Le Curcuma, racine prodigieuse aux nombreux bienfaits

Matière médicale, plante tinctoriale mais aussi épice, le curcuma prodigue ses bienfaits aux hommes depuis 3 000 ans. Cette plante vivace, dont certains spécimens ornent de nos jours les boutiques des fleuristes, est surtout connue pour ses parties souterraines qui, à la manière du gingembre, sont en effet constituées de rhizomes.

Qu’est ce que le curcuma ?

Le curcuma est une plante vivace herbacée pouvant atteindre jusqu’à un mètre de haut. Elle est caractérisée par ses rhizomes aromatiques de couleur jaune-orange et ses larges feuilles oblongues ou elliptiques, pouvant mesurer jusqu’à 50 cm de long.

Cette plante se développe bien dans les sols bien drainés, nécessitant un fort ensoleillement et un sol fertile. Elle est typique des régions à mousson et des forêts de feuillus.

Les cultivateurs distinguent la partie centrale du rhizome, dite curcuma-mère, des « doigts » qui en émanent. Le curcuma-mère est privilégié pour ses vertus médicinales, tandis que les « doigts » sont plus utilisés en cuisine. Le nom « curcuma » vient du sanskrit « kunkuma, ranjani », signifiant « ce qui donne la couleur ». En anglais, « turmeric » provient du français « terre mérite » (du latin « terra merita »), évoquant les grandes vertus de la racine.

Appartenant au règne végétal et à la famille des Zingiberaceae, le Curcuma longa L. se caractérise par une tige courte et de longues feuilles engainantes. Ses fleurs, généralement jaunes, forment un épi de 10 à 15 cm de long.

Le rhizome est la partie utilisée de la plante. Il se compose de « ampoules » ou curcuma rond (rhizome primaire) et de « doigts » (rhizomes secondaires), de couleur jaunâtre à brun-jaunâtre à l’extérieur et jaune ou jaune-orange à l’intérieur. Leur odeur est aromatique et leur goût chaud et légèrement amer. La teneur en curcumine du rhizome est relativement faible, représentant seulement 1,11 % des composants.

Les feuilles du curcuma, vert foncé au-dessus et vert clair en dessous, possèdent une nervure axiale puissante. L’inflorescence se compose d’un épi cylindrique de bractées vert foncé et stériles. Les fleurs, blanches ou jaunâtres, sont ornées d’un calice tubulaire et d’une corolle à trois lobes jaunes. Le fruit, une capsule à trois loges, contient de nombreuses graines arillées.

Un peu d’histoire

Le curcuma, connu depuis l’Antiquité, a été décrit par Dioscoride. Au XVIIe siècle, Lémery valorisait le curcuma pour ses effets digestifs et diurétiques et son utilité dans le traitement de la jaunisse et des lithiases. Courant XIXe siècle, on a continué à l’employer comme stimulant hépatique et tonique digestif. Au XXe siècle, Henri Leclerc, médecin français, a reconnu ces mêmes vertus thérapeutiques.

Le Curcuma longa, originaire du Sud ou du Sud-Est de l’Asie, est le fruit de sélections successives. Les sélections approfondies remettent en question l’existence d’une espèce sauvage, étayée par des données génétiques. En Inde, dans le sous-genre Curcuma, il existe une grande diversité génétique, avec des nombres de chromosomes allant de 42 à 63.

Le curcuma est cultivé en Inde depuis l’Antiquité, mentionné dans des textes sanskrits comme l’Atharva-Véda. Il était connu en Chine avant le VIIe siècle et est décrit dans divers traités de médecine. En Occident, il est introduit dès l’Antiquité et largement importé au XVIIIe siècle pour ses propriétés tinctoriales et médicinales.

En Polynésie française, on l’associe à des rituels de plantation. À la Réunion, on l’introduit au XIXe siècle. Marco Polo mentionne le transport du curcuma entre la Chine et l’Inde au XIIIe siècle. Les commerçants arabes l’ont ensuite introduit en Europe.

