royaumes (220-280). Malgré cela, la médecine chinoise a continué de progresser. Des personnalités telles que Ge Hong et Tao Hongjing ont enrichi la pharmacopée et la médecine chinoise. L’héritage de la période Han en médecine a persisté, influençant son évolution à travers les siècles en Chine.

Les premiers remèdes

L’ère des Han a également été marquée par d’importants échanges entre la Chine, l’Inde et la Perse. En même temps, la médecine chinoise a évolué. Elle a étudié les poisons, les remèdes à base de plantes et de minéraux, la diététique, la quête de l’immortalité, les techniques respiratoires, la culture physique et la sexologie. Sous les Han, la paix a stimulé l’écriture de nombreux ouvrages médicaux. Ces livres sont regroupés en plusieurs catégories : Classiques de la Médecine, Recueils de Recettes, Traités de la Chambre à Coucher, et Méthode et Recettes pour Devenir Immortel. Parmi eux, le « Nei Jing » est le plus connu. Il est classé parmi les Classiques de la Médecine.

La quête de l’immortalité a également joué un rôle majeur dans la médecine chinoise et le taoïsme de cette époque. Les remèdes d’immortalité étaient basés sur les « cinq substances canoniques », notamment le réalgar, le soufre, l’ovre, la turquoise et l’améthyste. Certaines de ces substances étant toxiques, un entraînement progressif d’immunisation était nécessaire. L’empereur Qin Shihuang a même entrepris des expéditions à la recherche de ces remèdes mythiques.

Médecine « classique »

Sous les dynasties Sui (581 ou 589 – 618) et Tang (618-907), la Chine a connu une période de réunification et d’épanouissement de la médecine chinoise.

Sous les Sui et les Tang, la médecine chinoise a atteint son apogée. En 624, le Grand Service médical a été créé pour superviser les études de médecine et organiser la recherche médicale. Pendant cette période, de nombreuses maladies ont été décrites avec précision. Parmi elles, on retrouve la lèpre, la variole, la rougeole, la gale, la dysenterie (aiguë et chronique), le choléra, l’hydropisie, et les maladies carentielles comme le béribéri, l’héméralopie, le rachitisme et le goitre. Aussi, les maladies vénériennes, la tuberculose (pulmonaire et osseuse), l’adénopathie cervicale, le diabète, ainsi que les tumeurs ont été étudiées.

Après l’ère des Tang, la dynastie Song (960-1279) a marqué d’importants progrès en Chine, tant sur le plan technique que scientifique. Cette époque a vu naître d’éminents savants, comme Chen Kua. Il était architecte, agronome, médecin, historiographe et ambassadeur. Un pédiatre renommé, Qian Yi, a identifié des maladies telles que la varicelle, la rougeole, la scarlatine et la variole.

La médecine légale a fait son apparition avec le « Xi Yuan Ji Lu » (Recueil pour laver les injustices) de Song Ci (1188-1249), marquant le début de l’anatomie en Chine. Des dissections de condamnés à mort ont été réalisées et documentées au XIe et au début du XIIe siècle. La matière médicale s’est considérablement développée, intégrant de nombreux médicaments exotiques tel que l’opium.

Quelques noms importants dans le domaine de la médecine de cette période incluent Hu Zheng Qi Huei, un diététicien impérial qui a décrit les maladies carentielles et leur traitement par une diététique rationnelle, ainsi que Hua Shou, célèbre pour ses commentaires des classiques médicaux, notamment le « Nan Jing ».

La médecine sous les Ming

La Dynastie Ming (1368-1644) a émergé au pouvoir grâce à une révolution populaire paysanne, marquant une période intermédiaire entre les dynasties conquérantes des Mongols et des Mandchous. Durant cette période, Beijing a été libérée et établie comme capitale.

Sous la Dynastie Ming, la Chine a connu un nouvel âge d’or. Zheng He a entrepris plusieurs voyages en bateau jusqu’en Afrique occidentale entre 1405 et 1433, établissant des liens commerciaux et culturels avec d’autres régions du monde. En 1601, le R.P. Matteo Ricci est arrivé à Beijing avec les Jésuites, apportant avec eux la médecine occidentale. Cependant, cette médecine restait principalement réservée à l’empereur. Des textes sur l’anatomie et la circulation sanguine ont été traduits en chinois, suscitant l’intérêt de l’empereur Kangxi, bien qu’il les considérait comme potentiellement dangereux pour le peuple.

Li Shizhen (1518-1593) a créé le « Grand Traité de Matière Médicale », un chef-d’œuvre de la médecine. Il a pris près de 30 ans à le réaliser. Ce traité était bien plus qu’un simple guide de pathologie et thérapeutique. Il servait aussi de référence en histoire naturelle, classant les produits minéraux, végétaux et animaux. Il incluait des chapitres sur la technologie chimique et industrielle, ainsi que des informations géographiques, historiques, diététiques, culinaires, cosmologiques, philosophiques et philologiques. Cette encyclopédie a été traduite dans de nombreuses langues, tant orientales qu’occidentales. Elle a également documenté l’apparition de la syphilis en Chine vers 1505-1506, corroborant les rapports des médecins occidentaux, arabes et indiens.

Li Shizhen a également produit deux ouvrages « mineurs », le « Binhu mai xue » (Étude des pouls du bord du lac), qui était une référence en matière de diagnostic par le pouls, et le « Qi jing ba mai kao » (Recherche sur les huit vaisseaux extraordinaires), la première étude systématique sur les Merveilleux Vaisseaux, intégrant des connaissances en alchimie interne de l’époque.

Aujourd’hui

Au XXe siècle, la médecine européenne a fortement influencé la Chine. Cette influence a diminué la morbidité et la mortalité, déclenchant une explosion démographique pendant l’ère communiste. Cette période a vu naître une nouvelle médecine chinoise, mélangeant approches cliniques et techniques traditionnelles. Cela a apporté une efficacité accrue et une médecine plus sophistiquée.

Le maoïsme a entretenu une relation complexe avec la médecine traditionnelle. Au début, le gouvernement voulait supprimer les traditions médicales anciennes, les considérant inefficaces et superstitieuses, au profit de la médecine moderne. Cela a eu un impact notable sur la morbidité. Mais ensuite, à cause du manque de médecins, du coût élevé de la médecine moderne et d’un sentiment nationaliste, Mao a encouragé l’usage de la médecine traditionnelle. Elle est devenue un symbole mondial. En 2017, la médecine traditionnelle chinoise a été reconnue par l’Assemblée mondiale de la santé dans sa Classification statistique internationale des maladies. Cette reconnaissance a ouvert la voie à la prolifération d’hôpitaux, de thérapeutes agréés et de pharmacies dans le monde entier.

