Les cancers de la peau sont les plus fréquents des cancers. Il y a notamment plus de 100 000 nouveaux cas annuels de cancers de la peau en France. Les cancers de la peau les plus fréquents et les moins graves sont les carcinomes basocellulaires et épidermoïdes. Le carcinome basocellulaire est quatre à cinq fois plus fréquent que le carcinome épidermoïde. Ces carcinomes cutanés touchent plus souvent des sujets à la peau blanche après l’âge de 40 ans, mais ils peuvent se voir plus jeune. Les mélanomes malins sont des cancers cutanés plus rares (4 000 à 5 000 nouveaux cas par an en France) mais plus graves; ils peuvent guérir définitivement si le traitement est mis en œuvre précocement.
Qu’est-ce qu’un carcinome ?
Un carcinome est une tumeur maligne, constituée de cellules épithéliales nouvellement formées et qui a la capacité de provoquer des métastases dans tous les organes du corps. Tout organe contenant des cellules épithéliales est donc susceptible de développer un carcinome et la gravité de ce cancer dépend de sa localisation.
Le carcinome épidermoïde, lui, est une tumeur maligne développée à partir des kératinocytes épidermiques, qui envahit le derme; ce cancer survient généralement dans les zones exposées au soleil. La destruction locale peut être étendue et les métastases surviennent à des stades avancés.
Qu’est-ce qui provoque les carcinomes basocellulaires et épidermoïdes ?
L’exposition solaire excessive est le facteur essentiel responsable du développement des cancers cutanés. Les cabines à bronzer favorisent notamment ce risque.
Les patients à peau blanche d’origine européenne sont les principales victimes des carcinomes cutanés, qui sont plus rares chez les patients à peau pigmentée.
Les carcinomes basocellulaires :
Chez des sujets prédisposés, plusieurs facteurs d’environnement (exposition solaire aigues intermittentes et répétées surtout, mais aussi radiations ionisantes, exposition à l’arsenic, plaies chroniques) sont impliqués dans la formation de ce carcinome.
Les carcinomes épidermoïdes :
L’exposition solaire ou en cabine à bronzer (exposition chronique) est le facteur de risque essentiel des carcinomes épidermoïdes, mais des facteurs familiaux (génétiques), l’exposition aux radiations ionisantes (rayons x), à certains virus (virus du papillome humain), à des substances chimiques (goudrons de houilles, arsenic) ont été mis en cause dans la formation de certains carcinomes épidermoïdes.
Les cicatrices de brûlures ou des plaies persistantes représentent aussi un facteur de risque pour ces cancers. Certains médicaments qui dépriment les défenses de l’organisme favorisent également la survenue des carcinomes épidermoïdes.
Comment prévenir les carcinomes cutanés ?
Éviter l’exposition solaire, c’est le meilleur moyen pour éviter un cancer de la peau. L’exposition au soleil et aux radiations ultraviolettes sont les facteurs de risques essentiels des carcinomes cutanés.
- Il faut donc éviter l’exposition solaire aux heures ou les radiations solaires sont les plus intenses (de 11 heures à 16 heures), appliquer une crème solaire protectrice (indice 20 au moins) à renouveler toutes les deux heures et après chaque bain, porter des vêtements protecteurs et un chapeau.
- Il est important de détecter les cancers débutants et les lésions précancéreuses (kératoses actiniques, kératoses solaire), car un traitement précoce permet d’assurer une guérison complète. Une inspection régulière de l’ensemble de la peau (auto-examen) permet de détecter rapidement une tache ou un petit bouton qui se modifie, une plaie ou une croûte qui persiste.
- Un examen chez le dermatologue permet d’obtenir un diagnostic précis, et de réaliser si nécessaire l’analyse d’une lésion douteuse.
- Les sujets à risques doivent prévoir des visites régulières chez le dermatologue. Les kératoses actiniques sont des lésions précancéreuses qui se traduisent par une petite croûte épaisse qui persiste, elles se localisent sur les zones normalement exposées au soleil (tête, cou, avant-bras surtout). Les kératoses actiniques évoluent en carcinomes épidermoïdes dans un temps variable, leur destruction évite cette transformation.
Le type de peau est souvent jugé plus foncé qu’il ne l’est réellement
Les types de peau ont été introduits dans les messages de prévention de la Ligue contre le cancer en 2003 dans le but d’attirer l’attention sur la sensibilité au soleil et de permettre au public d’évaluer correctement la réaction de sa peau au soleil. Une enquête réalisée sur mandat de la Ligue contre le cancer en 2008 auprès de 5000 personnes a toutefois montré que cet objectif n’a pas été atteint : Plus d’un tiers des personnes interrogées ne classaient pas leur type de peau dans la bonne catégorie. Les résultats montrent notamment que les personnes à peau claire jugent leur peau plus mate qu’elle ne l’est réellement, ce qui peut les inciter à ne pas se protéger suffisamment du soleil.