L’origine exacte du curcuma reste incertaine, mais on pense qu’il est originaire d’Inde. Il a été utilisé en Asie, en Afrique et au Moyen-Orient depuis plus de 4000 ans, non seulement comme épice mais aussi dans la coloration alimentaire, les cosmétiques, les teintures et la médecine. Sa mention dans le PEN-TSAO chinois vers 2600 av. J.-C. suggère un usage ancien pour traiter les douleurs rhumatoïdes.

En Grèce antique, Dioscoride le décrit comme kupeiros ex India, suggérant des propriétés similaires au safran. Nicolas Lémery, au XVIIIe siècle, louait ses vertus apéritives et détersives.

Quelles sont les principales propriétés pharmacologiques du rhizome de Curcuma ?

Le rhizome de curcuma est riche en curcuminoïdes, avec la curcumine comme composant principal. Ces substances ont des propriétés antioxydantes et anti-inflammatoires notables. En laboratoire, la curcumine a la capacité de bloquer la multiplication de cellules cancéreuses. Cependant, en raison de sa faible absorption intestinale, les concentrations sanguines nécessaires ne peuvent pas être atteintes par voie orale.

Des recherches indiquent que la pipérine, un composé du poivre, augmente l’absorption de la curcumine. Toutefois, elle peut aussi augmenter la perméabilité intestinale, ce qui présente des risques pour la santé. Récemment, on a développé de nouvelles formes de curcuma. On peut citer les nanoparticules et les phospholipides, qui seraient théoriquement mieux absorbées. Néanmoins, il manque des données cliniques sur leur efficacité et leur potentielle toxicité.

Propriétés anti-inflammatoires

De nombreux composés du curcuma, notamment les curcuminoïdes tels que la curcumine, présentent des effets anti-inflammatoires et antalgiques. Le germacrone (un sesquiterpène des huiles volatiles) est également significatif. Ces effets sont observés tant in vitro qu’in vivo, contre des inflammations aiguës ou chroniques, avec une documentation abondante en rhumatologie.

Le mécanisme principal implique la diminution de la sécrétion des prostaglandines. En cas d’inflammation, le curcuma inhibe la trypsine et la hyaluronidase, cruciales dans certains états inflammatoires, en particulier articulaires.

Des études humaines ont exploré les effets du curcuma dans divers contextes : inflammation postopératoire, cicatrisation, prévention de la résorption osseuse, récupération après traumatisme médullaire, et protection pulmonaire. L’alpha-1 glycoprotéine acide (AGP), un marqueur de l’inflammation, est régulée par divers médiateurs dont les cytokines. La curcumine se lie à l’AGP, indiquant ses effets anti-cancer et anti-inflammatoires.

Parmi les curcuminoïdes, la curcumine est l’agent anti-inflammatoire le plus puissant. Des analogues semisynthétiques du curcuma, comme le curcuminate de sodium et la tétrahydrocurcumine, ont montré une forte activité anti-inflammatoire. Des substituants sur le cycle phényle sont essentiels à cette activité. Les substituants en position para sont particulièrement importants, avec les groupes phénoliques en para augmentant significativement l’efficacité anti-inflammatoire.

Les composés diméthylés sont plus puissants que leurs analogues non diméthylés. Les composés avec un cycle cycloalcanone, tels que la cyclovalone et ses analogues, inhibent la cyclooxygénase et sont plus efficaces que la curcumine. L’ajout de groupes méthyle sur le cycle phényle augmente également l’activité anti-inflammatoire.

Propriétés immunomodulantes et anticancéreuses

Le curcuma favorise la phagocytose, active les cellules tueuses (NK) et stimule la production d’immunoglobulines de type G (Ig G). Il inhibe également l’intégrase du VIH-1, clé dans l’interaction du génome viral avec l’ADN cellulaire. Le curcuma possède également des propriétés antimicrobiennes, antifongiques et antiparasitaires. Notamment, la curcumine favorise in vitro l’élimination de M. tuberculosis par les macrophages. Elle est notamment efficace sur Trichomonas vaginilis.

La curcumine possède des propriétés anticancéreuses reconnues, notamment contre les cancers des ovaires, de la peau, de l’œsophage, du côlon et des cellules lymphomateuses. Des essais cliniques ont exploré son utilité dans le traitement avancé du cancer et les soins d’accompagnement, malgré sa faible biodisponibilité. Elle a également révélé des effets positifs sur les effets secondaires du traitement du cancer, tels que la neurotoxicité et la cardiotoxicité.

