Pourquoi est-il essentiel de faire le plein de fibres ?

Les fibres alimentaires sont des polymères glucidiques d’origine essentiellement végétale. Ces glucides comestibles, d’origine et de composition chimique très hétérogènes, ne peuvent être ni digérés, ni absorbés dans l’intestin grêle humain. Ils passent donc intacts dans le côlonle microbiote intestinal les fermente. Cette fermentation conduit à la production d’acides gras à chaîne courte.

Mieux comprendre à quoi sert un apport en fibre dans notre alimentation

Les fibres sont présentes sous différentes formes (cellulose, hémicellulose, pectine, gommes). Elles se retrouvent dans les fruits, les légumes ou les céréales que nous consommons. L’apport de fibres dans notre alimentation a des effets bénéfiques sur notre santé. Ces effets se doivent en grande partie à l’activité des microorganismes que nous hébergeons dans notre tube digestif.

Ces fibres augmentent la motricité du tube digestif, évitent la constipation et aident à contrôler la maladie diverticulaire. Les fibres favorisent l’élimination des substances cancérigènes produites par les bactéries dans le gros intestin. Les études épidémiologiques suggèrent fortement une association entre le cancer du côlon et une faible consommation de fibres, ainsi qu’un effet bénéfique des fibres sur les pathologies fonctionnelles de l’intestin, sur la maladie de Crohn, l’obésité ou les hémorroïdes. Les fibres solubles (présentes dans fruits, légumes, avoine, orge et légumineuses) réduisent l’augmentation postprandiale de la glycémie et de l’ insuline et peuvent réduire les taux de cholestérol.

Les effets bénéfiques des fibres alimentaires sur la santé sont médiés par les acides gras à chaîne courte qui ont montré leurs propriétés immunomodulatrices et anti-inflammatoires, notamment en activant le récepteur couplé aux protéines G dans les neutrophiles qui est impliqué dans le recrutement des médiateurs de l’inflammation et des cellules de l’immunité et en inhibant l’activité des histone-désacétylases impliquées dans l’expression des gènes de l’inflammation et le recrutement des monocytes. Par ailleurs, les acides gras à chaîne courte augmentent la réponse des lymphocytes T régulateurs et la sécrétion des immunoglobulines A mais favorisent également la production de l’interleukine 18 impliquée dans l’intégrité de la barrière épithéliale.

Le rôle du microbiote colique

Le côlon ou gros intestin est la partie terminale de notre tube digestif, essentiellement dédiée à l’absorption d’eau. Il se charge également de dégrader les composés alimentaires n’ayant pas été digérés et absorbés en amont dans l’estomac et l’intestin grêle. Ce compartiment digestif est très dense en microorganismes et ce sont eux (et non pas nos propres enzymes) qui métabolisent les résidus alimentaires.

En effet, une des principales fonctions de cette communauté microbienne colique est de dégrader puis fermenter les fibres alimentaires.

La mission du pharmacien dans la lutte contre l’obésité

Il est largement reconnu par les chercheurs qu’un régime alimentaire riche en fibres protège contre l’obésité et le diabète. Cependant, les mécanismes impliqués étaient restés mystérieux pendant près de deux décennies. En 2014, une équipe franco-suédoise composée de chercheurs du CNRS, de l’Inserm et de l’Université Claude Bernard Lyon 1 (Unité Inserm 855 « Nutrition et cerveau ») a élucidé ce mécanisme, qui implique la flore intestinale et la capacité de l’intestin à produire du glucose entre les repas. Dans cet article, nous aborderons le rôle du pharmacien dans l’accompagnement des patients en surpoids ou atteints d’obésité et comment les fibres alimentaires peuvent contribuer à la gestion de ces problèmes.

Les fibres alimentaires : une solution naturelle pour combattre l’obésité

Comment les fibres agissent-elles contre l’obésité ?

Les fibres alimentaires diminuent la sensation de faim, notamment grâce au glucose libéré par les bactéries de l’intestin. En effet, les fibres sont transformées dans l’intestin par les bactéries (car non digestibles). Ces bactéries libèrent du glucose qui envoie un signal de satiété au système nerveux.

Inciter les patients à consommer plus de fibres

En tant que pharmacien, vous pouvez aider vos patients en surpoids, obèses ou ceux qui souhaitent maintenir leur poids de forme en les encourageant à intégrer davantage de fibres dans leur alimentation. Expliquez-leur les avantages des fibres et comment elles peuvent aider à réguler leur appétit et à perdre du poids.