Aussi, la Ligue contre le cancer conseille désormais de ne plus utiliser les types de peau dans les messages de prévention et de faire recours aux différents facteurs à prendre en compte pour s’assurer une protection solaire optimale. La protection à adopter dépend de l’intensité du rayonnement UV, du type d’activité, de la durée d’exposition au soleil et de la sensibilité de la peau au soleil, cette dernière pouvant par exemple être influencée par la prise de médicaments. L’intensité du rayonnement UV dépend du moment de l’année et de la journée, de la situation géographique (latitude et altitude), de la nébulosité et de la réverbération (comme par exemple la neige). En tenant compte de ces facteurs, la Ligue contre le cancer a formulé des recommandations en fonction de la saison.
L’intensité des rayons UV varie au cours de l’année
De novembre à février :
Les rayons UV sont faibles et il n’est en principe pas nécessaire de se protéger. Une protection solaire est par contre absolument indispensable à la montagne pour faire du ski.
En mars–avril :
Avec le printemps qui arrive, les jours qui rallongent et le soleil qui fait son retour, on a tendance à sous-estimer l’intensité du rayonnement solaire. Que les températures se radoucissent ou restent fraîches, il faut impérativement se protéger du soleil.
De mai à août :
Ce sont les mois où les rayons UV sont les plus intenses. Il faut bien protéger la peau en restant à l’ombre et en portant des vêtements. Pendant les heures les plus chaudes (entre 11 et 15 heures), il importe d’éviter le soleil autant que possible.
En septembre–octobre :
Comme le printemps, l’automne est trompeur. Les températures baissent et l’on pense que les rayons UV sont moins intenses. Comme en été, cependant, et notamment par beau temps, mieux vaut rester à l’ombre en milieu de journée.
Quelques recommandations pour les personnes à risque
De manière générale, la Ligue contre le cancer conseille de consulter un médecin en cas de modification de la peau. Les personnes qui présentent un ou plusieurs des critères ci-après ont un risque accru de mélanome :
- Des sujets à peau blanche d’origine européenne
- Plus de 100 taches pigmentées sur le corps
- Des taches pigmentées irrégulières dans leur forme ou leur couleur
- Une affection cancéreuse antérieure de la peau
- Un système immunitaire déficient
- Des sujets ayant subit une exposition solaire importante, pendant plusieurs années (sujets à peau blanche ayant vécus dans les pays à fort ensoleillement, agriculteurs, marins…)
- Des patients qui ont été exposés aux radiations ionisantes ou aux rayons ultraviolets pour des motifs thérapeutiques, au contact avec les goudrons de houilles, qui ont subi un traitement déprimant l’immunité (greffés cardiaques ou rénaux, patients ayant été traités pour un lymphome ou une leucémie) ou qui présentent des cicatrices de brûlures
Les personnes qui présentent un risque élevé devraient se protéger particulièrement bien du soleil et contrôler régulièrement leur peau. Il leur est en outre conseillé de consulter un médecin pour établir la nécessité d’un contrôle médical régulier de la peau. Les personnes dont un parent au premier degré (père, mère, frère, sœur, enfant) est atteint d’un mélanome présentent aussi un risque personnel accru et devraient en parler à leur médecin.
Sources bibliographiques médicales et essais cliniques :
- International Agency for Research on Cancer (IARC). Monographs on the Evaluation of Carcinogenic Risks to Humans. Monograph 100D, Solar and Ultraviolet Radiation; 2012
- Parkin DM, Boyd L, Walker LC. The fraction of cancer attributable to lifestyle and environmental factors in the UK in 2010. British Journal of Cancer. 2011
- Thompson J, Scolyer R, Kefford R. Cutaneous melanoma. The Lancet. 2005
- Carcinomes basocellulaires et cancer de la peau | Dr Abimelec
- Bulletin des médecins suisses 2014
- Carter M., Lin A. Basal Cell Carcinoma. In : Fitzpatrick T., Eisen A., Wolff K., Freedberg I., Austen K., eds. Dermatology in general practice : Mc-Graw Hill, Inc, 1993
- Schwartz R., Stoll H. Squamous-Cell Carcinoma. In : Fitzpatrick T., Eisen A., Wolff K., Freedberg I , Austen K., eds. Dermatology in general practice : Mc-Graw Hill, Inc, 1993