Elle cible directement les récepteurs de la famille ErbB, qui jouent un rôle dans la prolifération cellulaire et les processus tumoraux. La curcumine inhibe la phosphorylation de l’ATP dans ces récepteurs, réduisant ainsi la prolifération cellulaire. Elle agit également sur les voies de signalisation Ras-Raf-MAPK et PI3K-Akt, impliquées dans la régulation cellulaire.

La curcumine active l’expression de protéines comme pRB et p53, qui inhibent le cycle cellulaire. Cette action bloque la réplication des cellules cancéreuses. Elle agit aussi sur la protéine p53, réduisant la résistance à l’apoptose, et diminue l’angiogenèse et le développement des métastases en dégradant le récepteur ErbB-1.

En outre, la curcumine influence les protéines kinases C (PKC), favorisant l’apoptose et entravant la formation de nouveaux vaisseaux sanguins. Elle interagit aussi directement avec l’enzyme COX-2, responsable de la production de prostaglandines, ce qui diminue l’inflammation dans les tissus tumoraux.

Enfin, la curcumine influe sur l’épigénétique, modifiant la transcription de l’ADN et favorisant l’apoptose dans les cellules cancéreuses. Elle améliore la différenciation cellulaire, ciblant des voies comme PI3-AKT et PPAR, et confirme ainsi ses effets anti-cancéreux en régulant le cycle des cellules cancéreuses.

Propriétés hépatoprotectrice et gastro-intestinales

En cas d’agression hépatique, la curcumine joue un rôle protecteur en activant les systèmes enzymatiques antioxydants du foie, tels que la superoxyde dismutase, la catalase, la glutathion peroxydase et la transférase.

Concernant ses propriétés gastro-intestinales, une administration quotidienne de curcuma entraîne :

  • Au niveau de l’estomac : augmentation de la sécrétion de gastrine, inhibition de la formation d’ulcère (induite par l’alcool, l’indométacine, etc.), et inhibition d’Helicobacter pylori.
  • Au niveau de la vésicule : action cholérétique, cholagogue et prévention de la lithiase biliaire.
  • Au niveau du pancréas : augmentation de l’activité des lipases et amylases pancréatiques, de la trypsine et de la chymotrypsine.
  • Au niveau du tractus gastro-intestinal : effet anti-inflammatoire sur la muqueuse intestinale. In vitro, la curcumine réduit la réponse inflammatoire intestinale, diminuant le stress du réticulum et protégeant ainsi l’intestin contre l’invasion bactérienne. Dans un modèle animal de MICI, l’administration orale de curcuma diminue l’interleukine-23 (IL-23) et la myéloperoxydase (MPO). La déméthoxycurcumine inhibe l’induction de la iNOS dans un modèle in vitro d’inflammation intestinale. La curcumine régule également les fonctions barrière de l’intestin.

Une étude iranienne de 2019 a montré que l’extrait de curcuma résiste bien au suc gastrique et intestinal humain, mieux qu’un prébiotique standard. Des probiotiques tels que le Lactobacillus rhamnosus GG (LGG) et le Bifidobacterium animalis BB12 digèrent cet extrait. Il favorise aussi leur croissance, même après 72 heures. De plus, le curcuma diminue la production d’interleukine-8 (IL-8), résultant de l’action du lipopolysaccaride (LPS). Cela met en évidence son activité anti-inflammatoire.

Protection cardiovasculaire

Le curcuma, grâce à son action antioxydante, est un protecteur efficace contre la peroxydation lipidique. Il réduit la peroxydation induite par des substances chimiques comme le tétrachlorure de carbone, le paraquat et le cyclophosphamide. Cette propriété lui permet de ralentir le processus athéromateux dans le système artériel, en diminuant les dépôts lipidiques aortiques et les lipides peroxydés sanguins. Il favorise également l’efflux de cholestérol des cellules spumeuses.

