Le Cassis, poivrier d’Espagne aux propriétés admirables

Le terme « cassis », tient son étymologie du phénicien. Ce cassis végétal est un mot apparaissant au XVIe siècle, en même temps que les premiers écrits que l’on lui accorde (Rembert Dodoens, 1583) ainsi que les premières mentions médicinales de ses feuilles et de ses fruits (Petrus Forestus, 1614).

Un peu d’histoire

Dodoens est Flamand, Forestus, quant à lui, est Hollandais. Il s’agit donc d’auteurs relativement septentrionaux, qui cadrent relativement mal avec la manière dont Anne de Bretagne appelle le cassis dans ses Grandes heures « poivrier d’Espagne« . C’est toutefois la preuve que le cassis était connu en France vers l’an 1500.

En France, c’est Philibert Guybert, docteur de la faculté de médecine de Paris, qui couchera en définitive les premières informations concernant le cassis sur le papier à travers son Médecin charitable paru au XVIIe siècle. Mais ça n’est que sous l’impulsion de l’abbé Pierre Bailly de Montaran que vaut au cassis une vulgarisation de sa culture et de son usage médical étendu. En 1712, il fait par ailleurs paraître un ouvrage intitulé Les propriétés admirables du cassis, dont il dit qu’il n’y a « personne qui, ayant des jardins, n’en doive planter un grand nombre pour les besoins de sa famille ».

Quelles sont les principales propriétés pharmacologiques des feuilles de Cassis ?

Propriétés antioxydantes et cytoprotectrices :

In vitro, les extraits de feuilles de cassis exercent une activité antioxydante élevée. Ainsi, leur présence à la surface de la membrane érythrocytaire entraîne une protection contre les radicaux libres. Par ailleurs, ils ont montré leurs propriétés antioxydantes et plus particulièrement anti-lipoperoxydatives sur des microsomes hépatiques de sujet soumis à un stress oxydant.

L’extrait de cassis est riche en polyphénols et peut en effet induire l’apoptose dans diverses cellules cancéreuses, par un mécanisme moléculaire qui passe par les voies mitochondriales médiées par MAPK et PI3K/Akt.

Propriétés anti-inflammatoires :

  • Modulateur de l’inflammation :

Une étude ex vivo sur le cœur d’un sujet isolé a montré une réduction de la synthèse de prostaglandines de façon plus efficace avec les flavonoïdes totaux extraits des feuilles de cassis qu’avec l’isoquercitrine et la rutine isolées. Selon une étude de 2002, les proanthocyanidines (OPC) des feuilles de cassis ont un effet stimulateur dose-dépendant de la production de protéoglycanes et du relargage de collagène de type II sur une lignée de chondrocytes humain in vitro. Ces OPC (en l’occurrence des prodelphinidines) diminuent de façon dose-dépendante la synthèse de prostaglandine E2 et inhibent les cyclooxygénases. Par ailleurs, le cassis protège de la dégradation du collagène d’origine enzymatique (collagénase, élastase, peroxydase…).

Une étude de 2007 a montré que la quercétine et le kaempférol, flavonoïdes présents dans les feuilles de cassis, modulent les concentrations de médiateurs pro inflammatoires tels que la COX-2, la CRP et l’iNOS, contribuant ainsi aux effets anti-inflammatoires de la plante, en bloquant le mécanisme d’activation du NF-kB.

Une autre étude de 2015 a également montré que les extraits des feuilles de cassis, de par leur richesse en composés phénoliques, faisaient partie des huit extraits les plus inhibiteurs de l’activité de la phospholipase A2 cytosolique -cPLA2α impliquée en amont de la cascade inflammatoire.

Une autre étude de 2016 a montré en outre que l’extrait de baie de cassis réduit in vitro la réponse inflammatoire et le stress oxydatif, et répare l’hyperperméabilité intestinale provoquée par les médiateurs de l’inflammation.

  • Action angioprotectrice par modulation de la migration leucocytaire :

L’extrait de feuilles de cassis est protecteur de la paroi capillaire (du fait des OPC et de son activité vitaminique P et C). Il diminue la perméabilité, l’agrégabilité érythrocytaire et la viscosité plasmatique. Il augmente la résistance capillaire et améliore la rhéologie sanguine.

Des analyses in vitro menées sur des cellules endothéliales, préalablement incubées avec des OCP de feuilles de cassis et stimulées par le TNF-α, ont par ailleurs mis en évidence un effet inhibiteur des composés sur l’expression de l’ARNm de l’ICAM-1 et un effet stimulateur sur l’expression de l’ARNm du VEGF1.