De nombreuses pharmacies chinoises vendent encore des remèdes à base de plantes ou d’animaux, malgré la démonstration de leur inefficacité ou leur nocivité. Le gouvernement chinois reconnaît chaque année plus de 230 000 cas d’effets secondaires néfastes.

Il faut souligner que la définition de la « médecine chinoise traditionnelle » reste floue. Beaucoup de potions vendues sous cette appellation manquent de fondement traditionnel. Cela est particulièrement vrai pour celles fabriquées à partir d’animaux inexistants en Chine. Les pratiques commerciales trompeuses et la commercialisation d’organes animaux sans justification médicale ou traditionnelle sont des problèmes préoccupants.

Qu’est ce que la Médecine Traditionnelle Chinoise (MTC) ?

La médecine chinoise, également connue sous le nom de « médecine dans l’espace chinois », se présente en deux formes distinctes. La première est la médecine populaire, qui repose sur les recettes transmises au sein des communautés rurales, ainsi que sur des pratiques magiques et religieuses anciennes, telles que le chamanisme, le bouddhisme et le taoïsme.

La seconde forme est la médecine traditionnelle chinoise proprement dite, souvent appelée la « médecine chinoise classique ». Cette approche repose sur un vaste corpus littéraire et est pratiquée par des médecins-fonctionnaires de l’administration chinoise, également appelés « mandarins ». Elle a connu une évolution significative tout en préservant certains principes fondamentaux hérités de l’Antiquité.

Les Principes de la MTC

  • Votre corps constitue un système intégré et interdépendant, comprenant des structures physiques, mentales et émotionnelles, alimenté par l’énergie vitale. Chaque composante de votre corps est essentielle et contribue à l’ensemble harmonieux de votre être. Il s’agit d’un système incroyablement complexe où chaque élément joue un rôle vital.
  • Vous êtes étroitement lié à la nature et réagissez à ses changements. La médecine traditionnelle chinoise (MTC) prend en compte divers facteurs, dont la saison, l’emplacement géographique, la génétique et l’état corporel, lorsqu’elle évalue votre santé. Ces éléments naturels influencent votre bien-être de manière significative.
  • Vous possédez une capacité naturelle d’auto-guérison. Votre corps reflète le principe selon lequel la nature a la capacité de se régénérer, et cette capacité réside également en vous. Bien qu’elle puisse parfois sembler enfouie ou difficile à atteindre, elle reste une part essentielle de votre être.
  • La prévention demeure la meilleure approche. Votre corps communique constamment des signes de son état de santé. Souvent, nous ignorons ces signaux jusqu’à ce que des problèmes plus graves surviennent. La médecine traditionnelle chinoise vous enseigne à interpréter ces signaux et à prendre des mesures préventives pour maintenir votre bien-être général.

Pensée Chinoise

Les textes traditionnels chinois se démarquent nettement du logos grec. Ils présentent des défis pour la distinction entre ce qui est considéré comme « scientifique », « philosophique », « religieux » ou « littéraire ». Ces textes sont rédigés en sinogrammes, une écriture dite « de surface », plutôt qu’en utilisant une écriture alphabétique linéaire.

La pensée chinoise ne suit pas la logique grecque basée sur des concepts indépendants reliés par un raisonnement logique et des syllogismes. Le discours chinois ne cherche pas à révéler des vérités immuables, abstraites et absolues. Au contraire, il explore les « dosages » appropriés pour des situations concrètes. Contrairement au principe de non-contradiction des Grecs, qui exclut le faux. La pensée chinoise se fonde sur le principe d’alternative ou d’oppositions complémentaires qui se manifestent dans une réalité concrète, à travers l’ordre temporel et la position spatiale.

Anne Cheng explique que la pensée chinoise ne progresse pas de manière linéaire ou dialectique, mais plutôt en spirale. Elle n’essaie pas de définir son objet de manière définitive à travers un ensemble de définitions, mais plutôt en dessinant des cercles de plus en plus étroits autour de lui. Jacques Gernet ajoute que la théorie chinoise cherche à expliquer le changement et non l’immuable.

La médecine chinoise est marquée par de multiples influences philosophiques. Parmi celles-ci, le taoïsme joue un rôle clé dans la compréhension de la nature. Le confucianisme, lui, sert de système moral et politique. Le mohisme apporte sa perspective en termes de logique et de désignation des noms. Quant au légisme, il est important pour les normes et la standardisation. À partir du XIe siècle, le néo-confucianisme émerge, fusionnant ou réagissant avec le taoïsme et le bouddhisme. Ces courants philosophiques façonnent la médecine chinoise, la rendant unique et complexe. La compréhension de la santé et de la maladie en médecine chinoise est profondément ancrée dans le contexte culturel et philosophique chinois.

Philosophie de la nature

La médecine chinoise s’inscrit dans une philosophie naturelle intrinsèque à la culture chinoise, caractérisée par des concepts clés : Tao, Qi, Yin et Yang et Wuxing.

Dans cette perspective, les phénomènes naturels ne sont que rarement le résultat de mécanismes causaux mécaniques. Ils sont plutôt compris comme des flux, des échos, ou des résonances résultant de l’influence à distance entre le monde (représenté par le Ciel et la Terre) et la société humaine. Le concept de zhi incarne l’idée d’un ordre naturel, en opposition au désordre (luan). Il implique également la gouvernance d’un pays et le traitement des maladies. L’approche consiste à harmoniser les actions humaines avec les cycles cosmiques, favorisant ainsi l’émergence d’une harmonie spontanée.

La médecine chinoise considère la notion de déséquilibre entre les carences et les excès comme fondamentale. Elle est perçue comme une médecine de prévention. Cette perception est due à son adaptation aux changements cycliques du monde. Ces changements se caractérisent par des fluctuations entre insuffisance et surplus. L’approche holistique est au cœur de cette médecine. Elle reconnaît l’importance de l’équilibre et de l’harmonie. Cet équilibre doit être maintenu dans le corps humain et dans l’univers. Cette approche favorise une compréhension unique de la santé et de la maladie dans la médecine chinoise.

Tao

Le terme « Tao » de la philosophie chinoise, représenté par le caractère 道 (dào), signifie « voie suprême » ou « chemin ». Il incarne la source primordiale de tout ce qui existe, une force fondamentale présente dans l’univers et au-delà de toute description. Le Tao est symbolisé par le taïjítú, représentant l’unité au-delà de la dualité du yin et yang. Il est au cœur du Tao Te King, attribué à Lao Tseu, où il a été élaboré et systématisé.