En tant que protecteur myocardique et vasculaire, un extrait hexanolique standardisé de curcuma a démontré sa capacité à limiter les lésions cardiaques post-ischémie/reperfusion, réduisant l’inflammation. Via un mécanisme épigénétique, la curcumine aide à prévenir les accidents vasculaires cérébraux (AVC).

Le curcuma a également un effet hypolipémiant notable. Il est hypocholestérolémiant, abaissant le cholestérol LDL et l’ApoB, tout en augmentant le cholestérol HDL et l’ApoA. Il diminue aussi l’absorption intestinale du cholestérol et restaure les voies métaboliques dans un modèle dyslipidémique.

Ses propriétés métaboliques sont également marquées. Les polyphénols du curcuma réduisent la réponse inflammatoire des cellules adipeuses, améliorant ainsi la réponse métabolique. In vitro, la curcumine et ses dérivés inhibent l’absorption du fructose, en agissant sur les transporteurs de glucose GLUT2 et GLUT5.

Propriétés neuroprotectrices, anti-neurodégénératives et neuropsychiques

Une revue de littérature scientifique de 2018 indique que Curcuma longa augmente les niveaux des antioxydants et abaisse ceux des oxydants, tout en inhibant l’activité de l’acétylcholinestérase dans le système nerveux. Son effet neuroprotecteur se manifeste notamment par une réduction des cytokines pro-inflammatoires (IL-6, d’IL1β, de TNF-α). Le curcuma améliore les maladies neurodégénératives et exerce un potentiel thérapeutique dans les troubles associés à la neuro-inflammation et à un déficit en neurotransmetteurs, tels que la maladie d’Alzheimer et la dépression.

Les propriétés de la curcumine dans les maladies neurodégénératives, comme la maladie d’Alzheimer (MA), ont été récemment mises en évidence, offrant de nouvelles pistes de traitement pour cette maladie complexe.

Les effets neuroprotecteurs de la curcumine sont particulièrement pertinents pour la MA. Des études épidémiologiques ont montré une incidence moindre de la MA dans les populations indiennes, où la consommation quotidienne de curcuma est courante. Des recherches in vitro et in vivo ont confirmé l’efficacité de la curcumine dans le traitement de la MA.

La curcumine agit sur la cascade amyloïde, inhibant la formation et l’extension des fibrilles Aβ, et potentiellement les déstabilisant. Elle interagit avec les peptides Aβ, formant des liens hydrogènes et des interactions de Van der Waals, modifiant ainsi leur structure et réduisant leur toxicité.

La curcumine inhibe également la β-sécrétase BACE-1, réduisant ainsi la production de peptides Aβ. Elle influe sur la pathologie de la protéine Tau, empêchant sa hyperphosphorylation et l’agrégation. De plus, elle inhibe la GSK-3β, une kinase impliquée dans l’hyperphosphorylation de Tau.

Ses propriétés antioxydantes jouent un rôle majeur dans la prévention des lésions oxydatives et le stress oxydatif. En tant qu’antioxydant, la curcumine piège les radicaux libres et inhibe la peroxydation lipidique, contribuant à la protection contre la MA.

Enfin, la curcumine se montre prometteuse dans les essais cliniques pour la prévention et le traitement de la MA, en raison de sa capacité à bloquer l’agrégation des peptides β-amyloïdes et à désagréger les plaques amyloïdes.

Le pouvoir du curcuma dans la prise en charge de maladies inflammatoires

La spondylarthrite ankylosante est une maladie inflammatoire chronique qui affecte principalement les articulations de la colonne vertébrale. Les symptômes peuvent être douloureux et entraîner une raideur et une limitation de la mobilité. Parmi les nombreuses approches naturelles qui peuvent aider à soulager les symptômes de la spondylarthrite ankylosante, le curcuma se distingue comme un remède prometteur.

La polyarthrite rhumatoïde est une maladie inflammatoire chronique touchant environ 1% de la population, avec une prédominance chez les femmes. Elle se caractérise par une hyperplasie synoviale qui envahit l’os et le cartilage, entraînant la destruction des articulations. Dans une étude sur des rats modèles de polyarthrite rhumatoïde, l’administration de curcuminoïdes quatre jours avant l’induction de la maladie a montré une capacité à inhiber l’inflammation articulaire durant les phases aiguës et chroniques de l’arthrite.

