Le rôle de la médecine naturopathique dans le syndrome prémenstruel

Le syndrome prémenstruel est un ensemble de symptômes somatiques, affectifs et comportementaux. Ces symptômes apparaissant avant les règles et disparaissant avec elles. Cet ensemble symptomatique toucherait approximativement 75 % des femmes en âge de procréer. La spécificité de ce syndrome tient en effet à sa cyclicité, et à son intensité suffisamment sévère pour altérer significativement le fonctionnement personnel, social et professionnel.

Qu’est-ce que le syndrome prémenstruel ?

Le syndrome prémenstruel est un trouble récurrent de la phase lutéale qui se caractérise par une irritabilité, une anxiété, une labilité émotionnelle, une dépression, des œdèmes, des douleurs mammaires et des céphalées qui se produisent pendant les 7 ou 10 jours précédant le cycle et finissant généralement quelques heures après le début des menstruations.

Les mécanismes de ce trouble semble lié à la baisse des hormones sexuelles dans le sang après l’ovulation. Certains symptômes (tensions des seins, prise de poids) peuvent notamment s’expliquer par une rétention d’eau.

Quels sont les facteurs favorisants le syndrome prémenstruel ?

  • De multiples facteurs hormonaux :
    • Hypoglycémie
    • Autres modifications du métabolisme glucidique
    • Hyperprolactinémie
    • Fluctuation des taux d’œstrogènes circulants et de progestérone
    • Réponses anormales aux œstrogènes et à la progestérone
    • Taux d’aldostérone ou d’ADH excessifs
  • Une prédisposition génétique
  • Une carence en sérotonine
  • Éventuellement carences en magnésium et en calcium

Les œstrogènes et la progestérone peuvent entraîner une rétention transitoire des liquides, de même que l’excès d’aldostérone ou d’ADH.

Un peu d’histoire

La première mention d’une maladie appelée «tension prémenstruelle» est documentée en 1931 dans un article du gynécologue étasunien Robert T. Frank. On peut cependant remonter un peu plus loin pour observer les prémisses à la fois de l’intérêt pour la phase prémenstruelle, mais aussi de l’association entre faiblesse psychique et menstruation. Selon Fischer-Homberger, la mise en relation de quelque chose qu’on pourrait qualifier de «faiblesse nerveuse» avec la menstruation n’apparaît que vers la fin du XIXe siècle. Dans ce modèle, «l’irritabilité» de certains organes, tels que les ovaires dans le cas de l’hystérie, combinée à une irritabilité plus générale du système nerveux, provoque les «attaques».

Fischer Homberger relève ainsi que, à cette époque qui précède la «découverte» des hormones sexuelles, le système nerveux est vu comme le centre du processus de la menstruation. Celle-ci est ainsi «un état analogue aux attaques hystériques, une sorte d’hystérie». Au début du XXe siècle, l’émergence de l’endocrinologie signifie une perte d’importance de l’association entre menstruation et système nerveux, au profit des hormones. Le modèle endocrinologique permet cependant d’établir fermement le lien entre symptômes psychiques et période prémenstruelle, puisqu’il permet d’expliquer «des plaintes concernant n’importe quelle partie du corps à n’importe quel moment du cycle menstruel», comme le relève Stolberg. C’est cependant après la Seconde guerre mondiale que le terme de «tension prémenstruelle» se popularise et se réfère explicitement au mélange de symptômes émotionnels, comportementaux et somatiques que Frank avait déjà mis en avant.

En 1953, les médecins britanniques Katharina Dalton et Raymond Greene, dans un article publié dans le British Medical Journal, proposent le terme «syndrome prémenstruel».
Le syndrome prémenstruel connaît ainsi une nouvelle étape dans son histoire à partir du début des années 1980, avec le développement d’une nouvelle catégorie diagnostique, le trouble dysphorique prémenstruel.

Les douleurs mammaires liées au syndrome prémenstruel

Le fait de ressentir une tension dans les seins pendant les jours précédant les règles peut être considéré comme un phénomène physiologique normal. On parle de mastodynie lorsque cette sensation devient inconfortable et pousse la patiente à consulter. Ces douleurs sont le plus souvent dues à la rétention d’eau qui accompagne la chute des taux sanguins d’hormones sexuelles après l’ovulation.