Le Tao est considéré comme la matrice initiale à partir de laquelle émerge le « qi » ou le souffle originel, précédant la dualité yin-yang. Il joue un rôle central dans les conceptions éthiques chinoises, souvent associées à la recherche d’un équilibre juste. L’individualité entre en communion avec le Tao par le « wuwei », le « non-agir ».

Le Tao est le concept clé du taoïsme, une philosophie et une voie spirituelle chinoise, mais il est également référencé dans le confucianisme, bien que généralement avec une connotation plus morale. Parfois traduit par « le principe », il est également présent dans de nombreuses pratiques et arts orientaux, avec le suffixe « dao », signifiant « l’art de ». Par exemple, « cha dao » signifie « l’art du thé » et « kongshoudao » ou « karaté-do » signifie « l’art de la main vide ».

Lao Tseu a souligné l’ineffabilité du Tao en déclarant « Le Tao qui peut être nommé n’est pas le Tao ». Le taoïsme, tout comme le confucianisme, a joué un rôle essentiel dans le développement des sciences chinoises.

Le mot « Tao » a une histoire complexe. Ses significations varient : « route », « doctrine », « expliquer ». Ces termes proviennent du Livre des odes, un texte chinois ancien. Cette diversité de sens illustre la richesse et la complexité de la philosophie chinoise. Dans cette philosophie, le concept de Tao est central. Il aide à comprendre le monde et la nature.

Qi

Le « ch’i » (chinois simplifié : 气 ; chinois traditionnel : 氣), également appelé « ki » en japonais, est un concept des cultures chinoise et japonaise. Il peut être traduit par « flux d’énergie naturelle ». Selon les adeptes du taoïsme et de la médecine traditionnelle chinoise, le ch’i est le principe fondamental qui forme et anime l’univers et la vie. Il est considéré comme étant à l’origine de l’univers et relie tous les êtres et les choses entre eux.

Le ch’i est décrit comme une substance subtile qui circule à l’intérieur du corps par des méridiens, se recoupant tous dans le « centre des énergies », appelé « champ du cinabre ». Il est présent dans toutes les manifestations de la nature.

La signification du ch’i est difficile à traduire car elle englobe différents aspects de la vie et de l’univers dans la cosmogonie chinoise. Il évolue également au fil des époques sous l’influence de différentes écoles de pensée.

Il préexiste à l’émergence du yin et du yang, les deux aspects du souffle, qui en se combinant permettent la formation de tous les êtres et objets de l’univers. Le ch’i est également associé à la polarité et aux cinq éléments, représentant cinq modes d’activité du souffle.

Dans la philosophie confucianiste, le ch’i est associé au principe structurant des êtres et des choses appelé « lǐ », qui régit la morale et les règles sociales idéales. Le ch’i joue un rôle central car la morale est directement liée au corps qui accueille la circulation du ch’i.

La médecine traditionnelle chinoise identifie trois zones de concentration du qi appelées « dāntián » :

  • L’inférieur, situé sous le nombril, lieu de fabrication du ch’i.
  • Le médian, au niveau du sternum, transforme le ch’i en souffle spirituel.
  • Le supérieur, entre les sourcils, transforme l’esprit en un souffle spirituel libre, conduisant à l’harmonie avec le cosmos.

Ying et Yang

Dans la philosophie chinoise, les concepts du Yin et du Yang sont essentiels. Ils aident à comprendre la vie et l’univers. Le Yin (陰) et le Yang (陽) sont deux forces complémentaires et opposées. Elles représentent la dualité dans le monde. Le Yin et le Yang ne sont pas des substances ou des énergies. Ils sont des concepts pour définir toute dualité. Le symbole du Yin et du Yang est le « tàijí tú ». Il est connu mondialement. Le Yin est en noir. Il représente le principe féminin, la lune, l’obscurité, la fraîcheur et la réceptivité En revanche, le Yang, représenté en blanc, incarne le principe masculin, le soleil, la luminosité, la chaleur, l’élan et l’action.

En médecine chinoise, le concept de Yin et de Yang est essentiel. Ils sont associés à des dualités telles que le froid et le chaud, le lent et le rapide, le calme et l’agité. Ces dualités sont considérées comme des paires Yin/Yang car elles se situent sur une même échelle de température, de vitesse, etc. L’équilibre dynamique entre le Yin et le Yang découle de l’alternance des phases de croissance et de décroissance de chacun de ces termes.

Après la révolution culturelle, de nouveaux manuels d’enseignement de la médecine chinoise ont été publiés. Ils ont décrit les interrelations du Yin et du Yang comme différents types de manifestations du changement, comprenant le contrôle par opposition, la dépendance mutuelle, l’équilibre de croissance-décroissance et la transformation mutuelle. Cependant, certains chercheurs ont remis en question la clarté de ces concepts.

Le Yin et le Yang ne peuvent exister qu’en relation l’un avec l’autre. Enfin, la transformation mutuelle fait référence à l’idée que le froid extrême peut se transformer en chaleur extrême, et vice versa.

Wuxing

Les « Wuxing, » aussi appelés Cinq Phases en chinois, représentent un élément clé de la cosmologie traditionnelle chinoise. Ces phases sont le feu, l’eau, le bois, le métal, et la terre. Elles ont vu le jour durant l’époque des Royaumes combattants. Elles ont formé la base d’un système de classification et de correspondances complexe. Intégrées aux concepts du Yin et du Yang et du Qi, elles ont grandement influencé l’évolution de la pensée chinoise.

Les cinq éléments sont généralement énumérés dans l’ordre suivant en chinois :

  1. 木, mù, signifiant « bois »
  2. 火, huǒ, signifiant « feu »
  3. 土, tǔ, signifiant « terre »
  4. 金, jīn, signifiant « métal »
  5. 水, shuǐ, signifiant « eau »

Selon le système intégré développé sous la dynastie des Han, tous les éléments de l’univers sont classés dans l’une de ces cinq catégories. Ces éléments interagissent entre eux selon deux cycles : le cycle de génération (ou engendrement) et le cycle de domination (ou destruction).

Cycle de génération (ou engendrement) :

  1. Le métal engendre l’eau.
  2. L’eau favorise la croissance du bois.
  3. Le bois alimente le feu.
  4. Le feu produit de la terre (cendre).
  5. La terre contient des minéraux, source du métal.

Cycle de domination (ou destruction) :

  1. Le métal peut couper le bois.
  2. Le bois peut percer la terre.
  3. La terre peut absorber l’eau.
  4. L’eau peut éteindre le feu.
  5. Le feu peut faire fondre le métal.

La relation d’engendrement ou de destruction entre les éléments A et B est basée sur la possibilité d’une action de A sur B. Celle-ci favorise ou empêche l’émergence de B ou d’une de ses propriétés distinctives. Toutefois, si l’élément dominant est faible et l’élément dominé est fort, cela peut entraîner une « relation d’outrage ». Alors, l’élément censé être dominant est en fait dominé par l’autre. En médecine chinoise traditionnelle, cette relation d’outrage est un indicateur de déséquilibres affectant la santé.