La sclérose en plaques inflamme le système nerveux central, détruisant les oligodendrocytes et myélines. Une étude sur l’encéphalopathie allergique expérimentale (EAE), simulant cette maladie, montre que la curcumine réduit la durée et la gravité de l’EAE. Elle diminue la production d’IL-12 par les macrophages et microglies et freine la transformation des lymphocytes Th1. La curcumine interrompt aussi la voie Janus kinase/STAT, limitant la multiplication des cellules T et leur conversion en Th1. Ces résultats indiquent que la curcumine pourrait être efficace contre la sclérose en plaques et d’autres troubles inflammatoires liés aux lymphocytes Th1.

Curcumine et biodisponibilité

Après avoir examiné les propriétés physico-chimiques de la curcumine, il est crucial de synthétiser ces informations pour comprendre son comportement en médecine humaine. Cette molécule présente de nombreuses propriétés pharmacologiques, incitant à des évaluations pharmacocinétiques et toxicologiques. La pharmacocinétique étudie le devenir des substances actives dans le corps, incluant leur absorption, distribution, métabolisme et élimination.

La biodisponibilité absolue de la curcumine est un facteur clé, particulièrement sa biodisponibilité par voie orale. Bien qu’ayant des activités thérapeutiques prometteuses, la curcumine souffre d’une absorption médiocre et d’un métabolisme rapide, résultant en de faibles concentrations plasmatiques.

Des études chez l’homme ont révélé que même à fortes doses, la curcumine a une biodisponibilité limitée, soulevant des questions sur son utilisation comme médicament. Ce problème de biodisponibilité affecte la poursuite des recherches pharmacocinétiques et pharmacodynamiques, les concentrations efficaces chez l’homme restant indéterminées.

L’amélioration de la biodisponibilité est donc un enjeu majeur. La pipérine, un composé du poivre noir, augmente jusqu’à 2000 % la biodisponibilité de la curcumine lorsqu’elles sont co-administrées. Pour améliorer l’absorption et la distribution de la curcumine, les chercheurs explorent des stratégies de vectorisation telles que l’utilisation de nanoparticules, micelles et nanoliposomes.

En conclusion, la curcumine, malgré ses propriétés prometteuses, fait face à des défis de biodisponibilité qui limitent son utilisation en tant que médicament. Pour maximiser son potentiel thérapeutique, il est nécessaire d’adopter des approches innovantes en formulation galénique et en co-administration.

Qu’en pensent les autorités de santé ?

Des études menées sur des animaux ont montré que le curcuma stimule efficacement la production et la sécrétion de bile. Cependant, chez l’homme, l’efficacité de ces effets reste à confirmer. Une étude clinique a révélé que le curcuma peut traiter efficacement des troubles digestifs mineurs, tels que les brûlures d’estomac, les ballonnements et les flatulences. Cependant, les résultats concernant son efficacité sur les ulcères gastroduodénaux sont décevants.

La curcumine, pour ses propriétés anti-inflammatoires, a été étudiée dans le traitement de l’arthrose et de la polyarthrite rhumatoïde. En 2016, une méta-analyse a suggéré des effets positifs de la curcumine à raison d’un gramme par jour en cas d’arthrose. Ces résultats nécessitent toutefois confirmation par des études plus larges et plus approfondies.

En ce qui concerne le cancer, la curcumine a démontré sa capacité à inhiber la multiplication de cellules cancéreuses in vitro. Toutefois, en raison de problèmes d’absorption, aucune étude clinique sérieuse n’a été menée chez l’homme. Des recherches sur la prévention des cancers, en particulier du côlon, n’ont pas donné de résultats concluants.

Concernant l’avis des autorités de santé :

  • L’Agence européenne du médicament (EMA) considère l’usage du curcuma pour soulager les digestions difficiles comme « traditionnel ». Elle recommande un traitement de deux semaines maximum.
  • L’Organisation mondiale de la santé (OMS) reconnaît son usage dans le traitement des digestions difficiles et d’autres conditions comme les ulcères gastriques et l’arthrite.
  • La Commission E du ministère de la Santé allemand approuve l’utilisation du curcuma pour les troubles digestifs.
  • L’ESCOP (Coordination scientifique européenne en phytothérapie) reconnaît son utilisation pour les troubles digestifs légers et les problèmes biliaires mineurs.