  • Activité anti-œdémateuse :

Dans un modèle d’œdème induit par le carraghénane, l’administration d’OCP de feuilles de cassis montre en phase aiguë un effet de réduction de l’œdème dose-dépendant similaire à celui d’un anti-inflammatoire non stéroïdien de référence (indométacine) lorsqu’il est administré à forte dose.

  • Activité antiallergique :

L’extrait de feuilles de cassis réduit la libération d’histamine et exerce un effet anti-inflammatoire au niveau des cellules alvéolaires, en baissant l’interleukine-4 (IL-4) et en augmentant l’éotaxine-3 (CCL26).

  • Activité anti-infectieuse :

Des études ont montré une activité antivirale des extraits de Ribes nigrum, in vitro sur des herpès virus de type 1 et 2, in vitro et in vivo sur les virus Influenza A. L’extrait de feuilles de cassis intervient très tôt dans les étapes de l’infection du virus, confirmant son fort pouvoir antiviral sur les souches humaines d’Influenzavirus A.

Une étude de 2013 a confirmé son activité virale anti-influenza in vitro et in vivo, et montré qu’il agissait en empêchant l’entrée du virus dans les cellules hôtes.

  • Activité anti-inflammatoire pleurale :

Dans un modèle inflammatoire de pleurésie, les OPC de feuilles de cassis ont permis une réduction des atteintes pulmonaires, une diminution dose-dépendante du volume d’exsudat, une baisse de l’infiltration de la cavité pleurale et du tissu pulmonaire par les polynucléaires neutrophiles, une réduction des cytokines de l’inflammation, et une moindre quantité de nitrites et de nitrates.

  • Activité anti-inflammatoire métabolique :

En 2019, les mêmes auteurs qui avaient déjà montré que la consommation de cassis atténue l’inflammation hépatique et les réponses inflammatoires stimulées par les lipopolysaccharides des splénocytes chez le sujet obèse, ont mis en évidence in vivo que les métabolites de Ribes nigrum n’exercent pas leur effet anti-inflammatoire en modifiant directement les phénotypes des macrophages, mais plus probablement en inhibant la production de facteurs inflammatoires associés à l’obésité.

Propriétés analgésiques périphériques :

Dans un modèle d’évaluation de la douleur, l’administration préventive d’un extrait éthanolique de cassis à 15% a permis une réduction du seuil de douleur de manière plus efficace que le paracétamol utilisé comme contrôle.

Existe-il des précautions d’emploi concernant le Cassis ?

Contre-indications :

  • L’extrait de feuilles de cassis n’est pas le traitement adapté en cas d’œdèmes liés à une insuffisance cardiaque ou rénale.

Précautions d’emploi :

  • L’utilisation concomitante de diurétiques de synthèse n’est pas recommandée, sauf avis médical, ainsi que de stérilet contraceptif.
  • L’utilisation de cette plante n’est pas recommandée par l’EMA chez la femme enceinte ou allaitante ainsi que chez l’enfant.

Comment prendre le Cassis et à quel dosage ?

Forme sèche :

  • En complément alimentaire, sous forme d’extrait standardisé de plante fraîche, d’extrait sec, de poudre en comprimé ou gélules.

Forme liquide :

Le Cassis en préparation magistrale d’extraits standardisés sous forme liquide (EPS)

En association avec le ginseng :

Dans la fatigue physique, la récupération après effort, l’asthénie post-infectieuse chez l’adulte.

En association avec la réglisse :

Pour lutter contre l’hypotension artérielle, l’hypocorticisme fonctionnel, notamment dans un contexte d’asthénie ou encore d’épuisement.

En association avec l’ortie parties aériennes :

Contre l’asthénie post-infectieuse, l’arthrite des articulations périphériques, la chondroprotection.

En association avec le plantain :

Dans la lutte contre les allergies respiratoires (rhinite, asthme).

En association avec le curcuma et la scrofulaire :

Dans l’utilisation d’un traitement de fond des rhumatismes dégénératifs articulaires et périarticulaires douloureux.

En association avec l’orthosiphon et la reine des prés :

En prévention de l’hyperuricémie ou des lithiases.

 

Sources bibliographiques médicales et essais cliniques :

 

Clémentine. M.
Rédactrice d’articles scientifiques
Naturopathe – Aromathérapeute / Herboriste – Phytothérapeute
Consultante en phyto-aromathérapie Clinique et Ethnomédecine

1 réflexion au sujet de « Le Cassis, poivrier d’Espagne aux propriétés admirables »

Laisser un commentaire