Le corps

Le corps humain, selon la vision chinoise, est un microcosme entre Ciel et Terre, reflétant l’architecture du monde. Cette croyance souligne l’importance de l’harmonie entre la structure sociale et la conformation de l’univers, avec une analogie entre divers savoirs. Les Chinois perçoivent la Terre comme carrée et le Ciel comme rond, symbolisant l’homme avec ses pieds carrés (Terre) et sa tête ronde (Ciel). L’ordre social, moral et cosmique dépend de cette harmonie.

En médecine chinoise, anatomie et physiologie sont intrinsèquement liées, miroitant les éléments de l’univers. Les organes humains sont comparables à des éléments cosmiques. Les vaisseaux sont semblables à des rivières et les os à des montagnes. Certains organes ont des liens avec les mouvements cosmiques et les souffles vitaux.

La santé dépend de la circulation du Qi (énergie vitale). Il existe trois types de Qi : énergie nourricière, énergie défensive et énergie ancestrale. Les méridiens d’acupuncture forment un réseau de canaux dans le corps. Ils sont les ancêtres de nos connaissances sur la circulation sanguine et le système nerveux.

En parallèle, le corps est vu à travers des systèmes numériques variés, reflétant une arithmétique cosmique. L’homme est une analogie de l’univers : quatre membres pour les saisons, douze articulations majeures pour les mois, et 360 articulations mineures pour les jours de l’année.

Cette perspective chinoise, comparée à l’Occident médiéval, est vue par certains comme une préfiguration de la chronobiologie et de la climatologie médicale. Des auteurs comme René Berthelot ont qualifié cette pensée d’astrobiologie. Les interprétations modernes tentent de relier ces croyances aux connaissances scientifiques actuelles, avec des parallèles dans la neuro-endocrinologie, la sexologie et la médecine environnementale.

La maladie

Dans l’ancienne Chine, la compréhension de la maladie reposait sur un pluralisme de principes, plutôt que sur l’exclusion. Les praticiens de la médecine traditionnelle chinoise interprétaient souvent les troubles comme des déséquilibres du Qi (souffle vital), se manifestant par des états de plénitude, de vide, ou de stagnation. Des facteurs externes, tels que des conditions climatiques, ou internes, comme les émotions, pouvaient causer ces déséquilibres. Ils considéraient également la maladie comme un déséquilibre Yin-Yang ou une dysharmonie des cinq mouvements.

Le diagnostic en médecine chinoise impliquait une approche holistique, se concentrant sur l’observation, l’écoute, l’interrogation et la palpation. Le praticien cherchait à identifier des symptômes spontanés de changement, examinant le teint, l’esprit, la respiration, et les orifices du corps. L’auscultation était remplacée par une écoute attentive des sons émis par le patient, et un examen olfactif complémentaire. L’interrogation précisait les symptômes, et la palpation de l’abdomen, des méridiens et des pouls fournissait des indices supplémentaires. La médecine chinoise reconnaissait une grande variété de pouls, chacun indiquant différentes conditions de santé.

La médecine chinoise accordait une attention particulière à l’enfant et à la femme, avec des méthodes d’examen adaptées aux normes éthiques et culturelles. Chez les femmes, l’examen se faisait parfois indirectement à l’aide d’une poupée médicale.

Le pronostic et la nosologie s’appuyaient sur le système de pa-kang, classant les symptômes en huit catégories basées sur des couples de contraires comme le yin/yang et le chaud/froid. Cette classification aidait à déterminer la gravité, la localisation, et la réactivité de la maladie. La médecine chinoise utilisait des métaphores comme celle de l’arbre pour illustrer que les symptômes visibles n’étaient que la partie émergente d’un problème plus profond.

Les éléments utilisés en MTC

La médecine chinoise repose sur des piliers thérapeutiques clés. La pharmacopée chinoise, incluant la phytothérapie, les minéraux et substances animales, est fondamentale, avec le Shennong bencao jing comme texte de référence. L’acupuncture et la moxibustion sont utilisées pour manipuler l’énergie vitale, ou Qi. La diététique joue un rôle crucial dans le maintien de la santé. Le massage traditionnel chinois (An Mo / Tui Na) et le Qi gong contribuent à équilibrer le Qi. Enfin, la gestion des émotions est essentielle pour l’équilibre global du corps et de l’esprit. Cette approche holistique intègre le corps, l’esprit et l’environnement pour promouvoir la santé et traiter les maladies.

An Mo / Tui Na

Le massage Tui Na, une spécialité de la médecine chinoise traditionnelle (MTC), se concentre sur les méridiens et les points d’acupuncture du corps. Le terme Tui Na, signifiant « pousser » (tui) et « saisir » (na), décrit les techniques utilisées pour disperser les blocages énergétiques ou stimuler l’énergie. Ce massage agit sur les zones réflexes pour tonifier et revitaliser l’organisme et l’esprit, visant à rééquilibrer les énergies.

Créé vers 1300 av. J.-C. à Luoyang, en Chine, le Tui Na repose sur l’équilibre yin (matière) et yang (énergie) du corps. La santé dépend de cet équilibre, perturbé par des blocages énergétiques le long des méridiens. Ces méridiens, semblables à des fleuves d’énergie, nourrissent le corps en qi et sang.

Le Tui Na utilise une variété de mouvements comme pousser, saisir, appuyer, et frotter, adaptés aux besoins spécifiques du patient. Le Tui Na est une des cinq branches clés de la Médecine Traditionnelle Chinoise (MTC). Cette pratique est souvent utilisée en association avec d’autres techniques comme l’acupuncture, la phytothérapie, la diététique, et le Qi Gong.

Le massage Tui Na ne se limite pas aux manipulations manuelles. Il intègre parfois des techniques MTC additionnelles, telles que les ventouses ou la moxibustion, pour corriger les déséquilibres énergétiques. Cette méthode est reconnue pour son approche holistique, ciblant le bien-être complet de la personne (corps, esprit, énergie) en se basant sur les principes fondamentaux de la MTC, tels que le Yin/Yang et les 5 éléments. Avec ses 50 techniques principales et plus de 300 sous-techniques, le Tui Na propose un traitement manuel sophistiqué et adapté à chaque individu.

Qi gong

Le Qi Gong, une gymnastique traditionnelle chinoise, associe mouvements lents, exercices respiratoires et concentration pour maîtriser le souffle, ou Qi. Ce terme signifie littéralement « réalisation ou accomplissement relatif au Qi ». Dérivant de la tradition taoïste et influençant la médecine chinoise traditionnelle, le Qi Gong intègre des pratiques de méditation, visualisation et guérison charismatique.