Précautions d’utilisation du curcuma

Le curcuma présente certaines contre-indications et effets secondaires à considérer. Il est contre-indiqué en cas d’obstructions biliaires, de calculs biliaires infracentimétriques, et de maladies biliaires ou hépatiques. L’EMA déconseille son utilisation durant la grossesse ou la lactation.

Les effets secondaires du curcuma incluent la coloration jaune de la salive en forme liquide. Son utilisation est déconseillée chez les enfants et adolescents de moins de 18 ans.

Concernant les interactions médicamenteuses, le curcuma peut altérer l’INR et nécessite une adaptation des doses d’anticoagulants. Il peut aussi potentialiser l’effet des nouveaux anticoagulants oraux comme le rivaroxaban, et interagir avec certains médicaments de chimiothérapie. Ces interactions impliquent une prudence dans son emploi simultané avec certains médicaments.

Les effets indésirables comprennent la sécheresse de la bouche, des flatulences, et des brûlures d’estomac à des doses élevées. Des réactions allergiques peuvent survenir chez certaines personnes. Un surdosage peut entraîner des nausées et vomissements.

En 2022, on signale des cas d’hépatite liés à des compléments alimentaires contenant du curcuma. L’Anses a enregistré des effets indésirables liés à la consommation de compléments alimentaires contenant du curcuma ou de la curcumine, y compris des hépatites.

Les interactions du curcuma avec d’autres substances incluent des médicaments fluidifiants du sang et des plantes aux propriétés anticoagulantes. Il pourrait théoriquement interagir avec des médicaments anti-inflammatoires.

On déconseille l’usage du curcuma chez les personnes de moins de dix-huit ans, sauf dans un cadre alimentaire. Les personnes allergiques au curcuma, aux colorants alimentaires jaunes, ou aux plantes de la famille des Zingiberaceae doivent être vigilantes. L’utilisation de la curcumine pendant une chimiothérapie nécessite un contrôle médical.

En conclusion, bien que la curcumine soit bioactive et non toxique, des précautions doivent être prises en compte, notamment en cas de troubles de la coagulation, de diabète, ou de traitement par des médicaments spécifiques.

Comment prendre le Curcuma et à quel dosage ?

Le curcuma est disponible sous deux formes : poudre de rhizome et extraits standardisés. Pour soulager les troubles digestifs, consommez la poudre de rhizome de curcuma, à raison de 0,5 à 1 gramme. Infusez-la dans 150 ml d’eau, de préférence durant les repas. Prenez les extraits de curcuma à une dose quotidienne de 200 à 400 mg. L’Anses recommande une dose maximale de 180 mg de curcumine par jour pour une personne de 60 kg.

  • En complément alimentaire, sous forme de gélules d’extrait sec, d’extrait standardisé de plante fraîche ou de poudre de curcuma.
  • Extrait fluide de plante fraîche standardisé : 5 ml par prise, 2 fois par jour dans le l’eau.
  • Infusion : 1 à 2 g de poudre de curcuma, éventuellement avec 3 ou 4 grains de poivre noir, dans 150 ml d’eau bouillante durant 10 à 15 minutes, 1 tasse 1 à 2 fois par jour.

Le Curcuma en préparation magistrale d’extraits standardisés sous forme liquide (EPS)

Les formulations phytothérapeutiques connues sous le nom d’Extraits de Plantes fraîches Standardisés (EPS) suivent le procédé d’extraction Phytostandard. Le pharmacologiste Daniel Jean a développé ce procédé dans les années 1990, et la commercialisation de ces extraits a débuté au début des années 2000.

L’EPS est classé comme médicament de plante en raison de son action pharmacologique. Il sert de matière première pour des préparations magistrales en officine, acquérant de ce fait une Autorisation de Mise sur le Marché (AMM).

Sources bibliographiques médicales et essais cliniques

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