Le mal des transports est un trouble lié au déplacement. Décrit comme un malaise accompagné de nausées et parfois de vomissements, il s’agit d’une crise neurodégénérative plurifactorielle dans laquelle intervient l’oreille interne. Bien que ses mécanismes restent mal connus, la cinétose ne constitue pas un motif de consultation médicale mais fait, le plus souvent, l’objet de demandes de conseil à l’officine.
Qu’est-ce que la cinétose ?
La cinétose se défini par un ensemble de symptômes provoqués par la perception de mouvements réels ou apparents. Hormis les individus dont le système vestibulaire n’est pas fonctionnel, n’importe qui peut être rendu malade par un stimulus approprié suffisamment long et intense. Quatre symptômes apparaissent avec une grande régularité : pâleur faciale, sueurs froides, nausées et vomissements sans rapport avec le contenu gastrique, et d’autant plus pénibles que l’estomac est vide.
Comment l’expliquer ?
La cinétose s’associe généralement au mouvement de véhicules physiques ou virtuels. Dans le cadre de la théorie du conflit sensoriel, le mal des transports survient lorsque les entrées sensorielles se diffèrent de celles prévues par un modèle interne. La constante de temps des réponses vestibulaires est un marqueur de susceptibilité individuelle aux cinétoses. Les individus dont le système vestibulaire n’est pas fonctionnel sont insensibles aux cinétoses.
Le déclenchement de cinétoses à partir de stimulations purement visuelles est un phénomène bien connu dont l’importance pratique a augmenté avec le développement des simulateurs de conduite et, surtout, des systèmes de réalité virtuelle.
Cependant, même pour des stimulations purement visuelles, la présence d’un système vestibulaire fonctionnel est indispensable à l’apparition des cinétoses. Ainsi, une stimulation optocinétique habituellement nauséogène chez des sujets sains est totalement inefficace chez des sujets sans fonction vestibulaire.
Le vomissement résulte d’une co-contraction des muscles inspiratoires et expiratoires. Déclenché par l’excitation d’une zone assez mal limitée située dans le mésencéphale, cette zone correspond au “centre du vomissement”. Ce centre, autrefois envisagé comme une unité anatomico-fonctionnelle dans la partie dorsolatérale de la formation réticulaire bulbaire, est aujourd’hui plutôt considéré comme une entité fonctionnelle ou pharmacologique à laquelle participent différents groupes centraux. En plus des afférences du tube digestif, le “centre du vomissement” peut être activé par des afférences pharyngées, vestibulaires, cardiaques, péritonéales, et des centres supérieurs du système nerveux tels que le thalamus, l’hypothalamus et le cortex cérébral. À son tour, il provoque une excitation vagale qui déclenche le réflexe de vomissement.
La cinétose d’un point de vue historique :
Les premiers écrits relatant le mal des transports datent de la Grèce antique. Le terme “nausée” est issu du mot grec naus, qui signifie navire.
Le remède le plus répandu à partir du Moyen Âge était le vin, censé apporter résistance au mal de mer. Dans un texte qui a apparemment été écrit pour le duc de Normandie, les moines de Salerne préconisaient de le boire mélangé, mais sans préciser avec quoi. Les éditeurs successifs de ce texte (200 éditions) ont apporté chacun leur propre interprétation, mais beaucoup étaient
d’accord pour dire qu’il fallait mélanger le vin avec de l’eau de mer.
Le mal des transports n’a pas toujours été considéré comme un fléau; jusqu’au début du XIXe siècle, on lui prêtait des vertus curatives.
Des patients souffrant de maux divers étaient envoyés en croisière dans le seul but d’y être malade, les vomissements étant censés soulager ces maux.
Un tournant fut pris dans l’histoire de l’étiologie des cinétoses lorsque, en 1881, Irwin et De Champeaux observèrent des similitudes entre les symptômes des cinétoses et ceux de la maladie
de Ménière et lorsque, en 1882, James constata que les sourds-muets de naissance étaient insensibles aux cinétoses. Cette observation donna ainsi naissance aux théories vestibulaires des cinétoses, théories toujours d’actualité sous la forme profondément remaniée du “conflit sensoriel”.