Les origines du Qi Gong remontent à la Chine antique, évoluant au fil des millénaires. Popularisé au 20ème siècle, le Qi Gong a été promu par Liu Guizhen. Le régime communiste l’a adopté comme thérapie populaire, contrairement à la médecine occidentale. Bien que réprimé pendant la révolution culturelle, il a retrouvé de l’intérêt dans les années 1970. Il est vu comme un moyen d’améliorer la santé publique.

Le Qi Gong se présente sous plusieurs formes. Ces formes incluent le Wu shu Kung-fu Shaolin, les huit pièces de brocart, et le Yi jin jing. Elles sont adaptées aux besoins spécifiques de chacun. Les effets allégués varient de la prévention et guérison de maladies à l’augmentation de la longévité et au développement personnel. Cette pratique vise à harmoniser le corps, la respiration et la conscience. Elle contribue à améliorer les fonctions vitales, à gérer le stress et les émotions, et à maintenir la souplesse et l’équilibre.

Le Qi Gong, considéré comme une méthode douce et accessible à tous, est recommandé pour divers objectifs de santé, allant du renforcement musculaire à l’amélioration du sommeil et des maladies chroniques. Il est toutefois conseillé aux personnes ayant des problèmes de santé spécifiques de consulter un médecin avant de s’y engager.

L’acuponcture, une pratique millénaire

L’acupuncture, issue de la tradition médicale chinoise, est souvent classée comme une pseudo-science. Cette méthode, basée sur la stimulation de zones spécifiques de l’épiderme nommées « points d’acupuncture », utilise principalement des aiguilles et parfois d’autres moyens physiques ou physico-chimiques. Des techniques alternatives comme l’apipuncture présentent plus de risques. Malgré sa longue histoire en Asie, l’efficacité de l’acupuncture n’est scientifiquement prouvée que comme un effet placebo.

Les fondements théoriques de l’acupuncture incluent les cinq éléments wu xing (bois, feu, terre, métal, eau) et les six énergies climatiques. Elle vise à équilibrer le yin et le yang, en se focalisant sur les méridiens et points du corps. Néanmoins, l’efficacité clinique de ces méthodes reste sujette à controverse.

Historiquement, bien qu’ancrée en Asie, l’acupuncture s’est répandue en Europe au XVIIe siècle et a été inscrite en 2010 par l’UNESCO au patrimoine culturel immatériel de l’humanité. Cependant, la plupart des études scientifiques ne confirment pas son efficacité au-delà de l’effet placebo. Les théories neuro-hormonales proposées pour expliquer son action restent minoritaires et non confirmées.

L’acupuncture comporte des risques liés à des pratiques inadéquates ou à un manque d’asepsie. Pour réduire ces risques, l’Occident privilégie l’utilisation d’aiguilles stériles à usage unique. En Chine, elle fait partie d’un cursus universitaire parallèle à la médecine moderne. En France, son exercice est légalement réservé à certains professionnels de santé.

Bien qu’utilisée en complément de traitements conventionnels, la place de l’acupuncture dans la médecine moderne fait débat. Des méthodes dérivées telles que l’acupression, le shiatsu ou le Tui-Na partagent des principes similaires. L’acupuncture au laser, plus moderne, suscite également des discussions sur son efficacité. Globalement, l’acupuncture reste un sujet de discussion dans le contexte de la médecine contemporaine.

La moxibustion

La moxibustion est une technique de stimulation par la chaleur des points d’acupuncture, utilisant le moxa, un objet chauffant traditionnellement fait d’armoise (Artemisia argyi). Le terme moxa dérive du japonais mogusa, signifiant « herbes brûlantes ».

Historiquement, la moxibustion, mentionnée dans le Huangdi Nei Jing, un ancien texte de médecine chinoise, remonte à l’ère des poinçons de pierre, précédant l’usage des aiguilles métalliques. Elle était également pratiquée dans le bouddhisme pour des rituels d’initiation. Sous la dynastie Ming, la moxibustion était couramment utilisée en conjonction avec l’acupuncture. Au XVIIe siècle, elle se popularise en Europe, appréciée pour ses vertus contre la goutte. Au XIXe siècle, la moxibustion était largement utilisée en France pour stimuler le système nerveux, notamment dans les maladies chroniques. Aujourd’hui, elle est principalement associée à la médecine chinoise, et a été inscrite au patrimoine culturel immatériel de l’humanité par l’UNESCO.

La méthode traditionnelle utilise l’armoise sous différentes formes : cigares de moxibustion, petits cônes, ou boulettes. La technique vise à activer et faire circuler le Qi (énergie) et le sang dans les méridiens. La moxibustion est réputée pour soulager divers maux, tels que les douleurs musculaires, les troubles digestifs, respiratoires, ou encore certains problèmes de peau.

Une séance de moxibustion, souvent pratiquée en hiver pour renforcer les défenses immunitaires, peut se faire seule ou en complément de l’acupuncture. Elle est indolore, la chaleur pénétrant en profondeur tout en restant tiède. Le praticien évalue la sensibilité du patient et peut même conseiller l’utilisation de moxas à domicile.

À titre préventif, il est recommandé de stimuler régulièrement la zone des lombaires avec une ceinture à moxa et le point 36 E (Zu San Li) pour redonner de l’énergie. Toutefois, pour les pathologies spécifiques, il est conseillé de consulter un professionnel qualifié.

La Pharmacopée Chinoise

La Pharmacopée Chinoise, considérée comme un trésor national en Chine, est la première approche choisie dans la médecine traditionnelle chinoise (MTC). Riche d’une expérience de plus de 3 000 ans, elle inclut environ 300 produits couramment utilisés parmi des milliers disponibles.

L’Occident a principalement découvert la MTC à travers l’acupuncture et le Massage TuiNa, mais la Pharmacopée Chinoise est bien plus que cela. Elle incarne la relation intime entretenue par les Sages chinois avec la Nature, à travers laquelle ils ont exploré les bienfaits offerts par la Terre.

Cette pharmacopée s’appuie sur le principe énergétique que tout dans l’Univers est Énergie. Chaque matière première est vue comme une entité énergétique unique, et leur association vise à équilibrer les niveaux énergétiques de l’Homme et à harmoniser son intégration dans l’Univers.

Les Maîtres ont classé chaque produit selon des critères spécifiques comme la Saveur, la Nature ou le Tropisme. Leurs analyses se basaient également sur la structure, le lieu de pousse, l’assimilation, et parfois même la forme ou la couleur des produits.