L’accompagnement des patients en surpoids ou obèses

L’obésité et le syndrome métabolique sont des problèmes de santé de plus en plus préoccupants, notamment en raison de leur lien avec des troubles du microbiote intestinal. Les habitudes alimentaires modernes, notamment la consommation d’aliments transformés et pauvres en fibres, sont souvent pointées du doigt comme facteurs contribuant à ces problèmes de santé. Dans ce contexte, le pharmacien joue un rôle crucial dans l’accompagnement des patients en surpoids ou obèses.

Impact des régimes riches en graisses sur le microbiote intestinal

Des recherches ont démontré qu’un régime alimentaire riche en graisses nuit au microbiote intestinal. Il réduit la production de cellules épithéliales, ces cellules qui tapissent l’intestin, et favorise l’invasion des cellules épithéliales intestinales par les bactéries présentes dans l’intestin.

L’inuline fermentescible, une solution pour restaurer la santé intestinale

Une étude a révélé que l’inuline fermentescible permet de restaurer la santé intestinale et protège les souris contre le syndrome métabolique induit par un régime riche en graisses. Ce composé agit en restaurant les niveaux de microbiote intestinal, en augmentant la production de cellules épithéliales intestinales et en restaurant l’expression de la protéine interleukine-22 (IL-22), qui empêche le microbiote intestinal d’envahir les cellules épithéliales. Cette découverte pourrait avoir des implications importantes pour le traitement des patients en surpoids ou obèses.

Le rôle du pharmacien dans la prise en charge des patients en surpoids ou obèses

Le pharmacien, en tant que professionnel de santé accessible et compétent, est idéalement placé pour accompagner les patients en surpoids ou obèses. Il peut conseiller et orienter les patients vers des solutions adaptées pour améliorer leur santé intestinale et leur qualité de vie. Parmi les actions possibles, le pharmacien peut :

Éducation et conseils nutritionnels

Le pharmacien peut informer les patients sur l’importance d’une alimentation équilibrée et riche en fibres pour préserver la santé intestinale et lutter contre l’obésité. Il peut également les conseiller sur les aliments à privilégier et ceux à éviter pour favoriser un bon équilibre du microbiote intestinal.

Recommandation de compléments alimentaires

Le pharmacien est en mesure de recommander des compléments alimentaires, tels que l’inuline fermentescible, qui peuvent contribuer à restaurer le microbiote intestinal et à améliorer la santé des patients en surpoids ou obèses.

Suivi et soutien personnalisés

Le pharmacien peut assurer un suivi régulier des patients, les encourager dans leurs efforts pour adopter de meilleures habitudes alimentaires et les soutenir dans la gestion de leur poids. Ce suivi personnalisé permet d’adapter les conseils et les recommandations en fonction de l’évolution de la situation de chaque patient et d’optimiser les résultats en matière de santé.

Collaboration avec d’autres professionnels de santé

Le pharmacien peut travailler en étroite collaboration avec d’autres professionnels de santé, tels que les médecins, les nutritionnistes et les diététiciens, afin de proposer une prise en charge globale et coordonnée des patients en surpoids ou obèses. Cette approche multidisciplinaire permet de mettre en place des stratégies thérapeutiques adaptées et efficaces pour lutter contre l’obésité et ses complications.

Votre pharmacien en ligne, un acteur clé dans la lutte contre l’obésité

Le rôle du pharmacien dans l’accompagnement des patients en surpoids ou obèses est essentiel. Grâce à ses connaissances en matière de nutrition, de microbiote intestinal et de compléments alimentaires, le pharmacien peut proposer des solutions concrètes et personnalisées pour aider ces patients à améliorer leur santé et leur qualité de vie. En collaborant avec d’autres professionnels de santé et en assurant un suivi attentif et soutenu, le pharmacien contribue activement à la lutte contre l’obésité et ses conséquences sur la santé publique.

Source : communiqué de presse de l’étude en anglais. Référence : Cell Host & Microbe (DOI : 10.1016/j.chom.2017.11.003). Le 25 janvier 2018. Pour en savoir plus, consultez l’article complet sur le site Creapharma.ch.

Les sources naturelles de fibres alimentaires

Les aliments céréaliers constituent la principale source d’énergie de notre alimentation. Ils sont le principal fournisseur de fibres alimentaires dans le régime alimentaire occidental. Toutefois, les produits à base de grains entiers ne sont pas encore largement acceptés en dépit de leur intérêt nutritionnel. En effet, l’accroissement de la teneur en fibres dans les aliments céréaliers induit des conséquences néfastes sur le plan organoleptique, ce qui invite à réexaminer l’ensemble de la chaîne de leurs procédés d’élaboration.