Quelques conseils naturopathiques afin de prévenir le mal des transports :
- Evitez les repas copieux avant le voyage, mais ne partez pas pour autant à jeun. Privilégiez une nourriture solide plutôt que liquide
- Renoncez à l’alcool, au tabac et au café, avant et pendant le voyage
- Maintenez la tête droite, sans faire de mouvements brusques pendant le voyage
- En voiture, installez-vous à l’avant à côté du conducteur, ou à l’arrière au milieu, et regardez loin devant vous
- Dans le train ou sur le bateau, asseyez-vous dans le sens de la marche. Certaines personnes se sentent mal quand elles sont installées dans le sens contraire
- Dans un avion ou en bateau, choisissez une place située au centre de l’appareil : les mouvements y sont d’amplitude plus faible
- Choisissez une place près de la fenêtre et regardez le paysage au loin. Tant que les yeux perçoivent le déplacement, le mal se manifeste moins rapidement
- En bateau, évitez de rester à l’intérieur, les espaces confinés favorisent l’apparition des symptômes
- Si vous êtes sujets au mal des transports abstenez-vous de lire, d’écrire ou d’entreprendre une activité qui réclame votre attention visuelle
- La respiration contrôlée présente une efficacité équivalente à la moitié de celle d’un traitement par scopolamine sans en avoir les effets indésirables. Il suffit d’avoir une respiration abdominale aussi régulière que possible sans pour autant en augmenter l’amplitude
- La pratique régulière d’une activité telle que le bateau induit une diminution de l’occurrence des cinétoses. C’est de loin le moyen le plus efficace de leur prévention
Côté alimentation :
Les recommandations liées à l’alimentation, telles que celle de la prise d’un repas raisonnable (ni trop, ni trop peu) et sans alcool avant une situation nauséogène, semblent judicieuses. Néanmoins, une étude suggère qu’un repas riche en protéines pourrait prévenir les cinétoses.
Vers quelles plantes médicinales se tourner en cas de cinétose ?
En cas de cinétose, l’huile essentielle de citron, la menthe poivrée, le gingembre et la cocculine sont des remèdes efficaces contre les nausées et vomissements.
L’huile essentielle de citron :
L’huile essentielle de citron est extraite des zestes de citron, un fruit originaire d’Asie. Les citronniers, appartenant à la famille des Rutacées, ont été largement cultivés dans la région méditerranéenne avant de se répandre dans le monde entier. La production de cette huile essentielle se fait principalement par pression à froid des écorces de citron, une méthode qui permet de conserver ses composants aromatiques et ses propriétés bénéfiques.
Prendre une goutte d’huile essentielle de citron sur un comprimé neutre avant de partir en voyage diminue fortement les désagréments occasionnés par la cinétose.
Les feuilles de menthe poivrée :
La menthe poivrée, connue scientifiquement sous le nom de Mentha piperita, est une plante hybride issue du croisement entre la menthe aquatique (Mentha aquatica) et la menthe verte (Mentha spicata). Son origine est généralement attribuée à l’Europe et au Moyen-Orient. Elle a été cultivée depuis des siècles pour ses propriétés médicinales, son parfum rafraîchissant et ses applications culinaires. La menthe poivrée a été introduite dans de nombreuses régions du monde, devenant ainsi une plante largement reconnue et utilisée dans diverses cultures pour ses feuilles aromatiques et ses huiles essentielles.
Mâcher quelques feuilles de menthe poivrée durant le transport aide à soulager considérablement la sensation nauséeuse.
La racine de gingembre :
Le gingembre, connu scientifiquement sous le nom de Zingiber officinale, est une plante originaire d’Asie du Sud-Est. Il est cultivé depuis des millénaires en Inde et en Chine, où il est utilisé à la fois comme épice et comme remède traditionnel. Le rhizome du gingembre, la partie la plus utilisée de la plante, est renommé pour son goût piquant et aromatique ainsi que pour ses propriétés médicinales. Au fil du temps, le gingembre s’est répandu dans d’autres régions tropicales, notamment en Afrique et dans les Caraïbes, grâce aux routes commerciales maritimes et à la colonisation. Aujourd’hui, il est cultivé dans de nombreuses parties du monde et est un ingrédient incontournable dans de nombreuses cuisines et pratiques médicinales traditionnelles.
Le rhizome de gingembre s’utilise dans la prévention et le traitement des nausées dues au mal des transports et au mal de mer. Plusieurs études ont montré son efficacité dans cette situation.
La cocculine (complexe homéopathique) :
Ce médicament homéopathique est un complexe de plusieurs souches efficaces pour lutter contre les nausées et/ou vomissements dus au mal des transports.
Sources bibliographiques médicales et essais cliniques :
- Reason JT, Brand JJ. Motion sickness. Londres: Academic Press, 1975
- Irwin JA. The literature of sea-sickness. Med Rec 1893
- Claremont CA. The psychology of sea-sickness. Psyche 1931