En Pharmacopée Chinoise, on traite spécifiquement les produits. On peut les utiliser bruts ou après traitement pour optimiser ou réduire leurs effets, les rendre plus digestibles, et faciliter leur utilisation et conservation. On combine ces produits pour créer des effets thérapeutiques spécifiques, sous différentes formes telles que décoctions, poudres, pâtes, liqueurs, et infusions.

La classification des plantes en MTC s’appuie sur des éléments clés. Parmi eux, les Quatre Natures (Si Qi), les Saveurs, et les Méridiens sont essentiels. Cette méthode inclut aussi les Six Excès (Li Yin) et les Sept Sentiments (Qi Qing). L’approche est holistique : elle considère divers facteurs. Ces facteurs englobent les conditions climatiques et émotionnelles, ainsi que les maladies épidémiques. De plus, l’alimentation, le travail, l’inactivité, et les traumatismes jouent un rôle. Ainsi, la pharmacopée chinoise est une pratique médicale à la fois complexe et intégrée.

Règles des prescriptions

Les procédés de préparation en Pharmacopée Chinoise vont au-delà de la simple conservation et facilitation d’utilisation, comme c’est souvent le cas en Occident. En Chine, ces méthodes visent spécifiquement à révéler et moduler les propriétés des ingrédients, en sélectionnant et ajustant leurs effets, les amplifiant ou les réduisant, tout en éliminant les effets indésirables. Par exemple, le Rhizoma Cyperi (Xiang Fu) démontre l’importance de ces méthodes. Lorsqu’il est cuit dans du vinaigre, Xiang Fu aide au drainage du Foie et réduit les douleurs. Cuit avec du jus de gingembre, il agit sur les stagnations d’Humidité. Si cuit avec du vin, il pénètre les Méridiens, tandis que cuit avec du sel, il humidifie la Sécheresse du sang. Enfin, cuit avec du charbon de bois, il est utilisé pour arrêter les saignements utérins.

Objectifs visés

La Pharmacopée Chinoise vise divers objectifs à travers la préparation minutieuse de ses remèdes. Ces objectifs comprennent:

  • Nettoyage et Conditionnement: Éliminer les impuretés et les parties inutiles des plantes. Cela inclut le lavage, l’immersion pour retirer la terre, la division de gros morceaux, et le découpage en petits morceaux des parties dures. On écarte aussi les éléments abîmés ou inutiles, comme l’écorce pour certaines plantes.
  • Activation et Assimilation: Broyer et réduire en poudre fine pour une meilleure assimilation, surtout pour les minéraux, coquillages, carapaces et écailles d’animaux.
  • Conservation: Le séchage peut se faire à l’ombre, au soleil, ou par la chaleur d’un feu doux, adapté notamment pour les fleurs et les insectes. Le stockage se fait dans des endroits froids, sombres et secs.
  • Élimination des Odeurs: Des méthodes comme la cuisson avec du son de blé peuvent être utilisées pour supprimer les odeurs désagréables.
  • Réduction de la Toxicité: Diminuer les effets toxiques et les effets secondaires. Par exemple, préparer Rhizoma Pinelliae avec du jus de gingembre pour réduire l’irritation de la gorge, ou utiliser des procédés de lavage pour diminuer la toxicité de Radix Aconiti.
  • Modification des Propriétés: Changer les caractéristiques des médicaments pour ajuster leur action thérapeutique. Par exemple, Radix Rehmanniae peut être transformée pour passer de froide à chaude, modifiant ainsi son usage de clarificateur de chaleur à tonique nourrissant.
  • Optimisation Thérapeutique: Choisir le mode de préparation pour maximiser l’efficacité thérapeutique. Cela permet de libérer mieux les principes actifs ou de renforcer l’action du produit. Par exemple, le vinaigre peut augmenter l’efficacité des alcaloïdes de Rhizoma Corydalis. De même, la préparation de Rhizoma Pinelliae avec du gingembre accroît son action anti-vomitive.

Préparation des remèdes

Les procédés de préparation en Pharmacopée Chinoise sont divers et adaptés à chaque produit, pouvant impliquer l’eau, la chaleur, ou une combinaison des deux. Voici quelques exemples clés :

  1. Grillage à Haute Température (Wei): Envelopper le produit dans du papier mouillé, de la pâte ou de l’argile et le chauffer jusqu’à carbonisation de l’enveloppe. Utilisé pour éliminer les huiles des drogues et modérer leur action sur le transit intestinal, comme avec Radix Saussureae.
  2. Braisage (Zhi): Cuisson longue du produit avec des adjuvants pour modifier ses caractéristiques, renforcer les actions désirées et diminuer les effets secondaires.
  3. Adjuvants Communs:
  4. Miel: Utilisé pour améliorer le pouvoir tonifiant de Radix Astragali et Radix Glycyrrhizae, ainsi que l’action antitussive de Radix Stemonae et Flos Farfarae.
    • Vin Chinois: Augmente l’action de Rhizoma Ligustici wallichii sur la circulation sanguine et réduit l’effet émétique de Radix Dichroae.
    • Vinaigre: Améliore l’efficacité de Rhizoma Cyperi dans le drainage du Foie et la réduction des douleurs.
    • Eau Salée: Aide Cortex Eucommiae et Rhizoma Anemarrhenae à mieux tonifier le Rein.
    • Jus de Gingembre: Renforce l’action de Rhizoma Cyperi sur les stagnations d’Humidité.

Ces méthodes de préparation sophistiquées démontrent l’approche holistique et détaillée de la pharmacopée chinoise dans la manipulation et l’utilisation des remèdes naturels.

Les principales propriétés recherchées

La Pharmacopée Chinoise classe ses éléments selon des propriétés uniques. Ces propriétés se divisent en quatre groupes principaux.

  • Premièrement, les Quatre Tempéraments (Si Xing), qui s’alignent sur les Huit Règles (Ba Gang) du diagnostic. Ces tempéraments sont : Froid (Han), Frais (Liang), Chaud/Chaleur (Re), et Tiède/Tiédeur (Wen). Par exemple, on catégorise la Radix Coptidis (Huang Lian) comme froide. Elle clarifie la Chaleur et libère le poison (Qing Re Jie Du).
  • Les Cinq Saveurs (Wu Wei): Comprenant piquant, doux, amère, acide, salé, et neutre, chaque saveur a des effets spécifiques. Par exemple, la saveur piquante disperse le Qi et le sang, tandis que la saveur douce tonifie et harmonise le Réchauffeur Moyen.
  • Tendances Directionnelles: Classifiant les symptômes en fonction de leur direction naturelle dans l’organisme, telles que l’élévation (vomissements) ou l’abaissement (diarrhée). Quatre tendances principales sont identifiées : Ascendante, Descendante, Vers la Surface, et Vers l’Interne. La préparation des composants peut modifier ces tendances, comme la cuisson avec du vin favorisant l’élévation.
  • Lieux d’Action Privilégiés: Reliant les symptômes à des viscères spécifiques et à leurs méridiens correspondants. Par exemple, la diarrhée se lie à la Rate. Les composants agissent selon leur tempérament, saveur, tendance directionnelle et méridien cible.