Aliments céréaliers et enjeux nutritionnels :

Les aliments céréaliers de consomme largement sous diverses formes de par le monde, même s’ils ne forment sans doute plus la base de la pyramide alimentaire dans les pays occidentaux. En raison de leur structure alvéolaire, la matrice des aliments céréaliers (pain, biscuits, gâteaux, etc.) peut être envisagée comme une mousse solide, puisque leur densité est bien inférieure à celle de leurs composants.

En raison de leur contenu en amidon et en protéines, les aliments céréaliers constituent la source d’énergie la plus importante de notre alimentation et leur fraction protéique apporte une large gamme d’acides aminés. Ces aliments sont déjà le principal fournisseur de fibres alimentaires dans le régime alimentaire occidental, bien que les produits à base de grains entiers ne soient pas encore largement acceptés, ni consommés, en dépit de leur teneur élevée en fibres alimentaires et en micronutriments.

Mais alors, pourquoi parler de fibres alimentaires dans les fruits ?

Certains fruits, surtout tropicaux, sont en effet riches en cellulose, gomme, polysaccharide et parfois lignine. Tout le monde sait qu’un fruit, surtout insuffisamment mûr, c’est-à-dire moins riche en glucides facilement digestibles, est un excellent laxatif car il apporte de l’eau, permet au bol alimentaire de retenir de l’eau et facilite le transit.

Quelles sont les propriétés pharmacologiques des fibres ?

Ce sont premièrement; la rétention de l’eau par la cellulose, l’hémicellulose, la pectine (pas la lignine), donc la consistance plus visqueuse et le volume plus important des matières du bol alimentaire après digestion des produits solubilisés par le suc gastrique et les enzymes du petit intestin.

Deuxièmement; le dégagement d’acides gras à chaîne courte par attaque microbienne de la cellulose et des hémicelluloses qui ont un pouvoir somatique, donc retiennent l’eau et augmente l’hydratation des selles; certaines fibres, gommes, mucilages et lignine, présentent une capacité d’adsorption des sels biliaires dans le côlon, ce qui augmente la synthèse hépatique et abaisse le taux sanguin de triglycérides et de cholestérol.

L’apport calorique est très faible puisque ces fibres sont peu digérées dans le côlon par voie microbienne. En revanche, on peut noter une adsorption avec élimination des graisses, protéines et certains cations. De fait, certains y ont vu, en raison de notre régime trop riche en calories et en corps gras, une possibilité d’éviter l’athérosclérose et les maladies coronariennes.

Mais avant de proposer une diététique utilisant ces fibres alimentaires, ne serait-il pas plus judicieux de se contenter d’abaisser notre ration de sucres et de lipides ?

Finalement, le plus gros avantage démontré est l’augmentation du volume et de l’hydratation du bol alimentaire. En somme, un pouvoir laxatif permettant l’évacuation de ce bol, et, de fait, évitant la maladie diverticulaire du côlon, qui souvent entraîne en quelques années le cancer de ce dernier. Ce phénomène a pu s’observer en divers pays dont l’alimentation est trop riche mais pauvre en fibres.

Conclusion :

Les fibres alimentaires résistent à la digestion et à l’absorption. Les prébiotiques sont des fibres alimentaires fermentescibles bénéfiques pour la santé grâce à leurs effets sur la composition et l’activité du microbiome. La consommation de fibres alimentaires confère toute une série de bienfaits physiologiques. Les enfants encouragés à manger des aliments riches en fibres apprennent à adopter un régime à forte teneur en nutriments. L’introduction de sources variées de fibres alimentaires chez les jeunes enfants contribue à cristalliser leurs futurs choix alimentaires et à diversifier leur microbiote intestinal. Une faible consommation de fibres développe une plus forte prévalence de constipation et d’obésité.

L’alimentation occidentale habituelle est pauvre en fibres (environ 12 g/jour) en raison d’une consommation élevée de farines de céréales hautement raffinées et d’une consommation peu importante de fruits et légumes. Il est généralement recommandé d’accroître la consommation de fibres, jusqu’à 30 g/jour, en augmentant l’apport de légumes, de fruits et de céréales riches en fibres.

Toutefois, un apport en fibres trop élevé peut réduire l’absorption de certains minéraux.

Sources bibliographiques médicales et essais cliniques :

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