Selon l’âge de la patiente, on distingue deux types de douleurs des seins. La mastodynie de la jeune fille accompagne les premières règles, tandis que chez les femmes de 40 ans et plus, la mastodynie peut avoir des causes plus graves et s’accompagner d’une mastose (la présence de kystes fibreux dans les seins). Compte tenu de l’âge des patientes, l’examen clinique doit être minutieux afin de détecter une éventuelle tumeur.

Quels compléments alimentaires existe-t-il pour lutter contre le syndrome prémenstruel ?

Les Acides gras Ω6 :

L’acide gamma-linolénique, souvent inclus dans les compléments alimentaires, soulage le syndrome prémenstruel. Les huiles de bourrache et d’onagre, riches en acides gras oméga-6, sont également proposées.

Le Calcium :

Plusieurs études ont suggéré qu’un apport en calcium serait toutefois efficace pour soulager le syndrome prémenstruel. Attention, la prise de calcium en grande quantité (plus de 5 000 mg par jour) pourrait provoquer chez certaines personnes l’apparition de calculs rénaux. De surcroît, les compléments alimentaires de calcium doivent se prendre à distance des antibiotiques de la famille des cyclines et des quinolones, et des hormones thyroïdiennes.

Le Magnésium :

Plusieurs études ont suggéré que le magnésium pourrait agir sur les douleurs liées aux règles et sur le symptôme prémenstruel. Une étude récente suggère en outre qu’un apport conjoint de magnésium et de vitamine B6 serait plus efficace que la prise isolée de ces deux substances.

Attention toutefois, les compléments riches en magnésium doivent être évités en cas d’insuffisance rénale. À l’instar du calcium, le magnésium ne doit pas se prendre en même temps que les antibiotiques de la famille des cyclines et des quinolones.

Qu’en est-il du côté des plantes médicinales ?

Le Gattilier :

Le gattilier possède une activité hormonale avec une amélioration globale du cycle hormonal et une réduction des symptômes du syndrome prémenstruel. Le gattilier agit en tant qu’agoniste des récepteurs μ aux opiacés. Il mime l’action de la β-endorphine, normalise la sécrétion pulsatile de GnRh, hormone hypothalamique qui commande la sécrétion des gonadotrophines hypophysaires LH et FSH. De fait, il module la libération pulsatile de ces gonadotrophines (action anti-FSH).

Outre l’action frénatrice de la prolactine et l’action dopaminergique centrale qui expliqueraient l’activité du gattilier sur les aspects psychique, moteur et somatique du syndrome prémenstruel, la plante est également anti-œstrogène, anti-androgène, et entraîne une remontée des concentrations de progestérone en milieu de cycle.

De fait, le gattilier limite l’apparition des symptômes liés au syndrome prémenstruel (mastodynies, migraines, etc.). Dans ce contexte, il exerce un effet sédatif et anxiolytique.

Le gattilier est par ailleurs emménagogue : il régularise de fait le cycle menstruel en stimulant et en facilitant le flux sanguin menstruel dans la région pelvienne et l’utérus. Il corrige les anomalies du cycle et restaure les phases du cycle menstruel en relation avec une insuffisance lutéale et hyperprolactinémie latente.

Attention, le gattilier pourrait interagir avec certains médicaments, notamment les contraceptifs oraux, ou « pilule ». Tout traitement à visée hormonale nécessite obligatoirement un minimum de 3 mois avant tout résultat du fait du temps de maturation folliculaire de 90 jours.

L’Alchémille :

L’achillée millefeuille est utilisée pour traiter les troubles climatériques de la ménopause. Chez la femme non ménopausée, elle contribue à régulariser le cycle menstruel en stimulant le flux sanguin menstruel dans la région pelvienne et l’utérus (effet emménagogue), ce qui correspond à son usage traditionnel, notamment dans le syndrome prémenstruel. Son effet clinique est de type progestatif et anti-œstrogène, en relation avec sa concentration en apigénine.

Les stigmates de Safran :

Les principales indications thérapeutiques du safran en relation avec ses activités sur le système nerveux central, sont les troubles de l’humeur ainsi que les manifestations douloureuses dans le cadre du syndrome prémenstruel.

Le Ginkgo :

Par leur action sur la circulation du sang, les extraits de feuilles de ginkgo pourraient effectivement soulager les douleurs des seins associées au syndrome prémenstruel.

Sources bibliographiques médicales et essais cliniques :

 

Clémentine. M.
Rédactrice d’articles scientifiques
Naturopathe – Aromathérapeute / Herboriste – Phytothérapeute
Consultante en phyto-aromathérapie Clinique et Ethnomédecine

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