Ces catégorisations reflètent la complexité et la richesse de la médecine chinoise, offrant une compréhension holistique et détaillée des propriétés et des effets thérapeutiques des composants médicamenteux.

Les composants

La Pharmacopée Chinoise divise ses éléments en trois catégories de toxicité, d’après le « Shen Nong Ben Cao ». La catégorie supérieure comprend des composants non toxiques et tonifiants. La catégorie intermédiaire inclut des éléments peu toxiques, utilisés pour traiter les déficiences. Enfin, la catégorie inférieure regroupe des substances toxiques, destinées à des traitements rapides et puissants. La compréhension de la toxicité est cruciale pour une sélection et un dosage sécurisés des médicaments, par des préparations ou associations qui réduisent les effets indésirables.

En pharmacopée chinoise, les associations de médicaments suivent les Sept Modalités (Qi Qing). Elles comprennent l’usage d’un seul composant (Dang Xing), la synergie (Xiang Xu), l’assistance (Xiang Shi), la neutralisation (Xiang Sha), la crainte (Xiang Wei), l’opposition (Xiang Wu), et l’incompatibilité (Xiang Fan). Par exemple, la synergie augmente l’effet de composants similaires, tandis que l’assistance renforce l’action d’un composant principal par des assistants.

La neutralisation permet de diminuer la toxicité, comme le Rhizoma Zingiberis recens (Sheng Jiang) qui réduit la toxicité du Rhizoma Pinelliae recens (Sheng Ban Xia). En opposition, l’incompatibilité entre deux composants peut créer un mélange toxique. Par exemple, Semen Raphani (Lai Fu Zi) diminue l’action du Radix Ginseng (Ren Shen).

La Pharmacopée Chinoise, avec ses procédés de préparation complexes et ses associations médicamenteuses détaillées, reflète une approche holistique et sophistiquée de la médecine, valorisant la compréhension profonde des propriétés et interactions des composants naturels pour le traitement des maladies.

Remèdes et phytothérapie

La Pharmacopée Chinoise utilise des plantes, minéraux et parties animales dans des formules complexes, où chaque ingrédient joue un rôle spécifique pour traiter le syndrome du patient. Les formules traditionnelles sont conçues pour une correspondance précise avec l’état global du patient, minimisant ainsi les effets secondaires. On contrôle la toxicité des ingrédients lors de la préparation des remèdes, assurant une utilisation sûre. Cette approche souligne l’importance d’une prescription bien établie pour éviter les incompatibilités entre plantes et garantir l’efficacité du traitement sans effets indésirables.

Etablir une formule

Dans la Pharmacopée Chinoise, la composition d’une formule est une science précise, où chaque ingrédient a un rôle spécifique et suit une hiérarchie établie. Les composants sont classés en Empereur (Jun), Ministre (Chen), Assistant (Zuo), et Ambassadeur (Shi). L’Empereur est l’élément principal, traitant l’aspect fondamental de la pathologie avec le plus haut dosage. Le Ministre complète l’Empereur, ciblant un aspect spécifique de la maladie. L’Assistant renforce ou spécialise les effets de l’Empereur et du Ministre, ou modère leur toxicité et effets secondaires. Enfin, l’Ambassadeur dirige les effets thérapeutiques vers une zone ciblée et harmonise la formule. La composition varie selon les besoins, avec des formules contenant plusieurs Empereurs ou Ministres et divers Assistants.

La classification des formules en Médecine Traditionnelle Chinoise est diverse. Elle inclut des formules pour libérer le biao, clarifier la Chaleur, réchauffer l’intérieur, transformer les Mucosités, traiter la toux et l’asthme, et plus encore. Des formules spécifiques sont conçues pour mobiliser le Sang, arrêter les saignements, et harmoniser. En gynécologie, des formules dédiées sont employées. Elles servent aussi à calmer l’Esprit, traiter la Sécheresse, tonifier le qi, le Sang, le yang, et le yin, ainsi qu’à éliminer les parasites.

Parmi les formules historiques, le Gui Zhi Tang se distingue. Tiré du « Shanghan Lun » (Traité des attaques du froid), ce texte fut écrit au début du IIIe siècle par Zhang Zhongjing. Reconnu comme l’un des quatre classiques fondamentaux de la médecine chinoise, il démontre la complexité et la nuance de cette pharmacopée traditionnelle.

Shang Han Lun

Le Shang Han Lun, texte clé de la médecine chinoise, a vu sa rédaction par Zhang Ji. L’ouvrage se concentre sur les maladies d’origine externe. Il aborde leur étiologie, diagnostic, évolution et traitement. Il est célèbre pour avoir introduit 287 formules médicinales toujours en usage, marquant une avancée significative en associant théorie et pratique clinique. Cette œuvre est un pilier de la formation médicale en Chine, essentielle pour tout étudiant en médecine chinoise.

Zhang Ji a développé une théorie selon laquelle les maladies externes progressent à travers six étapes distinctes : Tai Yang, Yang Ming, Shao Yang, Tai Yin, Shao Yin, et Jue Yin. Chaque étape est caractérisée par des syndromes spécifiques, identifiables par des signes et symptômes uniques, permettant un diagnostic précis.

Les trois premières étapes, nommées San Yang, concernent les six Organes-Yang. Elles se rapportent à des maladies plus superficielles. À l’opposé, les trois dernières étapesTai Yin, Shao Yin, et Jue Yin (les Trois Yin) — touchent les cinq Organes-Yin. Ces étapes suggèrent une maladie plus profonde. Zhang Ji a noté que les symptômes varient. Cette variation dépend de la force du facteur pathogène externe par rapport au Zheng Qi (l’énergie vitale correcte). Elle dépend aussi de la profondeur de pénétration de la maladie dans l’organisme.

Dans les étapes Yang, où le Zheng Qi est fort mais confronté à un facteur pathogène externe dominant, on observe des symptômes d’excès et de chaleur. À l’inverse, dans les étapes Yin, le déclin du Zheng Qi mène à des symptômes de froid et de déficience. Le traitement vise alors à éliminer le facteur pathogène ou à renforcer le Zheng Qi, selon le cas.

Au cours de la Dynastie Song, on a remis en question le Shang Han Lun en raison de nombreuses épidémies mortelles, attribuées aux migrations et à l’augmentation des échanges commerciaux. Cette période a vu l’émergence de la théorie du Wen Bing, proposant une approche différente de la maladie.

Wen Yi Lun ou Wen Bing

Wu Youxing développe la théorie du Wen Bing dans son œuvre de 1642, le « Wen Yi Lun ». Cette théorie remet en question l’idée que les maladies sont dues à des changements climatiques. À la place, Wu Youxing se concentre sur des « Qi pestilentiels » invisibles dans l’environnement. Ces Qi, variés et virulents, se transmettent rapidement et indistinctement de l’âge ou de la santé des individus.

Wu a déterminé quatre étapes clés dans la progression des maladies dans le corps. Elles vont de la surface vers la profondeur, englobant la Couche de la Protection/Défense (Wei Qi Fen), la Couche du Qi (Qi Fen), la Couche du Qi nourricier (Ying Fen), et enfin la Couche du Sang (Xue Fen)Chaque couche se caractérise par des syndromes spécifiques, reflétant le degré de pénétration de la maladie.

La théorie du Wen Bing se distingue du Shang Han Lun en se focalisant sur la pénétration de la maladie dans le corps. Contrairement à la médecine occidentale, qui cible des agents pathogènes spécifiques, la médecine chinoise analyse la réaction générale de l’organisme. Elle regroupe les symptômes pour un diagnostic et un traitement adapté, et pour prédire l’évolution de la maladie. Cette approche permet de contrôler l’avancée de la maladie, en utilisant parfois des méthodes de refroidissement pour empêcher son aggravation.

Les plantes de la Pharmacopée Chinoise utilisées en Europe

La médecine traditionnelle chinoise (MTC), avec ses deux mille ans d’histoire, a évolué à travers les contributions de la pharmacopée chinoise et les influences des cultures arabo-persane, européenne et américaine. Depuis les années 2000, un projet franco-chinois a intégré cinquante plantes chinoises dans la pharmacopée française. En outre, environ soixante plantes figurent dans la Pharmacopée européenne.

Diverses pharmacopées chinoises historiques ont joué un rôle clé dans le développement de la MTC. Des œuvres comme le « Livre de matière médicale » de Shennong ont été cruciales. La dernière édition anglaise de la Pharmacopée officielle de la République populaire de Chine (PPRC), publiée en 2015, se divise en quatre volumes. Ils traitent de la Materia Medica chinoise, des produits pharmaceutiques conventionnels, des produits biologiques, et incluent diverses annexes.

Le premier volume de la PPRC inclut 2598 monographies de médicaments à ingrédient unique. Ces médicaments proviennent de sources végétales, fongiques, animales ou minérales. Dès 2005, la Commission de la Pharmacopée européenne a entamé l’élaboration de normes de qualité modernes pour ces médicaments, assurant ainsi leur sécurité et qualité pharmaceutique.

Publié en janvier 2020, le supplément 10.2 de la Pharmacopée européenne liste 73 drogues végétales chinoises, détaillant leurs noms botaniques et pinyin. Pour faciliter le contrôle de qualité, la Commission a autorisé les évaluations semi-quantitatives HPTLC comme alternative aux dosages LC pour les médicaments traditionnels chinois.

Certaines plantes utilisées en MTC, également courantes en phytothérapie européenne, étaient déjà incluses dans la Ph. Eur., comme le ginseng, la cannelle de Chine, le gingembre, la rhubarbe de Chine, la réglisse et la badiane. Ces intégrations illustrent la convergence et l’adoption croissantes des pratiques de la MTC dans le cadre de la médecine traditionnelle et moderne.

Cas des Aristoloches

La falsification involontaire d’Aristoloches est un problème de santé publique sérieux.

Dans les années 1990, un grave incident de santé publique a éclaté en Belgique et en Europe. De nombreuses femmes ont souffert d’insuffisance rénale terminale après avoir pris des produits amaigrissants. Ces produits, supposés contenir Magnolia officinalis et Stephania tetrandra, contenaient en réalité Aristolochia fangchi par erreur, en raison de la similarité des noms chinois.

Depuis 2005, la Pharmacopée européenne s’attache à étudier les plantes de la Médecine Traditionnelle Chinoise (MTC). Elle a notamment élaboré une monographie pour la racine de Stephania, insistant sur l’absence d’acide aristolochique. Des recherches ont révélé une mutation génétique provoquée par l’acide aristolochique, un constituant de l’aristolochia, plante médicinale chinoise extrêmement toxique.

Cette découverte met en évidence le danger de l’aristolochia. Utilisée depuis longtemps en Asie, et toujours en vente en Chine, elle expose à de graves risques rénaux et à des cancers de la vessie. L’acide aristolochique, connu pour ses propriétés cancérigènes, est lié à des cancers des voies urinaires. Ces cancers sont souvent, à tort, attribués à d’autres causes.

En France, l’ANSM met en garde contre la consommation de préparations à base de plantes exotiques non réglementées. De nombreux pays, France y compris, interdisent la plante Aristoloche pour sa toxicité.

L’aristoloche clématite (Aristolochia clematitis), connue historiquement pour son usage dans l’accouchement, contient des dérivés phénanthréniques nitrés (acides aristolochiques). Ces composés sont néphrotoxiques, mutagènes et cancérogènes. L’ingestion prolongée d’Aristolochia fangchi, souvent confondue avec d’autres plantes, a provoqué des intoxications sévères, des insuffisances rénales et des carcinomes urothéliaux. Depuis 2001, la préparation et la vente de produits contenant des Aristolochiaceae ou des substances similaires sont interdites.

Sources

  • https://dumas.ccsd.cnrs.fr/dumas-01044517v1/document
  • https://theses.hal.science/tel-00643428v1/file/1-text.pdf
  • https://dumas.ccsd.cnrs.fr/dumas-01814801v1/file/2018GREA7015_traversaz_manon_dif.pdf
  • https://fr.wikipedia.org/wiki/M%C3%A9decine_Kampo
  • https://fr.wikipedia.org/wiki/M%C3%A9decine_traditionnelle_chinoise
  • https://fmtc.fr/home/mtc/
  • https://www.pharmacopeechinoise.com/
  • http://www.ethnopharmacologia.org/definition/les-pharmacopees-du-monde/les-plantes-de-la-mtc-inscrites-a-la-pharmacopee-europeenne/#:~:text=Les%20principales%20sont%20la%20racine,la%20badiane%20(Illicum%20verum).
  • https://www.economie.gouv.fr/files/directions_services/dgccrf/securite/produits_alimentaires/Complement_alimentaire/colloque14oct2011/Expo_Alain_Nicolas.pdf
  • Cours de Licence Professionnelle CSHPSP « Notions de pharmacologie en médecine traditionnelle chinoise »

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